Wanted. Nous avons tous en tête ces affiches façon western des criminels les plus recherchés. Il y a 60 ans, le FBI s’y mettait aussi. Retour sur un anniversaire passé inaperçu ici mais qui raconte un pan de l’histoire des Etats-Unis.
Ils s’appellent Oussama Ben Laden, Semion Mogilevich, Eduardo Ravelo ou Robert Fisher. A part le premier, ces noms ne vous diront pas forcément grand chose. Pourtant, ce sont des stars à leur manière. Ces hommes font partie des plus recherchés de la planète et ils occupent une place privilégiée dans la traditionnelle liste établie par le FBI. Une liste née le 17 mars 1950 sur ordre de J. Edgar Hoover, grand patron des fédéraux, et mise à jour annuellement depuis cette date.
Pour l’édition numéro 60, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : 25 millions de dollars de récompense pour la capture du terroriste saoudien Ben Laden, 100 000 dollars pour celle du narcotrafiquant mexicain Ravelo. Une chose est sûre, malgré des cotes différentes, il ne fait pas bon se retrouver sur cette liste. Sur les 494 personnes qui ont connu le privilège d’être parmi les “Top ten most wanted”, 463 ont été emprionnées et 14 ont été retrouvées mortes. A tout seigneur, tout honneur, c’est un certain Thomas James Holden, accusé d’avoir assassiné sa femme et ses deux beau-frères en 1949 à Chicago, qui a eu la malchance de l’inaugurer. Et les agents fédéraux ont mis la main sur 152 fugitifs grâce aux informations fournies par les citoyens américains.
Pourtant, cette liste a été créée par accident ou par un concours de circonstances dont a su profiter le machiavélique Mister Hoover. En 1949, un journaliste de l’agence de presse UPI, James Donovan, demande au FBI les noms des criminels les plus dangereux et recherchés pour écrire un article sur eux. Le défunt The Washington Daily News publie le papier qui fait l’effet d’une bombe. Tous les médias US reprennent l’information et Hoover se dit que cette publicité est bonne à prendre. Il décide donc de rendre publique une liste de noms et de photos et de demander, contre récompense, des tuyaux aux gringos, férus de films noirs.
La liste est le reflet en une affiche de l’histoire de la société américaine et de quels maux elle a souffert et souffre encore. Dans les années 50, elle était en majorité composée de braqueurs de banques et de gangsters. La décennie des sixties a vu l’apparition des autoproclamés révolutionnaires recherchés pour leurs actions contre le gouvernement. Dans les années 70, les membres du crime organisé se font une place de choix, mais ils sont remplacés dans les 80’s par les trafiquants de drogue. Les années 90 marquent un tournant, avec les criminels en col blanc, blanchisseurs d’argent sale plus tournés vers les chiffres que vers les flingues. Enfin, en ce début de siècle, nous assistons à l’apogée des terroristes islamistes. “Pour les prochaines années, les cybercriminels feront sans doute leur apparition”, estime l’agent spécial Michael P. Kortan, chargé des relations publiques du FBI dans un entretien accordé au quotidien espagnol El País.
Outre les affiches avec les photos des personnes recherchées placardées dans la plupart des lieux publics et dans tous les médias, la liste dispose de sa propre émission de télévision, America’s Most Wanted. Diffusée toutes les semaines sur la Fox, elle vient de fêter sa millième édition. A l’heure où Christophe Hondelatte vient d’annoncer qu’il raccrochait son blouson de cuir de Faites entrer l’accusé, John Walsh (qui a perdu son fils Adam, assassiné en 1981 par le serial killer Ottis Toole), le présentateur emblématique d’AMW comme l’appellent les américains, aux manettes depuis 1988, n’est pas prêt de prendre sa retraite.
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Arnaud@Thurudev, Nougat LeChien & co, tangi bertin, LaBoiteVerte, Rampfer et des autres. Rampfer a dit: La liste de Hoover, à lire sur le blog polar de Slate http://tinyurl.com/2euv2gy […]