Mais comment les banques ont-elles réalisé le tour de force de sortir de la crise en pleine forme? Elles ont bénéficié et bénéficient encore d’une aide formidable des autorités monétaires : elles se financent à un coût proche de 0 et prêtent aux ménages entre 4 et 11% et aux entreprises entre 3 et 6% pour un découvert. Il faut donc ranger la banque au rang des entreprises aidées au côté des pêcheurs et des agriculteurs. Pas sûr qu’ils adorent ce rapprochement.
Inutile de s’imposer la litanie des chiffres. La Société Générale, la BNP Paribas, Natixis, le Crédit Agricole ont annoncé un redressement de leurs comptes ou des comptes meilleurs que prévus. Bref, elles vont bien ou mieux. Quatorze mois après le plus fort de la tempête et la faillite de Lehman Brother, le 19 septembre 2008.
En France, l’intervention des pouvoirs publics (13 milliards apportés directement aux banques) a permis d’éviter le pire, mais l’aide est surtout venu du marché interbancaire, le champs de pétrole où les banques puisent leur matière première : l’argent. Il faut imaginer que le prix de l’argent pour les banques est tombé à 0. L’argent n’a plus de prix. Une banque qui cherche aujourd’hui des fonds à court terme va s’acquitter d’un taux d’intérêt de 0,3 ou 0,25% !
Bien sûr l’argent n’est pas tout, même pour les banquiers, il faut de très gros ordinateurs, de très grands immeubles, des petites agences à tous les coins de rue et d’énormes primes, parfois. Tout cela coûte cher. Les pétroliers aussi ont de gros besoins et leurs coûts ne se limitent pas au prix du pétrole brut. Quand ce dernier baisse, chacun observe le prix à la pompe.
Ces derniers mois, la Société Générale et ses consœurs, employer le mot rivales seraient mal venu, se sont tournées vers la Banque de France, relai de la Banque Centrale européenne dans l’hexagone. Une aubaine puisque les autorités monétaires ont ramené le loyer de l’argent de 4% en octobre 2008 à 0,25% aujourd’hui. Moins 94%! Qui dit mieux? Personne. Pour l’ensemble des pays de la zone Euro c’est un niveau qui n’a jamais été atteint depuis la seconde guerre mondiale, souligne la Banque centrale européenne.
Regardons ce que les banques ont fait pour redistribuer cette manne accordée par les autorités monétaires. Attention, ce que vous allez lire risque de vous laisser dans un triste état. Prenons les découverts des ménages. C’est pas bien d’avoir un compte courant dans le rouge. Les banques sont sérieuses et vous le font payer. Elles appliquaient un taux d’intérêt de 11,4% en 2008 et de 10,8% en septembre 2009. Une plaisanterie. Les ménages n’ont qu’à apprendre à tenir leurs comptes, comme les banques il y a un an. Soit, pour la consommation les banques ont fait un effort : 7,5% en septembre 2008, 6,6% un an plus tard. Pas étonnant que la demande de crédit à la consommation se soit effondrée.
Bon, les entreprises ont dû bénéficier de quelque chose. Là, on note un effort puisque le coût des crédits à moins d’un an aux entreprises non financières sont passés, en moyenne, de 5,7% à 2,1%. Mais les banques ont préféré conserver une bonne partie de la chute vertigineuse du cadeau fait par les autorités monétaires, la Banque centrale européenne et la Banque de France, redevenue la banque des banques.
PhDx
Ils en ont parlé : Investir.