La tablette d’Apple est enfin sortie, et elle ne semble pas avoir grand chose de prévu pour les journaux et les magazines. Les livres auront leur iBooks Store, mais rien sur — ou pas encore — un iNews Store ou un iMedia store. Est-ce vraiment une si mauvaise chose?
Juste avant la présentation de la tablette, plusieurs médiasannonçaient qu’Apple allait sauver les journaux et magazines papier. Une sorte d’outil salvateur qui allait renverser la fâcheuse tendance des journaux et magazines américains à mourir l’un après l’autre.Premier problème: contrairement au Kindle, l’iPad permet de surfer sur le web. Comment, dès lors, faire payer aux consommateurs des contenus qu’ils peuvent obtenir gratuitement en visitant les sites gratuits de ces journaux et magazines? Certes, des médias comme le quotidien britannique /The Guardian/ ont montré que les lecteurs pouvaient très bien accepter de payer si l’application était de qualité.
Mais la vente d’applications iPhone n’offre pas de business modèle viable: prenons le Guardian justement. Son «app» est un gros succès, avec 70.000 téléchargements le mois de son lancement. A 2.39£ (2.99€ en France) l’application, si le journal continuait d’en vendre 70.000 par mois, l’Apple store pourrait lui rapporter 1,97 million de livres (2,28 millions d’euros) en un an.
Même avant la commission de 30% prélevée par Apple, cette somme n’est pas une source de revenus importante. Supposons que les revenus du groupe du Guardian soient les mêmes en 2009-2010 qu’en 2008-2009, c’est-à-dire 405,4 millions de livres (467,78 millions d’euros), auxquels on ajouterait les 1,97 million potentiellement rapportés par l’app. Ces téléchargements ne représenteraient que 0,48% des revenus du groupe.
L’iPad pourrait créer un nouveau système avec la mise en place d’un iMedia store où l’on achèterait des abonnements ou certains numéros de ses publications préférées. Dans sa dernière Monday Note, Frédéric Filloux imagine son expérience de consommateur en 2011, où il reçoit son New Yorker tous les lundis sur sa tablette, et achète Vanity Fair au numéro quand ça lui prend.
Pour autant, rien ne dit que cet iMedia store imaginaire serait bénéfique aux magazines et aux journaux.
Ceux qui croient en l’iPad salvateur citent iTunes comme exemple, mais iTunes n’est pas la meilleure chose qui soit arrivé à l’industrie musicale. La seule liberté que Steve Jobs donne aux producteurs de musique, c’est de mettre leurs singles en ligne pour 0,69, 0,99, ou 1,29 euro.
La répartition 30% pour Apple / 70% pour les producteurs de musique peut paraître généreuse, mais la contrepartie de ces 70%, c’est accepter les règles, et les prix, d’Apple. En bref, se livrer à Steve Jobs, seul maître des prix: les magazines et journaux n’ont pas le moindre pouvoir de négociation.
Dans un article du Wall Street Journal sorti avant la présentation de l’iPad, une source anonyme censément proche de Steve Jobs affirmait qu’il «soutient la vieille garde, et veut l’aider en lui donnant de nouvelles formes de distribution». Mais si un iMedia Store existe, son business model sera pensé par Apple pour Apple, et certainement pas pour les contenus mis en ligne. Les magazines et les journaux ont besoin, ou pensent avoir besoin, d’Apple. Steve Jobs, lui, a plein de contenus à sa disposition qui ne viennent pas des circuits médiatiques traditionnels.
La tablette peut d’ailleurs être un formidable encouragement à la création de contenus et à l’inventivité, et peut-être verra-t-on bientôt de nouvelles start-up, uniquement créées pour iPhone, iPad, etc. Les revenus tirés de la vente des applications pourraient largement compenser le coût de leur production. Mais les journaux et les magazines n’en profiteront probablement pas.
A votre avis, quel sera l’impact de l’iPad et des tablettes sur les journaux et les magazines? Sur les médias en général?
Cécile Dehesdin
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(photo: Steve Jobs/ REUTERS)
Cela fait bientot 3 mois que j’ai un netbook tablet pc (Asus T91MT) qui tourne sous windows 7 et hormis des performances moyennes, il me convient parfaitement pour un usage de reader électronique. Comme c’est du windows il lit tous les formats, me donne accès aux google books gratuitement, aux différents formats de fichiers d’ebook (ePub…) ainsi qu’à la librairie kindle etc… Pour les magazines je suis abonné à relay.fr qui pour moins de 18 euros par mois permet de télécharger plusieurs dizaines, voire centaines de magazines… Les seules remarques ergonomiques que j’ai concerne plus les logiciels eux même que le matériel qui me convient amplement. Bref, l’Ipad est loin de me faire regretter mon achat car le mien ne bride rien, est ouvert sur plein de format, lit le flash, est multitâche et offre une autonomie de 5h qui me suffit largement. Actuellement je me fais une cure de Jules Verne au format ePub, gratuitement, et ai donc économisé pas loin de 20 euros d’achat de bouquin en 3 mois…
Personnellement aucun.
De toute lanière les journaux et les magazines n’ont pas encore compris comment passer sur le web, il suffit de voir le temps qu’ont mis les journaux français pour le faire mais aussi la façon qu’ils ont pour se déployer (ex : le forum de libé est toujours aussi mal foutu que depuis leur lancement). Bref tout le monde regarde comment les autres font et tout le monde se copie enlevant toute pertinences aux sites ou aux échanges (tient les autres on mis des blogs on fait pareils etc…). Cela bien sur n’enlève rien au contenu mais montre qu’ils ne savent pas capter et fidéliser leurs audiences.
Je suis abonné à quelques journeaux/mag online mais simplement parce qu’il m’apporte autre chose par rapport aux autres (et il y a aussi un petit peu d’affect genre le soutient pour ce type d’initiative).
Le modèle de la presse américaine est totalement différent de l’europe pourtant tout le monde les copie. Et désolé la presse n’est pas gratuite.
Pour revenir sur le produit d’apple, pas besoin de tirer des conclusion car pour l’instant sur le site on lit en bas : 1-ibooks is avalaible only in the usa.
Pour le matos, prenons l’ipod (tout comme l’ipad), un produit moyen, qui vient en retard par rapport aux autres mais qu’ils ont réussit à monétiser en mettant en place un marché de niche. En bref l’ipod fait il vendre autant de musique que sur les autres baladeurs non ? C’est ithunes tout comme amazon avec un marché très captif et ils ne sauvent pas le monde de la musique ou du livre à ce que je sache.
Pour revenir sur la monétisation, non seulement les distributeurs non rien compris comme amazon ou nobles qui se font de grosses marges mais aussi les éditeurs qui dernièrement veulent discuter des prix. Bref l’industrie du livre se tire une balle dans le pied. La vente de livres électroniques a des prix sensiblement similaires aux prix de livres physiques les erreurs du marché de la musique ne leur ont rien appris. Et pas qu’eux, la musique online ou la vod sont toujours à un prix horrible.
@realworld, désolé ce n’est pas parce que c’est un win qu’il lit tout les formats, c’est parce que le constructeur vous les a mis en sus. Quant à Jules Verne, celui ci est dans le domaine publique depuis un petit bout de temps n’en déplaise à certains. Je ne saurais que vous conseillez de regarder et/ou soutenir les initiatives comme le projet gutemberg ou Inlibro veritas.
La réelle problématique,identifiée par Steve Jobs c’est que les futures générations dans les pays développés ne lisent plus et que les industries de la presse et du livre sont condamnés mécaniquement à péricliter voire à disparaitre.Pourtant il existe pour elles des perpectives dans les pays emergents, notamment en Asie
[…] de France (Plat du pied, sécurité) – Quoi? Encore Lost?(Tête de série) – Steve Jobs n’est pas l’ami des journaux […]
[…] avant tout à tirer des revenus de ses bébés. Cécile Dehesdin le précise dans son article Steve Jobs n’est pas l’ami des journaux : non seulement il parait difficile de faire payer les acheteurs pour des contenus disponibles […]
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Jean-Luc Raymond, [Enikao], narvic, Espritblog , Cyril Druesne et des autres. Cyril Druesne a dit: RT @narvic Steve Jobs n’est pas l’ami des journaux [Le Medialab de Cécile] http://ff.im/-ffpLD […]
Vous semblez ne pas savoir qu’un système baptisé In App Purchase permet de vendre du contenu à partir d’une application.
Apple, que je ne veux pas particulièrement défendre, n’impose pas le prix des applications disponibles sur l’AppStore. En d’autres termes, un éditeur peut créer un lecteur (gratuit ou payant, peu importe) dédié à son magazine/journal et en faire payer ensuite l’achat au numéro au prix qu’il souhaite.
Le problème est différent avec les livres et les maisons d’édition profitent actuellement de la venue prochaine de l’iPad pour renégocier leurs prix de vente en édition électronique qu’Amazon avait réussi à imposer jusqu’à maintenant.
[…] chiffres intéressants sur les ventes d’applications mobiles rappelés par Cécile Dehesdin, et un rappel utile sur le bras de fer Apple / producteur de contenu, rarement favorable au […]