Grippe A: Internet, le meilleur vaccin contre les rumeurs

Dans le billet précédent, je m’interrogeais sur l’adhésion des populations à la future proposition protectrice dans le cadre d’une nouvelle vague pandémique — et vaccinale qui en découlerait. Là encore, il n’est peut être pas trop tôt pour soulever la question. Dans ce contexte, la lecture d’un tout récent document (bientôt disponible sur Internet) est riche d’enseignements. Il s’agit  du rapport d’étape publié par l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) qui analyse les responsabilités des différents acteurs dans le plan national anti-pandémique français grippale. Ce document est le fruit des rencontres entre députés et sénateurs qui ont interrogé, depuis le mois de septembre, professeurs de médecine, chercheurs, réseaux de médecins, syndicats et représentants des diverses autorités sanitaires concernées. Selon ce rapport le plan, conçu à l’origine contre un risque de pandémie aviaire à très forte mortalité, a souffert de sa «rigidité» et d’un «manque de concertation et d’information».

Pour Claude Le Pen, spécialiste d’économie de la santé «celui qui porte en fait, aujourd’hui, la légitimité pour arrêter la politique de santé en France, c’est Internet, le média qui nie et voit de la manipulation partout. Il véhicule la contestation de toutes les superstructures sociales. Et traite la parole publique comme véhicule du mensonge».

Lecture voisine de l’historien Patrick Zilberman: «Internet, durant la pandémie grippale, aura joué le rôle d’une caisse de résonance alors que la communication gouvernementale aura fait preuve d’une timidité incroyable. Le site pandemie-grippale.gouv.fr n’est abonné à aucun des réseaux sociaux (Facebook et Twitter), qui sont justement capables de toucher une population à risque particulièrement rétive aux gestes barrières et à la vaccination.»

Et encore le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens français: «du fait de la circulation des informations sur Internet, les médecins sont parfois, voire de plus en plus, les derniers informés de ce qui arrive aux patients: les réseaux d’observation de la grippe remontent des informations vers l’Etat, ce qui explique cette situation paradoxale: il faut souvent une démarche volontaire de notre part pour pouvoir obtenir ces informations».

Conséquence logique: la communication sur la grippe et sur la vaccination devrait être organisée différemment, dans un contexte marqué par le développement des outils de publication sur Internet et l’intense croisement d’informations non hiérarchisées, qui vont de la culture scientifique partagée à la circulation des rumeurs. On peut aussi voir plus loin. «Dans ces conditions, s’interroge la sénatrice (Verts) Marie-Christine Blandin, co-rapporteure (avec le député –UMP- Jean-Pierre Door) du travail de l’OPECST, la démocratie sanitaire ne devrait-elle pas prendre un virage, sociétal et historique, en intégrant l’importance croissante d’Internet, pour passer les crises de santé publique avec des échanges d’informations, des coopérations, de la concertation?»

Où la grippe et les vaccins nous conduisent ainsi donc, via la Toile, à (re)parler de «démocratie sanitaire».

Jean-Yves Nau

57 commentaires pour “Grippe A: Internet, le meilleur vaccin contre les rumeurs”

  1. En ce qui me concerne, comme Bernard, à part que au lieu de “veut toujours avoir raison” c’est “a toujours raison”…

  2. Ce qui est intéressant avec la SEP ou la pré SEP c est a dire les maladies neurologiques demyelinisantes inexpliquées c est la logique du phénomène son ancienneté . Depuis longtemps on connaissait ce risque du virus comme du vaccin de déclencher chez certaines personnes prédisposées des phénomènes auto-immunitaire . Ce qui est surprenant c est la demonstration à cette occasion de la mauvaise foi de certains Medecins , de l incompétence en biostatistique de quelques autres et enfin de l extrême naïveté des Medecins de base et plus encore des pédiatres que des généralistes !
    Au total l erreur de la vaccination systématique sans interrogatoire incombe au plus haut représentant des politiques de santé publiques de cette époque et le comble était que le ministre en charge de la santé était malheureusement médecin et malheureusement professeur de santé publique. Sa responsabilité est donc entière comme celle du mémorable Garetta pour le sang contaminé .
    Autant les ministres du temps du sang continé étaient seulement responsables mais non coupables et ils ont payé de leur carrière cette histoire de manière assez injuste , autant le ministre du temps de ce vaccin (Phil Douste Blazy) Aurait du répondre doublement de cette
    tragique erreur .Il n en a rien été ,
    Heureusement Kouchner a corrigé le tir en rendant la vaccination facultative et en conseillant de prendre l avis du medecin traitant !
    Pour la grippe A la même couleur politique recommence la même erreur de banaliser un vaccin et de le rendre automatique avec un interrogatoire succinct incompatible avec la vitesse requise des vaccinodromes . Il ne saurait y avoir de risque , pourtant le principal vaccin était adjuvé , jusqu ici contreindiqué en dessous de 65 ans ! ( gripguard) et voici qu on n’avait quasiment que celui là pour vacciner les prioritaires au premier rang desquelles étaient de jeunes infirmières de réanimation pas débiles qui refusèrent de jouer les cobayes et on les comprenait !
    L’ histoire montra qu’ il n y avait pas de gros risques a se vacciner même avec l adjuvant en tout cas moins qu avec le virus vivant !
    Donc on peut à mon avis considérer aujiurd hui avec le recul que ce vaccin presente une protection vis a vis des SEP et des guillain barre mais ce n était pas evident pour tout le monde au départ .
    Ca ne l est d’ ailleurs pas pour tout le monde encore aujourd hui n est ce pas Bernard 😉
    On peut tout de même dire que la réaction du système immunitaire consistant à s attaquer non seulement aux protéines et oses viraux mais encore à des molécules semblables de cellules dendritiques est plus forte en reaction au virus lui même qu avec un vaccin même adjuvé ! Que peut être meme que de ce point de vue l adjuvant permettant d injecter moins de protéines virales la réaction anti cellules nerveuses serait moindre . Mais au contraire on peut imaginer (et c est le sens des contre indications formulées) que l adjuvant renforce l immunité moins spécifique et permet une dérive vers l attaque de cellules du soi !
    Mais effectivement le mieux est pour éviter une SEP de n etre pas vacciné et pas malade ! Mais ceci ne relève pas d’ une décision médicale mais de la chance que d autre se vaccinent ou tombent malade ou s immunisent naturellement sans symptôme afin que l épidémie avorte !
    En gros le risque de SEP va croissant du groupe de ceux qui ne sont pas laissé contaminer par les deux vilains virus sans s être vacciné qui est inférieur au risque de ceux qui se sont vacciné qui est lui même inférieur au risque de ceux qui ont contracté la maladie au contact du virus vivant !
    Il convient donc de se vacciner contre la grippe et d’ utiliser des préservatifs avec les inconnus !
    Le vaccin anti hépatique devant être réservé aux travailleurs de la santé et aux travailleurs du sexe !

  3. “Heureusement Kouchner a corrigé le tir en rendant la vaccination facultative et en conseillant de prendre l avis du medecin traitant !”

    La seule obligation qui fut supprimée fut celle des rappels à 5 ans pour les personnels de santé. Les autres vaccinations étaient non obligatoires. Y compris celle pratiquée dans les collèges en sixième dont il a supprimé la pratique mais qui s’apparentait, pour des raisons faciles à comprendre, à une vaccination généralisée dans ces classes même si elle n’était pas obligatoire.

    Il le fit d’ailleurs CONTRE l’avis des sociétés savantes qui avaient vigoureusement protesté 15 jours après par un communiqué commun. CONTRE aussi l’avis de ses experts : un comité de quelques experts s’était réuni quelques jours avant la décision du 1er octobre 1998 pour remettre un avis montrant que les risques attendus étaient bien moindre que les bénéfices. Ils avaient évalué les risques sur une période de 6 mois après la vaccination.

    10 ans plus tard, l’étude Tardieu sur ces mêmes enfants de l’époque donnera un risque significatif pour un délai au delà de 3 ans. Quelques jours avant la fameuse conférence de presse de Kouchner le président du CTV-CSHPF Gilles Brucker, tentera en vain par un courrier de dissuader le secrétaire d’Etat d’arrêter la vaccination dans les collèges. A posteriori, 10 ans après, l’étude Tardieu pourrait lui donner raison.

    Par contre, l’arrêt de la vaccination généralisée des adultes, la suppression des rappels et la réduction de la primovaccination à 3 injections au lieu de 4 est le fait du CTV-CSHPF.

    A noter que leur avis du 23 juin 1998 précisait ceci :
    “Le CTV et le CSHPF ne remettent pas en cause l’obligation vaccinales (des personnels de santé) mais suggèrent de préciser dans les arrêtés d’application qu’il s’agit UNIQUEMENT des personnes en contact avec les patients ET avec le sang et autres produits biologiques.”

    Il fallait qu’il y ait de solides raisons pour que ces Comités en arrivent à proposer cela qui ne semble pas avoir eu d’application.

    Tout cela avait irrité le Dr Mac Kane qui supervise à l’OMS le programme mondial de vaccination et ne voulait pas que le moindre signal risque de mettre la puce à l’oreille au public et le dissuade de se faire vacciner. Il voulait que la France poursuive sans faiblir le programme vaccinal qu’elle avait commencé.

    Cela est attesté par cette note adressée à Kouchner le soir même de la réunion de 47 experts internationaux à l’Afssaps le 21/09/98 rapportant le propos de Mac Kane :

    “Surtout ne rien modifier de la politique vaccinale pour éviter de mettre en péril la campagne de vaccination universelle”

    Autrement dit, après avoir entendu les rapports, le Chef d’état major déclare ; oui, nous avons des morts et des blessés, mais que rien ne filtre afin d’éviter de démobiliser les populations.

    Il y a eu aussi des morts car si la SEP ne tue pas et réduit rarement l’espérance de vie il y a eu aussi des SLA (maladie de Charcot) et là, la mort est au bout en quelques années.

  4. Merci de ces précisions
    Oui la SLA est la plus redoutable mais la SEP peut entraîner des conséquences désastreuses faisant perdre l autonomie de fonctions essentielles comme la marche et la miction ou la respiration .
    A ce sujet Bernard , moi qui voit naturellement de plus en plus de SEP et ne sais jamais si leur vaccination par le VHB est en cause favorisante tant le délai d’ apparition est variable : je me demande et donc je vous demande si les SEP induits par la vaccination ne sont pas globalement moins sévères que les SEP d’ origine inconnue ou virale que nous constations autrefois .
    Encore une fois ma toute petite série ne saurait que me faire poser la question .
    Y a -t-il de grandes séries permettant d’ objectiver cette hypothèse !
    Et si c était le cas ne pourrait on pas tester sous cet angle plusieurs modalités de vaccination anti hépatite B et révéler que l adjuvant joue un rôle déterminant .
    Pour ce qui concerne la grippe et le guillain barre il faut reconnaitre que l épidémie de guillain barre notable en 1976 aux USA fut le fait d’ un vaccin vivant atténué qui semble être le summum du risque d’ effet secondaires dysimmunitaires .Puis un peu en dessous serait le risque du au vaccin adjuvé à des degrés variables selon l adjuvant . Le pompon revenant aux squalenes. Puis les vaccins tués fragmentés non adjuvés .Et enfin les protéines ciblées analogues à certaines protéines virales et fabriquées par génie génétique dans des conditions de pureté antigenique meilleure et dont on varierait les protéines jusqu à ce qu enfin la réaction vaccinale soit celle attendue qui est de neutraliser le virus sans attaquer ses propres cellules nerveuses .
    Tout un programme ! Oui mais à quoi servirait l oms ou l affssaps sinon de preciser aux industriels les voies de recherche nécessaires .
    Évidemment que nier les effets secondaires ne saurait les réduire .Mais les ébruiter aboutit à les aggraver par effet nocebo ou neutralisation de l effet placebo.
    Sous ce seul angle on peut comprendre les propos du général de l armée antivirale de l oms ! On peut espérer que dans le secret des laboratoires il suscite et aide les chercheurs qui agissent dans l ombre pour l amélioration des procédures vaccinales .
    On a un peu avancé depuis les scarifications de smallpox non ?

  5. “les SEP induits par la vaccination sont-elles globalement moins sévères que les SEP d’ origine inconnue ou virale que nous constations autrefois ? ” demande ReverendFR

    Dans ce que j’ai lu, (c’est loin d’être la totalité! ) je n’ai rien vu se rapportant à un quelconque degré de gravité. Le Livre Blanc de la SEP publié (en 2 parties) en 2006 conclut à son augmentation sans envisager aucune piste pour en expliquer la raison.

    “Évidemment que nier les effets secondaires ne saurait les réduire .Mais les ébruiter aboutit à les aggraver par effet nocebo ou neutralisation de l effet placebo.” nous dit encore Reverend.

    Faut-il en parler ? C’est une grave question que vous posez. On peut vivre 30 ans avec une SEP et les personnes qui se considèrent comme ayant été victimes du vaccin ou de son usage abusif dans les années 94-98 sont aujourd’hui dans des situations très matérielles difficiles alors que la situation économique se détériore. Elles s’inquiètent sur leur avenir alors qu’elles ont dû abandonner leur travail en se faisant vacciner pour le garder et qu’elles ne peuvent pas faire le minimum seules chez elles.

    Ce sont des drames familiaux et un problème de société et on peut comprendre les victimes qui essaient de faire connaître leur sort. Je connais le cas d’une personne employée par une ville qui l’obligeait à accepter la vaccination hépatite B dont elle ne voulait pas.

    A force de refus, le maire lui envoie un courrier la mettant en demeure de se faire vacciner ou de perdre son emploi. Elle s’exécute puis, devant les conséquences, devra abandonner son métier tout en devenant l’assistée de son mari que je connaissais et qui m’a un jour téléphoné pour me raconter l’histoire.

    Obligation de faire un procès à la ville pour simplement survivre. En face le barrage habituel. Alors bien sûr, on peut avancer l’intérêt supérieur de l’humanité : tout nier pour ne pas compromettre la campagne mondiale qui devait éliminer le virus en vaccinant toute une génération.

    Vous me direz qu’elle fut peut-être victime de l’effet nocebo. Mais j’en connais aussi qui ne craignaient pas la vaccination et qui ont connu le même sort. Ce n’est donc pas simple.

  6. L’effet nocebo est peut etre en cause dans le cas que vous citez mais il pose en toute hypothèse le problème de la responsabilité de l employeur et de l autorité publique . Dans le cas d’ une collectivité locale il y a à assumer cette double responsabilité .
    Comment expliquer une obligation pour quelque chose qui est censée protéger l’individu? Si un doute existe sur la réalité de la protection la question est encore plus aiguë !
    Si on sait par ailleurs qu’ une vaccination remplit mieux son objectif si elle a lieu avec l effet placebo du volontariat ,on ne peut que saisir le législateur de l’incongruité d’ une telle obligation .
    Sauf à imaginer le soignant arroser de son sang ou de son sperme les patients on voit mal en quoi sa vaccination obligatoire protégerait le citoyen !
    Il en va de même pour la ceinture au volant . Le conducteur est seul responsable de sa sécurité , s’il n’est pas persuade de son utilité on ne comprend pas au nom de quoi on l obligerait à périr brûlé dans son véhicule faute d’ avoir pi s en extraire avec la ceinture bloquée !
    Eh bien non seulement cette obligation perdure maiscelle occasionne la perte de plus de point que de d’autres comportements qui mettent la vie
    d’ autrui en danger !
    Il faut lever toute obligation vaccinale de l’hépatite B et de ceinture de sécurité du conducteur et mettre le paquet dans l’explication. De l’intérêt personnel de ces attitudes pour ceux qui prennent des risques particuliers .
    Je me pose en revanche la question de l’obligation vaccinale contre la grippe si les premières études se confirment d’une protection plus importante des personnes âgées en institution par la vaccination des personnels que par la vaccination individuelle des personnes âgées elles même !

  7. Il y a eu la pub pour le port du casque en vélo :

    “pas obligatoire, juste indispensable !”

    Pour ce qui est du port de la ceinture de sécurité on fait souvent la comparaison alors que les situations sont totalement différentes :

    En effet il faudrait que le SEUL fait de mettre sa ceinture puisse déclencher parfois un incident voire un décès. Le vaccin antivariolique par exemple ne demandait pas qu’on rencontre le virus de la variole pour se montrer dangereux alors que la ceinture ne le sera qu’en cas de rencontre avec un obstacle.

    De plus il est possible d’enlever sa ceinture à tout moment mais comment faire pour se débarrasser du vaccin et des ses conséquences biologiques ?

    Donc, objectivement, les conditions de ces 2 obligations ne sont pas de même nature. J’admets très bien qu’il faille porter une ceinture en voiture et je ne le fais pas par la peur du gendarme. Il y a aussi les mauvaises utilisations ou positionnement des ceintures.

    Par contre, les obligations vaccinales, non. On le voit bien avec cette grippe. A la suite d’une réunion interministérielle, son obligation avait été sérieusement envisagée comme on le lit dans le rapport Assemblée Nationale-Sénat de l’audition du 1er décembre.

    http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-off/i2226.pdf

    Page 74 par Patrick Zylberman, historien, Centre de recherche médecine, sciences, santé et société.

    “Au soir du 29 avril, conformément au plan pandémie, le ministère de l’intérieur prend la direction des opérations. Il y aurait beaucoup à dire sur cette douloureuse question d’un fauteuil pour deux ministères et sur le manque d’autorité qui s’ensuit pour la santé – problème il est vrai structurel en France depuis la création du ministère de la santé – « de l’hygiène » – en 1920. Ce même jour, une réunion interministérielle évoque la possibilité d’une vaccination obligatoire, idée fort heureusement abandonnée début juillet.”

    On s’en doutait un peu car le Journal du Dimanche du 30 mai avait annoncé ce projet gouvernemental pour l’automne en interrogeant une juriste qui déclara “que nul ne pourrait s’y soustraire”. Question : ce journal aurait-il permis au gouvernement de lancer un ballon d’essai pour tester les réactions ?

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