EDF n’est pas une maison comme les autres. Mais alors pas du tout. Une entreprise fixe ses prix en fonction du marché, de l’offre, de la demande, de son efficacité par rapport à ses rivaux, et du prix que ses clients sont prêts à payer. EDF; elle, se tourne vers à son premier actionnaire, l’Etat (85% du capital), l’autorisation d’augmenter ses tarifs. Et la réponse est non. Forcément.
Difficile pour les pouvoirs publics de se désintéresser d’EDF qui compte 38 millions de clients, 160.000 salariés, et réalise un 63 milliards de chiffre d’affaires dans le monde. Réclamer une augmentation des tarifs a d’ailleurs coûté sa place à Pierre Gadonneix, le prédécesseur d’Henri Proglio. La bonne question est de savoir pourquoi l’hypothèse d’une hausse des tarifs revient aussi régulièrement. Parce qu’il faut bien trouver un moyen de remplir les caisses. L’entreprise doit investir une quarantaine de milliards d’euros dans la décennie qui s’ouvre. Il lui faut dégager sur cette période entre 12 et 20 Mds€, selon l’évaluation du cabinet d’analyse stratégique OFG Recherche.
Améliorer l’efficacité des centrales nulcéaires .
Pour y parvenir, EDF peut revoir le fonctionnement de sa machine nucléaire. Ses centrales ne fonctionnent pas à 100% de leur capacité. Elles sont même très loin des meilleurs. Le parc nucléaire français tourne en fait à 78% de ses capacité en 2009. Depuis le début des années 90, le parc des centrales nucléaires dans le monde a amélioré son efficacité en même temps que la sûreté des installations. En 1990, la moyenne des centrales partout autour de la planète tournait à 77% de leur capacité. Depuis l’an 2000, leur moyenne oscille autour de 86%. EDF a fait le chemin inverse. Henri Proglio l’admettait le 16 décembre dernier devant les députés de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques : “je ne me satisfais pas du taux de disponibilité actuel. L’optimum français tourne autour de 85 %, mais a été de 78 % au cours de cette année. Nous avons donc clairement, je le confesse, des progrès à faire.”
Chaque point perdu coûte entre 200 et 300 millions d’euros par an. Henri Proglio se donne 3 ou 4 ans pour atteindre 85% de disponiblité. Cela ferait 1,4 et 2,1 Mds€ qui rentreraient chaque années dans les caisses de l’électricien. L’inconvénient c’est que cela prendra du temps.
Se concentrer sur l’Hexagone.
EDF peut aussi réduire la voilure à l’étranger. L’entreprise est aujourd’hui installée en Grande Bretagne avec une participation dans British Energy (13,2 Mds€), en Italie (3,2Mds€), aux Etats-Unis (3,6Mds€), où elle possède une participation dans Constellation qui exploite des centrale nucléaire qui tournent à 95%, voire 100%, de leur capacité. Céder des participations, se replier sur l’Hexagone, est une option. Il y a plus de 20 Mds€ à récupérer. C’est aller à rebours de la mondialisation et renoncer à appliquer son savoir-faire en dehors des frontières.
Se centrer sur la production d’électricité.
L’entreprise peut aussi se replier sur son métier de base: la production d’électricité et céder les actifs dont elle dispose en aval. Avec le transport et la distribution d’électricité, le chauffage urbain et collectif, l’activité de trading EDF disposerait de 20Mds€. Exactement, la somme dont elle a besoin dans les prochaines années. Cela veut dire changer de stratégie.
Augmenter ses tarifs? C’est non… Reste comme solution l’augmentation des tarifs. Les Français payent actuellement l’électricité à 34€ le MWh, augmentez le 25%, le tarif atteint 42,5€ me MWh et reste le moins cher d’Europe. Evidemment, c’est tentant et forcément les pouvoirs publics rejettent pareil solution. Retour à la case départ: J’ai besoin de 20Mds€, le les trouve où? Où vous voulez…
PhDx