On a tort de faire un procès d’intention à Henri Proglio. Patron d’EDF et président du conseil d’administration de Véolia. Si l’actionnaire d’EDF , l’Etat à 85%, accepte cette situation ce n’est pas sans raisons. Et si Henri Proglio s’accroche au deux fauteuils ce n’est pas non plus sans raison.
Sur ce dernier point une élément trivial : si il reste jusqu’à la retraite, il obtiendra une prime de départ de 13 millions d’euros (1). La volonté de pouvoir, une vision stratégique EDF-Véolia, n’est pas absente de sa réflexion, mais 13 millions d’euros justifie que l’on s’agrippe. C’est humain.
Reste à savoir pourquoi l’Etat confie l’avenir d’EDF à Henri Proglio. Peut-être ses performances de manager. Un coup d’œil sur son parcours à Véolia devrait rassurer l’observateur, le contribuables, les syndicats, étrangement silencieux, et aussi l’Etat actionnaire.
En l’an 2000, Henri Proglio prend la tête de Vivendi Environnement qui n’intéresse pas vraiment Jean-Marie Messier. Celui-ci rêve de construire un groupe de communication mondial, pas de ramasser les ordures dans les rues de Paris ou de nettoyer les eaux usées. Rebaptisée Véolia Environnement l’ancienne Générale des eaux devient le territoire de Proglio.
Pour mesurer l’efficacité d’un grand patron les financiers disposent d’un outil aussi simple que sec : la capitalisation boursière. Elle augmente, le patron a créé de la valeur, elle baisse, il en a détruit. A ce jeu, Henri Proglio est plutôt à classer dans la seconde catégorie, celle des grands destructeurs.
Le 20 novembre 2001, jour de son introduction en bourse, Véolia Environnement valait 11,4 milliards d’euros. En principe, les banquiers sont prudents et laissent une marge d’appréciation du titre. Ils sont dû se tromper grossièrement dans leurs calculs, parce qu’ensuite c’est le calme plat, si l’on ose dire. Et aujourd’hui, où en sommes nous ? Un peu en dessous : 11 milliards. La valeur de l’entreprise a donc diminuée. De rien, de trois fois rien, mais tout de même normalement ça ne vous transforme pas le patron en capitaine d’industrie.
Mieux, entre temps, les actionnaires ont remis 8,4 milliards d’euros au pot! Vraiment, ils ne sont donc pas trop sourcilleux les actionnaires puisque non seulement leur entreprise n’a pris aucune valeur mais en plus ils n’ont reçu que 2,4 milliards d’euros de dividendes. Après tout, ces chiffres expliquent peut-être le silence des syndicats. Un patron qui maltraite à ce point ses actionnaires ne peut pas être totalement mauvais.
PhDx