En 2006, Clara, une jeune écrivaine en herbe de 13 ans, décède brutalement d’une malformation cardiaque de naissance qu’elle ignorait. Depuis, chaque année, un concours de nouvelles est organisé à sa mémoire. Il retient des textes écrits par des adolescents de toute la France qui ne doivent répondre qu’à une seule condition : avoir moins de 18 ans. Les nouvelles, une fois retenues, sont publiées par les éditions Héloïse d’Ormesson dans un recueil couronné du désormais très prestigieux “Prix Clara”. Prestigieux, parce que le jury est présidé par le joyeux Erik Orsenna qui a rassemblé autour de lui onze personnalités du monde des lettres et de l’édition : Romain Sardou, Christine Albanel, Bernard Lehut, Anne Goscinny, Bernard Spitz, Héloïse d’Ormesson, Alexandre Wickham, Camilla Antonini, Gilles Cohen-Solal, Isabelle Lebret et François Dufour.
Le Prix Clara 2015 a été remis cette semaine à l’Hôtel de Ville de Paris à sept lauréates, sept adolescentes talentueuses dont les nouvelles font résonance avec l’actualité autour de plusieurs thèmes : l’homophobie, la condition des femmes dans le monde, le virus Ebola, la vie après la mort,…
Ces jeunes filles sont originaires d’île de France, de l’Ain, de Montpellier, de Rennes et de Strasbourg. Si elles aiment écrire et confient poser des mots sur le papier depuis plusieurs années, c’est la première fois que leurs écrits sont publiés. Leurs textes, forts, émouvants, audacieux et d’une grande qualité littéraire ont tout pour donner des complexes à des écrivains nettement plus confirmés. Et à les lire, on en oublie très vite leur âge pour ne retenir que leur imagination et leur inspiration. La plus jeune des auteurs, Chimère Vanbremeersch, qui vit à Malakoff, a (des Doc Martens rose fuchsia) et seulement 13 ans…
Mais le plus important dans toute cette histoire est la vocation caritative du Prix Clara. Les bénéfices des ventes de ce recueil de nouvelles sont en effet versés à l’Association pour la recherche en cardiologie du foetus à l’adulte (ARCFA) de l’Hôpital Necker-Enfants malades. Acheter ce livre, c’est faire un geste utile pour la recherche. C’est aussi une manière de se souvenir de Clara…
Un seul regret à noter pour cette version du Prix 2015 : parmi les lauréats, pas un seul garçon! Si la maire de Paris Anne Hidalgo a pu paraître un peu féministe en soulignant qu’elle constate que les filles sont en général plus volontaires que les garçons (dans leur volonté de “faire”) , le discours du Professeur Damien Bonnet qui co-dirige l’unité médico-chirurgicale de cardiologie pédiatrique à Necker, s’est voulu plus subtil. Il arrivait de Necker où il avait eu la réunion d’acceuil des nouveaux arrivants médecins de son unité et a confié s’être aperçu qu’ils étaient 13 à cette réunion, lui et …douze jeunes femmes.
En savoir plus :
Comment participer au Prix Clara ? Blog sympa : le blog animé par les anciens lauréats
SB
L’INTERVIEW DE CHIMÈNE VANBREMEERSCH, 13 ANS
Auteur de la nouvelle “Pour l’amour d’un robot”
Depuis quel âge écris-tu ?
Je ne sais pas spécialement à quel âge. J’ai toujours adoré m’inventer des histoires, mais je les gardais souvent dans ma tête. J’ai tout de même le souvenir d’avoir écrit plusieurs livres en papier, entre 6 et 8 ans environ.
Est-ce qu’il est important que les histoires que tu écris délivrent un message ?
Non, mes histoires ne délivrent pas de message spécialement. J’écris ce qui me passe par la tête !
Où écris-tu ?
J’aime bien écrire par terre, sur mon coussin. J’écris d’abord dans un cahier bloc-notes avant de tout taper à l’ordinateur, puis de corriger certaines fautes et passages de l’histoire.
As-tu un rêve d’écrivain ?
Mon rêve d’écrivain serait d’avoir tout les livres possibles à ma disposition. Ce serait plus un rêve de lecteur, d’ailleurs !
Le livre qui t’a le plus marqué dans ton enfance ?
Le premier livre que j’ai vraiment aimé est Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle. J’ai adoré et j’adore toujours la série Percy Jackson de Rick Riordan et sa suite Héros de l’Olympe. Je ne lis presque que du fantastique.
En combien de temps as-tu écris “Pour l’amour d’un robot” ?
J’ai écris ma nouvelle très très vite. J’avais mon idée en tête et je ne voulais pas la laisser s’envoler. 45 minutes au brouillon, une demie heure à taper sur l’ordinateur, puis environ une heure de corrections et de vérifications.
Parle-moi de tes Doc Martens…
Pourquoi cette couleur ? Tout simplement car il n’y avait plus que cette couleur ainsi que du noir dans le magasin. J’ai toujours adoré les couleurs, et trouvais le noir trop triste pour entrer dans l’hiver!
SB
Très belle initiative que ce prix. Cela donne envie de contribuer et de lire les nouvelles de ces jeunes plumes éditées par Héloïse d’Ormesson. Sur le constat : que des filles ! Rien de surprenant : je suis membre du jury d’un concours de nouvelles organisé par l’association des parents d’élèves du Lycée La Fontaine et nous avons à 90% des participantes (!) aussi bien en collèges qu’en lycée ! La parité en avance mais elle ne suit plus après… Cherchons l’erreur !
J’adore!
Bravo pour cette initiative et que vive avec la Littérature et la joie d’écrire tous les enfants atteints dans leur cœur !
N’en déplaise au “pédagogiste” de toute nature, à force de baser l’apprentissage sur des mécanismes hypothéco-déductifs, le rêve et l’imagination deviennent des travaux “utiles”. Les garçons ne s’y reconnaissent pas (ce n’est pas leur genre !) et on renforce encore les stéréotypes. La véritable diversité des méthodes amènera alors la diversité des talents.