Les banques ont été sauvées par l’intervention publique. C’est mieux quand c’est un banquier qui le dit. François Henrot associé gérant de Rothschild et Cie.
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Ne soyons pas hypocrites. Tous les Etats du monde et leurs banques centrales ont tout fait pour que les banques puissent reconstruire le plus vite possible leur profitabilité. Comment ? Ils leur ont fourni de la liquidité à un prix très bas, et les mêmes banques ont pu investir en bons du trésor ou obligations d’Etat rémunérées à 4,5 %… Elles font donc 4,5 % de marge. Vous fabriquez mécaniquement du profit. Mais ce recyclage de la liquidité arrange aussi les Etats : cela les aide à financer les déficits publics gigantesques de l’année 2009. En revanche, ce qui a embarrassé les gouvernements c’est que les banques ont, une fois leur profit reconstitué, distribué des bonus qui, même s’ils sont en baisse d’environ 30 %, représentent un montant global qui a donné le vertige à l’opinion.
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Pour mettre une note d’optimisme, je voudrais évoquer le cas quasiment unique du Canada. Le contribuable canadien n’a pas eu besoin, dans cette crise, de mettre un seul dollar pour sauver ses banques. Pourquoi ? Parce que les autorités canadiennes avaient empêché que la vérole des subprimes ne gagne leur pays. Ces règles ont fait l’objet de pressions incessantes de la part des banques de Wall Street, mais les Canadiens ont tenu bon. Enfin, les banquiers canadiens ont toujours entretenu la culture de la prudence.
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Propos recueillis par Grégoire Biseau
A lire: Le Banquier et le Philosophe Tribune Libre Plon (2010) Chronique à suivre.