Le porte-parole du PS, supporter du Stade brestois et de l’OM, réagit au vote par les députés de l’amendement supprimant le Droit à l’image collective pour les sportifs professionnels.
Alors, vous aussi, vous êtes contre le Dic? Comme Eric Woerth?
Je suis pour exploiter toutes les marges possibles afin de relancer l’économie, surtout en cette période de crise. Or le droit à l’image collective est une niche fiscale et sociale comme les autres. J’entends les arguments des présidents sur la compétitivité fiscale, donc sportive, de leurs clubs ou sur les budgets programmés en début de saison, qui vont ainsi être modifiés. Mais rien ne justifie que des contribuables, quels qu’ils soient, et surtout des hauts revenus, soient exonérés de l’effort social. Pour nous, le vote de cet amendement va dans le bon sens, même si on regrette l’improvisation dans laquelle ça a été fait par la majorité. Ça relève plus du bricolage que d’une volonté délibérée de lutter contre les niches fiscales.
Vous dîtes “niche fiscale”, mais le Dic n’est pas une exonération de salaire. C’est un revenu défiscalisé, qui rétribue l’image qu’un joueur apporte à l’ensemble du club, qui en bénéficie ensuite en termes de marketing, de sponsoring, etc. On reconnaît que le salarié n’est pas qu’une force de travail, mais aussi un élément constitutif de l’entreprise, et on le rémunère pour ça. C’est presque du Karl Marx…
Quelle que soit la nature des revenus du travail, salaire ou autre, ils doivent être mis à contribution. De la même manière que l’on doit taxer les stock-options, qui ne sont pas des salaires, on doit taxer toutes les ressources des footballeurs. Je ne suis pas contre l’existence d’un Dic qui prenne en compte les évolutions du sport professionnel, mais pas pour un Dic qui mette à l’abri ses bénéficiaires de toute contribution sociale.
Alors, c’est quoi la solution pour ménager la compétitivité sportive et la justice fiscale ?
Ça fait longtemps que je me suis prononcé pour un salary cap au niveau européen: la part du chiffre d’affaires d’un club consacrée aux salaires doit être limitée. Aujourd’hui, dans certains clubs, 70% du chiffre d’affaires est consacré aux revenus des joueurs. Ça alimente des déficits chroniques, comme à Chelsea. Et surtout, ça produit une distorsion de concurrence, qui oblige ensuite les États à la création de niches fiscales comme le Dic pour que les clubs restent compétitifs. Du coup -on l’a vu ces dernières années- les salaires augmentent et la contribution sociale diminue. C’est totalement injuste. Avec un salary cap, tous les clubs seraient sur un pied d’égalité. Ce qui est sûr, c’est que rien ne pourra se faire sans une régulation européenne.
Propos recueillis par Jérôme Lefilliâtre.