Garçon, un demi!

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Pour passer commande dans un restaurant à Paris, il suffit de saisir le moment où le serveur arrête de faire semblant de ne pas vous voir pour l’interpeller d’un signe de la main le plus amical possible, puis répondre d’un sourire le plus avenant possible à son hochement de tête qui signifie que c’est son collègue, là-bas quelque part qui s’occupe de votre table. Il ne vous reste alors plus qu’à repérer son collègue là-bas quelque part et recommencer auprès de lui votre entreprise de séduction.

Pour passer commande dans un restaurant à Séoul, il suffit d’appuyer sur le bouton du boîtier collé sur le coin de votre table. Une sonnerie lointaine retentit alors et le numéro de votre table s’affiche sur un écran quelque part près des cuisines. Les serveurs interrompront alors leur activité pour  jeter un oeil sur l’écran et celui qui sera à proximité de la table indiquée s’empressera de venir prendre votre commande.

Dans le cas de certains bars, on viendra même directement avec votre commande sans que vous ayez eu à la passer depuis qu’une nouvelle génération de boîtiers (photo ci-dessus), propose trois fonctions: appel serveur, commande bière, et commande soju (la boisson nationale, sorte de vodka allégée). Mieux vaut ne pas avoir le coude négligemment appuyé sur le boîtier au risque d’assister à un défilé de boissons alcoolisées…

Bien sûr l’air suffisant du garçon parisien peut avoir son charme, et bien sûr on ne peut pas imputer l’écart dans niveau de service à la seule bonne volonté des serveurs respectifs. Le coût du travail inférieur en Corée permet sûrement au restaurateur local de mettre plus de serveurs à la disposition de ses clients qu’à Paris. Mais au delà des considérations économiques, l’approche commerciale est différente. En Corée, l’accent est avant tout mis sur le service : c’est sa qualité et surtout son efficacité qui permettront de fidéliser le client, alors qu’en France la qualité du produit prime.

Toujours est-il que pour le businessman ou le touriste coréen de passage à Paris, faire l’expérience du service dans un restaurant est un véritable choc.

3 commentaires pour “Garçon, un demi!”

  1. “alors qu’en France la qualité du produit prime.”
    Cette loi empirique : “Chez nous quoi qu’il arrive, il y a toujours des avantages”, m’a toujours fort étonné. Ah le beau chauvinisme français qui touche à tous bords et embrume la raison.

  2. “Docteur, c’est bizarre, quand je regarde mon fils, il détourne les yeux systématiquement : pas moyen d’entrer en contact visuel avec lui : je crains qu’il soit autiste ou aveugle ou un truc grave, quoi!”
    “Pas du tout chère madame, c’est juste un futur garçon de café!”

  3. Ouais bofff !
    Chaque fois que mon cousin du Canada me sort la même sur le service français et le tort de ne pas payer les ouvriers des terrasses à la tâche et en pourboires, je lui dit de relire son Capital de chez Marx d’en face!
    Ici on exploite les gens un peu moins 😉
    Mais jusqu’à quand ?

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