A la suite de l’annonce de la mort de Ben Laden, une étrange maladie a contaminé les médias: le lapsus entre les noms de Barack Obama, le président des Etats-Unis, et Oussama ben Laden (Osama bin Laden, en anglais), l’ennemi public numéro 1 des Etats-Unis, tué dans la nuit du 1er au 2 mai.
De Fox News au site de NPR, en passant par la BBC, Le Parisien et Slate, tous ont inversé les deux patronymes. Qui ne s’est pas trompé? Les candidats à l’Ecole de journalisme de Sciences Po ont, pendant les oraux d’admission, confondu les deux, et moi-même, en posant une question sur le photomontage de la tête de Obama ben Laden à un étudiant, en jury, n’y ai pas coupé.
Le Huffington Post a compilé les confusions Osama/Obama des télévisions américaines cette semaine, mais cette erreur est, selon la Columbia Journalism Review, un «phénomène international» qui ne date pas d’hier. Déjà, en 2005, alors que Barack Obama n’est pas encore président, le sénateur démocrate Ted Kennedy mélange les deux. En 2007, CNN commet la même faute. En 2008, un bulletin de vote pour l’élection présidentielle du comté de New York comporte cette faute typographique malheureuse: «Barack Osama» au lieu de «Barack Obama».
Que se passe-t-il, aux Etats-Unis comme en Europe, pour que cette confusion soit si souvent répétée? Est-ce un lapsus révélateur, interroge 20minutes.fr?
Le discours – très regardé à la télévision et sur le Web – dans lequel le président des Etats-Unis annonce que Ben Laden, «le terroriste responsable de la mort de milliers de personnes», a été tué, met côte à côte le sujet et l’objet de l’action.
Court-circuit
«Dans ce cas précis, l’orateur ancitipe les “b” de Ben Laden et il remplace le “s” dans Osama», explique à la Columbia Journalism Review Michael Erard, journaliste américain spécialiste du langage. «C’est une erreur d’anticipation». Ce qu’il faut comprendre, c’est que, pour Erard, la phrase constitue une chaîne de sons à prononcer. L’auteur du lapsus fait un saut en avant dans la chaîne et prononce trop tôt le son qui n’aurait dû venir qu’après. C’est ainsi que le «b» vient à la place du «s» dans la locution Osama ben Laden», un nom qui, de plus, est «stocké dans notre cerveau comme un bloc, plutôt que comme trois éléments divisibles.»
En France, on dit «Ben Laden» plutôt qu’«Oussama ben Laden», ce qui ajoute encore de la confusion. Un patronyme constitué de deux éléments (Ben Laden) commençant par la lettre «b» est en effet d’autant plus proche du nom – également en deux morceaux et commençant aussi par un «b» – de Barack Obama.
Or, la plupart du temps, le locuteur ne se rend même pas compte de sa méprise. «Qu’est-ce que j’ai dit?», demande à l’antenne Geraldo Rivera, ce présentateur de Fox News.
Lapsus sous le nez de Barack Obama
En faisant des recherches, j’ai trouvé cette vidéo, datant d’avril 2008, où l’on voit le patron d’Associated Press, William Dan Singleton, commettre l’impair en présence de… Barack Obama, alors sénateur. Evoquant les troupes américaines en Iran et l’Afghanistan, William Dan Singleton prononce «Obama bin Laden» pour désigner le leader d’Al-Qaida. Sans se rendre compte de sa bévue. Silence. Le futur président des Etats-Unis fronce les sourcils: «Je crois que c’est Osama ben Laden». Aussitôt, le journaliste déclare «si j’ai dit cela, je suis navré». Barack Obama, lui, boit une gorgée d’eau, avant d’ajouter, en souriant: «Cela fait partie de l’exercice auquel je me soumets depuis 15 mois. Mais c’est quand même significatif que je sois toujours là devant vous» (MISE A JOUR à la suite de vos commentaires, merci).
Cette archive fait en partie mentir Daniel Schneidermann, d’Arrêt sur Images, qui assure dans un récent billet qu’«aucun journaliste n’a parlé “du président Oussama”, encore moins du président Ben Laden. Ce n’est jamais le reclus, le traqué, que l’on place en majesté».
Pour l’éditorialiste d’Arrêt sur Images, c’est son acolyte Guy Birenbaum, chroniqueur à Europe 1, et présentateur de l’émission Ligne Jaune, qui a vu juste pour expliquer cette pléthore de confusions. «C’est parce que tout le monde, au fond, est certain qu’Obama finira assassiné.»
Guerre contre le terrorisme devient guerre contre le racisme
Or ces lapsus n’ont pas été commis qu’à l’oral, mais aussi à l’écrit. On a ainsi vu Obama à la place d’Osama, en toutes lettres, dans des titres et dans des légendes de photos, et y compris dans des tweets. Notamment ceux de journalistes reconnus, comme Norah O’Donnell (MSNBC), Mark Knoller (CBS) et Peter Sagal (NPR).
L’éditorialiste du journal The Baptist Standart, Marv Knox, n’y a pas échappé, et en tire les leçons dans un billet, publié le 8 mai. «Oui, j’ai écrit la mort d’Obama et aurais dû écrire la mort d’Osama. Non, ce n’était pas un scoop. Qu’importe que j’ai relu cet éditorial plusieurs fois sur mon écran d’ordinateur puis sur les épreuves avant de les envoyer à l’imprimerie, on a quand même publié cette erreur, à la fois en ligne et en imprimé.»
Si les linguistes estiment que les lapsus se décryptent de façon sémantique, sans arrière pensée systématique, le site NewsOne.com, à destination d’un public noir américain, estime qu’il y a «une explication plus profonde. Quelque chose de douloureusement familier. La majorité des journalistes sont blancs et confondent Obama et Osama parce que, pour eux, inconsciemment, tous les gens basanés se ressemblent». Et si Osama ben Laden servait finalement la cause des Américains?
Et vous, faites-vous la même faute? Avez-vous vu d’autres médias faire la confusion? Si oui, dites-le dans les commentaires. Et partagez ce contenu sur Twitter et Facebook…
Alice Antheaume
lire le billetEntendu dans une rédaction Web:
«Ton titre sur les retraites, il n’est pas très Google friendly»
«Tu n’as qu’à y ajouter “Sarkozy”, “Domenech”, “météo” et “Facebook” et tu l’auras, ton titre Google friendly!»
Ce dialogue n’est pas fictif. Il désigne l’impact de la titraille, comme on dit dans le jargon, sur le référencement d’un contenu journalistique dans Google – et l’agacement que, parfois, le phénomène suscite chez certains rédacteurs pour qui l’art de trouver un bon titre se situait plus du côté du jeu de mot intellectuel que de l’indexation robotique de contenus via mots-clés. Ce phénomène, en bon anglais, s’appelle le SEO, «search engine optimization». Lequel ne concerne pas que les titres, mais aussi le contenu des articles, la façon dont ils sont écrits, et comment ils sont édités.
Crédit: Flickr/CC/BrunoDelzant
Si les mots «Sarkozy», «Facebook», «Domenech» et «météo» sont cités comme des appâts, c’est parce que ces termes font partie des recherches les plus fréquentes en France, sur Google, depuis le début de 2010. Et que, donc, les articles qui mentionnent ces mots ont plus de chances d’être remontés lorsqu’un internaute les cherche sur un moteur de recherche.
Comprendre, d’abord, et s’adapter, ensuite
Dans certaines rédactions est apparu petit à petit un nouveau métier: le spécialiste du référencement. Il n’est pas journaliste mais «sait parler aux moteurs» et peut faire en sorte que le site pour lequel il travaille soit bien – ou mieux – repéré par les Google, Yahoo! et Bing. Comprendre: que les articles «remontent» plus haut parmi les milliards de pages Web scannées chaque jour. Et si possible dans les premiers résultats de recherche.
«Je sais peut-être parler aux moteurs, mais je ne les commande pas», reprend Olivier Lecompte, responsable de l’architecture et du référencement d’un groupe de presse. Car la façon dont Google indexe les pages, c’est le secret le mieux gardé au monde. Même si Google a documenté dans un guide pour débutants les «meilleures pratiques» en la matière. «Si quelqu’un vous dit qu’il connaît le fonctionnement des algorithmes de Google, cette personne vous ment, annonce à ses étudiants Sandeep Junnarkar, professeur de journalisme interactif à l’Ecole de journalisme de CUNY, à New York. D’autant que ceux-ci changent sans cesse».
Reste à expérimenter, à comprendre, et à savoir s’adapter. Exemple avec un article dans lequel le titre fait mention de «l’Hexagone». «Cela ne va pas, car Google ne peut pas savoir si “l’Hexagone” désigne la France ou bien une forme géométrique», commente Olivier Lecompte, qui parle de Google comme d’une personne. «Google part du principe que chaque titre détermine ce qu’il y aura dans la page. Donc il faut que celui-ci soit signifiant sinon les rédacteurs se tirent une balle dans le pied.» Ce qui est le cas avec ce titre, «Scandale à l’école», mal pensé pour le SEO. «Quel scandale?, demande Olivier Lecompte. De quelle école? D’où? De quoi? Google ne sait pas, donc il ne saura pas quel article il y aura derrière.»
En avant les contenus!
Alors oui, le SEO change la façon d’écrire en ligne, mais sur certains champs seulement: le titre d’un contenu s’avère primordial pour le référencement et le thème de l’article doit être répété plusieurs fois dans la page. Par exemple, si l’article porte comme ici sur le SEO, ce terme doit figurer à plusieurs endroits du texte, tout comme le champ lexical qui y est associé – à moi, donc, de saupoudrer les mots référencement, indexation, mots-clés, contenu au fil du texte (et hop, c’est fait). En revanche, la chute de l’article, qui donne souvent du fil à retordre aux journalistes, n’importe guère.
Les photos ont intérêt à être bien taguées, avec des mots-clés adéquats, car «la recherche de photos sur les moteurs de recherche est au moins aussi importante que celle de textes», insiste Masha Rigin, du Daily Beast.
Quant aux liens hypertextes disposés dans l’article, ils doivent, en plus d’apporter une plus-value journalistique, être placés au bon endroit. «Mettre un lien sur “dit-elle” ou “lire la suite” ou “plus d’infos à venir” ne sert à rien, reprend la SEO du Daily Beast. Il faut que l’internaute comprenne, rien qu’en lisant la portion de mots sur laquelle porte le lien, sur quelle page il va aboutir s’il clique». Et Olivier Lecompte confirme: «si un rédacteur évoque un rapport sur la discrimination au travail, et qu’il met un lien sur le mot “rapport” sans englober les termes “sur la discrimination au travail”, c’est inefficace, car il y a des milliers de rapports sur la toile.»
Enfin, sans entrer trop dans les détails, les adresses URL doivent également être travaillées. Et pas que par les développeurs et les spécialistes du SEO. Dans certains outils de publication, les rédacteurs peuvent éditer, en plus du titre, des url. Au même titre que des légendes de photos ou des chapeaux. «Vos visiteurs peuvent être intimidés par une longue adresse URL dont le sens est crypté (par exemple une url contenant «content/view/959/130/», ndlr)», détaille Google dans son guide SEO. On préfèrera donc des URL avec des mots compréhensibles par tous, comme celle qui contient «societe/article/2010/10/16/liliane-bettencourt-va-porter-plainte-contre-sa-fille».
Prendre des gants
D’aucuns s’émeuvent de ce que l’écriture puisse avoir de l’impact sur le référencement. Pourtant, pour la plupart des sites d’information, le trafic se fait entre 50 à 70% en provenance des moteurs. «Par réflexe corporatiste, on a du mal à voir débouler (les référenceurs, ndlr) avec leur volonté de nous expliquer comment il faut écrire et de chambouler nos priorités éditoriales, ce qui est le cœur de notre métier, explique Christophe Carron, de Prisma, interviewé par le site Café Référencement. A l’expression «content is king, SEO is emperor», qui «sonne un peu comme une provocation, une déclaration de guerre», le journaliste préfère ajouter «content is king, SEO is emperor, reader is God».
«Ce sont aux journalistes de choisir, tranche Michael Shapiro, professeur de journalisme à l’école de la Columbia. Veulent-ils être lus par 10 personnes? Ou 5.000 personnes? Il ne suffit pas de mettre les papiers sur Facebook et sur Twitter. Pour mieux comprendre l’audience qui les lit, d’où elle vient, ce sur quoi elle clique, combien de temps elle reste sur une page, il existe des outils comme Google Analytics. Ils doivent s’en servir.»
Répondre aux questions des internautes
«Avant d’écrire, tous les journalistes devraient se demander ce que cherchent les internautes sur le Net, arguent nombre de rédacteurs en chef. Cela les aiderait à produire des sujets qui répondent aux questions de leurs lecteurs.» Ceci explique en partie le succès des titres commençant par «comment», «pourquoi»… Dans un précédent W.I.P., j’avais déjà tenté de répondre à cette question: et si les journalistes n’écrivaient que ce que les lecteurs lisent?
Jeremy Peters, du New York Times, ne veut pas que l’audience lui impose ses choix éditoriaux. Sur le site de France 24, du Washington Post, sur 20minutes.fr, sur Gawker, les données sur les visites et les clics des internautes sont affichées aux yeux de toute la rédaction. Pas au New York Times. «On ne laisse pas les chiffres nous dicter notre mission journalistique, répond Bill Keller, le rédacteur en chef. Nos lecteurs viennent pour lire nos points de vue, pas ceux de la foule. Nous ne sommes pas American Idol.»
Une position obsolète? Sans doute, car le SEO n’est pas contraire aux valeurs du journalisme. La meilleure enquête du monde ne sert à rien si personne ne la trouve. Et ne peut la lire. Inversement, peu importe que le SEO soit bon si le contenu ne l’est pas, dit en substance le Nieman Lab. Il est insupportable de faire une requête sur Google et de trouver, parmi les résultats, des pages qui ne répondent pas à la recherche.
Un scoop? Comment Google peut-il le savoir?
Dans la cohabitation entre contenus et SEO, il y a un point qui risque d’énerver encore longtemps les journalistes: publier une information exclusive et que celle-ci ne remonte pas dans Google News en premier. A priori, aucune raison que cela change. «Le journaliste est dégouté, mais Google ne réfléchit pas comme cela, dit encore Olivier Lecompte. Comment peut-il savoir qui a sorti l’information en premier? Il voit une suite de mots, il ne lit pas entre les lignes.»
La seule solution, c’est que les sites qui reprennent cette info citent correctement la source originelle, en faisant un lien vers elle. «Google va analyser la source des infos, et s’il voit que beaucoup de monde, à l’extérieur de ton site, parle de toi, il va considérer que tu es important et te faire remonter, reprend Olivier Lecompte. Mais Google ne va pas taper sur les doigts de ceux qui ont oublié de te citer comme source». Faire valoir ses infos, y compris face à la concurrence, cela reste à la charge des journalistes.
Prenez-vous en compte les techniques SEO pour écrire des contenus en ligne? Qu’avez-vous expérimenté? Partagez vos trouvailles dans les commentaires ci-dessous…
Alice Antheaume
W.I.P. demande à des invités de donner leur point de vue. Ici, Jean-François Fogel, consultant et Professeur associé à Sciences Po, en charge de l’enseignement du numérique à l’école de journalisme.
Le site péruvien d’El Comercio propose depuis un semestre une formule dégagée de toute référence au quotidien imprimé. Une architecture de tags à l’état pur, sans artifices de présentation. Un succès à méditer.
Réussir un site d’information, c’est facile quand on a les idées claires. Un coup d’oeil sur celui du quotidien péruvien El Comercio suffit pour le vérifier. Le succès de sa nouvelle formule est stupéfiant. Il est passé de 2,8 millions de visiteurs uniques, l’été dernier, à 4,3 millions en mars 2010. Son plus plus proche concurrent le talonnait à guère plus de 100.000 visiteurs uniques; cet écart a été multiplié par onze! Et, plus significatif, la durée moyenne des visites a explosé, passant de 3mn 17s à 19mn 49s.
La semaine dernière à Mexico, les responsables du site, Pablo Mancini, son gérant, et Fabricio Torres, son rédacteur en chef, expliquaient leur recette devant les représentants des quotidiens leaders de onze pays d’Amérique Latine rassemblés dans le “Grupo de Diarios de América” (GDA), une association favorisant l’échange des contenus rédactionnels et des expériences. Les réunions du GDA sont des séances compactes mais, pour une fois, tout a failli traîner tant il y avait à décortiquer sur ce site qui ne rappelle en rien le journal imprimé qui lui a donné sa marque (El Comercio est une sorte de “Figaro” du Pérou, avec des cahiers multiples et une quadrichromie abondante proposés à un lectorat aisé).
Crédit: DR
L’architecture de la page d’accueil procède d’une innovation sans réserve avec l’empilage de “solutions” superposées. Aucune logique journalistique, aucun souci de présentation et pas davantage de volonté de construire une hiérarchie journalistique dans cette page; il s’agit d’une boîte d’outils qui servent à empoigner l’information avec de haut en bas:
– un header sur fond jaune invitant à s’inscrire dans la communauté des internautes d’El Comercio, ou à entrer en relation avec le site par téléphone mobile ou RSS.
– une première barre de navigation traitant seulement des principaux thèmes choisis par la rédaction (les prochaines élections, la coupe du monde de football, la gastronomie, etc.).
– un bloc graphique de neuf images qui occupe tout un écran. Chaque image correspond à ce que la rédaction nomme un “canal”, en fait à une page de tag qui l’alimente. Une des neufs images est utilisée pour la publicité ou la promotion.
– une barre de navigation vert pâle consacrée uniquement au football (au Pérou, en Italie, en Espagne, etc.)
– une barre de navigation rouge permettant de naviguer parmi des tags groupés selon des catégories classiques (économie, technologie, spectacles, etc.) avec au total une formidable offre d’environ 230 tags.
– Et enfin, un flux de contenus rangés de la façon la plus simple du monde, dans l’ordre anté-chronologique, le dernier publié ou mis à jour venant en tête.
Le site d’El Comercio ne fait pas mine d’avoir des rubriques ou d’afficher des titres à la façon d’un média imprimé. Hormis les neuf images de son premier écran sur la page d’accueil et ses barres de navigation, il ne connaît que le tag et le flux. Pas de sujets “magazine”, pas de pseudo processus d’édition, seule la mécanique des tags est à l’ouvrage pour servir l’information et la ranger de façon dynamique. Les quelques thèmes sur lesquels la rédaction a décidé de s’investir se trouvent dans la barre de navigation la plus haute, ce sont donc des paris joués de façon durable. Il suffit de cliquer sur l’un des onglets de cette barre pour voir que toute la page d’accueil change avec le même déferlement automatisé de tags, de barres de navigation et de flux traitant d’un seul thème. Chaque page de tag se plie à la même logique: offre de flux puis offre de tags. La page de contenu propose de même un article au-dessus de listes de tags avec pour seule frontière l’empilement des commentaires.
Interrogé sur l’explication de la croissance de leur machine à taguer, les deux responsables répondent en citant les trois seules obligations de leur politique rédactionnelle: tout contenu doit inclure au moins un lien; tous les titres doivent être écrits en utilisant des mots-clés ; tout ce qui existe d’intéressant dans les autres médias péruviens doit être repris au moins dans un lien. Réseau, référencement, agrégation: c’est simple comme le web.
Le plus étonnant est que le site fonctionne sans moteur sémantique pour générer les tags. A chaque production d’un contenu, les journalistes doivent ajouter des tags qui appartiennent à trois catégories: évènement, thème, personnalité. “Je travaille avec eux pour éviter que la rédaction des tags ne soit trop dispersée, dit Fabricio Torres. Ecrire un tag est encore plus important qu’écrire un article car si on le fait mal, l’audience ne verra jamais ce qui a été produit.” Grâce à ce souci rédactionnel de bien étiqueter les contenus, il n’existe que 32.000 tags après six mois de fonctionnement, un petit chiffre quand on connaît la dynamique explosive de cette génération d’étiquettes.
Last but not least, le site propose aux internautes l’accès à tous les codes et toutes les applications qu’il a développés. A la question: à quoi ressemble un site d’information bâti comme si la presse n’avait jamais existé auparavant?, on peut répondre El Comercio.
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