Vous la prendrez comment votre info aujourd’hui?

wordsflow

Une des grandes opportunités qu’offre internet en matière d’information, c’est la possibilité de la présenter autrement. Que ce soit avec des webdocus dont vous êtes le héros ou qui sont séquencés originalement, Internet permet d’échapper à la linéarité.

En dehors de ces web-documentaires, qui traitent de sujets particuliers, il existe des interfaces qui cherchent à présenter l’info de la journée d’une façon originale, qui laisse plus de liberté au lecteur ou cherche à organiser l’information selon une autre hiérarchie que celle éditoriale et humaine, d’un rédacteur en chef.

News Dots

newsdots

En septembre dernier, Chris Wilson de Slate.com a lancé News Dots, une sorte de réseau social géant consacré à l’information: les mots-clés des articles sont transformés en tags, et les tags apparaissent sous forme de cercles, plus ou moins gros selon le nombre de publications qui les utilisent. Les cercles/tags sont reliés entre eux quand ils sont apparus ensemble dans aux moins deux articles. Pour le vendredi 12 février 2010 «United Kingdom» sera par exemple relié à «Afghanistan», «Toyota», «Japan», «Bank», «Britain», etc. Il suffit de cliquer sur chaque cercle pour voir apparaître sur la droite une liste d’articles qui lui correspondent. L’historique remonte à environ deux semaines.

«J’ai créé News Dots pour que les lecteurs puissent avoir une vue d’ensemble de la façon dont les informations sont connectées les unes aux autres par quelques degrés de séparation», explique Chris Wilson. «C’est aussi pratique pour voir les sujets les plus couverts par les médias».

L’idée lui est venue il y a trois ans, au moment du procès de Scooter Libby dans l’affaire Valerie Plame. «Je lisais le journal, et dans le même quotidien il y avait des articles sur le procès et sur des attentats suicides en Irak. Et je me rappelle m’être dit que ces sujets étaient étroitement liés même si, là dans l’immédiat, ils n’avaient rien à faire l’un avec l’autre. Libby était accusé d’avoir menti en disant qu’il n’avait pas fait fuité le nom d’un agent de la CIA pendant la montée vers la guerre en Irak, la même guerre qui était désormais devenue une violente insurrection».

Comme il se renseignait également beaucoup sur la théorie des réseaux sociaux, Chris Wilson s’est dit «que le moyen de montrer comment ces articles étaient connectés l’un à l’autre serait peut être un diagramme du réseau de ces sujets».

Mais chaque média tagguait ses articles selon différents systèmes, et il est «incroyablement difficile d’apprendre à un ordinateur que “Clinton, Hillary Rodham” est la même personne que “Hillary Clinton”». Il paraissait donc impossible de réussir à compiler plus d’une publication dans ce diagramme.

C’est là qu’est arrivé Calais, un service créé par Thompson Reuters: il suffit de lui fournir des articles pour qu’il les taggue automatiquement avec ses mots-clés, permettant ains d’obtenir un système de nomenclature uniforme pour tous les articles, quelque soit le média d’où ils viennent.

A terme, Chris Wilson aimerait que News Dots soit un portail d’accès à l’actualité, mais pour l’instant, «c’est un peu chaotique. Je le verrais plutôt comme une destination secondaire, où les gens se rendent après avoir lu leur journal du matin pour prendre un peu de recul». Il voudrait ajouter plus de publications et améliorer la transition entre les différents jours pour que les gens puissent voir l’actu évoluer devant leurs yeux, plutôt que d’avoir un diagramme remplacé par un autre diagramme.

Newsmap

newsmap

Lire la suite…

lire le billet

Tous à l’école (de journalisme) !

graduation

Disclaimer: l’auteure de ce billet de blog n’a pas fait une, mais deux écoles de journalisme. Deux. Ecoles. De. Journalisme.

Une en France, à Sciences Po Paris, et l’autre, que finalement vous suivez avec moi depuis septembre dernier, à Columbia, New York. Columbia, qui, ça fait toujours du bien de se le rappeler, coûte 43.527 dollars (31.697 euros) de frais d’inscription. Pour dix mois.

Dans mes expériences professionnelles françaises, faire des études de journalisme a toujours été un point positif auprès de mes employeurs. Mais je me souviens encore de ma discussion avec mon rédacteur en chef à Politico il y a un an: dix minutes passées à le convaincre — lui même avait pourtant un diplôme de journalisme! — que postuler à Columbia était une bonne idée pour la suite de ma carrière.

«Mais pourquoi faire?», m’avait-il alors demandé, persuadé que des expériences professionnelles suffiraient amplement, selon le mythe du petit jeune qui commence par la rubrique chiens écrasés avant de progresser sous la houlette de ses aînés pour devenir grand reporter/ photojournaliste de génie/ rédacteur en chef impressionnant.

Les journaux meurent et les écoles se remplissent

En janvier 2010, le site Paper Cuts, créé pour chroniquer la mort des journaux américains, affirme que six publications ont fermé et au moins 813 personnes licenciées pour des raisons économiques. En 2009, 584 journaux ont procédé à des licenciements ou des plans de départ, pour un total de 14.845 journalistes remerciés. Et ces chiffres ne concernent que les journaux papiers, pas les chaînes télévisées ou les radios. En France aussi les plans de départ se succèdent dans les médias.

Face au triste état du marché de l’emploi, les 13 écoles de journalisme reconnues par la profession qui existent en France et des centaines d’écoles qui enseignent le métier aux Etats-Unis (difficile d’en donner un nombre exact, puisque le journalisme s’y enseigne en licence ou en master à l’université) continuent à diplômer des centaines (de futurs?) journalistes, et ne désemplissent pas.

Dans ces conditons, «mais pourquoi faire une école de journalisme?» reprend Seth Lewis, nouvellement engagé par le NiemanLab, l’excellent blog sur les médias d’Harvard, pour discuter éducation et formation. Comment aller à l’école pourrait aider à se préparer à un métier qui va changer mille fois entre le jour où je suis arrivée à New York en septembre et le jour où j’en repartirai en mai? Pourquoi faire confiance à des profs qui sont eux-mêmes en train de réapprendre leur métier?

Lire la suite…

lire le billet

Steve Jobs n’est pas l’ami des journaux

iPad

La tablette d’Apple est enfin sortie, et elle ne semble pas avoir grand chose de prévu pour les journaux et les magazines. Les livres auront leur iBooks Store, mais rien sur — ou pas encore — un iNews Store ou un iMedia store. Est-ce vraiment une si mauvaise chose?

Juste avant la présentation de la tablette, plusieurs médiasannonçaient qu’Apple allait sauver les journaux et magazines papier. Une sorte d’outil salvateur qui allait renverser la fâcheuse tendance des journaux et magazines américains à mourir l’un après l’autre.Premier problème: contrairement au Kindle, l’iPad permet de surfer sur le web. Comment, dès lors, faire payer aux consommateurs des contenus qu’ils peuvent obtenir gratuitement en visitant les sites gratuits de ces journaux et magazines? Certes, des médias comme le quotidien britannique /The Guardian/ ont montré que les lecteurs pouvaient très bien accepter de payer si l’application était de qualité.

Mais la vente d’applications iPhone n’offre pas de business modèle viable: prenons le Guardian justement. Son «app» est un gros succès, avec 70.000 téléchargements le mois de son lancement. A 2.39£ (2.99€ en France) l’application, si le journal continuait d’en vendre 70.000 par mois, l’Apple store pourrait lui rapporter 1,97 million de livres (2,28 millions d’euros) en un an.

Même avant la commission de 30% prélevée par Apple, cette somme n’est pas une source de revenus importante. Supposons que les revenus du groupe du Guardian soient les mêmes en 2009-2010 qu’en 2008-2009, c’est-à-dire 405,4 millions de livres (467,78 millions d’euros), auxquels on ajouterait les 1,97 million potentiellement rapportés par l’app. Ces téléchargements ne représenteraient que 0,48% des revenus du groupe.

L’iPad pourrait créer un nouveau système avec la mise en place d’un iMedia store où l’on achèterait des abonnements ou certains numéros de ses publications préférées. Dans sa dernière Monday Note, Frédéric Filloux imagine son expérience de consommateur en 2011, où il reçoit son New Yorker tous les lundis sur sa tablette, et achète Vanity Fair au numéro quand ça lui prend.

Pour autant, rien ne dit que cet iMedia store imaginaire serait bénéfique aux magazines et aux journaux.

Lire la suite…

lire le billet

Journalisme, option Twitter

tweetclass

Après les dix commandements des pros pour lancer votre site d’infos, je voulais partager avec vous les conseils de Sree Sreenivasan, mon prof de réseaux sociaux, sur la meilleure façon d’utiliser Twitter en tant que journaliste. Sauf que voilà, je ne suis pas sûr que ces conseils s’exportent de votre côté de l’Atlantique. Twitter aux Etats-Unis et Twitter en France, c’est à peu près aussi différent que le journalisme aux Etats-Unis et le journalisme en France.

D’abord pour des questions d’audience. D’après un récent rapport de Sysomos, qui a analysé 13 millions de comptes Twitter en activité entre le 16 octobre et le 16 décembre 2009, plus de la moitié de ces comptes (50,8%) appartiennent à des Américains. Avec 0.98% de comptes, la France se classe 13e pays utilisateur de Twitter. (Derrière les Philippines, le Mexique, l’Indonésie…)

Pour leur étude, les chercheurs de Sysomos ont intégré tous les comptes Twitters qui avaient émis des messages au moins deux fois pendant ces deux mois. Les dirigeants de Twitter refusent de donner leurs chiffres, mais d’après Sysomos, il y avait donc 13 millions de comptes Twitter actifs à la fin de l’année dernière.

Ce n’est pas parce que 50% des comptes Twitters appartiennent à des Américains que 50% des Américains ont un compte Twitter, ou même savent ce qu’est Twitter — à part un truc sur lesquels les journalistes s’excitent.

En octobre 2009, le Pew Internet Project actualisait son étude sur Twitter en annonçant que 19% des internautes américains utilisaient Twitter ou un autre outil en ligne pour actualiser leur statut (en décembre 2008, ils étaient 11%). L’étude a ses limites, reconnues par les chercheurs de l’institut, puisque la question posée est «Avez-vous utilisé hier Twitter ou un autre service pour actualiser votre statut ou regarder le statut d’autres personnes?» Même si Facebook fait l’objet d’une question différente, les personnes interrogées peuvent très bien répondre «oui» s’ils ont actualisé leur statut Facebook, Yammer ou même Gchat.

Même si l’on ne peut pas considérer Twitter comme «mainstream» aux Etats-Unis — où le réseau bénéficie tout autant qu’en France d’un effet de chambre d’écho médiatique — l’outil est davantage rentré dans les moeurs américaines que françaises. Présentateurs vedettes de talk shows et autres stars ont tous leur compte, alors qu’en France…

Sans importance? Mais l’une des principales critiques françaises contre Twitter est que ce n’est qu’un outil utilisé par les journalistes et les geeks, et que le grand public s’en fout totalement. Mais prenez un passionné américain de la série Glee. Tout ce qu’il veut, c’est connaître l’actualité sur sa série préférée, peu importe l’outil: fan page Facebook, blogs, sites… ou Twitter, où il pourra suivre le compte officiel de la série, celui de tous les acteurs, et des critiques TV qui lui révèleront régulièrement les derniers potins.

Dans son coming-out anti-Twitter, Titiou soulevait (entre autres) le problème d’un service d’information en temps réel qui serait surtout utile aux utilisateurs si l’info était locale. «Par exemple, si toutes les écoles avaient un compte twitter, elles pourraient tenir informés les parents d’élèves de l’absence des professeurs au jour le jour. De même, le twitter de la ligne de métro 7 aurait pu me prévenir que les trains ne s’arrêtaient pas à la station Opéra jeudi matin.»

Mais aux Etats-Unis, c’est exactement ce que Twitter fait.

Lire la suite…

lire le billet

Liez-moi tout ça: New York Times payant, tablette d’Apple et journalisme Facebook

Le Wall Street Journal suit via Facebook le voyage d’un Haïtien-Américain parti à la recherche de sa famille. (via @zseward)

Matthew Ingram résume la saga “fera payer, fera pas payer” du New York Times, et le journal fait une annonce officielle, mais reste vague. (via @jayrosen_nyu et @nyt_jenpreston)

The Week déroule huit ans de rumeurs sur la tablette d’Apple. (via @niemanlab)

Greg Hadfield quitte son poste à la tête du développement numérique du groupe Telegraph pour une startup, fatigué de l’organisation bureaucratique et hiérarchique du journal. (via @florencedesruol)

Ce serait fou de tous faire payer nos contenus en s’imaginant que ça règlerait les choses“, a déclaré le rédacteur en chef du Guardian à journalism.co.uk à propos des plans de Rupert Murdoch.

Le New York Times laisse une école de journalisme (CUNY) en charge d’un des ses blogs hyperlocaux. Les profs et étudiants aideront la communauté à écrire sur elle-même, explique Jeff Jarvis à Poynter.

Columbia cherche un directeur pour son tout nouveau centre dédié au journalisme en ligne, le Tow Center for Digital Journalism.

Conseillez-moi des articles ou des sites dans les commentaires, sur Twitter (@sayseal), ou par mail à cecile.dehesdin (@) slate.fr.

lire le billet

Les agents secrets du web américain

geek

Emily Rueb travaille pour le blog local du New York Times, City Room. Elle est l’une des deux web producers de la rubrique locale du journal. Au total, environ 65 employés de la rédaction sont web producers, sur 1.100 personnes — et non plus 1200 depuis le plan social d’octobre dernier — que comprennent tous les “newsroom jobs” (sans compter les postes administratifs, financiers, commerciaux, etc).

Il y a différents types de «web producers» au New York Times. Au premier échelon, les web producers de nuit. Ils arrivent au journal vers 18h, en repartent vers 2h du matin, récupèrent tous les articles de l’édition du lendemain et les mettent en ligne, après les avoir indexés, taggués, et illustrés. Un job très important, mais sans aucune dimension créative, et sans grand besoin de compétences éditoriales.

Les web producers de jour ont plus de chance: rubrique sport? Vous pourriez partir couvrir les Jeux Olympiques et le Superbowl pour bloguer, réaliser des interviews, des portfolios sonores depuis le terrain, etc.

Rubrique business? Moins facile, puisque «la rubrique business demande un flux constant d’articles et donc du boulot de production pure qui peut prendre toute la journée», explique Emily Rueb. Mais au moins vous serez en constante collaboration avec les reporters de la rubrique business et tous les autres desks (photo, correcteurs, rédacteurs chargés de la page d’accueil…).

Je produis, tu produis, il produit

Emily Rueb a de la chance, elle se dédie entièrement à City Room, le blog du New York Times qui représente une majeure partie de la couverture locale du journal. «Je vais aux conférences de rédaction, j’aide à décider de ce qui est important», explique-t-elle. «Pendant les élections, je proposais des idées de vidéos, etc».

Emily ne se contente pas de mettre en forme des billets d’autres reporters pour le blog et de gérer la rubrique «Taking questions». «Parfois je sors en reportage, j’écris, je fais du design ou je travaille sur des grosses infographies». «Un web producer complètement intégré, c’est quelqu’un qui aide à piloter la couverture de l’actualité et qui propose ses propres sujets», même si c’est plus facile à faire quand on travaille à la rubrique «Local» qu’à la rubrique «Etats-Unis» ou «Voyage».

«Un bon web producer n’a pas besoin d’être manager», dit-elle. Personne n’arrive au New York Times en comprenant son système de publication, très complexe, assure-t-elle. Mais on peut y apporter d’autres compétences: techniques, comme le montage audio, ou humaines, comme la diplomatie… Il s’agit en plus d’être à peu près bon partout, «parce que c’est à vous que les gens viennent poser les questions» en rapport avec le web et le multimédia.

«Et il faut être complètement impliqué dans son média. On assiste à des réunions avec des éditeurs qui lisent tous les blogs et les articles. Alors il faut que nous aussi, on sache ce que font les autres blogs pour devancer la concurrence quand on propose des graphiques, des sons, ou des posts pour City Room.» Sans oublier la nécessité de reconnaître ce qui constitue un bon contenu multimédia, et d’être rapide. «Si vous êtes rapide et que vous apprenez vite, vous passez moins de temps à produire et plus de temps à proposer des sujets».

Former un staff de presse écrite à la culture web

Quand elle n’est pas occupée à mettre en ligne des articles, proposer des sujets et surveiller l’actu, Emily Rueb se transforme en formatrice. «Etre web producer, c’est jouer au traducteur», dit-elle. «La plupart des chefs de rubriques pour le web viennent de la presse écrite. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose, tant qu’ils veulent apprendre et qu’ils aiment le web, et qu’ils sont prêts à motiver leurs reporters pour qu’ils s’habituent à redimensionner leurs photos eux-mêmes, par exemple. Sinon, on se transforme en goulot par lequel tout doit passer, et ça ralentit tout.»

Pour elle et les autres web producers, la formation est une question de survie.

Lire la suite…

lire le billet

Le journalisme six pieds sous terre

ange_cimetiere

Il y a des métiers dans le journalisme américain qui valent d’être racontés. Prenez Margalit Fox, journaliste pour le service nécros du New York Times, le “dead beat”, ou “rubrique mortelle”, comme elle l’appelle.

“Mes chers bien-aimés, nous sommes réunis ici aujourd’hui pour parler nécrologies”, a-t-elle commencé son speech à Columbia au début de l’année. “Mon job est le job le plus étrange du journalisme, et des Etats-Unis. C’est aussi le meilleur job des Etats-Unis”.

Margalit Fox savoure son petit effet devant nos regards incrédules. C’est pas un peu glauque de passer sa vie à écrire sur les morts? Elle explique qu’il n’y a pas si longtemps, les nécros étaient vues comme le batard du journalisme, là où on vous casait “si vous faisiez une bêtise dans une “vraie” rubrique du journal”, ou “si vous étiez à quelques années d’avoir vous même besoin d’une nécro”.

Mais d’après elle, il se développe une véritable culture de “junkies de la nécro”, liée notamment au baby boom et au développement d’internet. Bien sûr, elle a droit à quelques “Eeeew” (“Beeeeurk”) quand elle décline son boulot dans une soirée mondaine. “Mais la plupart des gens répondent que c’est la première chose qu’ils lisent le matin”.

“C’est primal. On se jette sur la pages nécros pour s’assurer que l’on n’y figure pas”. Et puis, “on adore tous les histoires. Et les nécrologies, c’est purement narratif. On amène nos sujets depuis le berceau jusqu’à leur tombe”. Et d’en conclure que les nécrologues pourraient “bien être les seuls qui ne seront jamais au chômage!”

Plus de deux millions d’Américains meurent chaque année (2,426,264 en 2006 d’après le plus récent rapport du ministère de la santé (PDF)), et “1200 ou 1300 d’entre eux finissent dans le New York Times”, soit un peu plus de trois nécros par jour. Alors que dans les médias français, les morts sont racontés par des journalistes spécialisés dans le domaine du décédé (politique pour Seguin, BD pour Tibet, etc), Margalit Fox n’écrit que sur les morts, quels qu’ils soient.

Lire la suite…

lire le billet

10 conseils de pros pour votre site d’infos

clickme

Pas de top 50 des meilleures BD ou disques de la décennie pour le Médialab, ni de meilleurs réseaux sociaux ou tweets de l’année. Mais un résumé des sessions d’entrepreneuriat des médias à Columbia en dix conseils distillés par Ken Lerer du Huffington Post et ses invités au fil des “Lerer Lessons”. A noter que ces petites phrases et grands principes ne concernent que les start-ups en ligne, les seules à avoir été évoquées. A bon entendeur…

  1. Faites attention à votre propre consommation des médias et à son évolution. C’est en se rendant compte qu’il s’était mis à intégrer dix blogs très locaux dans sa diète médiatique journalière que Steven Johnson a eu l’idée de lancer Outside.in.
  2. Laissez-vous porter. De la même façon qu’il faut observer vos usages des médias, il faut aussi passer votre temps sur votre propre plateforme et l’analyser dans tous les sens pour comprendre ce que l’audience fait, ce qu’elle regarde sur votre site. Quand Outside.in a commencé, Steven Johnson pensait que les pages «quartier» en seraient l’attraction principale. Aujourd’hui, elles ne représentent que 10% du trafic du site.
  3. Le contenu ne suffit pas. Jonah Peretti, co-fondateur du Huffington Post, reproche à la plupart des entreprises de média de croire que si le contenu est bon, les gens le liront, sous-estimant ainsi la nature même d’Internet. «Si les entreprises technos sont plus grosses que les entreprises médias aujourd’hui, c’est parce que ces dernières n’ont pas encore trouvé la clé: comment créer un contenu qui contient sa propre viralité? Faire que quand quelqu’un voit ce contenu, il le répand?»
  4. Ne cherchez pas à contrôler votre audience. Jonah Peretti toujours, «vous ne pouvez pas dire “Voilà, il n’y a que trois chaînes de télé, ou voilà les trois journaux qui existent”. C’est le public qui a le pouvoir, tout ce que vous pouvez faire c’est essayer de l’influencer».
  5. Le futur appartient au local (à l’hyperlocal?) et aux réseaux sociaux. C’est en tout cas ce que Ken Lerer a répété dans l’introduction de chacun de ses cours… Il nous a proposé de réfléchir à des sites qui présenteraient l’info en utilisant les réseaux sociaux, comme des éditeurs de flux Twitter, Facebook, ou autre.
  6. Lire la suite…

lire le billet

Au New York Times, une rédaction, 3 systèmes de publication

nytimes_hq_test

Le New York Times s’est installé dans son nouvel immeuble à l’été 2007. A l’époque, une des raisons données par les éditeurs était la nécessité d’intégrer les rédactions web et papier du journal, jusque-là dans deux immeubles différents. Deux ans après, à quel point la rédaction est elle devenue intégrée?

Wendell Jamieson, le rédacteur en chef de la section Metro (local) pour le web, répondait récemment aux questions des lecteurs dans la rubrique «Ask the Times» du site. Après l’avoir contacté sur Facebook pour plus de détails sur son travail, il m’a invitée à «passer au bureau».

L’intérieur du New York Times est aussi impressionnant que l’extérieur, un grand bâtiment de verre qu’Alain «Spiderman» Robert a essayé d’escalader en 2008, avant que la sécurité ne soit renforcée. En plus des ascenseurs habituels, de grands escaliers rouges relient les étages entre eux en créant des percées en plein milieu des différents niveaux. Quel rapport avec l’intégration? L’idée était de permettre aux différents reporters, rédacteurs en chef, etc, de pouvoir se parler ou se héler sans avoir à perdre le temps de prendre l’ascenseur pour changer d’étage.

Wendell Jamieson est assis entre le rédac’ chef de City Room, le blog local du NYT, et le «assignment editor» de Metro, qui dispatche les journalistes de la rubrique sur les différents événements à couvrir et se préoccupe de ce qui paraîtra sur la version papier du journal. Ce qui donne trois différents chefs qui travaillent avec les même reporters sur des délais de bouclage différents. Qui décide de qui fait quoi pour qui pour quand?

Lire la suite…

lire le billet

5 millions de dollars, ça vous tente?

piledebillets

Depuis que je suis ici j’ai l’impression d’entendre parler d’un nouveau projet médiatique toutes les semaines: Spot.us qui s’allie au New York Times pour une enquête, une coopérative locale formée par des anciens du Chicago Tribune qui produit l’édition Chicago du New York Times, la Columbia Journalism Review lance un programme pour récupérer des supers journalistes au chômage, sans parler de tous les sites hyperlocaux qui se lancent partout aux États-Unis.

Certaines de ces start-ups se lancent grâce à de riches investisseurs ou des médias déjà existants. Mais d’autres existent grâce à des fondations qui offrent des prix conséquents aux nouveaux entrepreneurs. Les États-Unis ont, en général, un rapport aux bourses très différent de la France. Dans les milieux universitaires, en plus des bourses sur critères sociaux, les facs ont toutes des dizaines de bourses octroyées par des particuliers ou des fondations sur des critères ultra précis -du style, “cette bourse ira à un étudiant dont le grand-père a combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale et qui se destine à être grand reporter de guerre” ou “cette bourse est destinée a un individu qui respecte des valeurs spirituelles et le goût de l’enseignement”-. Sans parler des “fellowships”, qui encouragent les journalistes aguerris à revenir à l’école en leur payant les 60 000 dollars de frais de scolarité plus 50 000 dollars d’argent de poche. (Toute pointe de jalousie dans cette description serait purement imaginée par le lecteur).

J’allais me lancer dans un plaidoyer pour plus de fondations en France quand je me suis rendue compte que Frédéric Filloux expliquait en détails il y a quelques mois sur Slate pourquoi ce modèle des fondations à but non lucratif ne pourrait pas fonctionner pour les médias en France: la richesse colossale de ces mécènes américains, la rentabilité de la presse française contre la faiblesse culturelle du mécénat français et la différence de nature entre les mécènes américains et français font toutes parties des raisons qui empêchent d’importer le modèle américain dans l’hexagone (un peu comme les bourses d’études américaines sont à la hauteur des frais de scolarité américains).

Mais puisqu’il est impossible d’amener les États-Unis à la France, amenez la France aux États-Unis! Pour la quatrième année de suite, la Knight Foundation octroie 5 millions de dollars à des projets médiatiques grâce à son News Challenge. Créée en 1940, la John S. and James L. Knight Foundation a pour but de promouvoir le journalisme, particulièrement le journalisme local ou tout ce qui lie les journalistes à la communauté qui les entoure.

Lire la suite…

lire le billet