Un des thèmes les plus abordés dans mes cours d’entrepreunariat, de réseaux sociaux, et par les nombreux invités qui passent à l’école, c’est l’idée qu’on a envie de lire ce que nos amis nous suggèrent.
Peut-être que vous avez fait (ou faîtes encore?) partie des lecteurs qui aiment découper leurs articles préférés pour les ramener chez eux et les afficher dans leur chambre ou les faire lire à leur famille, ou peut-être abusez-vous du bouton «envoyer cet article par email» sur tous les sites d’infos.
Personnellement, je me suis aperçue que j’avais arrêté de lire mes flux RSS pour ne plus me satisfaire que de Twitter, Facebook, et de mes sites préférés pour me tenir au courant de l’actualité. (Depuis que j’ai commencé ce blog, je me suis remise aux liens RSS. Twitter me sert d’entrée dans l’info du jour mais je l’utilise aussi pour suivre des amis, Facebook m’offre des trouvailles d’actu mais je m’en sers plutôt pour un usage personnel, tandis que mes liens RSS forment une page entièrement dédiée à ce qui se passe dans les nouveaux médias.)
Recherche sociale
On a beaucoup parlé de Google Buzz ces dernières semaines, mais la version publique de Google Social Search, lancée un peu plus tôt sans trop de fanfare, est beaucoup plus impressionnante: quand vous avez besoin d’information, vous tapez quelques mots clés dans le moteur de recherche; sauf qu’en plus des résultats habituels (news, photos, pages webs et — depuis peu — derniers tweets), Google propose également des résultats tirés de votre réseau, affichés en bas de la première page. Votre réseau est automatiquement défini par vos contacts gmail, comme Buzz, et vous pouvez y ajouter votre compte Twitter ou Friendfeed.
Il s’agit carrément de considérer vos connaissances comme vos sources d’informations: si j’hésite à louer un film, en plus des critiques et de la page Wikipédia qui lui est dédiée, je verrai le post de Charlotte qui l’a démonté méthodiquement sur son blog, et celui de Luisa qui l’a défendu. «Ce n’est que la première étape d’un effort continu pour que la recherche web Google soit toujours aussi sociale que le web lui-même», expliquait l’entreprise sur son blog. Tout est dit. Google n’est pas en compétition avec Twitter, mais en compétition avec le web même. Et Facebook l’est tout autant.
Facebook comme source de trafic pour les sites d’infos
lire le billetAprès avoir annoncé au détour d’une interview qu’il comptait ne plus faire référencer ses sites par Google, Rupert Murdoch en serait au stade des négociations avec Microsoft pour être exclusivement référencé par Bing. (Financial Times)
Techcrunch Europe s’énerve de ne pas avoir été cité par le Financial Times alors que le site avait sorti cette info dix jours plus tôt, et voit dans cette attitude le futur de Bing: un moteur de recherche pour «slow news».
La semaine dernière, Murdoch lui-même n’était pas certain que Bing pouvait se permettre de payer les sites d’information.
Cinq mois après son lancement, Bing possède 10% des parts du marché des moteurs de recherche aux Etats-Unis. (Techcrunch U.S)
Google a plus besoin des sites de contenus que les sites de contenus ont besoin de Google, et Murdoch pourrait réussir a faire payer le moteur de recherche. (Silicon Valley insider)
Murdoch ne comprend rien a la logique de liens qui sous-tend Internet. (Jeff Jarvis)
Conseillez-moi des articles ou des sites dans les commentaires, sur Twitter (@sayseal), ou par mail à cecile.dehesdin (@) slate.fr.
lire le billetA la suite de mon article sur les sites d’information hyperlocale qui se lancent actuellement aux Etats-Unis, PEG me reprochait de ne pas avoir parlé de startups comme Outside.in. J’avais laissé de côté ce site — et Everyblock — parce que ce sont des aggrégateurs d’infos hyperlocales, sans rédaction interne, mais les remontrances de PEG ont été entendues: le président d’Outside.in était l’invité de la cinquième leçon d’entrepreunariat des médias menée par Ken Lerer, co-fondateur du Huffington Post.
Steven Johnson a écrit cinq livres dont quatre se concentrent sur la façon dont les nouvelles technologies changent notre cerveau et nos pratiques sociales, a créé FEED et Plastic.com, et fait la une de Time magazine en juin dernier avec un article sur Twitter (il y prédisait que Twitter bouleverserait Google et la recherche en général en y ajoutant le web en temps réel).
En 2005, alors qu’il travaille de chez lui sur un livre, Johnson se rend compte qu’il obtient «beaucoup plus d’informations sur Brooklyn grâce à The Brownstoner que grâce au New York Times», explique-t-il.
Pour satisfaire son appétit, il se met à suivre dix blogs locaux, en sentant que de plus en plus de blogs naissaient, et qu’il allait devenir difficile de tous les lire. Les blogs étaient organisés chronologiquement, du plus récent billet au plus daté, «mais moi je ne voulais pas nécessairement l’article le plus récent, je voulais savoir ce qui se passait le plus près de chez moi».
Au même moment, Google publie l’API des Google Maps, permettant au grand public de créer des mashups, c’est-à-dire à utiliser Google Maps et des données extérieures pour créer de nouveaux objets (que ça soit «Les meilleures bagels de Brooklyn», «Les vols à main armée dans le Bronx», etc).
«Quelqu’un peut désormais organiser tous ces posts de blogs autour d’une application géographique» se dit-il alors. Steven Johnson, qui à l’époque aimait bien sa vie d’écrivain, ne se voyait pas lancer une boîte. Mais alors qu’il mentionne l’idée à un ami, celui-ci s’exclame: «Super! Je te donne 50 000 dollars, fonce.» (Et c’est là qu’on aimerait bien avoir les mêmes amis que Steven Johnson).
Le prototype d’Outside.in a été construit en trois mois pour 25.000 dollars. «Si on avait voulu le faire quatre ou cinq ans plus tôt, ça nous aurait coûté 50 millions de dollars à cause de toute cette application géographique à développer».
La géolocalisation
«Si vous réfléchissez au type de recherches qu’on fait constamment (où est le pressing le plus proche? Que penser des écoles du quartier? etc), on filtre notre environnement géographiquement». Il s’agissait donc de faire d’Outside.in un aggrégateur géographique intelligent.
Outside.in a commencé à l’ancienne: «une armée de hipsters» — jeunes gens branchés aux goûts vestimentaires contestables — assignait manuellement des emplacements aux billets de blogs locaux. Au bout d’un an, l’armée avait compilé une bonne base de données qui reliait des morceaux de textes à des emplacements géographiques.
La start-up s’est ensuite servie d’algorithmes de détection d’emplacements pour que les ordinateurs utilisent ces données récoltées et puissent, de là, faire le reste automatiquement. Le système est en permanence peaufiné pour éliminer les erreurs qui naissent de cet automatisme.
Quelle différence avec les alertes google, a demandé un élève?
lire le billetAu début de la semaine, les blogueurs américains se sont beaucoup moqués de Rupert Murdoch lorsqu’il a annoncé dans une interview à Sky News qu’il comptait ne plus faire référencer ses sites par Google. Mais un blogueur soutient au contraire que Murdoch a tout compris: il affirme que Twitter dépasse Google dans les endroits où trouver des infos qui viennent de sortir, que Twitter, avec ses 140 caractères, ne représente aucune menace pour les sites d’information, et permet en plus à ces sites de faire parvenir les news directement à ses lecteurs. «Devoir chercher et trouver ses news via des moteurs de recherches, c’est tellement 2008».
Cet épisode était l’introduction parfaite à la quatrième leçon d’entrepreunariat de Ken Lerer du Huffington Post, sur la «social distribution in real time». Il a invité John Borthwick, le PDG de Betaworks, une entreprise qui investit dans des start up de médias sociaux (Twitter, Bit.ly, Tweetdeck, Outside.in, Tumblr), à venir nous parler du «Web en temps réel» et des médias sociaux.
«Nous sommes dans une étape similaire à 1995», affirme John Borthwick, «nous sommes en train de repenser le web». Après les portails puis les moteurs de recherches, il estime que les médias sociaux en temps réel sont les prochains outils dominants du web. «Je ne dis pas que la recherche va disparaître, mais que les médias sociaux viennent s’y ajouter».
Rien de révolutionnaire dans le fait de souligner l’importance de Twitter et Facebook? Pour Borthwick, la page web telle qu’on la connaît est en train de disparaître. «Elle est atomisée et l’info va être représentée à la place par des flots de données». Rappelant les nombreuses métaphores qui peuplent notre utilisation du web («page», «marque-page», «architecture», «navigation»), il estime que «la métaphore de la page nous a amené jusqu’à un certain stade, et maintenant elle se dissout», pour laisser place aux flots.
La lenteur de Google
«Google parcourt les plus gros sites d’infos toutes les trente secondes, les blogs tous les deux ou trois jours, le web toute les trois semaines. Donc vous pouvez trouver un lien super sur Twitter qui vous pointe vers une page quelconque. Si vous faites une recherche, la page n’est pas encore en haut des résultats Google parce que Google ne promet pas l’immédiat mais le long terme, la croissance organique», explique John Borthwick.
Avec l’arrivée de Facebook et surtout de Twitter, qui permettent de répandre l’information immédiatement, la donne change. «On pensait qu’on pouvait tout trouver avec Google, mais depuis que les gens veulent trouver “là, tout de suite”, on se rend compte que ce n’est pas le cas».
Même si John Borthwick ne voit pas les moteurs de recherche disparaître, il croit résolument que les médias sociaux qui distribuent l’info en temps réel vont prendre de plus en plus d’importance.
Et les médias dans tout ça?
lire le billetLe Huffington Post se lance dans l’humanitaire avec sa nouvelle page Impact. A la fin de chaque article, un widget offre au lecteur la possibilité de faire un don, de soutenir une association ou de devenir bénévole. (Poynter via @sreenet)
Alcool, jeu, luxure, la chroniqueuse du New York Times Maureen Dowd propose aux médias d’investir dans le commerce du vice pour sortir de la crise. (NYT)
Nick Bilton du laboratoire de recherches sur les médias du New York Times parle «multi-tasking», réseaux sociaux comme source première d’information et place du journaliste et du journaliste-citoyen. (Pop Tech)
Besoin d’une raison de plus pour faire attention à ce que vous postez sur Facebook ou Twitter? Google dévoile «Google Social Search». (Mashable, via @lavrusik)
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lire le billetLes articles que je lis/lie via Twitter et mes flux RSS
L’administration Obama considère Fox News comme faisant partie de l’opposition politique. (NYT, via @brianstelter)
Le PDG de Google assure que le journalisme qui fonctionne uniquement au personal branding, c’est pas pour tout de suite. (Technotes, via @Narvic)
Le journalisme hyperlocal fait trembler les petites villes américaines. (Newsweek, via @sreenet)
Wikileaks veut rendre les fuites plus faciles et plus sûres pour ses informateurs anonymes. (Computer world, via @niemanlab)
A Columbia aussi on a eu une princesse, et aujourd’hui elle veut davantage d’écoles de journalisme en Jordanie (The National, via @lavrusik)
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