En rouge et noir

Photo : Paolo Bevilacqua

Photo : Paolo Bevilacqua

La Semana Negra est terminée depuis un peu plus d’une semaine et, oui je l’avoue, honte sur moi, je ne poste que maintenant… Des soucis de connexion et un retour embrumé en sont la cause. Donc, comme promis, voici un premier récapitulatif du plus important festival européen consacré aux mauvais genres.

Bilan chiffré d’abord : comme les années précédentes, la Semana Negra a vu défiler du monde, beaucoup de monde. Avant le décompte final, c’est-à-dire durant 9 des 10 jours que dure cette semaine pas comme les autres, 845 000 personnes ont foulé les travées du festival. Le million devrait être quasiment atteint quand on sait que le premier samedi, 167 000 fous se sont déplacés jusqu’à la plage de l’Albeyral, où étaient installées les tentes, les librairies et la fête foraine. Du côté des auteurs, 152 ont fait le déplacement, près de 200 journalistes de 80 médias ont été accrédités et presque 40 000 livres ont été vendus (à noter une chute spectaculaire comparée aux 56 000 de l’an dernier, la crise on vous dit).

Bilan littéraire ensuite : cette année, Paco Taibo II, grand maître d’oeuvre du festival l’avait annoncé, pas d’auteurs nordiques. Cap au Sud donc, avec la présence de nombreux écrivains espagnols et latinoaméricains. Quelques gringos dispersés de ci, de là aussi, un Allemand et deux Français (Patrick Bard et Marcus Malte) qui ont défendu leurs livres de belle manière. Et les résultats des prix traditionnellement remis durant la Semana Negra ont été à la hauteur de la qualité des invités. Des prix symboliques, pas d’argent en jeu. Mais ils sont les plus importants pour les auteurs de polars hispaniques. “Ce sont des prix de collègues à collègues, explique Taibo. Chaque jury est composé de 3 membres, d’autres auteurs, qui restent anonymes jusqu’à la remise des récompenses, pour éviter toute pression.” Les sélections se font tout au long de l’année, par une trentaine de personnes, écrivains, journalistes, blogueurs. Puis une première short-list est établie et, enfin, 4 à 6 finalistes. Le Hammett au meilleur polar en langue espagnole est attribué à l’Argentin Guillermo Orsí pour Ciudad Santa, le Silverio Cañada, au meilleur premier roman revient à l’espagnol Gregorio Casamayor pour La Sopa de Dios et le Rodolfo Walsh (sorte de prix Albert Londres) à la meilleure oeuvre de non fiction pour le jeune argentin Javier Sinay et son Sangre Joven. Je reviendrai dans un prochain post sur ces trois livres qui n’ont pas encore été traduits en français.

Bilan humain enfin : pour les habitués dont je fais partie, la Semana Negra est un marathon. Il ne faut pas démarrer trop fort, sinon, vous n’arrivez pas au bout. Peu d’heures de sommeil, des horaires décalés, on se couche plutôt vers 4 ou 5 heures du matin pour démarrer la journée vers 11 heures, avec les premières conférences de presse. Les Semaneros de toujours étaient là, squattant la terrasse de l’hôtel Don Manuel. Les discussions à n’en plus finir sur l’écriture, la société, le polar, la BD, les zombis et la musique étaient aussi au rendez-vous. Tous étaient là sauf un, qui a manqué à l’appel et qui a rendu cette semaine noire vraiment noire. Juan Hernández Luna, auteur mexicain habitué du festival de Gijón est décédé, comme un symbole, à Mexico le premier jour de la Semana. Mais, pour finir sur une note moins noire, cette année a aussi été celle de la victoire de l’Espagne lors de la Coupe du monde. Et fêter ce titre en Espagne avec des écrivains hystériques qui n’iront pas passer leurs vacances en Hollande, valait vraiment le détour. D’ailleurs, dans une rencontre d’auteurs de polars comme celle-là, les choses étaient claires dès le départ, le orange était interdit sous peine de subir de lourds sévices.

Pour le reste, rendez-vous dans de prochains posts et, surtout, l’an prochain pour la 24e édition de la Semana Negra.

Photo : L’écrivain espagnol Francisco José Jurado pendant la finale du Mondial.

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