EDF allume des cierges pour éviter la grande coupure de 19h00, 19h02 ou 19h03. Passé 19h03, ça va…

Il y a quelque chose de fascinant, en 2009 et dans un pays développé, a surveiller le thermomètre en se demandant si la grande coupure est pour ce soir ou si le courant passe. Que la température descende à 5 degrés au dessous de zéro et les plus hautes autorités de l’Etat décrocheront leur téléphone pour appeler le patron d’EDF, Henri Proglio, et savoir si le courant passe ou si nous risquons le black out. A quelle heure? A 19h00 pile. Pour cela, les français sont très ponctuels. Sur les 5 pics de l’année dernière quatre se situent entre 19h00 et 19h03! Une seule fois le pic a eu lieu le matin à 8h12.

Et dans les prochaines heures il vaudra mieux allumer quelques cierges que des ampoules pour s’éclairer. Mercredi, un coup d’œil sur les prévisions de Météo France montre que le quart Nord-Est du pays devrait se retrouver avec des températures de -7 ou -5°. Du coup la consommation instantanée d’électricité devrait atteindre 90.800MW demain à 19h00 (06/01/10) et 92.000MW le lendemain (07/01/10) toujours à l’heure de pointe, selon Réseau de transport d’électricité (RTE) qui joue la transparence totale sur son site rte-france.com.

En face, EDF n’a pas les moyens de suivre. L’entreprise dispose de 3 sources pour produire de l’électricité : le nucléaire, l’hydraulique et le thermique. L’éolien, le solaire et la biomasse ont été négligés et sont négligeables. Le nucléaire ce sont 58 réacteurs (19 centrales) qui représentent 63.000MW installés, l’hydraulique et le thermique (fioul, charbon et gaz) apportent respectivement 22.000 et 13.000MW. Cela fait un totale de 98.000MW. Sur le papier tout va bien. C’est dans la réalité que cela se complique. Les centrales thermiques et hydrauliques apportent ces jours-ci toute leur puissance.

Le nucléaire, lui, ne peut mettre en œuvre 100% de sa capacité. Une centrale nucléaire est une bouilloire qu’il faut surveiller avec précaution. Au moindre incident, elle est arrêtée, déconnectée du réseau, inspectée. Sa remise en marche suppose un avis favorable de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui tient un décompte précis des arrêts et des incidents même mineurs rencontrés au cours de l’exploitation comme à Fessenheim, le 27 décembre dernier ou au Tricastin dans la nuit du 5 au 6 novembre 2009.

En fait, si EDF était un exploitant dans la norme mondiale il pourrait espérer produire 54.000MW avec ses centrales nucléaires tout au long de l’année. La World association of nuclear operator (Wano) collecte le taux de disponibilité des installations nucléaires à travers la planète. Il a beaucoup progressé ces dernières années pour atteindre 86,3% quand nous étions à 77% en 1990. EDF semble avoir fait le chemin inverse, passant de 82% en 2006 à 78% cette année (49.000MW). Heureusement, ces derniers jours la production d’origine nucléaire atteint 54.500MW (86,5% de disponibilité instantanée) et va grimper jusqu’à 58.400MW (93% de disponibilité instantanée) d’ici au 12 janvier. Il manque tout de même entre 4.500 à 5.000MW d’origine nucléaire.

Au cœur de l’hiver le parc nucléaire devrait en effet être capable d’apporter 62.000MW. Ajoutons les autres sources de prodcution d’électricité et nous serions, ces derniers jours, à 97.000MW pour faire face à une consommation de 92.000MW. Même en ajoutant 2 à 3.000MW de sécurité, la France serait douillettement calfeutrée derrière ses frontières. Au lieu de cela, EDF doit aller faire ses courses en Europe et allumer des cierges. La production plafonne depuis le 29 décembre à 91.000MW. Si tout fonctionne correctement, si un tas de végétaux charriés par le Rhône ou la Loire ne vient pas gêner le refroidissement des réacteurs, la situation va se détendre à partir du 12 janvier (la production totale devrait atteindre 94.518MW).

Pour l’année 2010 il y a un paradoxe apparent. Dans le tableau de prévision de la production le pic serait atteint en juillet 2010 (98.688MW), pour diminuer ensuite au fur et à mesure que les températures rebaissent, avec une production limité à 91.600MW. L’été les climatisations tirent sur le réseau et la trêve des confiseurs avec l’arrêt des usines, la fermeture des bureaux provoquerait une baisse de la demande, explique-t-on chez EDF.

Alors pour éviter la coupure il reste les cierges. Cela tombe bien cela fait une production contra-cyclique pour les cierges dont le pic des ventes est situé en juin, au moment des examens.

PhDx

Un commentaire pour “EDF allume des cierges pour éviter la grande coupure de 19h00, 19h02 ou 19h03. Passé 19h03, ça va…”

  1. grand froid = pas de vent pour les éoliennes, comme de coutume …. pour le reste : bla, bla ..

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