Inconvenants stocks vaccinaux

« Il est inconvenant de continuer à proposer la vaccination »

Un entretien avec le Dr Alain Fisch

Elargissons aujourd’hui, avec le Dr Alain Fisch, le cercle des spécialistes et des points de vue sur la gestion passée, présente et à venir de la pandémie grippale. Chef de service au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve Saint-Georges ([email protected]), président de l’Institut des Etudes Epidémiologiques et Prophylactiques (IDEEP) le Dr Fisch est d’autre part le créateur du site sante-voyages.com.

« Gripette » ou « catastrophe programmée » ? Dans quel groupe d’experts vous situez-vous vis-à-vis de l’actuelle pandémie ?

Il n’est certainement pas à l’ordre du jour de parler de « grippette » avec ce Myxovirus étrange qui a émergé en mars dans l’hémisphère Nord, qui est très contagieux et antigéniquement proche du A(H1N1) de la grippe « espagnole ». D’une manière générale il faut toujours se méfier des Myxovirus, ces virus aux capacités d’adaptation, de mutation et de sélection extrêmes ; des virus qui plus est impossibles à éradiquer  sauf à envisager l’élimination de tous les oiseaux, de tous les porcins…  jusqu’aux furets.

Estimez-vous de ce fait que  le plan français de lutte contre la pandémie était parfaitement justifié ?

Attention, la méfiance des infectiologues pour ce virus ne veut pas dire adhésion aveugle à toutes les mesures gouvernementales. Précisons.

Acheter, pour un milliard d’euros, 94 millions de doses de vaccins, n’était pas selon moi une faute mais une erreur excusable.  L’ensemble du monde scientifique estimait, à l’époque des commandes, qu’il faudrait deux doses par personne vaccinée pour obtenir une immunité solide.

Acheter en masse de l’oseltamivir (Tamiflu®) était plus discutable compte tenu de l’absence de preuves formelles de l’aptitude –toujours débattue- de ce médicament antiviral à améliorer le pronostic des formes graves. Quant à sa capacité à prévenir, par une prescription précoce présomptive (s’adressant à tous syndromes « grippaux »), elle n’est toujours pas évaluée en termes d’efficacité opérationnelle (la plupart des syndromes « grippaux » n’étant pas liés au A(H1N1)v, ni en termes de bénéfices/risques –l’oseltamivir n’étant pas aussi anodin que l’on veut bien le croire, individuellement et peut-être en termes de santé publique. Mais le gouvernement avait été traumatisé par la calamiteuse gestion de la canicule : après ne pas en avoir fait assez, il fallait désormais en faire trop.

Acheter des masques chirurgicaux et FFP2 à hauteur (semble-t-il) d’un milliard d’unités, paraissait logique mais apparut bien vite antagoniste avec l’option « tout vaccin » ; de fait la population française fut désemparée et ne porta jamais le moindre masque : quelqu’un a-t-il jamais vu un usager de la RATP, un passant dans la rue, un médecin généraliste, en porter un ?

Tout cela pour un milliard et demi d’euros auxquels il faudra ajouter les coûts logistiques, les réquisitions, les coûts indirects, les arrêts de travail « présomptifs »… Peut-être atteindrons-nous ou dépasserons-nous les deux milliards d’euros.

Vous estimez que l’on aurait pu agir de manière plus efficace et à moindre coût ?

Je pense surtout que l’heure est venue de regarder les choses différemment. La vaccination est un échec épidémiologique : trois ou au mieux quatre millions de personnes vaccinées sur 65 millions d’habitants n’auront eu aucun impact sur l’évolution nationale de la pandémie. Cette pandémie est en déclin depuis un mois aux Etats-Unis, depuis 15 jours dans la plupart des pays de l’ouest européen et commence sa défervescence en France. L’immunité vaccinale étant établie trois semaines après l’injection vaccinale, il est inconvenant de continuer à proposer la vaccination, à force de réquisitions, pendant cette période de fêtes ; ceci dit, les centres de vaccinations sont déjà désertés –sauf par les médecins, internes, infirmières, élèves infirmières et agents administratifs réquisitionnés…..

Vous estimez donc que le gros de la vague est définitivement passé ?

Non, car il faut tenir compte des capacités de ce virus à « rebondir » à tout moment. De nombreux éléments laissent d’autre part penser qu’il reviendra certainement l’hiver prochain après son deuxième passage au sud dès l’hiver austral. Quelle sera alors son agressivité ? A cette interrogation, il n’y a qu’une seule réponse : prévoir l’hypothèse la pire, sans affolement. Dans l’hypothèse où c’est un virus de haute létalité qui reviendra (ou qui menacera de revenir) il faudra craindre les sarcasmes des Français : « On nous a déjà fait le coup l’année dernière !… » En toute hypothèse le virus qui reviendra sera différent, comme tous les autres Myxovirus ; les vaccins actuels seront alors inefficaces et il faudra en produire de nouveaux ; les stocks (91 millions de doses… ) passeront à la poubelle.

Il est donc bien probable que le virus A(N1N1)v devienne à son tour un virus saisonnier. A ce propos, il est intéressant de noter que les virus saisonniers prévus cette année (A/Brisbane/59/2007 (H1N1), A/Brisbane/10/2007 (H3N2), B/Brisbane/60/2008) n’ont pas montré leur nez. Le  A(H1N1)v a imposé sa domination, sans doute par sa contagiosité supérieure. De ce fait, à ce jour, le virus variant a sauvé énormément de vies.

Que voulez-vous dire ?

Une grippe saisonnière normale, bon an mal an, tue 5000 personnes en France, dont 1 à 2% ne présentant pas de facteurs de risque.  A ce jour le virus variant en a tué a 168 reprises (bilan au 21 décembre) et on admet que dans 20% des cas les victimes n’avaient aucun facteur de risque.

Conclusion logique : dans l’état actuel du virus variant, il n’est pas pertinent de vacciner : une vaccination massive aurait peut-être levé la pression dominante que ce nouveau virus exerce sur les virus saisonniers ; nous aurions alors peut-être eu une double épidémie avec les deux mortalités cumulées. Le comportement instinctif des Français, (souvent non dénué de finesse)  a su leur faire prendre collectivement une distance certaine par rapport à la vaccination proposée contre le A(H1N1)v.

Le gouvernement aurait certes pu faire de même. Mais il aurait fallu pour cela que la gestion de la crise soit, ces derniers mois, assurée par des techniciens pleinement libres de leurs actes et non pas soumis à la férule des politiques.

Propos recueillis par Jean-Yves Nau

Un échec cuisant sur lequel il va falloir se pencher

Souvenons-nous : août-septembre 2009, nous franchissions une première étape, un premier gué de la pandémie. Les digues australes avaient tenu. Le virus s’était montré certes contagieux mais d’une virulence à deux vitesses : peu agressif chez la plupart des personnes qu’il infectait, il pouvait aussi devenir redoutable chez une petite minorité (parfois sans facteurs de risque apparents et donc sans que l’on comprenne précisément  pourquoi).

Août- septembre 2009 était un peu la « drôle de guerre » de cette pandémie dans l’hémisphère Nord. Nous étions campés dans nos tranchées, les stocks de minutions s’accumulaient (dans certains pays) et bientôt les premières controverses éclataient. L’Etat en faisait trop. L’indécence était dénoncée. Les experts agissaient au nom d’intérêts inavoués. Rien ne venait. Rien ne viendrait peut-être.

Puis l’automne de l’année 2009  a dévoilé (en dépit de la douceur quasi-inégalée des températures) le visage encore certes inconnu  de cette grippe, mais fidèle aux  photographies transmises par l’hémisphère Sud pendant notre été.

Dresser en ce premier jour de l’hiver le bilan de cette pandémie ? N’est-il pas un peu tôt pour penser que la saison est terminée « jusqu’à l’arrivée de l’hiver austral suivant » ? Peut-on affirmer que la souche qui reviendra sera beaucoup plus virulente et qu’elle nécessitera de jeter les stocks de vaccins actuels ? Il ne me semble  pas aujourd’hui possible de l’affirmer.

Je ne crois pas pour ma part qu’il soit inopportun de continuer les vaccinations. Je suis d’accord cependant de reconnaître que la campagne des vaccinations a été un échec cuisant sur lequel il va falloir se pencher. Pour une fois que nous avions prévu qu’une pandémie de grippe allait arriver…  Pour une fois que nous avions dimensionné les usines de production du vaccin de manière à ce qu’il soit disponible pour tous….  Pour une fois que nous disposions d’un vaccin efficace et sûr seulement quelques mois après l’émergence d’un virus…

Force est bien de constater que la population française s’est montrée réticente à suivre les recommandations préconisées. Ce qui se vérifie  aussi dans la plupart des pays occidentaux. Il est trop tôt pour dresser le bilan de tout cela. Mais ce  bilan sera bien évidemment fait  un jour. Avec aujourd’hui ce constat : il n’est pas possible de vacciner en masse une population qui ne le souhaite pas. Pourquoi ? Il conviendra d’investir davantage dans les recherches multidisciplinaires qui nous permettront de comprendre un jour prochain pourquoi nos contemporains n’ont pas souhaités se protéger quand on leur a proposé.

Nous nous posons les mêmes questions concernant les masques.

Mais serait-il dangereux de se faire vacciner aujourd’hui ? Pourquoi donc ? Se faire vacciner, par un vaccin dont on a une expérience planétaire plutôt réussie, ne me semble pas faire courir un risque particulier, et peut encore protéger contre le retour certes hypothétique du virus durant l’hiver. Je ne crois donc pas que ce soit un mauvais calcul, même si je reconnais qu’il est un peu tardif.

Quant à l’utilisation du Tamiflu, le Dr Fisch a raison de souligner qu’il manque encore des preuves de son efficacité, notamment dans la prévention des complications de la grippe. Il n’y a pas non plus d’évaluation bien conduite de son utilisation de masse. Cependant, c’est un médicament qui a montré son efficacité et sa relative innocuité en traitement et en prophylaxie individuels, à partir de plusieurs essais cliniques convaincants. Efficacité, mais pas miracle thérapeutique ! Inocuité, mais pas absence d’effets indésirables…

Nous sommes bel et bien aujourd’hui sur le deuxième gué. Combien sont à venir ? Quelle sera l’ampleur des prochaines crues ?  La suite, comme toujours est à écrire. Ensemble.

Antoine Flahault

20 commentaires pour “Inconvenants stocks vaccinaux”

  1. Je ne pense pas que l’instinct qui ait fait que les français ont refusé de se vacciner repose sur de la finesse. C’est une question binaire, vaccin ou pas vaccin. Tout le monde n’a pas fait les calculs de Jean Rabat.

    M. Flahault dit “… la campagne des vaccinations a été un échec cuisant …. Pour une fois que nous avions prévu qu’une pandémie de grippe allait arriver… Pour une fois que nous avions dimensionné les usines … Pour une fois que nous disposions d’un vaccin efficace et sûr seulement quelques mois après l’émergence d’un virus…”

    L’échec (et il n’y a sans doute personne à blâmer) c’est que ce vaccin est arrivé bien trop tard et que si le virus avait été plus létal, on était cuits. Grillés.

    De plus AF dit ” il n’est pas possible de vacciner en masse une population qui ne le souhaite pas. “. Mais eut-il été possible de le faire s’ils l’avaient voulu ?

    Nombreux qui le voulaient ont du faire des pieds et des mains pour y arriver. J’ai fait des pieds et des mains pour faire vacciner des proches avec des doses qu’on allait autrement jeter.

    Si on veut un jour pouvoir faire face à une épidémie plus grave, il va falloir revoir la logistique.

    Enfin “Cependant, c’est un médicament qui a montré son efficacité et sa relative innocuité en traitement et en prophylaxie individuels, à partir de plusieurs essais cliniques convaincants”.
    Il ne faut pas confondre un résultat convaincant parce qu’il existe une différence statistiquement significative en faveur du groupe traité, et un résultat convaincant tout court.

    Car pour le Tamiflu, ce n’est pas, je trouve, cliniquement convaincant que de gagner 24 heures d’évolution au prix d’une pression de sélection de résistances à l’oseltamivir (on le regrettera amèrement si ce médicament avait une réelle efficacité de prévention des formes graves, et que le virus devient plus lethal) au prix de dépenses importantes, et d’effets secondaires encore discutés.

    D’autant que l’on ne sait pas si ces données qui concernent des grippes saisonnières, s’appliquent à l’actuelle pandémie.

  2. Le refus de cette vaccination s’est manifesté ”en profondeur”, c’est pourquoi les raisons ne sont pas forcément liées à des réflexions plus ou moins élaborées et entendues sur l’efficacité et l’innocuité du vaccin mais à des appréciations immédiates du discours le plus évident.

    Exemple en Allemagne : les adjuvants sont déclarés inoffensifs mais un grand journal révèle que des vaccins sans adjuvants sont prévus pour le gouvernement et les militaires chargés d’assurer la continuité de l’État. Que peut en penser le peuple ? Il n’a pas besoin de faire des études ”fines” pour se faire son opinion.

    En France : les adjuvants sont aussi déclarés inoffensifs mais pour les femmes enceintes, les enfants et des personnes ayant certains problèmes de santé ce sera des vaccins sans adjuvants.

    Je pense que si on veut comprendre le refus en profondeur de cette campagne de vaccination, ce sont des arguments de cette nature qu’il faut rechercher et qui peuvent entraîner une conclusion immédiate de suspicion pour celui qui les entend. Il y en a sans doute eu beaucoup qui ont été accumulés et d’abord le passage beaucoup trop rapide de l’OMS au niveau 6 et de la France au niveau 5 alors que la pandémie était absente.

    De plus, les autorités ont embrayé sur la pandémie à laquelle elles s’étaient préparées, c’est à dire d’une extrême gravité. Le public ne comprenait pas et a d’emblée flairé quelque chose de suspect, réel ou pas, mais la communication à l’échelle de la planète ou d’un pays ça n’est pas si facile. C’est une chose d’élaborer des plans en commission autour d’une table, c’est autre chose de les mettre en œuvre, de les justifier, de les faire accepter.

    L’enquête Nicolle publiée peu de temps auparavant, début 2009, affirmait que dans leur très grande majorité les Français étaient en faveur de la vaccination même obligatoire. Très exploités médiatiquement, les résultats de cette enquête sont parfois surprenant : 65% des Français seraient en faveur de la vaccination hépatite B mais seulement 30% font vacciner leurs enfants…

    .Et si l’enquête Nicolle avait d’abord trompé l’autorité elle-même en lui donnant à penser qu’elle pouvait y aller, que les Français allaient se faire vacciner en masse sans problème à part quelques opposants très marginaux ?

    L’enquête Nicolle indiquait en effet aussi que l’audience des ”antivaccinalistes” était pratiquement nulle et que donc il n’y avait pas à s’en préoccuper. On est obligé de constater que Mard Girard qui s’était fait connaitre dans l’affaire de la vaccination hépatite B a été extrêmement présent sur tous les médias avec un discours très vigoureusement opposé à cette vaccination. Indépendamment de cela, de nombreux humoristes ont spontanément prêté leur concours pour tourner en dérision la campagne de vaccination. Cela n’était sans doute jamais arrivé.

    Il a certainement fallu des erreurs de communication monumentales pour en arriver là. Il n’y a plus qu’à les rechercher !

  3. Vous abordez l’échec du plan Français de vaccination de masse (moins de 10% de la population vaccinée) et notez qu’il faudra se pencher sur les raisons de cet échec.
    Il pourrait être intéressant de comparer les méthodes et les caractéristiques socio-culturelles de 2 pays occidentaux tels la France et le Canada ou au moins une de ses provinces telle le Québec. Au départ, 2 pays qui ont un plan de vaccination de masse et au final une couverture vaccinale faible pour l’un et dans une bonne moyenne pour l’autre (50% sur le plan national et 56% pour le Québec).
    Pourquoi ici la population a globalement répondu présent? …Je n’ai pas de réponses précises mais on peut évoquer certains facteurs : une peur collective plus importante d’un virus plus pathogènes dans nos contrées? (depuis Avril, 8261 hospitalisations, 1372 admissions en soins intensifs dont 606 sous ventilation et 397 décès liés au virus, pour une population de 34 millions d’habitants) L’accès difficiles aux soins primaires (plus de 1millions de québécois et d’Ontariens sans médecins de famille) et secondaires (des urgences et des services d’hospitalisations souvent débordés) qui incitent donc à la prévention? L’éloignement géographique de certaines populations de tout centre médical hospitalier (parfois plus de 6h de route)? L’hiver très rigoureux qui favorise un peu plus l’isolement de certains et épuise les organismes vitaux? Une relation de confiance plus importante entre la population et ses dirigeants? Un pancake au sirop d’érable gratuit au Tim Hortons du coin pour tous les vaccinés (un peu trop typé Canada celle la)?
    Pourquoi aussi l’organisation a été (je dis a été car les centres de vaccination pour la vaccination de masse sont maintenant fermés) moins chaotique qu’en France (d’après ce que j’en lis dans la presse ou sur ce blog). Il y a eu certes quelques problèmes d’organisation au début et finalement surtout des problèmes d’approvisionnement qui se sont résolus rapidement, et au final 50% de la population a pu être vaccinée sans réquisition de médecins ou infirmières. Ici, si le plan de vaccination était national/provincial, la logistique de la vaccination était surtout locale (ici, on dit plutôt communautaire) sous la direction d’une personne, souvent médecin, directeur de la sante publique au niveau d’une région englobant une ville. Des réponses aux problèmes locaux ont ainsi pu être apportées rapidement. Par exemple, pour résoudre les problèmes d’attente liés à l’affluence, certains centres ont mis en place un système de rendez-vous simplifié. Aussi, les patients qui venaient consulter ou se faire traiter à l’hôpital pouvaient assez facilement avoir accès au vaccin qui était présenté et administré par une infirmière. J’ai l’impression, peut être fausse, que la logistique était plus souple et plus flexible que celle qu’on décrit en France.
    Il n’y a pas eu de recours aux réquisitions mais beaucoup ont participé en tant que bénévole (parfois des médecins ou infirmières en retraite). Le bénévolat fait partie de la culture nord américaine en étant obligatoire pendant la scolarité, l’université et est très présent dans le monde du travail. Les hôpitaux ont aussi parfois mis en place une redistribution du personnel médical, sur une base volontaire, pour ouvrir des consultations de syndromes grippaux ou pour aider les urgences lors des situations de crise. Bien que basé sur le volontariat, ces mesures ont fonctionné. Ce type de mesure existait depuis la crise du SRAS qui a touché l’Ontario et plus particulièrement Toronto.

    Sinon pour Jean Rabat, si vous voulez consulter les chiffres de l’épidémie au Québec, vous avez le site pandemiequebec (facile a trouver avec google), sous menu : état de la situation et vous avez les chiffres (hospitalisations à décès) par tranche de 10 ans jusque 60 ans et plus. Comme vous l’aviez annoncé, ¾ des décès ont plus de 50 ans, 70% des admissions en soins intensifs ont plus de 40 ans, mais la répartition par âge pour les hospitalisations est assez homogène. Si avec le vaccin, on veut éviter les décès ou les séjours aux soins intensifs les 40 ans et plus semblent à risques, mais si on veut éviter les hospitalisations, aucune tranche d’âge ne se détache et la vaccination à l’ensemble de la population peut être discutée/justifiée?

    Pour montrer que la presse USA peut être aussi critique et pour ceux qui lisent l’anglais, je laisse aussi le lien vers un article intéressant du magazine américain : The Atlantic dans son édition de Novembre 2009 dont le titre est The vaccine : Does the vaccine matter? http://www.theatlantic.com/doc/200911/brownlee-h1n1

  4. Bonjour,

    Vous ne répondez pas à l’argument du docteur Fish, qui pourtant me semble très discutable, à savoir qu’une non vaccination contre H1N1 en limitant la circulation du virus de la grippe saisonnière, entrainerait au final moins de morts de la grippe cette année, alors que si la couverture vaccinale sur H1N1 avait été forte, la grippe saisonnière aurait bien circulé, donc plus de morts. Admettons la validité du schéma de dynamique des populations des virus grippaux décrit ici. Mais cela ne fait-il pas que révéler la mauvaise politique de santé publique en France au sujet de la grippe saisonnière ? Se donne-t-on les moyens de réduire le nombre de 5000 morts annuels par la grippe saisonnière en France? Communique-t-on de façon adéquate vers les groupes à risques ? Que dit-on à ceux qui ne présente pas de facteurs de risque ? A-t-on une évaluation rigoureuse de l’efficacité du vaccin ? Si on avait déjà fait tout ce travail sur la grippe saisonnière, on ne pourrait plus argumenter de cette façon sur l’intérêt de laisser circuler le H1N1 pour occuper le terrain pour empêcher l’extension de la grippe saisonnière. Comment un spécialiste d’épidémiologie peut-il développer des arguments à aussi courte vue ? (à moins que n’étant moi même pas médecin, mon raisonnement ait une faille). Merci de votre réponse.

  5. Pourquoi avoir jeté les medecins généralistes.
    Il suffisait que ce soit eux qui vaccinent pour le taux de vaccination soit correct. C’est simple, mais peut etre trop et cela va a l’inverse d’une décision de nos politiques. Alors !!

  6. L’échec de la vaccination de masse est lié essentiellement au fait que la population s’est rendu compte rapidement que nous avions mis en branle un dispositif énorme pour un risque peu important. Prévu pour H5N1, le dispositif a été utilisé pour H1N1…

    Pour un économiste de la santé, les deux milliards dépensés sont une hérésie. Imaginons que sans vaccination, 30 millions de personnes soient infectées en France (hypothèse carrément pessimiste). Si on transpose les chiffres de mortalité aux USA, on aurait 3900 décès, dont plus de 85% de personnes débilitées.
    En supposant que la totalité de la population soit vaccinée, et que le vaccin marche à 100% ce qui est délirant, pour économiser 3900 décès ( dont 500 personnes sans antécédent médical particulier), on aura dépensé 2 milliards, soit plus de 500 000 euros par vie sauvée du virus H1N1,
    Dans le même temps, des personnes meurent devant nos portes car on n’a pas 30 euros à leur octroyer pour dormir au chaud pendant les nuits d’hiver glaciales.
    Alors je crois qu’il faut effectivement se remettre en question. Chacun avait intérêt à ce que la machine s’emballe. Les laboratoires, car il y avait beaucoup d’argent à gagner. Les politiques, car c’était un bon moyen de montrer leur capacité de gouverner, d’anticiper, et cela leur donnait une tribune médiatique quasi quotidienne, dans le rôle du sauveur de la population. Et puis aussi les experts, les épidémiologistes, qui se sont vus offrir l’occasion d’exprimer leurs talents d’organisation et d’expertise. Comme un militaire qui s’entraine pendant des années au combat, et qui s’engage dans la guerre avec enthousiasme pour la première fois, tout le monde s’est lancé dans la bataille du H1N1 avec fougue et énergie. Si seulement cela avait été une grippe très dangereuse ! Leur travail aurait été loué, admiré, à la hauteur des centaines de milliers de vies épargnées. Mais ce n’était pas H5N1…
    Dans la reflexion nécessaire suite à cet échec si coûteux, chacun devra se remettre en cause. Peut être que la réaction de la population aura finalement été la plus adaptée, pour des raisons variées même si elles étaient parfois très discutables.
    Tout ceci est essentiel, car en cas de menace virale grave, il faudra faire mieux. Et réussir à convaincre une opinion publique qui aura l’impression de s’être fait avoir lors de la grande pandémie de 2009…

  7. Je ne ferai pas de commentaire sur le pour ou le contre de la vaccination.
    Je trouve pourtant désolant qu’à ce jour tout le monde n’ait pas encore reçu sa convocation pour pouvoir se faire vacciner. En effet, j’ai 60 ans et je n’ai toujours rien reçu, de même qu’un de mes enfants qui fait pourtant partie des personnes fragiles (problème pulmonaire grave dans l’été) alors qu’un autre de mes enfants, âgé de 32 ans a reçu sa lettre voici une dizaine de jours.
    Que penser de cet état de fait ?

  8. En relisant les billets de Jean-Yves NAU et de Antoine FLAHAULT depuis leur premier article du 24 septembre, et en feuilletant les commentaires de ses fidèles contributeurs, Le Journal de la pandémie 2.0 aurait pu s’appeler « Chronique d’un ratage annoncé » ou même encore « Comment réussir à échouer un plan de santé publique ».

    Sous le titre « Un échec cuisant sur lequel il va falloir se pencher », Antoine FLAHAULT précise sa pensée :

    « Je suis d’accord cependant de reconnaître que la campagne des vaccinations a été un échec cuisant sur lequel il va falloir se pencher. » et plus loin il note amèrement :

    « Force est bien de constater que la population française s’est montrée réticente à suivre les recommandations préconisées. Ce qui se vérifie aussi dans la plupart des pays occidentaux. Il est trop tôt pour dresser le bilan de tout cela. Mais ce bilan sera bien évidemment fait un jour. Avec aujourd’hui ce constat : il n’est pas possible de vacciner en masse une population qui ne le souhaite pas. Pourquoi ? Il conviendra d’investir davantage dans les recherches multidisciplinaires qui nous permettront de comprendre un jour prochain pourquoi nos contemporains n’ont pas souhaités se protéger quand on leur a proposé. »

    Antoine FLAHAULT conclut son billet : « La suite, comme toujours est à écrire. Ensemble. »

    En reprenant la formule à succès des manuels ironiques du genre « Comment réussir à échouer… en 10 leçons », mes prochaines contributions prendront la forme de « leçons » : il ne s’agit bien sûr pas de donner des leçons aux autorités de santé, qui de toute manière n’en ont rien à faire, mais de tirer pour nous-mêmes des leçons de notre échec collectif.

    ► Leçon n° 1 : « Trop de pub pandémique nuit gravement à la santé »

    En entreprise — dans l’industrie ou dans les services — on sait bien qu’une publicité ratée peut « tuer » un produit, aussi bon soit-il. Et tous d’avoir en mémoire l’exemple célèbre de la publicité pour la Renault 14 :

    http://www.renault-14.net/publicite.htm

    Pour mémoire : En 1977, une campagne de publicité — créée par l’une des plus grandes agences de publicité — associe la forme de la Renault 14 à celle… d’une poire ! Quant on sait que nombre d’automobilistes s’identifient à leur voiture, on peut comprendre qu’ils n’aient pas voulu rouler en R14 pour ne pas passer pour… des poires ! Cette publicité a desservi la Renault 14 dont les ventes s’effondrèrent…

    Le site de l’INPES comporte de nombreux documents relatifs à la campagne de communication du plan de prévention de la pandémie

    Voici le spot le plus fameux diffusé quotidiennement et plusieurs fois par jour sur toutes les chaînes de télé :

    Diffusé du 25 août au 25 septembre sur les chaînes nationales, locales, câbles et satellites, ce spot, de 55 secondes, rappelle l’un des modes de diffusion du virus (propagation par voie aérienne) et les gestes barrière à mettre en œuvre. Il invite les personnes à appeler leur médecin traitant en cas de symptômes grippaux et à n’avoir recours au 15 qu’en cas d’urgence.

    Et voici le synopsis du spot TV (que l’on peut lire sur le site de l’INPES)

    « — Dans une salle de réunion, des collègues de travail discutent et s’échangent des documents. Des chiffres symbolisant des microbes flottent dans l’air et se déposent autour d’eux peu à peu sur le mobilier. Un homme éternue sans se couvrir la bouche et le nez, les chiffres se dispersent alors en grande quantité.
    — Ces images sont accompagnées d’une voix féminine disant :
    — « Un simple éternuement, c’est plusieurs milliers de microbes dispersés dans l’air. »
    — Ensuite, en même temps qu’elles apparaissent à l’écran, une voix masculine donne les informations suivantes :
    — « Face à la grippe, Grippe, des gestes simples pour limiter les risques de transmission : – Lavez-vous les mains plusieurs fois par jour avec du savon ou utilisez une solution hydro-alcoolique – Lorsque vous éternuez ou toussez, couvrez-vous la bouche et le nez avec votre manche ou un mouchoir à usage unique – Jetez vous mouchoirs usagés puis lavez-vous les mains – En cas de symptômes grippaux, appelez votre médecin traitant. Contactez le 15 uniquement en cas d’urgence.
    — Fondu blanc sur un écran blanc où apparaît la phrase « Les gestes de chacun font la santé de tous »
    — Fondu blanc et sur un dernier écran blanc apparaît le logo de la campagne « Stop aux virus de la grippe ». Le mot stop est en rouge et le reste de la phrase est en vert. Un virus arrive par la gauche avant de s’écraser sur la phrase qu’énonce la voix-off. En dessous, apparaissent les logos du Ministère chargé de la Santé et le logo de l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé. Enfin apparaissent les liens pour obtenir plus d’information : le site http://www.pandemie-grippale.gouv.fr et la plate-forme téléphonique Info Grippe 0825 302 302 ainsi que la mention 15 centimes d’euro la minute depuis un poste fixe. »

    Ce spot est techniquement parfait sur la forme mais terriblement anxiogène sur le fond avec ces chiffres symbolisant les microbes s’échappant de la bouche du grippé pour aller contaminer tout son entourage…

    Aucun d’entre-nous n’a pu échapper à ce spot et nous l’avons tous revu maintes et maintes fois. A force d’être répété inlassablement, un message peut devenir contre-productif et finir… par lasser et braquer l’auditoire. Sans parler de sa bande-son à hérisser le poil, de frayeur puis de colère.

    Avant d’être diffusé, ce spot a-t-il été testé auprès d’un panel de téléspectateurs ? Si non, pourquoi ? Si oui, quelles ont été leurs réactions ?

    A noter que les spots de l’INPES ont de suite fait l’objet de parodies (vidéos sur Dailymotion).

    A la question posée très vite : « Le gouvernement n’en ferait-il pas trop ? », on peut répondre qu’un spot de ce genre peut « tuer » un plan de prévention, comme une publicité ratée peut « tuer » un produit.

  9. merci pour vos précisions

  10. Article intéressant si ce n’est le parti pris de M. Flahault.
    Je tiens à préciser qu’au Etat Unis, les medecins travaillant sur le vaccin contre cette grippe ont exceptionnellement obtenu une immunité totale… En cas de pb, ils n’auraient pu être poursuivi. Je vous laisse apprécier l’innocuité certaine de ce produit. Et ce n’est pas le seul exemple… A force d’en faire trop et de ne pas agir de manière transparente, on se décrédibilise et c’est malheureusement ce qui s’est produit. Si les adjuvants étaient le pb, pourquoi ne pas avoir proposé le vaccin sans adjuvant à toute la population. Certes, il eu été peut être moins dosé, mais aurait tout de même été efficace…

  11. Débat de spécialiste intéressant.
    Je pense simplement que vous passez à côté de la vraie question. Pourquoi des médecins, le plus souvent sans compétence sur le sujet, ont refusé la vaccination?
    Le vrai débat est là. L’échec de la campagne de vaccination repose en grande partie sur les professionnels de santé.
    On a la preuve ici, qu’en cas de pandémie majeure, si on un état veut être rapide et efficace il doit faire deux choses.
    1. Rendre la vaccination obligatoire.
    2. Donner mission à l’armée de procéder aux vaccinations.

  12. A Bernard Guennebaud.
    Oui, c’est bien vu. Un gros couac honteux en Allemagne. A lui seul , via les infos, il a ou aurait pu déborder en France.

    Quant à la communication sur “les femmes enceintes, les enfants et des personnes ayant certains problèmes de santé ce sera des vaccins sans adjuvants”, il aurait peut être suffit de dire que contrairement aux autres catégories de la population , on n’avait aucun recul avec l’adjuvant au squalène sur ces catégories-là. cela aurait peut être été compris. Mais c’est déjà entrer dans la finesse, et la finesse ça repousse.

  13. Bonjour,

    espérons que cette faute excusable fasse l’objet d’une commission d’enquête.

    Ayant enquêté et analysé le déroulement de cette pandémie, je suis parvenu à tirer quelques conclusions philosophiques et si Jean-Yves Nau veux réaliser une modeste interview, qu’il n’hésite pas à me contacter

    bonnes fêtes

    BD

  14. La solution : rendre la vaccination obligatoire et mobiliser l’armée nous dit Franck !!!

    Et si cela provoquait une manif de 100 000 personnes devant le ministère ?
    Savez-vous qu’une circulaire de septembre prévoyait de rendre obligatoire la vaccination H1N1 pour les personnels militaires des gendarmeries et que ceux-ci ont fortement protesté et fait reculer le ministre. Voir leur craintes et colère sur un forum de gendarmes :

    http://gendarmes-en-colere.forum2discussion.net/gendarmes-et-citoyens-le-forum-principal-f1/la-vaccin-contre-le-virus-h1n1-sera-t-il-obligatoire-t16558-30.htm

    Voir aussi leur joie après le recul gouvernemental :

    http://www.unisfaceauvaccin.org/index.php/actualites/activisme/265-lobligation-vaccinale-pour-les-gendarmes-a-ete-levee-.html

    Quant on sait aussi que le syndicat de la magistrature a très vivement protesté contre les dispositions envisagées par le ministère de la justice à l’occasion de la pandémie et qui ont été catégoriquement refusées par le syndicat de la magistrature au point d’envoyer une lettre ouverte au Garde des Sceaux, lettre ouverte qui a été très largement reprise sur de nombreux sites, il ne faut pas croire que ce serait si facile de décréter une obligation :

    http://www.syndicat-magistrature.org/spip.php?article968

    Et avec les élections régionales à suivre…si la population est mécontente…

  15. YaKa rendre la vaccination obligatoire et mobiliser l’armée nous dit Frank !!!

    Et si cela provoquait une manif de 100 000 personnes devant le ministère ?
    Savez-vous qu’une circulaire de septembre prévoyait de rendre obligatoire la vaccination H1N1 pour les personnels militaires des gendarmeries et que ceux-ci ont fortement protesté et fait reculer le ministre.

    Quant on sait aussi que le syndicat de la magistrature a très vivement protesté contre les dispositions envisagées par le ministère de la justice à l’occasion de la pandémie et qui ont été catégoriquement refusées par le syndicat de la magistrature au point d’envoyer une lettre ouverte au Garde des Sceaux, lettre ouverte qui a été très largement reprise sur de nombreux sites, il ne faut pas croire que ce serait si facile de décréter une obligation :

  16. @ Franck qui propose :
    1) de rendre la vaccination obligatoire
    2) donner mission à l’armée de procéder aux vaccinations.

    1) Concernant la vaccination, et hormis la liste établie des vaccins obligatoires, la vaccination contre la grippe A H1N1 reste une démarche personnelle et volontaire car, sinon, son obligation contredirait à l’article 1111-4 du Code de la santé publique :

    « Article 1111-4. — Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. »

    Bien sûr, il est toujours possible de modifier le Code de la santé publique, en passant par une loi modificatrice mais, dans ce cas, le parlement devrait en débattre : les débats risqueraient d’être plutôt houleux alors que, traditionnellement, sur les autres questions de santé relatives aux droits des patients, la représentation nationale s’est toujours rassemblée dans un consensus unanime.

    2) Concernant l’appel à l’armée, le Service de santé des armées n’a plus vraiment de réserves, compte tenu que ses effectifs sont déjà soit employés dans les hôpitaux d’instruction des armées (HIA), soit déployés dans les opérations extérieures. Et justement, le ministère de la Défense recherche des volontaires médicaux et paramédicaux pour aller en Afghanistan, avec quelque difficulté paraît-il pour en trouver puisque les médecins et les infirmiers seraient pris pour cible en premier par les insurgés… C’est dire que le Service de santé des armées a d’autres soucis plus urgents et plus graves que d’aller tenir des permanences dans les centres de vaccination.

  17. […] exemple : le commentaire du blogueur canadien (Jean-Michel C.) est édifiant. Comment et pourquoi les autorités canadiennes sont-elles parvenues […]

  18. les analyses de ces deux éminents spécialistes enrichissent ma réflexion .J’ajouterais, que la non adhésion des Francais ce trouve,certainement, dans le catastrophisme du ministre de la sante qui a faussé le jugement de la population. Maintenant qu’elle est grillée a la télévision,on rajoute une couche avec Yves Calvi dans son émission CdansR et pour épuiser les stocks les entreprises pourront vacciner le personnel.

  19. toujours pas reçu le bon de vaccination!!! je crains que si H5N1 nous arrive les Français, fort de cette expérience de refus de vaccination, ne se fassent pas plus vacciner alors ??? catastrophe annoncée !!!! en attendant je prends le vaccin Lehning homéopathique sorti il y a 10 jours !!! pourquoi n’en parlez-vous pas ?? sorti avec des recherches plus longues j’ai + confiance mais je n’ai jamais fait de grippe de ma vie et j’ai 72 ans !! je pense cependant que la campagne d’hygiène permettra – de gastro!! à+

  20. […] tant de Canadiens, comparativement aux Français ? Ici un commentaire, sur ce blogue français consacré à la […]

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