Pas de top 50 des meilleures BD ou disques de la décennie pour le Médialab, ni de meilleurs réseaux sociaux ou tweets de l’année. Mais un résumé des sessions d’entrepreneuriat des médias à Columbia en dix conseils distillés par Ken Lerer du Huffington Post et ses invités au fil des “Lerer Lessons”. A noter que ces petites phrases et grands principes ne concernent que les start-ups en ligne, les seules à avoir été évoquées. A bon entendeur…
- Faites attention à votre propre consommation des médias et à son évolution. C’est en se rendant compte qu’il s’était mis à intégrer dix blogs très locaux dans sa diète médiatique journalière que Steven Johnson a eu l’idée de lancer Outside.in.
- Laissez-vous porter. De la même façon qu’il faut observer vos usages des médias, il faut aussi passer votre temps sur votre propre plateforme et l’analyser dans tous les sens pour comprendre ce que l’audience fait, ce qu’elle regarde sur votre site. Quand Outside.in a commencé, Steven Johnson pensait que les pages «quartier» en seraient l’attraction principale. Aujourd’hui, elles ne représentent que 10% du trafic du site.
- Le contenu ne suffit pas. Jonah Peretti, co-fondateur du Huffington Post, reproche à la plupart des entreprises de média de croire que si le contenu est bon, les gens le liront, sous-estimant ainsi la nature même d’Internet. «Si les entreprises technos sont plus grosses que les entreprises médias aujourd’hui, c’est parce que ces dernières n’ont pas encore trouvé la clé: comment créer un contenu qui contient sa propre viralité? Faire que quand quelqu’un voit ce contenu, il le répand?»
- Ne cherchez pas à contrôler votre audience. Jonah Peretti toujours, «vous ne pouvez pas dire “Voilà, il n’y a que trois chaînes de télé, ou voilà les trois journaux qui existent”. C’est le public qui a le pouvoir, tout ce que vous pouvez faire c’est essayer de l’influencer».
- Le futur appartient au local (à l’hyperlocal?) et aux réseaux sociaux. C’est en tout cas ce que Ken Lerer a répété dans l’introduction de chacun de ses cours… Il nous a proposé de réfléchir à des sites qui présenteraient l’info en utilisant les réseaux sociaux, comme des éditeurs de flux Twitter, Facebook, ou autre.
- N’embauchez pas de journalistes. Un peu caricatural, mais assez représentatif de chacune des leçons: j’en suis sortie à la fois enthousiaste face à toutes ces possibilités qui s’offraient à moi pour créer ma start-up, et déprimée vu le peu de reportage qu’elles supposaient toutes. Ken Lerer encourage à lancer des sites avec une hiérarchie de l’information (qu’elle soit présentée via des flux sociaux ou non), mais pas d’équipe éditoriale propre: question de coût, tout simplement.
- Ne sous-traitez pas. Ni votre publicité, ni votre technologie. «Vous croyez que vous pouvez donner ça à faire à une entreprise tech, les payer, ils vous donnent le produit et voilà. Mais ça ne suffit jamais! Il faut le bidouiller en permanence, et pour ça il vous faut au moins un responsable technique en interne, qui peut ensuite sous-traiter à des freelance si besoin est». Ken Lerer soutient aussi que s’il devait lancer sa boîte aujourd’hui, il commencerait par se construire sa base d’audience avant d’engager quelqu’un en interne pour s’occuper de la pub.
- Ne vous laissez pas abattre. «Ce n’est pas parce que le Time ou Newsweek existent que vous ne pouvez pas lancer le Huffington Post», a rappelé Ken Lerer, «ce n’est pas parce que quelque chose d’autre existe que vous ne pouvez pas le créer». Et Steven Johnson de conclure: «Il s’agit de trouver les points de friction», ce qui cloche, ce qui manque, et de se jeter dessus.
- Ayez de bons amis. A Columbia, nos profs et l’administration passent leur temps à nous dire de «networker», dans et hors de l’école. Il faut dire que quand vous songerez à lancer votre site, vous aussi vous aurez envie qu’un ami vous dise en passant, au détour d’un déjeuner, «Super! Je te donne 50 000 dollars, fonce.»
- Lancez-vous. ça paraît tout simple, mais Ken Lerer et ses invités ont l’habitude de jeunes entrepreneurs qui parlent beaucoup et n’entreprennent pas grand chose. «Commencez!», a ordonné Steven Johnson. «D’une part vous évitez la procrastination, et d’autre part vous comprendrez bien mieux votre produit en le lançant, vous verrez exactement où il peut aller».
Bonne année à tous!
(P.S: pour les fans de best-of, le super site techno Mashable en a fait un de ses articles sur les réseaux sociaux, dédié spécifiquement aux journalistes)
Cécile Dehesdin
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(Photo par Torley, via Flickr)
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Je trouve tout ça fou. J’en ai parlé je ne sais pas combien de fois avec mes collègues, je lis souvent des propos similaires dans le net, j’essaie de trouver convaincant pas mal de propos sur le journalisme en-ligne, mais ces 10 points me ne passent pas, ils me semblent fou.
C’est quoi un journaliste? un entrepreneur?
Si le futur est “local” ou “hyperlocal”, qui va me payer un salaire? Le boucher du quartier?
Est-ce que vous étudiants de la Columbia avez essayé de répondre ou poser vos doutes?
On est sur qu’on va trouver quelqu’un pret à nous financier alors que le net se rempli de journaux en-ligne?
bonjour,
je viens de lire ces 10 conseils et ça me conforte dans mon idée : je peux le faire.
j’ai lancé un site d’info locale dans le 93. J’ai monté moi-même le projet, crée le site de A à Z (ça m’a pris 1 mois 1/2). J’écris aussi les articles… Pour l’instant, ça manque de mise à jour régulière (j’essaie de m’en tenir à un article par jour mais c’est compliqué) car je fais ça en plus de mon propre boulot.
et pour ce qui est de me rapporter de l’argent, oui Andreas, à terme je compte bien démarcher le boucher du coin, parce que personne d’autre ne le fera.
[…] les dix commandements des pros pour lancer votre site d’infos, je voulais partager avec vous les conseils de mon prof de réseaux sociaux sur la meilleure façon […]