Goodbye Columbia!

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(La promo 2010 de l’école de journalisme de Columbia attend le début de la cérémonie. Photo: Sébastien Dehesdin)

Je n’ai jamais fermé un blog. J’en ai déjà ouvert certains pour les abandonner lâchement en cours de route, petit à petit, sans vraiment m’en rendre compte. Mais pas de ça pour le Medialab.

En écrivant ce dernier billet, je clos aussi mon année à Columbia. C’est dur de dire au revoir à dix mois de vie à New York. Quand j’ai commencé, j’avais l’impression que l’année ne se finirait jamais et, pour être honnête, je me suis parfois demandée si j’allais être capable de supporter le rythme intensif de l’école. Alors tenir un blog régulier en plus de cette pression quotidienne, avec un stage à Slate.com à mi-temps pendant mon deuxième semestre, j’avais des doutes!

Mais nous voilà aujourd’hui avec 36 billets (un par semaine en moyenne, même s’il y a eu des pauses «vacances» et des pauses «je-vais-jamais-avoir-mon-diplôme-si-j’écris-cette-semaine»), et 182 commentaires. J’ai écrit (un peu) sur l’iPad, sur l’hyperlocal, et sur les écoles de journalisme, beaucoup sur Twitter, Facebook, et les médias sociaux en général, sans oublier mes odes au New York Times (ses nécrologues, sa rédaction web, son équipe multimédia, sa “social media editor“).

La vie de campus américaine peut vite se transformer en vase clos, et si l’école de journalisme est en effet devenue un petit univers à part entière, la nature des cours m’a fait parcourir le nord de Manhattan quotidiennement, et m’a fait littéralement traverser bloc par bloc tout East Harlem et le Upper East Side (Où je me suis aperçue un peu tard que New York est BEAUCOUP plus grand que Paris).

Mais c’est surtout vous qui m’avez aidée à me rappeler qu’il y a une vie en dehors de Columbia, et ce alors même que je vous parlais principalement de l’école! Merci pour vos commentaires, merci pour vos emails, merci pour vos «RT» sur Twitter et vos «Like» sur Facebook. Merci au passage de m’avoir fait pratiquer mon français semaine après semaine (et merci, rédac chef, de n’avoir pas perdu espoir même en recevant certains billets dans franglais parfois violent…).

Ma cérémonie de remise de diplômes était juste comme dans les teen-movies américains que je regarde depuis des années, la pluie et le vent en plus. Des milliers d’étudiants avec leur cape et leur petit chapeau ridicule bleu ciel et noir (les couleurs de Columbia), des milliers de parents et d’amis, l’hymne américain avec la main sur le coeur, une prière par l’aumônière de l’université pour ouvrir et fermer la cérémonie…

L’après-midi, la chef des pages op-ed du New York Times Gail Collins a donné un discours aux nouveaux diplômés en journalisme et à leurs parents.

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(Gail Collins s’addresse aux élèves de l’école de journalisme et à leurs parents. Photo: Sébastien Dehesdin)

«Vous allez inventer une nouvelle façon de communiquer», a-t-elle assuré après nous avoir donné quelques conseils pour commencer notre vie professionnelle. «De la même manière que de mon temps, on est passé de la machine à écrire à l’ordinateur et que la télévision a débarqué. C’est alors devenu plus facile d’écrire plus court, d’écrire mieux et d’être plus drôle. Et parce que la télévision devenait si populaire, on a dû adapter notre écriture pour garder l’attention du public».

«Pour l’instant, le journalisme en ligne ressemble à du journalisme papier avec des paragraphes plus courts», a-t-elle ajouté. «Mais ça va changer, parce que la capacité d’attention du public va être différente avec internet. Ça ne veut pas dire qu’il y aura moins de curiosité, ça veut juste dire que vous devez trouver un moyen de réussir à atteindre ces lecteurs et à garder leur attention et leur intérêt».

«Je ne ferai pas partie de ce mouvement», a-t-elle conclu, «mais vous si. Vous allez changer l’univers! Alors au boulot!»

J’ai la chance de me mettre au boulot en rejoignant l’équipe de Slate.fr dès cet été. C’est la fin du Medialab, mais si l’occasion s’y prête, je réécrirai sûrement sur les médias américains pour Slate ou en m’incrustant sur le blog d’Alice Antheaume, Work In Progress.

A très bientôt,

Cécile Dehesdin

Des adieux éplorés, des «bon débarras»? Dites-moi tout dans les commentaires, sur Twitter (@sayseal), sur la page Facebook du medialab, ou envoyez-moi un mail à cecile.medialab (@) gmail.com

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(Etudiants en liesse à l’idée d’être diplômés et du buffet alcoolisé et gratuit qui les attend. Photo: Sébastien Dehesdin)

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Je suis aussi journaliste de données

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Dans un billet début février, Jean-Christophe Féraud estimait que le journalisme de données était «fortement éloigné des préoccupations réelles du lecteur» et était devenu «la dernière tarte à la crème» du journalisme. D’après lui, le journalisme de données finit en jolis graphiques colorés qui ne servent pas à grand chose.

Jean-Christophe Féraud oppose le journalisme de données au journalisme «traditionnel», mais pourquoi? Pourquoi opposer Albert Londres à l’ordinateur, le «journalisme de narration» au «journalisme de données»? Les données peuvent se transmettre sous forme d’une carte ou d’un graphique interactif, aider un journaliste à enquêter pour son article/ sa vidéo/etc, ou les deux. Au passage, le journaliste peut mettre en ligne, à la disposition de ses lecteurs, ses documents sources dans un format plus facilement exploitable.

Il me semble que ce qui sous-tend le journalisme de données, c’est l’idée que le grand public devrait avoir accès à toutes les données possibles de façon à pouvoir les utiliser, dans sa vie quotidienne ou pour son information générale. Un peu comme le but du journalisme quoi.

Comme il le note, le «data journalism» est très à la mode en Angleterre et aux Etats-Unis. A Columbia, sans compter le tout nouveau double cursus entre l’école de journalisme et l’école de sciences de l’informatique, pas moins de quatre cours concernent de près ou de loin la façon d’utiliser des données en tant que journaliste: les étudiants en «computer-assisted reporting» apprennent à naviguer dans des bases de données privées et publiques et à en tirer des outils pour leurs articles, ceux en «techniques d’enquêtes» appliquent directement l’analyse de données au journalisme d’investigation (une spécialisation à part entière à Columbia) et l’incorporent au reportage traditionnel, et le cours «Visual Storytelling: Making Graphics with Impact» enseigne l’art du graphique qui n’est pas que joli et coloré, mais permet également de transmettre des informations clairement.

Dans mon «interactive workshop», nous venons de rendre un «numbers-driven interactive», un reportage codé sous Flash composé essentiellement de données. L’exercice nous a forcés à chercher des sujets où il y avait un intérêt à sortir des données, puis à réfléchir à la façon de présenter ces données de la manière la plus logique et claire.

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Le journaliste-citoyen du Hudson

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Mardi 9 mars, mon prof de réseaux sociaux Dean Sree Sreenivasan a invité Janis Krums à l’école. Janis Krums vous le connaissez tous, c’est l’auteur de la première photo du crash sur la rivière Hudson.

Prise sur son iPhone, et déposé sur Twitter via TwitPic, la photo vient de remporter le prix de «Photo en temps réel de l’année» aux Shorty Awards, une cérémonie entièrement dédiée à Twitter pour honorer «les meilleurs producteurs de court contenu en temps réel». Janis Krums a gagné son prix le trois mars, le même jour où le capitaine Sully, qui avait réussi à amerrir l’avion sans aucun mort, annonçait sa retraite.

Janis Krums était sur un ferry qui relie New York au New Jersey le 15 janvier 2009, en train de jouer avec son téléphone, quand il a entendu le capitaine dire «il y a un avion devant nous, on part à leur secours».

«Je pensais que c’était un petit avion», se souvient-il, «on ne s’attendait pas à un Airbus!» Il a pris la photo de l’intérieur du ferry (d’où les traces de saleté sur la photo) quelques secondes avant que le bâteau ne s’arrête près de l’avion pour embarquer les passagers.

«Je me suis dit “C’est un évènement assez unique, ça se tweete”, et puis ensuite je n’y ai plus pensé. J’ai donné mon téléphone à un des passagers pour qu’il puisse appeler sa famille, et quand je l’ai récupéré, j’ai reçu un appel de MSNBC qui me disait “Est-ce que vous pouvez être live dans 25 secondes?”»

«Je ne sais pas comment mais ils me suivaient déjà sur Twitter et ils me voulaient dans leur émission». Le soir-même, il participait au Rachel Maddow Show, un talk populaire aux Etats-Unis.

Janis Krums était alors inscrit sur Twitter depuis six ou sept mois. Après avoir laissé son compte dépérir, il s’était finalement mis à utiliser le service deux ou trois mois avant l’accident pour se tenir au courant de l’actualité, en particulier technologique, et postait tous les jours.

Sa Twitpic a été rapidement retweetée, quelqu’un l’a postée sur Flickr (ce qui s’est avéré utile puisque Twitpic a crashé), et les sites d’infos, chaînes de télévision, et journaux papiers l’ont reproduite, sans le payer.

«A partir du moment où je l’ai tweetée, elle est devenue de domaine public», explique-t-il, «TwitPic n’a pas de règles par rapport à ça». Il est allé enregistré son copyright le lendemain, effectif quelques jours plus tard, ce qui lui a permis de faire de l’argent quand Oprah Winfrey ou Apple l’ont contacté.

Il garde plutôt un bon souvenir du cirque médiatique qui a suivi sa photo, notant que les journalistes commençaient toujours par lui parler du sauvetage avant de passer à Twitter. Même s’il considère qu’il a été «journaliste-citoyen d’un jour», l’expérience ne lui a pas pour autant donné envie de devenir journaliste plutôt qu’entrepreneur.

Des étudiants pas convaincus

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A New York, Columbia lance une promo de journalistes-geeks

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***Cet article a été actualisé après l’annonce officielle du double-diplôme entre l’école de journalisme et l’école de sciences de l’informatique de Columbia.***


Un récent article d’Owni se demandait si l’ère du mutant journaliste-programmeur était arrivée. Les journalistes interviewés (dont Johan Hufnagel de Slate) estimaient que l’idée d’avoir des journalistes qui savaient coder aussi bien que des programmeurs étaient la lubie du moment, mais qu’il serait bien utile d’avoir dans les rédactions des techniciens capables de comprendre les journalistes et vice-versa.

Columbia vient de confirmer la tendance américaine relevée il y a quelques mois par Gawker: l’essor du journaliste-ingénieur informaticien. L’école a en effet développé un nouveau double-diplôme (en plus de ceux qu’elle a déjà avec l’école de droit, de relations internationales, de business, ou avec Sciences Po) avec l’école de sciences de l’informatique.

La question «comment trouver et communiquer avec des développeurs web?» travaillait beaucoup l’un des élèves des leçons de Ken Lerer, le cofondateur du Huffington Post, et la réponse de Columbia semble être de former des journalistes qui parlent le programmeur et des programmeurs qui parlent le journaliste.

Un nouvelle catégorie d’emplois

D’après David Klatell, en charge des double-diplômes à l’école, le cursus durera trois ans, deux à l’école de sciences de l’informatique, une à l’école de journalisme. C’est long pour un master aux Etats-Unis, et cher (l’année à Columbia coûte plus de 40 000 dollars), donc il s’attend à une petite promo de six à huit étudiants par an. «Si on limite la taille de la promo, ça permettra aussi de mieux aider financièrement les étudiants», explique-t-il.

Le but du programme est aussi simple qu’ambitieux: créer une nouvelle catégorie d’emplois. Plusieurs médias ont dit à l’administration de l’école qu’ils «rêvent d’avoir des programmeurs qui comprennent le monde de l’information, que ça serait merveilleux d’avoir des employés qui puissent faire les deux», affirme David Klatell.

En 2004, Clay Shirky relevait déjà la tendance, soulignant que plus la programmation se démocratisait, plus elle passerait lentement de boulot à part entière à compétence parmi d’autres. Mais le double cursus ne compte pas créer des petits soldats du web qui viendraient remplacer les programmeurs. «Vous ne verrez pas apparaître des rédactions où tous les journalistes sont censés savoir coder comme ils sont aujourd’hui censés savoir prendre une photo ou enregistrer du son», estime David Klatell.

Des managers plutôt que des petits soldats

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Tous à l’école (de journalisme) !

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Disclaimer: l’auteure de ce billet de blog n’a pas fait une, mais deux écoles de journalisme. Deux. Ecoles. De. Journalisme.

Une en France, à Sciences Po Paris, et l’autre, que finalement vous suivez avec moi depuis septembre dernier, à Columbia, New York. Columbia, qui, ça fait toujours du bien de se le rappeler, coûte 43.527 dollars (31.697 euros) de frais d’inscription. Pour dix mois.

Dans mes expériences professionnelles françaises, faire des études de journalisme a toujours été un point positif auprès de mes employeurs. Mais je me souviens encore de ma discussion avec mon rédacteur en chef à Politico il y a un an: dix minutes passées à le convaincre — lui même avait pourtant un diplôme de journalisme! — que postuler à Columbia était une bonne idée pour la suite de ma carrière.

«Mais pourquoi faire?», m’avait-il alors demandé, persuadé que des expériences professionnelles suffiraient amplement, selon le mythe du petit jeune qui commence par la rubrique chiens écrasés avant de progresser sous la houlette de ses aînés pour devenir grand reporter/ photojournaliste de génie/ rédacteur en chef impressionnant.

Les journaux meurent et les écoles se remplissent

En janvier 2010, le site Paper Cuts, créé pour chroniquer la mort des journaux américains, affirme que six publications ont fermé et au moins 813 personnes licenciées pour des raisons économiques. En 2009, 584 journaux ont procédé à des licenciements ou des plans de départ, pour un total de 14.845 journalistes remerciés. Et ces chiffres ne concernent que les journaux papiers, pas les chaînes télévisées ou les radios. En France aussi les plans de départ se succèdent dans les médias.

Face au triste état du marché de l’emploi, les 13 écoles de journalisme reconnues par la profession qui existent en France et des centaines d’écoles qui enseignent le métier aux Etats-Unis (difficile d’en donner un nombre exact, puisque le journalisme s’y enseigne en licence ou en master à l’université) continuent à diplômer des centaines (de futurs?) journalistes, et ne désemplissent pas.

Dans ces conditons, «mais pourquoi faire une école de journalisme?» reprend Seth Lewis, nouvellement engagé par le NiemanLab, l’excellent blog sur les médias d’Harvard, pour discuter éducation et formation. Comment aller à l’école pourrait aider à se préparer à un métier qui va changer mille fois entre le jour où je suis arrivée à New York en septembre et le jour où j’en repartirai en mai? Pourquoi faire confiance à des profs qui sont eux-mêmes en train de réapprendre leur métier?

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Journalisme, option Twitter

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Après les dix commandements des pros pour lancer votre site d’infos, je voulais partager avec vous les conseils de Sree Sreenivasan, mon prof de réseaux sociaux, sur la meilleure façon d’utiliser Twitter en tant que journaliste. Sauf que voilà, je ne suis pas sûr que ces conseils s’exportent de votre côté de l’Atlantique. Twitter aux Etats-Unis et Twitter en France, c’est à peu près aussi différent que le journalisme aux Etats-Unis et le journalisme en France.

D’abord pour des questions d’audience. D’après un récent rapport de Sysomos, qui a analysé 13 millions de comptes Twitter en activité entre le 16 octobre et le 16 décembre 2009, plus de la moitié de ces comptes (50,8%) appartiennent à des Américains. Avec 0.98% de comptes, la France se classe 13e pays utilisateur de Twitter. (Derrière les Philippines, le Mexique, l’Indonésie…)

Pour leur étude, les chercheurs de Sysomos ont intégré tous les comptes Twitters qui avaient émis des messages au moins deux fois pendant ces deux mois. Les dirigeants de Twitter refusent de donner leurs chiffres, mais d’après Sysomos, il y avait donc 13 millions de comptes Twitter actifs à la fin de l’année dernière.

Ce n’est pas parce que 50% des comptes Twitters appartiennent à des Américains que 50% des Américains ont un compte Twitter, ou même savent ce qu’est Twitter — à part un truc sur lesquels les journalistes s’excitent.

En octobre 2009, le Pew Internet Project actualisait son étude sur Twitter en annonçant que 19% des internautes américains utilisaient Twitter ou un autre outil en ligne pour actualiser leur statut (en décembre 2008, ils étaient 11%). L’étude a ses limites, reconnues par les chercheurs de l’institut, puisque la question posée est «Avez-vous utilisé hier Twitter ou un autre service pour actualiser votre statut ou regarder le statut d’autres personnes?» Même si Facebook fait l’objet d’une question différente, les personnes interrogées peuvent très bien répondre «oui» s’ils ont actualisé leur statut Facebook, Yammer ou même Gchat.

Même si l’on ne peut pas considérer Twitter comme «mainstream» aux Etats-Unis — où le réseau bénéficie tout autant qu’en France d’un effet de chambre d’écho médiatique — l’outil est davantage rentré dans les moeurs américaines que françaises. Présentateurs vedettes de talk shows et autres stars ont tous leur compte, alors qu’en France…

Sans importance? Mais l’une des principales critiques françaises contre Twitter est que ce n’est qu’un outil utilisé par les journalistes et les geeks, et que le grand public s’en fout totalement. Mais prenez un passionné américain de la série Glee. Tout ce qu’il veut, c’est connaître l’actualité sur sa série préférée, peu importe l’outil: fan page Facebook, blogs, sites… ou Twitter, où il pourra suivre le compte officiel de la série, celui de tous les acteurs, et des critiques TV qui lui révèleront régulièrement les derniers potins.

Dans son coming-out anti-Twitter, Titiou soulevait (entre autres) le problème d’un service d’information en temps réel qui serait surtout utile aux utilisateurs si l’info était locale. «Par exemple, si toutes les écoles avaient un compte twitter, elles pourraient tenir informés les parents d’élèves de l’absence des professeurs au jour le jour. De même, le twitter de la ligne de métro 7 aurait pu me prévenir que les trains ne s’arrêtaient pas à la station Opéra jeudi matin.»

Mais aux Etats-Unis, c’est exactement ce que Twitter fait.

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Le paysage médiatique en mouvement

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Jeudi soir, Columbia accueillait son forum annuel sur l’évolution des médias, avec un panel impressionnant, modéré par Dean Sree Sreenivasan (mon prof de Twitter): la social media editor du New York Times Jennifer Preston, le PDG de Betaworks John Borthwick, la journaliste techno du Wall Street Journal Julia Angwin, le fondateur de BlogTalkRadio Alan Levy, et l’auteur de Be The Media David Mathison. Vous pouvez suivre la conversation ci-dessous grâce à Cover It Live, et regarder la vidéo grâce à Livestream.

(Photo: Jehangir Irani)

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Comment le web en temps réel ringardise complètement Google

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Au début de la semaine, les blogueurs américains se sont beaucoup moqués de Rupert Murdoch lorsqu’il a annoncé dans une interview à Sky News qu’il comptait ne plus faire référencer ses sites par Google. Mais un blogueur soutient au contraire que Murdoch a tout compris: il affirme que Twitter dépasse Google dans les endroits où trouver des infos qui viennent de sortir, que Twitter, avec ses 140 caractères, ne représente aucune menace pour les sites d’information, et permet en plus à ces sites de faire parvenir les news directement à ses lecteurs. «Devoir chercher et trouver ses news via des moteurs de recherches, c’est tellement 2008».

Cet épisode était l’introduction parfaite à la quatrième leçon d’entrepreunariat de Ken Lerer du Huffington Post, sur la «social distribution in real time». Il a invité John Borthwick, le PDG de Betaworks, une entreprise qui investit dans des start up de médias sociaux (Twitter, Bit.ly, Tweetdeck, Outside.in, Tumblr), à venir nous parler du «Web en temps réel» et des médias sociaux.

«Nous sommes dans une étape similaire à 1995», affirme John Borthwick, «nous sommes en train de repenser le web». Après les portails puis les moteurs de recherches, il estime que les médias sociaux en temps réel sont les prochains outils dominants du web. «Je ne dis pas que la recherche va disparaître, mais que les médias sociaux viennent s’y ajouter».

Rien de révolutionnaire dans le fait de souligner l’importance de Twitter et Facebook? Pour Borthwick, la page web telle qu’on la connaît est en train de disparaître. «Elle est atomisée et l’info va être représentée à la place par des flots de données». Rappelant les nombreuses métaphores qui peuplent notre utilisation du web («page», «marque-page», «architecture», «navigation»), il estime que «la métaphore de la page nous a amené jusqu’à un certain stade, et maintenant elle se dissout», pour laisser place aux flots.

La lenteur de Google

«Google parcourt les plus gros sites d’infos toutes les trente secondes, les blogs tous les deux ou trois jours, le web toute les trois semaines. Donc vous pouvez trouver un lien super sur Twitter qui vous pointe vers une page quelconque. Si vous faites une recherche, la page n’est pas encore en haut des résultats Google parce que Google ne promet pas l’immédiat mais le long terme, la croissance organique», explique John Borthwick.

Avec l’arrivée de Facebook et surtout de Twitter, qui permettent de répandre l’information immédiatement, la donne change. «On pensait qu’on pouvait tout trouver avec Google, mais depuis que les gens veulent trouver “là, tout de suite”, on se rend compte que ce n’est pas le cas».

Même si John Borthwick ne voit pas les moteurs de recherche disparaître, il croit résolument que les médias sociaux qui distribuent l’info en temps réel vont prendre de plus en plus d’importance.

Et les médias dans tout ça?

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C’est pas moi c’est Internet!

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Mon cours sur Twitter et Facebook est terminé, mais son projet final est toujours d’actualité: les quatre classes qui le suivent ce semestre écrivent chacune une partie des règles internes de Columbia quant à l’utilisation des médias sociaux. (Le code devrait être au point d’ici un mois, je vous tiens au courant!)

En nous demandant de réfléchir à ces règles, notre professeur nous a en quelque sorte demandé si sur Internet les valeurs et la déontologie journalistiques changeaient. Notre première réaction a été de dire «bien sûr que non», mais si c’était si évident que ça, est-ce qu’un journaliste d’ABC twitterait le les propos «off the record» d’un président américain traitant un rappeur de crétin?

La journaliste Gina Chen affirme la même chose sur son blog «Save the media», en mettant au point son «Guide de déontologie des médias sociaux pour journalistes». Ses règles sont moins brutales que celles du Washington Post, publiées parce qu’un des rédacs chefs donnait trop son opinion sur son compte Twitter. Mais elles ne répondent quand même pas à mon plus gros problème. Si je ne dois rien publier sur Facebook ou Twitter que je ne serais pas fière de voir en une du New York Times, est-ce la fin de l’humour, de la personnalité, et de notre nouveau rapport — moins guindé — avec le lecteur?

Si on écarte ce problème, je suis d’accord avec les règles de Gina Chen. La déontologie en ligne est la même que la déontologie dans un journal. Pourquoi est-ce que des internautes ne mériteraient pas autant d’éthique de notre part que des lecteurs? Ce n’est pas parce que la publicité les considère moins importants que les journalistes doivent s’y mettre…

Au cours d’une étude de cas du site Politico, en cours de business, notre prof Bill Grueskin a fait un aparté pour parler de Polanski. Le 7 octobre, un journaliste du site d’infos politiques a écrit un court article au titre évocateur: «Les supporters de Roman Polanski ont donné 34,000 dollars à Barack Obama et au Parti Démocrate». Ou comment faire de la complète désinformation: le journaliste a trouvé les noms américains dans une pétition soutenant le cinéaste, et cherché leur participation financière à la campagne d’Obama il y a un an!

Bill Grueskin a écrit un mail rageur au journaliste, qui lui a en gros répondu: «c’est pas moi, c’est Internet et mon rédac chef».

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Eh, lecteur, tu préfères quel titre?

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Le Nieman Lab – blog media de la Nieman Foundation d’Harvard -, a expliqué que le Huffington Post monitorait l’effet de ses titres sur ses lecteurs en temps réel. Coup de chance, mardi, deux des fondateurs étaient à l’école…

«Vous ne pouvez pas contrôler le public», a asséné Jonah Peretti, co-fondateur du site et créateur de Buzzfeed. «Vous ne pouvez pas dire “Voilà, il n’y a que trois chaînes de télé, ou voilà les trois journaux qui existent”. C’est le public qui a le pouvoir, tout ce que vous pouvez faire c’est essayer de l’influencer».

A/B Testing

Pour influencer les lecteurs, il faut commencer par savoir ce qu’ils aiment. C’est pour ça que BuzzFeed a développé une technologie permettant de voir en temps réel sur quoi ses internautes cliquent; et sur quoi ils ne cliquent pas. Ce qui permet ensuite de faire du A/B testing, c’est à dire de tester deux titres différents pour un même article sur deux panels d’internautes et de voir le titre qui attire le plus de clics. Et en direct, s’il vous plaît.

Comment faire décoller un papier dans la liste des articles les plus lus, plus emailés ou plus commentés? Le système est utilisé par BuzzFeed, le Huffington Post, et vendu à d’autres compagnies (dont Peretti n’a, bien sûr, pas voulu révéler le nom…).

BuzzFeed a en fait été créé comme un projet parallèle au Huffington Post, un laboratoire, a raconté Jonah Peretti. Publier du contenu et voir comment les gens réagissent a permis de développer des stratégies virales et de vendre ces stratégies à d’autres compagnies.

La fin des sujets pas sexys mais importants?

L’annonce de ces possibilités n’a pas ravi tous les étudiants qui assistaient à la démonstration. Avec cette technologie, les médias relégueront vite en bas de page les infos sur lesquelles les gens ne cliquent pas, se sont inquiétés certains d’entre nous. En gros, on va de moins en moins parler de sujets importants, les «pas sexys» parce que personne ne clique sur ces papiers.

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