Pye-baek (폐백)

En France le moment clé du mariage se trouve sans doute parmi l’un des instants qui consacre l’union du mari et de la femme: la déclaration devant le réprésentant civil ou religieux, ou l’échange des alliances, ou encore la signature de l’acte. En Corée il existe un autre moment  au moins aussi important, qui a lieu après la cérémonie officielle, et à l’écart de la plupart des invités: le Pye-baek (폐백),

Le Pye-baek, c’est la partie coréenne de la cérémonie de mariage. Celle qui vient ponctuer par un semblant de tradition et de folklore des cérémonies qui rivalisent généralement de dépenses somptuaires en décors kitch et repas fusion-food sans intérêt. Alors que la plupart des invités finissent leur repas et s’apprêtent à quitter les lieux, le couple vient retrouver les membres de leur famille dans une réplique de chambre traditionnelle où sont préparés alcool de riz, thé et amuse-bouches coréens.

Vêtus du Hanbok de cérémonie traditionnel les mariés rendent alors hommage aux membres de la famille. Ils les saluent d’abord par la plus respectueuse des révérences, le Jeol, genoux et mains au sol, front incliné vers le bas, puis partagent un verre et quelques friandises en écoutant respectueusement les quelques paroles de sagesses sur le mariage formulées par les générations antérieures. D’autres rites ont également cours, notamment celui où les parents du marié lancent une poignée de dattes et de noix que le couple essaie de réceptionner sur la robe de la mariée: les nombres de dattes (pour les filles) et de noix (pour les garçons) réceptionnés symbolisent le nombre d’enfants promis au couple. On demande également au marié de porter sa femme sur le dos, voire sa mère, afin de démontrer sa force et sa capacité à soutenir sa femme et le foyer nouvellement créé.

Mais au delà de ces folklores, le Pye-baek célèbre la conception coréenne traditionnelle du mariage: celle de l’union non pas d’un couple, mais de deux familles, au travers du passage de la mariée de sa famille de naissance, à sa nouvelle famille: celle de son mari. Car c’est bien ce passage qui est ritualisé dans le Pye-baek, dont la fonction est de présenter la mariée aux membres de sa nouvelle famille. Traditionnellement la famille de la mariée n’avait d’ailleurs pas sa place dans cette cérémonie: seuls les parents du marié, puis ses oncles et tantes, frère et soeur, voire cousins cousines, se succédaient à la table des présentations pour recevoir la révérence des mariés.

Aujourd’hui, cette fonction première du Pye-baek s’efface quelque peu au profit d’une cérémonie traditionnelle rassemblant les membres des deux familles, parfois même quelques amis. Il s’agit de se retrouver pour célébrer entre très proches, le couple nouvellement formés dans le cadre d’une cérémonie où la génération des parents se sentira plus à l’aise. Mais le rapport déséquilibré entre les deux familles reste très présent: bien sûr certains Pye-baek sont plus “égalitaires” que d’autres, mais il faudra généralement que les parents de la mariée attendent que tous les membres de la famille du marié, proches ou éloignés, jeunes ou moins jeunes, reçoivent tour à tour les révérences du couple pour enfin à leur tour, avoir droit aux mêmes hommages.

Une attente parfois pénible, où les parents de la mariée sentent qu’ils envoient réellement leur fille vers la famille du marié. Où ils la voient enchaîner les prosternations, vêtue d’une robe encombrante qui rajoute à la pénibilité d’un exercice assez physique; attente pendant laquelle ils ont tout le temps de constater que leur fille n’est déjà plus vraiment leur fille, mais celle de la famille d’en face. Ici les mariées appellent d’ailleurs leurs belles-mères “mère”, et leur beaux-pères “père”.

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