Vaccination de proximité

Vaccins : les généralistes retournent leur veste !

Fin octobre on découvrait que près de la moitié des médecins généralistes français déclarent ne pas souhaiter se faire vacciner contre l’infection par le nouveau virus grippal H1N1 (Slate du 28 octobre). Mi novembre les Français apprennent que ces mêmes généralistes réclament de pouvoir vacciner leurs patients non pas dans les dispensaires publics prévus à cet effet mais bien dans le cadre de l’exercice libéral de leur cabinet. Une volte-face en deux semaines. Comment comprendre ?

On nous fera remarquer, non sans raisons, les failles d’un tel raccourci ; des failles de nature méthodologique et statistique. Les chiffres de la fin octobre émanaient d’un sondage  conduit sous l’égide de trois organisations qui ne sont en rien (bien au contraire!) contre la nouvelle vaccination anti grippale (1). Quant aux velléités vaccinales aujourd’hui exprimées par le corps des généralistes elles émanent de divers responsables syndicaux dont la représentativité, comme souvent en France, pose certes question. Il n’en reste pas moins vrai que l’on est bien ici confronté à une série de questions sanitaires stratégiques et fondamentales ; des questions qui dépassent de loin l’actuelle menace pandémique. De ce point de vue l’équation est éclairante, pour ne pas dire passionnante.

Résumons. Le sondage dont Slate.fr avait donné en avant-première, les résultats semblaient sans équivoque. Cette étude nationale avait été menée à partir de  3.530 réponses  de praticiens recueillies entre le 17 et le 27 octobre. Reprenons-en ici les principales conclusions :

  • En France aujourd’hui plus d’un médecin sur trois (36,8%) déclare ne pas vouloir se faire vacciner (33,4% chez les hospitaliers, 41,8% chez les libéraux).
  • Chez les opposants à la vaccination, ils sont 70,3% à redouter les possibles effets des «adjuvants» présents dans les vaccins.
  • 60% critiquent le principe de la double injection vaccinale devant être pratiquée à trois semaines d’intervalle.
  • Ils sont 71% de ce tiers de médecins à redouter les possibles complications vaccinales.

Ces mêmes résultats indiquaient en outre que près d’un quart des médecins volontaires pour se faire vacciner n’étaient pas décidés à prêcher la bonne parole immunisante.

En quelques jours le paysage a radicalement changé Au fur et à mesure que l’on prenait la mesure de la faible réponse collective aux propositions gouvernementales de vaccination (on pourra peut-être bientôt parler de fiasco) les organisations syndicales médicales sont montées en ligne.

L’affaire est aujourd’hui bien résumée par notre consoeur Sandrine Cabut dans les colonnes « Sciences-Médecine » du Figaro.

Extraits : « Exclus jusqu’ici du dispositif, les médecins de ville montent au créneau pour être autorisés à réaliser les injections dans leurs cabinets. ‘’Prétendre vacciner à large échelle en court-circuitant ceux qui connaissent le mieux les Français, les généralistes et les pédiatres, c’est prendre tous les risques d’un échec’’, s’insurge le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le principal syndicat de médecine libérale. Associée à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la CSMF demande instamment au gouvernement de rectifier le tir, en adaptant l’organisation de la vaccination. ‘’C’est une aberration que le protocole soit si compliqué. Plus il y a de réticences, plus il faudrait le simplifier, note pour sa part le Dr José Clavero, porte-parole de l’Union régionale des médecins libéraux d’Ile-de-France. Nos patients ont envie d’être vaccinés par quelqu’un qui les connaît, pas par un anonyme. Avec la proximité, il est plus facile de discuter et de convaincre’’. Le principal syndicat des médecins généralistes, MG France, est sur la même ligne. »

En substance : pourquoi ne pas nous nous avoir demandé de participer à l’effort vaccinal et national ? Solidarité véritable ? Corporatisme libéral intéressé ? Urgence sanitaire ou opportunisme ? Comment trancher ? Nous reviendrons bientôt (avec ou sans son aide) sur les propos que vient de tenir, ce 16 novembre sur RTL, le Pr Didier Houssin directeur général de la santé. L’organisation de la vaccination ? « Un enfer logistique !»

Jean-Yves Nau

(1) Il s’agissait de la Coordination médicale hospitalière (CMH) , du syndicat MG France, et du syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics  (SNAM HP) Parmi les responsables de cette initiative figurent les Dr François Aubart (Président de la CMH), Robert Cohen (professeur de pédiatrie), Olivier Goeau Brissonière (président de la FSM), Bruno Housset (professeur de pneumologie), Martial Olivier Koerhet (président de MG France), Bernard Régnier (professeur de réanimation médicale) et Roland Rymer (président du SNAM HP).

Réconcilier les Français avec la vaccination

Il y a quelques semaines, j’ai été invité par une dynamique Amicale de médecins libéraux d’une ville de banlieue parisienne pour échanger avec eux durant toute une soirée au sujet de cette pandémie. Il y avait aussi quelques pharmaciens. C’était précisément au moment où paraissaient les résultats de divers sondages concernant les réticences sur les professions de santé vis-à-vis de la vaccination en France. Les témoignages que j’ai pu recueillir m’ont conduit à des conclusions moins à l’emporte-pièce que ces résultats ne le suggéraient.

Ainsi, les médecins généralistes que j’ai rencontrés, dont on pourra toujours penser qu’ils n’étaient pas représentatifs de leur profession (ils étaient cependant presque tous présents, m’a assuré le président de l’Amicale), n’étaient pas particulièrement hostiles à la vaccination. En revanche, ils étaient unanimement mécontents de la façon dont elle avait été mise en place. Sans eux. Enfin, pas vraiment sans eux. Ils avaient été récemment convoqués par la mairie pour indiquer les heures de permanence qu’ils étaient prêts à assurer volontairement. Presque tous avaient répondu présent à l’appel civique. Mais en posant certaines conditions : ils souhaitaient notamment dans leur grande majorité que ces permanences s’effectuent après leur travail, entre 18h et 22h, entre midi et deux heures, ou le samedi après-midi. Ils pensaient d’ailleurs offrir des plages horaires de nature à satisfaire les personnes qui travaillaient elles-mêmes. Mais c’était sans compter sur les horaires des personnels de la mairie qui a unilatéralement décidé d’ouvrir aux strictes heures ouvrables les gymnases pour ces vaccinations : du lundi au vendredi de 9h à 12 et de 14h à 16h. Eh hop, réglé d’un coup. Ca ne s’invente pas.

Les médecins ont alors boudé, c’est vrai. Si ce sont eux que vous sondez, peu après, pour connaître leur sentiment sur le dispositif national mis en place, vous imaginez leur réaction. Ces médecins étaient plutôt civiques au départ, prêts à participer à l’effort collectif, à fermer un peu plus tôt leur cabinet pour aller vacciner puisque l’on refuse qu’ils fassent les mêmes gestes dans leurs cabinets. En revanche, ils étaient devenus très déterminés à attendre les réquisitions du préfet pour fermer leurs cabinets aux heures ouvrables compte-tenu du refus de toute écoute municipale.

Alors retournent-ils leurs vestes aujourd’hui ? Pas sûr. Peut-être disent-ils plus haut, ce qu’ils disaient entre eux dans leurs Amicales : « confiez-nous cette mission, et nous la ferons mieux que vous, vous verrez ! » Chiche ? Et si c’était vrai ? Si l’on confiait aux pharmaciens une partie de ces stocks si difficiles à écouler dans les gymnases municipaux et aux médecins généralistes la possibilité d’injecter ces vaccins, sereinement, dans leurs cabinets, peut-être inverserions-nous la tendance actuelle ? Peut-être pourrions-nous réconcilier les Français avec cette vaccination dont on a la chance qu’elle ait pu être disponible en un délai record ?

Antoine Flahault

18 commentaires pour “Vaccination de proximité”

  1. Bonjour,

    Professeur Flahault, votre proposition de placer le médecin généraliste au coeur du système vaccinal aurait sans doute reçu un echo plus favorable dans la population.

    C’est l’expérience que l’on peut tirer, me semble-t-il de la Grande Bretagne, d’après l’article du Figaro dont je mets le lien ci-dessous, où l’on apprend que :

    – “62 % des Américains n’ont pas l’intention de se faire vacciner en partie parce que le vaccin arrivera trop tard, mais aussi parce qu’ils ne sont pas sûrs de son innocuité”…

    -En Chine, les informations circulant sur Internet à propos de la vaccination ont forcé les autorités à publier un démenti formel. Ces informations ne sont donc pas une singularité typiquement française…

    – Surtout, en Grande-Bretagne, ” ce sont les médecins de famille qui servent de relais pour décider qui est prioritaire au sein de la population”

    Mais, pour ce faire, en France, il faudrait en quelque sorte rompre avec cette logique de guerre que j’ai déjà évoquée et qui a servi de prétexte communicationnel à nos autorités.

    Logique de guerre car :

    -la peur a été le véhicule essentiel de l’appel à la vaccination. Or, ce n’est pas un argument mais un appel au réflexe émotionnel, ce qui n’est jamais sain. Je note, par ailleurs, que les analyses du professeur Flahault, justes et honnêtes, n’ont pas cherché à véhiculer cette peur, à jouer sur la terreur, mais qu’elles ont très honnêtement expliqué les spécificités de cette grippe. Je voudrais faire remarquer aussi que les thèses conspirationnistes qui envahissent le net jouent elles-mêmes sur le même réflexe primitif qu’est la peur…

    -le plan de campagne massive de vaccination. Ce plan massif impliquait un recours à une organisation qui n’est pas sans rappeler le registre militaire et qui aurait été plus cohérent à mon sens, face à une pandémie de type H5N1, hautement pathogène, à fort taux de létalité, mais qui aurait nécessité aussi un plan drastique de fermeture d’écoles et de lieux publics, ou de mise en quarantaine réelle de tous ceux qui venaient de la zone géographique (le point 0 !), le Mexique, qui fut à priori le lieu de départ de la maladie. L’économie en aurait souffert : mais le plan de guerre se serait justifié dans ce cas. Pourquoi donc jouer encore sur les mêmes réflexes de peur et mettre en avant les gigantesques moyens déployés pour l’organisation d’une telle campagne vaccinale massive. Je parlais du choix des mots, tout à l’heure, en réponse à un autre commentaire, or , le choix de l’adjectif “massif” n’était pas sans rappeler le registre des “armes de destruction”. Ce n’est pas fortuit, ce n’est pas anodin.

    Alors “froideur et incohérence administratives” versus “confiance et intimité du médecin traitant” : qui aurait pu l’emporter dans le coeur des Français ?

    Loon

  2. Logique de guerre ?

    Oui et c’est bien le problème. Quand vous consultez le plan pandémie il est placé sous le sigle de la Défense nationale. La Patrie en danger donc, avec l’esprit mobilisation générale, la gestion de la crise et de la campagne vaccinale par le ministère de l’Intérieur… Au début le ministre de l’Intérieur présidait les conférences de presse sur le sujet, maintenant il ne vient plus. Sans doute le gouvernement a-t-il réalisé que cela faisait peur, indépendamment de la personnalité de ce ministre.

    Les médecins de ville ont été écartés pour le motif avancé des multidoses mais il y a aussi, et peut-être surtout, que pandémie rime avec des malades et des morts partout, des médecins débordés pour les soigner et donc dans l’impossibilité de vacciner la population. ”Ils” testent actuellement le plan pandémie en préparation forcée depuis 4 ans. Mais la pandémie, au sens fort du terme, tarde à se manifester.

    Il y a ainsi une distorsion majeure entre le vécu et l’imaginé. C’est sans doute cette distorsion que nos concitoyens ressentent plus ou moins confusément mais même s’ils avaient du mal à l’expliciter ils la ressentent.

    Ceci dit je ne vois pas bien où est le retournement de veste des médecins quand, après avoir dit qu’ils ne voulaient pas SE faire vacciner, se disent prêts à vacciner LA population. D’un côté le candidat à la vaccination qui s’y refuse; de l’autre celui qui postule pour vacciner les autre. Ce n’est pas le même problème !

  3. Médecin de ville, médecin généraliste, ça suffit ?

    Je ne lis pas Médecin De Famille, où je lis trop vite ?

    Oui je parle de celui qui vous connait depuis longtemps, qui soigne vos enfants, vous et votre femme, qui sait ce qui est bon ou mauvais pour vous sans faire trop d’examens, qui maintient en bonne santé toute la famille.

  4. Blouse Blanche contre rond-de-cuir : soldats de la bêtise politique :

    Alors que les centres de vaccination sont quasi-vides, pourquoi s’obstiner à maintenir un calendrier avec un bon de la CPAM ?

    Pour éviter les files, ok, mais au moins, faire un calendrier souple.

    Avançons la vaccination des enfants, comme pratiquée dans d’autres pays, même sans bon, une carte d’identité suffit pour prouver qu’ils sont bien des enfants.
    Problème de lunettes pour certains ou trafic de carte d’identité pour d’autres. On peut toujours placer un bon videur en uniforme pour chasser les Mimi Mati qui essayeraient de frauder.

    Alors qu’on se plaint qu’il n’y a pas assez de candidats au vaccin.

    Les horaires d’ouvertures : sans commentaire, Oui c’est sûr les Médecins de famille feront beaucoup mieux et sans se forcer.
    Si j’en juge aux résultats de ma région l’Alsace, il est sûr que beaucoup de vaccins seront jetés à la poubelle dans les centres de vaccination, si le gouvernement ne se dote pas d’une politique plus adaptée.

    Une semaine de retard pour la vaccination infantile, qui pourrait être évité en une seule petite déclaration du gouvernement, Je voudrai bien savoir ce que cela pourrait donner en termes juridiques, s’il y a des décès à cause de ces indécisions, une fois la crise passée.

  5. Oui Kp vous avez raison ! Il faut le médecin de FAMILLE!
    Et celui de Maison de Retraite ? C’est là qu’il y aura le plus de morts !!!!!!!!!

  6. Bonjour,
    Effectivement après avoir discuté avec quelques personnes proches et moins proches,toutes semblaient mécomprendre le fait qu’il faille aller dans un centre de vaccination plutôt que chez son médecin ,pour cette injection;
    D’autre part,il me paraissait plus simple,que puisque les Français ne se bousculaient pas au portillon des centres,l’on revoit la façon de procéder: càd laisser ceux qui sont prêt à se faire vacciner,s’y présenter! y aurait il bousculade?ce n’est pas sûr.
    J’ai ,pour finir, une question qui me turlupine: elle est en peu en dehors du sujet du jour!

    J’avais lu que le virus H1N1 “supplanterait” les virus de la grippe saisonnière?Mais par quel processus?
    Merci.

  7. Ben Papillon c’est simple:

    Grace à la collusion des syndicats de généralistes qui ont dit qu’ils étaient contre le vaccin pour s’enrichir à le faire maintenant, des labos qui ont conçu en laboratoire ce nouveau virus qui tue les autres virus avec la complicité des services secrets americains et chinois, avec l’intervention des francs-maçons et du Vatican, il a été répandu par épandage aérien à l’insu des compagnies aériennes après des tests sur des furets de course en Autriche, et sur les enfants ukrainiens donnés à manger dans les piscines aux requins pour la production de squalène. Tout ce beau monde reverse l’argent au gouvernement dans un compte bloqué aux Iles Crocodile.

    Sérieusement
    Je ne sais pas mais je me demande si le mécanisme n’est pas celui-ci:

    Lors d’une infection virale, il y a plusieurs réponses d’un organisme vierge.

    Les premières sont des réactions immunitaires non spécifiques du virus en question et comportent entre autres la sécrétion d’interféron et autres substances de l’inflammation (cytokines et autres noms molieresques).

    Pendant la période d’infection par ce virus, la présence des réponses non spécifiques (ce qui veut dire actives contre plusieurs espèces de virus) va en quelque sorte interdire l’accès d’autre virus au sujet infecté.

    Car pour qu’une infection “prenne” , il faut un inoculum suffisant , c’est à dire une quantité de virus suffisante, et un terrain en paix.

    Car que se passe -t-il lors d’une infection , hein ?

    Pierre Bellemare-o’Connor vous explique:

    La petite colonne de virus respiratoire syncitial ou de virus de la grippe A H1N1 2007 Brisbane qui vous est aimablement postillonée dans le métro a 2 possibilités:

    1- Elle est en contact avec vos muqueuses:

    1-1- Vos êtes immunisés par une infection préalable au-dit virus:

    1-1-0- la colonne se heurte a un premier rang de défenses non spécifiques.

    1-1-1- les muqueuses sont équipées d’anticorps spécifiques Ig A ou qui en empêchent la pénétration (je simplifie, parce qu’il y a une phase de recrutement et remise en production des igA). Plus ou moins parce que il n’y a pas des foules d’anticorps IgA spécifiques par mm2 de muqueuse. Il y aura une remise en prodiction de ces IgA et un redéploiement dans les muqueuses après la phase suivante.

    1-1-2- certains commandos de virus pénètrent les tissus et le sang, ils y rencontrent quelques cellules de l’immunité dites cellules-mémoire, des physionomistes qui les reconnaissent et déclenchent la production de cellules compétentes et d’anticorps. Lorsqu’il y a une mémoire immunitaire de ce virus, la production d’anticorps est explosive et rapide ça ne prend pas 2 à 3 semaines comme la première fois ou avec le vaccin. Différents anticorps passent en circulation: Ig-G, IgM et igA en particulier, les IgA se déploient à la surface des muqueuses, ce qui tombe bien quand il s’agit de virus qui attaque les muqueuses respiratoires, digestives, ou autres. Des cellules immunitaires spécifiquement dirigées contre ce virus sont mises en circulation dans le sang, et se positionnent dans les tissus (poumons, peau, partout.

    1-2-3- Le virus qui a commencé à coloniser quelques cellules et à se multiplier est pris de vitesse par la réponse immuitaire qui soit élimine le virus soit élimine le virus et les cellules qu’il a colonisé, mais comme il y en a encore peu, ça ne se ressent pas. Défaite du virus, en général.

    1-2- Vos n’êtes pas immunisé par une infection préalable au-dit virus:

    1-2-0- la colonne se heurte a un premier rang de défenses non spécifiques. une reaction inflammatoire commence

    1-2-1- les muqueuses sont franchies et éventuellement infectées plus ou moins détruites, agressée.

    1-2-2- certains commandos de virus pénètrent les tissus et le sang, ils y rencontrent aucune cellules-mémoire, le virus se répand comme les grecs dans Troie, il n’est pas en nombre mais contrairement aux grecs, il se dissémine dans l’organisme et commence à se multiplier là ou sa nauture lui permet de le faire. Pour la grippe : tissus et muqueuse respiratoires. Il diffuse dans le sang, commence à faire ses dégâts et à se multiplier. Comme il n’y a de mémoire immunitaire de ce virus, la production d’anticorps est tardive et lente . Différents anticorps sont produits et passent en circulation: Ig-G, IgM et igA en particulier, les IgA se déploient à la surface des muqueuses, ce qui tombe bien car il s’agit de virus qui attaque les muqueuses respiratoires, digestives, ou autres. Des cellules immunitaires spécifiquement dirigées contre ce virus sont lentement mises en circulation dans le sang, et se positionnent dans les tissus (poumons, peau, partout). La réaction inflammatoire se développe mais c’est la guerre, il y a des morts des 2 côtés. Le virus est contenu et commence à reculer , dans les bons cas, la récation infammatoire tire indistaincetment , il y a des victimes de “friendly fire” , il faut détruire parfois des cellules respiratoires qui contiennent du virus. Incendies, fièvre courbatures (toutes ces substances chimiques contre le virus sont toxiques) et dans les bons cas, on vient à bout du virus, dans les mauvais cas c’est Blücher qu’on attendait et il est en retard, ce con, on meurt, ou encore, Blucher est à l’heure mais surarmé, ce con, il bombarde trop indistinctement : c’est l’orage cytokinique qui détruit les poumons. La réanimation suppléera aux poumons et à d’autres détails (circulation, etc…) le temps que soit l’orage cytokinique s’arrête, soit le sujet meure de l’inflammation , de la destruction des cellules par le virus, ou d’une complication du traitement.

    Et là est la réponse: vous êtes en pleine bataille contre le virus X.
    Voilà t-il pas que l’on vous repostillonne en pleine poire une poignée de virus Y: la colonne de virus Y se glisse subrepticement dans vos voies respiratoires, passe en douce la muqueuse mais arrivée à l’intérieur , c’est Dresde sous les bombes anglaises, Beyrouth, Verdun, Baghdad, forte réaction infammatoire , circulation de substances antivirales contre virus X dont la colonne Y se gausse, mais aussi de substances non spécifiques, pas très actives mais en grande quantité et qui neutralisent et éliminent les virus Y qui se sont pointés à la mauvaise heure.

    Et plus il y a de malades infectés par X, autant de cibles inaccessibles pendant plusieurs jours au virus Y.

    Ce qui fait que le virus majoritaire voit sa part de marché augmenter.

    Il est majoritaire au départ par le hasard des contacts avec des sujets non immunisés.

  8. @ Mr Babaorom,

    Merci pour vos explications.

  9. J’aime bien la réponse de Babaorum, il pourrait être prof d’immunologie en faculté de médecine, il passionnerait ses étudiants, c’est un petit billet d’anthologie qu’il a rédigé là : bravo ! grand prix d’honneur du blog de la pandémie (à l’unanimité du jury). Et surtout merci, nous rédigeons bien ce blog à plusieurs mains désormais, et cela nous enthousiasme beaucoup.

    J’ai un complément épidémiologique à la question de Papillon. Historique aussi, et pour commencer : dans les cahiers de laboratoire de l’Institut Pasteur, en janvier 1969, au milieu de la pandémie de 1968-69, il n’y avait plus d’identification rapportée de virus H2N2 (virus pandémique de 1957 devenu saisonnier entre temps) mais le nouveau venu, H3N2 (pandémie de Hong Kong) avait désormais complètement supplanté le sous-type précédent. La lutte compétitive entre la nouvelle souche qui trouve dans la population un terrain de chasse vierge sur le plan immunitaire, cette lutte est très inégale vis-à-vis des souches saisonnières qui s’usent depuis 40 ans à renouveler leur attirail protéinique (protéines de surface H et N) par de subtiles mutations génétiques qui leur permettent de se faufiler dans de nouveaux espaces. La population est moins bien immunisée contre une souche ayant un peu mutée mais pas au point d’être vierge de toute immunité comme dans le cas d’une nouvelle souche pandémique. Ces petits changements saisonniers expliquent les modifications de la composition du vaccin anti-grippal chaque année qui doit s’adapter pour mieux les contrer à ces changements antigéniques du virus. De cette lutte inégale, en faveur de la diffusion de la nouvelle souche pandémique dans l’humanité, le nouveau virus sort vainqueur. Ce fut le cas en 1918, en 1957, en 1968, et l’on pouvait prévoir que ce serait le cas pour cette pandémie. C’est d’ailleurs un argument de plus pour penser que l’immunité des personnes âgées vis-à-vis du H1N1pdm révélée par des tests biologiques (présence d’anticorps) n’est peut-être pas si efficace que cela dans la pratique, si elle ne permet pas aux vieux virus saisonniers de subsister dans ces poches de résistances qu’auraient pu constituer les personnes âgées immunisées contre H1N1pdm. A suivre, car l’hiver n’est pas fini. Mais partout dans le monde, la population H3N2 et H1N1 saisonnier sont en voie d’extinction rapide. C’est même un phénomène passionnant à observer. Pardonnez certains antropomorphismes de ma part, dans l’élan didactique de Babaorum, mais sans son brio astérixien !

  10. […] Troisième et forte fébricule automnale: celle qui affecte les médecins généralistes par définition quotidiennement confrontés à une épidémie grippale d’intensité croissante. Souvenons nous: fin octobre on découvrait que près de la moitié des médecins généralistes français déclarent ne pas souhaiter se faire vacciner contre l’infection par le nouveau virus grippal H1N1. Mi novembre les Français apprennent que ces mêmes généralistes réclament de pouvoir vacciner leurs patients non pas dans les dispensaires publics prévus à cet effet mais bien dans le cadre de l’exercice libéral de leur cabinet. Une volte-face en deux semaines? […]

  11. Merci à Mr Flahault également! A chacun sa façon.
    J’entrevois d’autres questions,mais je vais y réfléchir avant.

  12. SCANDALISE je suis.

    Alors aujiourd’hui, je sujis allé accompagner 2 jeunes femmes à leur centre. Je ne dis pas les détails, je ne dis pas où.

    Arrivons 15 minutes avant fermeture.

    Accueillis par charmante dame à l’extérieur du centre: désolée je refoule les candidats depuis presque 3 heures , on en a encore pour 2 heures à vacciner ceux qui sont dedans.

    On n’a pas assez de médecins.

    …. mais au fait je suis médecin je peux aider … oui dit la dame .. mais je peux vacciner ces 2 jeunes femmes , demandé-je ? , je ne vais pas faire de chantage ceci dit… (je crois qu’une fois m’être déclaré je me serais senti obligé de rester même si on le les prenait pas, mon côté bon samaritain athée ou bonne poire) oui oui entrez (j’ai ma carte professionnelle à jour).

    On voit le chef de centre qui est charmant mais embêté, je le comprends , il a déja pris un deuxième médecin non prévu il est complètement hors la loi il est désolé mais il ne peut pas, sous la pression de la hiérachie (préfecture il me semble) .

    C’est pas complètement c… cette organisation par les ronds de cuirs d’en haut qui découragent les bonnes volontés d’en bas ?

    J’aurais pu écouler un petit paquets de candidat(e)s qui donc ne seront pas vacciné(e)s.

    Et je répète mon leit motiv : dans le 92: 1 jours de vaccination par semaine seulement !!!
    5h30 + 2h30 de vaccination par semaine. DE QUI SE MOQUE t-ON ?

    AU fou ! au fou !

    Je suis un peu véner aujourd’hui.

  13. Merci Babaorum de votre objectivité !
    Si a la place du H1N1 on avait un mutant ? et bien même scénario avec en plus l’armée…pas celle du salut !
    Et vive la campagne de vaccination de masse.

  14. Oui Babaorum, Jean Rabat.
    On est dans une triste connerie actuellement ici aussi en Alsace, Bachelot a frappé : plus de vaccination sans bon, avant on pouvait, mais sans le dire tant qu’il n’y avait pas trop de candidats au vaccin.

    Les lois parigos doivent s’appliquer au bas peuple de la province !
    Allez Jacques t’a 1 esse(tennis) (Baba me corrigera je sais maintenant qu’il est doué en Latin)

  15. Bonjour,

    Toujours pas de bons à signer ,ici bas, pour les enfants,collègiens et lycéens! alors que j’entends que la campagne commence pour eux.
    Je téléphone ce matin:le lycée,et le collège ne peuvent me renseigner:l’accueil me répond que Rien n’est prévu pour l’instant???je suis sidérée!Est ce le fait du privé? on me répond que non.
    Allons bon!

  16. MARRE DU MEDIALAB DE CECILE. Y a t-il un pilote dans l’avion ???????????????????????

  17. Bonjour,
    Dans la série nos amis les ronds de cuirs …
    Discussion 30 à 40 fois par jour avec les patients sur l’intérêt de se faire vacciner mais … les horaires des centres de vaccination ne figurent pas sur les bons de la cpam ! Des heures d’ouverture limitées ne tenant pas compte des contra_intes sociales de la population ! Des patients à risque qui n’ont pas à ce jour reçu leur convocation (alors on leur dit d’y aller quand même et de faire le forcing) .. mais quand on a 75 ans , qu’on habite à la campagne et qu’on est insuffisant respiratoire … on dépend de l’autre, l’ami , le parent qui travaille souvent et ne peut vous y emmener pendant les heures d’ouverture ! ET puis on ose pas y aller car ca ne se fait aps de forcer une porte …
    Et ces gens isolés dans nos campagnes dont la visite du médecin constitue une des rares visites du mois …

    Mon ego se fout que le gouvernement me croît trop C.. pour utiliser un conditionnement multidose ou pour vacciner dans mon cabinet ou en visite à domicile !

    Le fond du problème c’est qu’il va y avoir des oubliés dans l’histoire et qu’une fois de plus ce sont les plus fragiles socialement (médicalement aussi car ca va souvent de pair) qui vont trinquer !

    ET quand on sait qu’il n’y aura pas de deuxième convocation , qu’il m’a été confirmé qu’iol ne nous sera pas possible de precrire des bons de transport pour les malades les plus fragiles … Le rouleau compresseur de l’administration !

    ET puis si on parlait de la prescription des antiviraux uniquement hospitalière pour les moins de 40 kg : j’ai du envoyer une enfant asthmatique grippée sans complication au Service des urgences le plus proche pour avoir la prescription chez cette enfant à risque: c’est sa mère enceinte de 5 mois qui a du l’emmener parce que personne d’autre ne le pouvait ! lors j’ai triché , je lui ai donné un de mes masques ffp2 (et une prescription d’antivirale pour elle car dieu merci elle fait plus de 40 kg).
    Le règne de la connerie administrative dans toute sa beauté …
    Un médecin de campagne

  18. Better02 bienvenue

    effectivement on est dans le délire

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