L’union entre télévision et deuxième écran en question


«Il va y avoir de nouvelles interactions entre les écrans», prédit Cédric Mangaud, d’HTC, lors de la conférence UbiQ, organisée à Paris les 18 et 19 juin 2012. Une conséquence de l’émergence de la télévision sociale (Social TV en VO), qui consiste à voir un programme sur un premier écran (l’écran télé) et à utiliser un deuxième écran (ordinateur, tablette, mobile) pour réagir à ce même programme en allant le commenter sur les réseaux sociaux ou en cherchant, sur le Web, des informations complémentaires à l’émission visionnée.

Tandis qu’aux Etats-Unis, 52% du temps qu’un utilisateur passe sur mobile ou sur tablette se déroule pendant que cet utilisateur regarde la télévision, et qu’en France, les trois quart des internautes utilisent «au moins occasionnellement» un deuxième écran lorsqu’ils consomment des programmes télé, les questions affluent sur la connectivité de ces deux – ou plus – écrans.

Qui télécommande l’autre?

Comment relier ces écrans? Comment faire passer des contenus de la télévision au téléphone à la tablette – et vice et versa – en simultané? Qui, de la télé, du mobile ou de la tablette, télécommandera l’autre? Quelle série télévisée permettra au spectateur de faire pause pendant le visionnage sur le premier écran pour déterminer, sur le deuxième écran, la suite de l’histoire parmi plusieurs options, à la façon de ces petits «livres dont vous êtes le héros» d’antan?

Avant d’aller plus loin, observons ce que font au juste sur ce deuxième écran les utilisateurs quand ils regardent aussi un programme télé. La majorité (58%) d’entre eux se sert de ce deuxième écran (tablette ou téléphone) pour commenter, lire ou chercher des informations en rapport avec le programme devant lequel ils sont assis, selon une récente étude de l’Observatoire de la TV connectée.

Quant aux restants, ils s’adonnent à de toutes autres activités, comme lire leurs emails, en écrire, faire un tour sur Facebook et Twitter, regarder des photos ou des vidéos, ou encore faire des recherches qui n’ont rien à voir avec le sujet du programme.

Interactions entre le téléphone et la télévision

Et pourquoi l’utilisateur n’aurait pas soudain envie d’interrompre l’émission vue sur le premier écran pour y insérer une photo qu’il vient de retrouver sur son portable? Un scénario sur lequel travaillent nombre de fabricants de téléphonie, dont HTC, pour qui il suffit d’un geste de la main partant du téléphone en direction de la télévision pour y projeter un contenu issu de son mobile.

Autre option possible: le «grab magic» (l’attrapeur magique) imaginé par Aral Balkan, lauréat 2012 du TV Hack Day au Marché International des Programmes de Cannes. Avec ce système, il est possible de prendre avec sa main une capture d’écran de la télévision et la faire apparaître sur son écran de téléphone portable en une seconde.

 

Quel geste, avec les doigts ou avec la main, inventer qui ferait désormais référence? Pas si sûr, d’ailleurs, que cela soit un geste et non un clic ou encore la voix qui contrôlerait tous les contenus, option privilégiée par Apple pour sa télévision et décrite par Pete Cahsmore, de Mashable, comme étant une hypothèse «incontournable» en 2012.

Pour le reste, les hypothèses actuelles d’interaction entre les écrans prévoient que le mobile soit le centre nerveux de l’univers de contenus d’un particulier. Logique, reprend Ammar Bakkar, de MBC group, un autre intervenant présent à la conférence UbiQ. «Le taux de pénétration des smartphones dans le monde est actuellement de 30%. D’ici 2016, il sera de 60%».

La télé est morte, vive la télé!

Dans ce monde envahi d’écrans de toute sortes, la consommation de contenus audiovisuels continue d’augmenter. Ainsi, les Français regardent la télévision en moyenne 3h47 chaque jour, selon Médiamétrie. C’est plus que l’année précédente: 3h32 en 2010.

Ce qui a changé? «On consomme toujours des programmes télé, mais on les consomme quand et où on le veut, et on les consomme sciemment. En d’autres termes, on ne s’avachit plus devant sa télévision pour regarder “ce qui passe”», analyse cet article de Business Insider.

Hormis des moments d’actualité brûlante et quelques rendez-vous sportifs, le flux serait donc condamné au profit d’une consommation de programmes exponentielle sur tous les écrans (ordinateur, tablette, téléphone, téléviseur). Et Business Insider de rappeler que, d’après une étude Nielsen, le pourcentage d’Américains qui regardent des vidéos sur un ordinateur au moins une fois par mois (84%) est maintenant plus élevé que le pourcentage de ceux qui regardent la télévision.

Alice Antheaume

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Le mariage royal de la télévision et de Twitter

Crédit: REUTERS/Olivia Harris

MISE A JOUR: Oui, le mariage royal a battu tous les records de commentaires sur les réseaux sociaux. Le pic a été atteint, en ce vendredi  29 avril 2011, avec 15.000 tweets par minute dotés du hashtag #royalwedding dans le monde, selon ABC News (13.000 tweets par minute selon USA Today). En France, le visionnage de l’union princière sur les télévisions de l’Hexagone a généré plus de 13.000 tweets francophones lors de cette journée spéciale, concluent le cabinet Novédia et le site DevantLaTele.com.

Le mariage du Prince William et de Kate Middleton est-il le plus gros événement «live» que le Web connaisse? C’est ce que parie Rory Cellan-Jones, de la BBC, sur son blog. Ce mariage «pourrait surpasser l’impact de l’investiture de Barack Obama» sur Internet, prévient-il. «Espérons que Google aie un ou deux serveurs en réserve….»

Outre Google, les réseaux sociaux s’attendent à un volume extraordinaire de commentaires postés en temps réel, en ce vendredi 29 avril, jour de l’union princière. Plus que lors des révolutions arabes ou du tremblement de terre/tsunami/crise nucléaire au Japon? Sans doute.

D’après les estimations du Telegraph, plus d’1 milliard de personnes dans le monde vont regarder le «mariage du siècle» à la télévision, et le volume de messages postés sur Twitter devrait dépasser les 5.000 tweets par minute atteints lors de la mort de Michael Jackson, en juin 2009. A fortiori les 3.051 tweets par minute réalisés lors du but final de l’Espagne à la Coupe du Monde, en juillet 2010. Et les 1.200 tweets par minute au moment du tsunami au Japon, en mars 2011.

L’agence britannique Greenlight, qui a traqué le terme «royal wedding» sur les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les forums, les sites d’infos et les blogs, a vu l’apparition en ligne de 9.000 posts par jour concernant ce fameux mariage, lors de la semaine du 18 avril.

Les détails les plus débattus sont – dans l’ordre d’importance – la robe de Kate Middleton, la liste des invités et les cadeaux pour les futurs mariés. Des sujets plutôt «positifs», donc. Cela tombe bien, les contenus porteurs de bonnes nouvelles bénéficient d’un plus fort taux de partage sur Facebook, comme décrit dans ce précédent WIP sur les critères d’un contenu facebookable.

Crédit: Greenlight

Près de «800.000 personnes vont se presser dans les rues de Londres», peut-on lire sur le site the media on line, «tweetant et postant sur Facebook, tournant des vidéos aussitôt envoyées sur YouTube. Un “social networking” aux proportions épiques.»

Serveurs spéciaux

En annonçant avoir besoin d’un serveur supplémentaire, Twitter s’y prépare. Un travail de fond s’opère «afin d’assurer que nous soyons capables de gérer un tel volume», assure la compagnie de San Francisco. «Là où un mariage royal est facile à prévoir, un tremblement de terre suscitant un fort volume de tweets ne l’est pas toujours. Il faut donc être prêt à tout moment».

Outre servir d’outil pour diffuser les informations urgentes, Twitter se positionne sur un autre usage «journalistique»: rendre la télévision plus «live». Comment? En surfant sur cette nouvelle tendance qu’ont les internautes, lesquels commentent sur les réseaux sociaux les programmes télévisuels qu’ils regardent.

«Le mariage royal s’inscrit dans une campagne plus générale qui consiste à travailler avec les chaînes télés pour mieux intégrer Twitter à leurs expériences, notamment pour le direct», m’explique l’équipe du site des messages de 140 signes.

La télévision tweetée, c’est un créneau porteur, estime Robin Sloan, qui travaille sur les meilleures utilisations de Twitter par les médias. «La télé en direct et l’information en temps réel se renforcent l’une l’autre. A chaque fois qu’il se produit quelque chose d’important lors des Video Music Awards, diffusés sur MTV, nous constatons un pic massif et immédiat de tweets qui en parlent. Rihanna a fait une apparition surprise lors de la prestation d’Eminem, et aussitôt, son nom était cité dans 4.700 tweets par minute (…). Ce volume de messages permet aux gens de voir que les Video Music Awards se déroulent en ce moment-même et que le show a l’air excitant.»

La télévision qui fait tweet

Regarder la télévision (sur petit écran ou ailleurs), smartphone branché sur Facebook ou Twitter en main, c’est un usage qui se répand. Jean Yves Stervinou, 36 ans, ancien de Six Apart, la plate-forme de blogs, l’a bien compris. Il a créé, dès février 2010, DevantLaTele.com pour donner une nouvelle «dimension sociale aux instants télé». Le principe: agréger, par chaîne de télévision (française), les commentaires postés sur Facebook et Twitter en temps réel qui évoquent les émissions de ces chaînes. Uniquement les messages en français.

«J’en ai eu l’idée en visionnant des programmes qui encouragent les téléspectateurs à envoyer des SMS, mais ces SMS n’arrivent nulle part. Moi, j’avais besoin d’échanger avec les autres. Il y a bien les forums mais certaines discussions datent de plusieurs semaines. Je voulais une vraie conversation, à plusieurs, et surtout, en live.»

Résultat, en ligne, on peut suivre, comme dans le salon avec des amis, les commentaires des internautes sur l’émission qui est diffusée au même moment. La difficulté de l’exercice, lors des live tweets, c’est d’identifier les bons mots clés qui évoquent la conversation télévisuelle. «Un bon hashtag (un mot clé sur Twitter, ndlr) saisit en peu de signes l’essence d’un événement: on doit comprendre de quoi il s’agit un premier coup d’oeil», m’avertit Twitter. Exemples: #royalwedding, c’est simple et efficace, alors que #tele, c’est trop vague, reprend Jean-Yves Stervinou.

La crainte de celui-ci pour vendredi? Que «Twitter tombe en rade» sous l’afflux de commentaires. Mais il se rassure: «Parfois, même quand Twitter.com est down, l’API, une interface de programmation que j’utilise pour récupérer les tweets pour DevantLaTele.com, fonctionne toujours.»

Et si cette union princière ne générait pas autant de communi(cati)on? A contre-courant, Alexandre Hervaud, journaliste à Libération et assidu de Twitter, ne compte pas poster de commentaires sur le mariage et annonce qu’il «lira un livre à place».

«Commenter les commentaires, très peu de moi», dit-il. «Je subis les live tweets télévisuels. Je ne vois pas l’intérêt de “liver” un événement que tout le monde peut voir à la télévision. Les live tweets intéressants, ce sont ceux qui permettent de raconter ce que les gens ne peuvent pas voir ni entendre, par exemple, lorsque Lionel Tardy, député UMP, commente sur Twitter une commission qui se tient à l’Assemblée nationale à huis clos, et interdite d’accès au public. Sinon, et même si j’ai moi-même versé dans le live tweet de la Nouvelle Star en 2009, je trouve maintenant cela saoulant, ça paralyse le flux d’informations qui arrivent.»

Et vous, commentez-vous le mariage royal sur les réseaux sociaux? Entre deux messages, n’oubliez pas de liker cet article.

Alice Antheaume

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