Les prix polars, c’est un peu comme les festivals consacrés au mauvais genre, il y en a beaucoup. Difficile de faire le tri, d’autant que, souvent, les uns sont liés aux autres et remis au cours de salons un peu partout en France. L’un des derniers en date, le prix Paris Noir par exemple, décerné à l’auteur Carlos Salem pour son excellent roman Nager sans se mouiller (Actes Sud), n’a pas connu l’écho qu’il méritait. Eclipsé sans doute par, le lendemain, la remise des Trophées 813, récompenses importantes décernées par les adhérents de la non moins incontournable association des amis de la littérature policière (Dominique Manotti et Craig Johnson ont été primés). Pour sortir du lot, il faut donc faire preuve d’originalité quand on souhaite lancer un prix noir.
C’est sûrement ce que ce sont dit les responsables de Cinécinéma, le bouquet de chaînes thématiques du groupe Canal Plus, en créant la première édition de leur prix littéraire. Mais que vient faire la télé dans la littérature se demanderont certains puristes ? Du bien a-t-on envie de leur répondre. Car le premier prix Cinécinéma Frisson, qui sera décerné en avril 2011, se veut précurseur, une sorte de tête chercheuse. Il ne cherche pas, comme l’explique Philip Le Roy (auteur et membre du jury coaché par Anne Martinetti), “à récompenser ce qui se fait de mieux aujourd’hui, mais ce qui se fera de mieux demain.” Un beau défi. Le but n’est donc pas de décerner un énième prix au meilleur polar de l’année, mais de donner un coup de pouce à un auteur dont la réputation reste à faire et à mettre en lumière un texte novateur, qui pourrait ouvrir une nouvelle voie. Bref, c’est bien le polar de demain que le jury (composé notamment d’un libraire et d’un réalisateur) entend trouver.
Outre une exposition importante sur Cinécinéma Frisson (la chaîne dédiée au genre noir) et une dotation financière, le lauréat aura peut-être la joie de voir son texte adapté pour le petit ou le grand écran. “Nous voulons tendre un pont entre deux mondes que tout semble opposer, expliquent d’une même voix Myriam Hacène et Christophe Commères, directeurs de la chaîne. Et montrer qu’il est possible de travailler ensemble et de produire des polars de qualité.” Plus de 150 livres ont déjà été envoyés au jury qui annoncera sa décision au printemps.