Nouvel an lunaire

Le nouvel an lunaire en Corée, c’est un peu comme Noël en France: une fête avant tout familiale. C’est également l’une des rares périodes de l’année où les Coréens s’accordent plusieurs jours de congés d’affilée; 4 jours cette année, durant lesquelles toutefois, l’on ne chôme pas.

Il faut d’abord rejoindre sa région natale et ceci n’est pas une mince affaire alors que c’est le pays tout entier qui se déverse le même jour sur les réseaux ferrés et les autoroutes et ce, dès 5heures du matin. Quelques heures de sommeil en moins: c’est le premier prix à payer pour les Coréens qui en manquent déjà cruellement, afin de passer quelques instants précieux en famille.

Lorsqu’on parle de famille, il s’agit bien évidemment de celle du père de famille dans un pays à forte tradition patriarcale. Ici la femme coupe officiellement les ponts avec sa famille biologique dès lors qu’elle se marie, pour intégrer celle de son époux. Et dans un pays où les titres honorifiques comptent, il n’est pas étonnant qu’une épouse se doive d’appeler ses beaux-parents “mère” et “père”. Si son mari se trouve être le fils aîné de sa famille, c’est à elle que revient la lourde tâche d’accueillir toute la belle famille et d’organiser les préparatifs pour honorer les ancêtres de sa belle famille lors du nouvel an lunaire.

La tâche n’est pas mince. Les préparatifs consistent en la confection d’un festin en l’honneur des ancêtres: un banquet traditionnel respectant des règles strictes dans la composition des plats et leur disposition sur le banquet. Et si c’est aux hommes de la famille que revient la tâche de bien disposer les plats sur le banquet, selon des règles encore obscures pour l’auteur de ces lignes, c’est bien évidemment aux femmes que revient la tâche de cuisiner tous les plats; activité qui monopolise généralement toute la semaine précédent la cérémonie.  On comprend mieux pourquoi pourquoi un nombre croissant de femmes coréennes refusent le mariage ici.

La cérémonie elle-même suit un protocole strict: tôt le matin du nouvel an, on ouvre la porte d’entrée du foyer pour que les esprits des ancêtres puissent s’inviter au banquet disposé dans la chambre principale. L’ainé de la famille entouré de ses frères, des enfants, mais traditionnellement pas des femmes, se prosternent à plusieurs reprises devant le banquet. Entre chaque prosternation, les hommes se relaieront pour vider puis re-remplir les verres d’alcool de riz coréen, et pour changer l’emplacement des couverts, afin que les ancêtres puissent goûter à tout.

Ce rituel où se mélangent chamanisme et confucianisme peut être assimilé à l’adoration d’idoles pour les religions monothéistes, et notamment pour un nombre croissant de Coréens chrétiens qui refusent de se livrer à cette cérémonie traditionnelle. Si bien que l’appartenance religieuse, notamment celle de la femme qui serait amenée à suer aux fourneaux, est un critère crucial au moment du mariage.

Bonne année du dragon.

2 commentaires pour “Nouvel an lunaire”

  1. “il n’est pas étonnant qu’une épouse se doive d’appeler ses beaux-parents “mère” et “père””

    même les frères et soeurs et amis ne se tutoient pas mais s’appellent “grand frère”, “grande soeur” etc

    l’amour c’est aussi le respect, quelque chose que l’occident a complétement oublié

  2. “l’appartenance religieuse, notamment celle de la femme qui serait amenée à suer aux fourneaux, est un critère crucial au moment du mariage”

    en France, par exemple, un conjoint FN et l’autre écolo, bonjour les dégâts…

    donc avoir des référentiels communs, c’est déjà un obstacle rationnel aux problèmes de couple, non?

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