Hitler et l’autre Éva.

eva

 

J’aimerais parler d’autres auteurs qu’Elise Fontenaille, mais il y a peu de romans comme les siens qui, lorsqu’on les ouvre, vous mettent dans cette incapacité de les refermer, tant l’on est abasourdis par la force de l’histoire racontée, comme par l’intensité des mots pour la dire. Dans “La révolte d’Éva”, Elise Fontenaille raconte un fait divers peu imaginable tant il est épouvantable. Un père, fan d’Hitler, bat ses trois filles avec une violence qui n’a d’égale que la récurrence avec laquelle il s’y applique. La mère, par faiblesse, par peur, par lâcheté, par bêtise, ferme les yeux et… tricote.

Éva, notre jeune narratrice est, parmi les trois soeurs, celle qui prend le plus de coups. Son père lui dit l’aimer, oh oui ! pourtant ce qu’il aime le plus, c’est la taper. Les échappées de la petite sont rares, elles les organisent dans la forêt ou dans sa tête. Dans les deux cas, il y en un sur lequel elle peut compter, c’est son chien. Elle l’aime tant, lui au moins. Jusqu’à ce que son père l’abatte. Comme un chien.

Les mots sont justes, coupants, sans violence ajoutée, sans violence inutile. La cruauté est situationnelle, elle exprime l’horreur brute d’une enfance vissée autour de la souffrance.

Difficile de conseiller cette lecture à des enfants, et pourtant il s’agit là de vraie littérature, celle qui permet d’entendre TOUT ce qui s’est passé. L’erreur serait vraiment de vouloir donner à cet ouvrage vocation de documentaire ou de plaidoyer. Parce que non, ce livre là est bien plus encore. Sa résonance doit sa puissance à sa qualité littéraire. C’est un cri magnifique dans un silence assourdissant, un texte d’une grande émotion,  une lecture d’adulte à n’en pas douter, mais d’adolescents ?… Ce sera à vous de juger.

SB

 

La révolte d’Éva, d’Élise Fontenaille

Editions Le Rouergue, 8,30€

Un commentaire pour “Hitler et l’autre Éva.”

  1. Merci Stéphanie…

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