La fréquence de ces syndromes de détresse respiratoires aigus dus à la grippe A(H1N1) représentera l’un des principaux enjeux de cette pandémie dans l’hémisphère Nord. De deux choses l’une. Soit la vague attendue cet automne-hiver est d’une ampleur similaire à celle de l’hémisphère Sud, avec des taux d’attaque de grippe clinique (formes symptomatiques de l’infection) de l’ordre de 10%, ou inférieurs (sauf en Nouvelle Calédonie qui a enregistré l’un des plus fort taux d’attaque du Pacifique avec 16% de la population malade). Dans ce cas les digues tiendront très vraisemblablement et l’on saura faire face dans l’hémisphère Nord comme en Nouvelle-Zélande, en Australie, à La Réunion ou en Nouvelle-Calédonie, où l’on a su résister à la vague et à ses conséquences.
En revanche si les taux d’attaque devaient être supérieurs (du double par exemple de ceux enregistrés dans le sud pendant leur hiver austral) alors les services de santé de nos pays pourraient être durement éprouvés. On pourrait manquer de réanimateurs, de lits de réanimation, de ventilateurs et d’appareils permettant l’ECMO, cette oxygénation par circulation extra-corporelle permettant de passer le cap de la « noyade » interne due à l’infection virale pulmonaire massive.
La charge émotionnelle provoquée par la connaissance (aujourd’hui quasi en temps réel des décès chez de jeunes adultes auparavant en pleine santé) sera particulièrement forte. Elle pourrait être de nature à -sinon renverser- du moins atténuer les craintes de certains et notamment des personnels de santé, vis-à-vis des risques liés au vaccin. Dans tous les cas, on comprend aujourd’hui que la fréquence de ces SDRA sera très supérieure à celle observée lors des grippes saisonnières passées ; et ce même si la vague devait être d’ampleur comparable, c’est-à-dire du niveau de celle observée dans l’hémisphère Sud.
On peut penser que cette première vague pandémique dans l’hémisphère Sud a-t-elle été limitée grâce à l’efficacité des mesures de contrôle et de prévention ; ou plus probablement en raison d’un « ensemencement » par le virus trop récent dans la population pour permettre (en une courte saison) le déploiement de l’épidémie (comme les scénarios issus des modèles mathématiques publiés ces derniers mois le laissaient supposer).
Et puis cette nouvelle : une publication du 29 septembre 2009 du Morbidity and Mortality Weekly Report (la revue des Centers for Diseases Control and Prevention d’Atlanta aux USA) rapporte, pour la première fois, des comptes-rendus d’autopsie de 77 personnes décédées après infection par le virus de la grippe pandémique A(H1N1) chez lesquelles dans près d’un tiers des cas il a été retrouvée une surinfection bactérienne concomitante (due à pneumocoque dans la moitié des cas) de nature à avoir causé la mort. Cette publication est importante, car on pensait jusqu’à présent que les pneumonies à pneumocoques n’étaient pas fréquentes avec ce virus pandémique ; et ce alors que l’on sait d’autre part aujourd’hui qu’elles ont été la cause probable d’une grande partie de la mortalité de la grippe « espagnole » de 1918-1919. D’évolution souvent très rapide, ces infections bactériennes fulminantes constitueront probablement aussi l’une des préoccupations majeures des médecins confrontés aux complications de cette grippe pandémique. Elles soulèveront peut-être aussi bientôt la question de la vaccination contre le pneumocoque chez les personnes identifiées comme étant à risque.
bien sur mais savez vous qu’il y a actuellement une pénurie de PNEUMO 23 donc toute prévention de surinfection est impossible!