Le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy, président des Etats-Unis, est assassiné à Dallas. Voilà le point de départ du roman d’Adam Braver. Encore un livre sur le complot contre JFK pensez-vous ? Faux. L’auteur, à la manière de Short Cuts de Robert Altman, nous donne à voir la grande histoire à travers les yeux des protagonistes directs du drame et de certains personnages secondaires.
Nous sommes avec Jackie Kennedy, qui se remet lentement de la mort de son enfant Patrick, décédé quelques jours après sa naissance d’une infection pulmonaire, d’abord à Houston puis à Dallas. Nous l’accompagnons à bord d’Air Force One, l’avion présidentiel, à côté du cerceuil de son mari. Lyndon Johnson, vice-président, est également là avec son épouse et prête serment dans les airs. Nous suivons Bobby Hargis, fils d’un barbier devenu agent de la brigade motorisée de Dallas. Il se trouvait juste derrière la limousine au moment fatidique. Nous faisons la connaissance de Vernon O’Neal, qui travaille aux pompes funèbres, qui va être obligé d’utiliser son plus beau modèle de cerceuil. Al Pike, le conducteur de corbillard, est présent également à l’hôpital et offrira, par exemple, une cigarette à Jackie. Et nous comprenons, grâce à Abe Zapruder, fondateur d’une entreprise de prêt-à-porter, pourquoi les images de ce crime ont fait le tour de la planète. C’est lui qui a filmé la scène et l’a immortalisé sur pellicule. Nous entrons à la Maison-Blanche et partageons le quotidien du personnel qui doit préparer l’accueil du défunt.
Avec talent, Adam Braver se glisse dans la peau de toutes ces personnes qui ont vécu, de près ou de loin, cet événement dramatique et historique. Une écriture vive, serrée, précise, sans fioriture (l’assassinat est évacué en quelques phrases, ce n’est pas l’objet du livre), une construction parfaite, un auteur qui s’intéresse à l’être humain. Braver nous permet de poser un regard neuf et poignant sur cette affaire qui hante les esprits encore aujourd’hui.
Une fois de plus, les éditions Sonatine, jeune maison dont je vous reparlerai plus en détails dans peu de temps, frappent un grand coup, avec un texte original, surprenant et de grande qualité.
22 novembre 1963, d’Adam Braver, éditions Sonatine, 200 p, 15 €.