Le gouvernement est confronté à une résistance vaccinale qu’il n’avait pas anticipée
A-t-on jamais vu, en France, une situation à ce point paradoxale dans l’histoire de la médecine et de la santé publique ? Résumons. Une pandémie grippale est annoncée depuis près de cinq mois. A Paris comme dans de nombreuses autres capitales des pays industriels les autorités sanitaires réactivent un plan de lutte contre une autre pandémie d’origine aviaire ; une pandémie potentiellement redoutable, mais qui fort heureusement est pour l’heure restée dans les limbes. Le gouvernement de François Fillon décide placer la barre préventive le plus haut possible et, notamment, de passer commande (pour environ un milliard d’euros) de près de cent millions de doses du futur vaccin contre l’infection causée par le nouveau virus A(H1N1). Objectif : disposer coûte que coûte d’un stock qui permettra, au total, de pouvoir immuniser la totalité de la population française.
Les multinationales concernées se lancent dans une course-poursuite sans précédent pour livrer au plus tôt l’outil protecteur en France comme dans tous les pays industriels qui, en urgence, leur en ont fait la demande. Dans l’Hexagone, à la demande des pouvoirs publics des dizaines d’éminents spécialistes se réunissent durant des jours et des nuits pour savoir qui pourra être vacciné en priorité. Conclaves successifs pour concilier au mieux santé publique, organisation sociale et principes éthiques.
Nous vécûmes l’été à ce rythme. Puis nous voici désormais fin septembre ; ces millions de doses vaccinales vont sous peu commencer à être livrées, de multiples centres spécialisés dans cette vaccination spécifiques vont devoir bientôt sortir de terre. Puis, brutalement ce tout récent sondage de l’Ifop selon lequel seul un Français sur deux (55%), déclare avoir l’intention de se faire vacciner contre la nouvelle grippe. Plus précisément seuls 29% expliquent qu’ils se « soumettront certainement » à cette prochaine vaccination. Et, sans doute plus étonnant encore : ces proportions sont respectivement de 61% et 38% chez les médecins généralistes ?
Un sondage Ifop-« le Quotidien du Médecin » confirme les réticences des médecins exerçant dans le secteur libéral : 46 % d’entre eux n’envisagent pas de se vacciner quand 52 % indiquent qu’ils seront prêts, le moment venu, à le faire. Un généraliste sur deux réticent à l’immunisation, en somme. Pourquoi pas plus ? Que répondront tous les praticiens choisissant de ne pas se faire vacciner à leurs patients qui leur demanderont conseil ? D’autres sondages (TNS Sofres/Logica pour Europe 1) évoquent 65% de refus potentiels à la vaccination dans la population générale.
Quels que soient les proportions exactes de refus et d’acceptation le fait est là : il existe en France une forme de résistance collective potentielle à la vaccination sur laquelle le pouvoir public n’avait pas tablé. Cette situation à la fois inédite et largement problématique fait que l’on phosphore aujourd’hui à très forte doses dans les hautes sphères sanitaires et gouvernementales françaises. Questions, au choix. A-t-on eu raison d’effectuer de telles commandes vaccinales ? Avait-on pris le pouls de l’opinion avant de prendre cette décision ? Si oui qui l’a pris ? Si non, pourquoi ? N’aurait-il pas été plus judicieux de patienter ? Fallait-il laisser à chacun la liberté d’agir ? Aurait-on dû au contraire imposer coûte que coûte une obligation vaccinale aux professionnels de santé dont on estime (à juste titre) qu’il convient des protéger pour eux-mêmes autant que pour ceux qu’ils sont amener à prendre en charge ?
Convaincre en somme, faute d’avoir imposé. François Fillon, il y a quelques jours, à l’issue d’un conseil interministériel consacré à ce sujet : « Je veux rappeler que la vaccination [contre la grippe A(H1N1] n’est pas obligatoire, mais je fais appel à la responsabilité de chacun, et notamment, parce que c’est le plus important, à celle des personnels de santé. Nous avons besoin d’eux pour protéger l’ensemble des Français, nous avons donc besoin, naturellement, qu’ils soient vaccinés. »
« Nous » avons besoin d’eux, certes ; mais si « eux » ne répondent pas présents ? En viendra-t-on (les textes existent) à l’injonction vaccinale ? Sans doute pour mieux se faire comprendre M. Fillon a redit quelles étaient ici les priorités énoncées dans les recommandations du Haut Conseil de santé publique (HCSP) ) : « Le principe est simple, a-t-il insisté : les personnes prioritaires sont les personnes les plus vulnérables et ce sont les personnels de santé, parce que c’est naturellement sur eux que repose la santé de tous les autres. » Plus précisément encore « prioritaires parmi les prioritaires » : les personnels de santé de réanimation, néonatale et pédiatrique, puis les personnels médical, paramédical et aide-soignant des établissements de santé, ainsi que les médecins et infirmiers exposés à des personnes infectées par le nouveau virus grippal.
Tout devrait ici être calé sur les volumes des livraisons progressives des doses vaccinales. Viendront ensuite les femmes enceintes puis les personnes de « l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois », les professionnels chargés de l’accueil de la petite enfance, les nourrissons de 6-23 mois avec facteur de risque, les sujets de 2 à 64 ans avec facteur de risque. Puis dans le grand ordonnancement jacobin, sanitaire et républicain : les autres professionnels de santé, les nourrissons de 6-23 mois sans facteur de risque, les personnels d’accueil des pharmacies, des personnels des établissements médico-sociaux. Enfin (vers le printemps ?) les personnes de plus de 65 ans avec facteur de risque, les 2-18 ans sans facteur de risque et, pour finir (vers le prochain automne ?) les personnes âgées de plus de 18 ans sans facteur de risque.
Tout cela est bel et beau mais repose, répétons-nous, sur le volontariat. Comment s’adaptera-t-on à la désaffection, désormais hautement prévisible, d’une fraction nullement négligeable des professionnels sanitaires officiellement désignés ? Ministre de la santé chaque jour un peu plus confirmée –grâce à cette pandémie- dans ses fonctions Roselyne Bachelot ne cesse de rassurer : la technologie des vaccins est bien connue et les vaccins qui seront proposés auront « évidemment satisfait à toutes les procédures de sécurité ». L’OMS s’inscrit dans la même démarche incitatrice et rassurante, expliquant que « les résultats des essais réalisés à cette date suggèrent que le vaccin pandémique est aussi sûr que les vaccins contre la grippe saisonnière, avec des effets secondaires « similaires ». Mais qui aujourd’hui, sur fond d’anxiété diffuse et collective, est capable de préciser ce que sont ces « effets secondaires ».
Pour le reste la suite est d’ores et déjà annoncée. La France disposera sous peu d’environ un million de doses anti-A(H1N1), la multinationale britannique GlaxoSmithKline (GSK) ayant obtenu de l’agence européenne des médicaments les premières autorisations lui de commercialiser son vaccin. Devraient ensuite arriver sur le marché les premières des 16 millions de doses commandées à Novartis. Plus précisément la France devrait disposer vers le 9 octobre de 1 à 1,2 million de doses de vaccins de GSK, les premières livraisons de Novartis dans l’Hexagone étant programmées fin octobre/début novembre. Les autres multinationales à qui la France a passé des commandes (Sanofi-Pasteur pour 28 millions de doses et Baxter) n’ont pas encore, pour diverses raisons, reçu l’aval des autorités européennes.
Quel usage précis sera fait de cette armada vaccinale sans précédent dans l’histoire de la grippe ? Un premier élément de réponse nous est fourni par l’Ifop : « Malgré un discours médiatique anxiogène, la population française n’est pas gagnée par la peur de l’épidémie, nous assure l’Ifop. En juillet 2009, seuls 35% des Français se déclaraient inquiets. Le niveau d’inquiétude tend à décroître au fil des mois, en s’établissant à 32% en septembre, preuve que l’annonce des décès dus à la maladie (…) ne déclenche pas de crainte particulière au sein de la population hexagonale. A titre de comparaison, celle-ci ne se montre guère plus inquiète que lors de l’épidémie de grippe aviaire en 2006 ».
Dans le même temps la menace de la grippe A(H1N1) est bel et bien devenue le premier sujet de conversation des Français, 80% d’entre eux l’ayant d’ores et déjà évoqué avec leurs proches. Faut-il y voir un paradoxe ? Faut-il se souvenir (avant de la rappeler aux plus jeunes d’entre nous) de la fameuse histoire d’un certain Pierre ; d’un certain Pierre et –dit-on- d’un certain loup ?
il y a de quoi hésiter quand meme :
il y a pas mal de rumeurs qui circulent sur le net concernant ce vaccin : préparé à la hate, avec des effets secondaires potentiels, avec une AMM incroyablement courte (le vaccin a t’il été suffisament testé ?), avec des “additifs” mystérieux ,etc, etc
en face de ca : une grippe semble t’il plutot anodine dans ses conséquences (fièvre de 39 degrés et ca se soigne avec du paracétamol, parait il )
entre le danger d’un vaccin nouveau (et les dangers sont peut etre moin anodins que la maladie elle-meme), et une petite fièvre qui se soigne au paracétamol, moi je préfère attraper SUREMENT cette grippe qu’une maladie PEUT ETRE très grave due au vaccin lui meme.
Chers amis,
votre titre perdrait certes un peu en sensationnel
mais aurait bien meilleure tenue s’il précisait :
“allergique – à l’idée du – vaccin”.
Est-il vraiment nécessaire d’en rajouter
en matière de croyance au lieu de savoir ?
Vous-mêmes êtes doctes, à double titre,
et avez le droit de discuter du bien fondé
de la démarche vaccinale entreprise
en ce cas précis sans pour autant
décrédibiliser le principe vaccinal.
A moins d’appporter des éléments.
Vous savez bien aussi que dans le domaine
de la santé et la connaissance, trop de charlatans
sont aux aguets du moindre prétexte pour affermir
leur emprise sur des esprits perméables
pour ne pas leur opposer rempart de vos plumes
en vous exprimant avec mesure.
Paramédicalement.
LA FRANCE COUPEE EN DEUX !
Et oui ! Face au vaccin la France est coupée en deux ! Comme pour une élection présidentielle. On est, mutatis mutandis, en pleine campagne électorale et l’on sait, par expérience, ce que valent les arguments en ces périodes…
Hier dans un petit village du Sud (de la France) deux retraités, dans la fleur de l’âge, discutent de cela, en Occitan, devant un verre de pastis. Je traduis de mon mieux.
X : Ce n’est qu’une grippette, à peine 4000 morts dans le monde et en France moins qu’aux Télécom !
Y : Oui mais…cette grippette comme tu dis à tort, tue les jeunes en bonne santé : 1 sur 10000 malades. Alors s’il y a 30% de gens grippés tu vois l’hécatombe, comme en 14-18 (la guerre, pas la grippe espagnole Ndt)
X Oui…on peut se poser la question de l’utilité du vaccin. Mais ce vaccin tu lui fais confiance toi ?
Y : Allons…tous ces grands professeurs qui te disent qu’il n’y a pas de risque…La mère Bachelot, elle est ministre, elle le sait ! Même qu’elle a travaillé avec «eux » plus de 12 ans !
X : Oui mais…pour les autres vaccins c’est pas pareil : «ils » regardent ce qui se passe au printemps et l’été, là bas, et nous sortent vite, en octobre, un vaccin qui évite à certains d’être malades.
Y : pas à « certains »… à beaucoup !
X ; Il y en a qui disent que non. Un « certain » juste assez grand pour que la Sécu fasse des économies en le donnant gratuitement aux plus de 65 ans.
Y : Ah ! …c’est pas ce que disent les savants. Le vaccin c’est utile…tellement qu’il faut faire les deux.
X : Pourquoi deux ? Dans « leur » vaccin habituel il y a de quoi nous immuniser, « qu’ils » disent, contre plusieurs virus de la grippe. Chaque année « ils » mettent le nouveau. Pourquoi pas cette fois ?
Y : Ce n’est pas possible « qu’ils » disent !
X : Bah !…tu « les » crois, c’est plutôt « qu’ils » veulent vendre deux vaccins.
Y : Une piqûre de plus…t’en es pas à ça près ?
X : Oui mais …ce nouveau il n’est pas comme les autres…
Y : « Ils » nous disent que oui !
X : Oh, té !…il y a un adjuvant et un conservateur. Avec du mercure comme les thons rouges que l’on prend ici.
Y : Bé oui …c’est nécessaire « qu’ils » disent.
X : Pas sûr. Dans le vaccin il y a des « trucs » pour te protéger. Mais c’est cher. Alors ils en mettent peu et pour que ce soit un peu efficace « ils » mettent un adjuvant, c’est moins cher. Faire une seringue individuelle c’est plus cher qu’un flacon de 10. Mais il faut un conservateur…
Y : C’est bien, « ils » vont faire faire des économies à la Sécu…
X : T’es un peu naïf ! « Eux » font des économies…il paraît qu’il va être plus cher que l’autre.
Y : Tant qu’il n’est pas dangereux…
X : Oui…mais peut être qu’il l’est ! Regarde les Américains, ils en ont sans tous ces trucs en plus. En France il paraît que l’on n’aura que le cocktail complet…on doit être plus solides que ces Américains qui ont eu quelques ennuis en 1976.
Y : Mais non, pas de risque : « ils » viennent de l’autoriser, ici, pour les femmes enceintes et les enfants.
X : Oui mais …c’est pas sûr qu’ils soit sans risque ! Tu es assez bête pour croire que s’ils ne l’avaient pas autorisé pour ceux là, les autres l’auraient accepté ?
Y : Mais, t’es fou, c’est monstrueux ce que tu me dis là ! « Ils » n’ont pas fait ça !
X : Tu sais, nos vies ils s’en foutent. Regarde le Gros Louis, 65 ans, 130 kg, albumine et cancer de la prostate. Et bé, il sera vacciné au printemps, presque en dernier.
Y : « Ils » nous disent que l’on est immunisé à partir de 65 ans.
X : Tu es vraiment « couillon » (mot gentil en Provence) ! 65 ans c’est l’âge de la retraite…tu ne produis plus. Ce nouveau virus a été présent jusqu’en 1957. Les autres tournent par là depuis près de 30 ans. Immunisé pour le plus vieux pas pour les autres ? Et puis, rien que nous immunisés ? Ma copine qui a l’Internet m’a dit qu’en 1981, un virus du type comme celui là, avait fait une épidémie sur une base militaire en Israël et même qu’ils en ont profité pour étudier l’effet du tabac. Si c’est vrai il n’y a pas que les vieux qui ont connu ce virus.
Y : Alors ?…Gros Louis…il va y passer ?… Pourquoi « ils » font ça ?
X : C’est simple : « ils » ne veulent pas que le travail s’arrête. Donc d’abord tous les actifs et tout ce qui peut empêcher les actifs d’aller au boulot…et puis le reste. D’abord l’économie et si le « caganiu » (bébé) perd son papé c’est pas grave…c’est bon pour les caisses de retraite et la Sécu.
Y : tu crois qu’ils sont comme ça ?
X : Pas tous, il y en a qui ne confondent pas être humain et euros. Mais presque tous ces gens, avec des titres ronflants, professeurs de ci, président de ça, tu crois qu’ils savent encore qu’on n’est pas que des moutons.
Y : ils sont peut être comme notre député…peu importe ce qui arrive aux autres, pourvu qu’ils restent en place.
X : Et ton docteur ?
Y : Il est pour.
X : Le mien est contre
X et Y du même avis : Attendre et voir. On en reparlera, on a le temps, on ne nous la proposera qu’au printemps, la grippe sera passée, on sera tranquille, ce sera pour l’année prochaine…il faudra bien écouler les vaccins.
Et là-dessus ils ont pris un deuxième pastis…avec des olives , bien sûr,…il faut « vivre » en attendant le désastre annoncé.
Bien sûr, ils disaient n’importe quoi… incultes, QI en dessous de la moyenne…tout ce que l’on veut…mais des êtres humains qui en ont mare que l’on se moque d’eux. Ce qu’ils n’ont pas dit c’est qu’ils pensent que nos dirigeants, aux moustaches près, ressemblent un peu trop à ces généraux de 14-18 qui ont envoyé des milliers de jeunes hommes se faire déchiqueter au « Chemin des Dames »…les vies humaines n’étant pas grand-chose devant l’intérêt personnel ou économique. En France avec la grippe porcine (elle vient, sans doute, bien des porcs ) ne serions nous pas dans cette logique ? Cette vaccination : super expérience, grandeur nature, avec des « cobayes » consentants !
Bien sûr, tout cela est à prendre au seconde degré. Simplement il est urgent de réaliser que les débats d’experts ne répondent pas aux interrogations du français moyen. Il les assimile aux politiques de tout bord et n’a pas confiance. A-t-il tort ? Comme souvent en politique, la plus part des citoyens va décider (vaccin oui ou non ?) sans fondement sérieux…mais là pas de possibilité d’abstention, et QUEL QUE SOIT LE CHOIX, statistiquement, cette grippe et le vaccin enlèveront, hélas, la vie à plus d’un !
Je viens de lire plusieurs des textes et des commentaires postés récemment. J’ai repensé à un certain nombres de débats, que j’ai déjà pu avoir au long d’une assez longue carrière de “pas médecin”, “pas épidémiologiste”, “pas biostaticienne”, “pas …”, mais vaguement compétente en analyse et gestion des risques liés aux agents biologiques.
Entre sang contaminé, CJDnv, Sras, H5N1, agents de la menace, vaccination hépatite B, on retrouve systématiquement les mêmes interrogations et contestations : en faire trop ou pas assez, les décideurs (ir)responsables, les experts utilisant les mêmes chiffres pour être “pour” ou “contre”, …
Responsable, un temps, de quelques formations à la sécurité sanitaires, dans les années 1997 à 2000, certaines à destination des “cadres supérieurs de l’Etat”, d’autres à destination de médecins, d’ingénieurs, d’associations, j’ai gardé de cette époque plusieurs sentiments, jamais démentis depuis par mon expérience “d’expert”, de “conseil”, parfois de “chercheure” : prévention vs précaution ? Comment et quand passe-t-on de l’une pour aller vers l’autre ?
Mais aussi et surtout (et ce que nous vivons actuellement nous le confirme, au fond), comment revient-t-on de l’autre à l’une ? Comment se préparer non seulement à la menace mais également au constat qu’elle n’en était finalement pas une ?
Face à des situations contenant par nature toujours des éléments nouveaux, puisque interpellant la recherche d’une décision nouvelle, plusieurs niveaux d’expertise, que j’appellerai “technique” (sans préjudice d’une connotation négative pour ce terme), sont requis pour, théoriquement, aider à savoir si les règles connues (faisables et à moindre coûts) de la prévention pourront suffire ou s’il faudra aller vers la précaution, qui elle, ne lésine que rarement sur des solutions pouvant généralement passer, in fine, pour extrémistes (en particulier sur le plan de leurs effets économiques).
Dans ce cadre, lorsqu’il s’agit de risques pour la santé des populations, les compétences en modélisation de l’importance du risque sont bien sûr indispensables. Elles sont forcément évolutives, puisque alimentées en permanence par de nouvelles données d’observation. Ceci permet à tous nos compatriotes de pouvoir se dire meilleurs que les experts, a posteriori, puisqu’au moment où ils énoncent leur jugement, la réalité leur a déjà donné le résultat du pari !
Aujourd’hui, mi-octobre 2009, nos prévisionnistes sont obligatoirement plus précis qu’ils ne pouvaient l’être en avril. Or, on discute en octobre des décisions prises par nos autorités en mai sur la base des modélisations d’avril.
La moins mauvaise méthode, pour éviter de se retrouver dans un constat de décalage total entre ces décisions et leurs implications un an plus tard (un premier bilan réaliste ne pourra être fait avant la fin de la période traditionnelle des grippes), aurait peut-être consister à ce que les décideurs soient capables de demander à des experts de fournir différents jeux d’hypothèses, non pas uniquement sur la valeur du R0 du nouveau virus H1N1 ou sur l’efficacité probable de la fermeture des écoles, mais sur le déroulé de la “crise” : les premières données issues du Mexique sont alarmantes, on prévoit donc le déploiement du plan pandémie grippale, élaboré, rappelons-le pour un virus létal à 60%, mais on ajuste en permanence le niveau de déploiement du plan à l’évolution des données épidémiologiques. Ainsi, dès que les chiffres issus des USA et du Canada, puis du Royaume Uni et d’Australie et du Japon, sont disponibles, avant l’été, il devient possible de se dire que la stratégie vaccinale va devoir être revue, tout comme la stratégie de fermeture des écoles. Mais de la même manière, il est possible que les données obtenues dans les mois à venir sur la santé des populations confrontés à la circulation hivernale du H1N1 pdm soient finalement plus mauvaises qu’on ne le suppose en octobre, mais pour d’autres raisons que celles discutées pour le moment, comme des co-infections avec d’autres virus respiratoires, par exemple.
Le problème, qui d’ailleurs, il faut le souligner, n’est pas seulement français, mais tiré par l’OMS, est que rien n’a été envisagé, comme système de rétroaction, au vu de l’évolution des données. Or, tout un chacun le sait, l’équilibre d’un système c’est avant tout une affaire de rétrocontrôles permanents !
Les limites de l’approche utilisées actuellement résident probablement pour partie dans la définition de l’expertise devant venir en appui des décisions en santé publique : elle ne peut et ne doit pas s’arrêter aux données épidémiologiques, ni aux données économiques, mais intégrer des compétences diverses de type “aide à la décision” qui ne sont pas le fait d’un ou quelques profil(s) disciplinaire(s), mais du rassemblement de parcours et d’expériences de situations diverses, de personnes impliquées dans la gestion des situations, mais indépendantes du pouvoir décisionnaire.
Savoir traduire les attentes du décideur confronté aux risques (risque sanitaire, risque décisionnel), traduire les questions sans réponse des experts “scientifiques”, traduire les moyens envisagés en principe de réalité, …, c’est aujourd’hui un pan entier de l’aide à la décision qui est inabordé dans nos sociétés.
L’une des raisons probables de ce vide est que partout dans nos pays « scientifistes », le dogme de la séparation entre expertise (comprise comme calculant des risques dans différents scenarii réducteurs) et gestion (comprise comme prise de décision) est insuffisamment discuté (sciemment, diront certains esprits soupçonneux). En fait, à mon sens, ce qui doit être séparé, c’est l’argumentaire à la base des propositions de choix de décisions et les intérêts (financiers ou autres; idéologiques ?) concernés directement par l’une ou l’autre décision possible ! En revanche, séparer la décision d’une expertise sur sa mise en oeuvre est une erreur, qui conduit, par exemple, à ne pas avoir recours à une analyse extérieure aux services du décideur pour étudier la faisabilité et la probable efficience de cette décision. On se contente en général d’avoir une déclinaison opérationnelle et administrative, de type « militaire », de la décision, élaborée par des agents au service du décideur (ce qui n’enlève rien à leurs compétences, mais tout à leur possibilité de démontrer l’infaisabilité ou la non adaptation des choses !).
En France, le problème qui vient se surajouter à ceux décrits précédemment, et qui était prévisible (il me servait d’exemple depuis des années à un enseignement sur la sécurité sanitaire), c’est que nous avons eu notre “affaire du vaccin hépatite B”, qui a laissé des traces profondes dans les esprits et dont le souvenir a été réactivé par le rappel de l’échec vaccinal des USA en 1976. Il était évident, pour qui s’intéressait à ce sujet, qu’une part de la population essaierait de se faire sa propre approche bénéfices risques personnels face à la manière dont a été porté le vaccin H1N1 (et je ne discute pas ici de ce vaccin, ni pour ses effets secondaires, ni pour son intérêt de santé publique). La communication faite par nos autorités sur les priorités de cette vaccination est, pardonnez-moi ma liberté de langage, incompréhensible. Même pour quelqu’un qui est un peu au fait des choses, il est impossible de démêler si la vaccination prévue est un acte de portée collective (se vacciner protège les autres) ou un acte de portée individuelle (se vacciner protège les plus fragiles d’un risque de décès par cette maladie). Partant de cette confusion du message (sensible à la fois dans le texte d’origine et dans les commentaires), et partant des doutes instillés par la vaccination VHB, comment s’étonner que la moitié des français ne souhaite pas se faire vacciner ? (Et encore une fois, mon interrogation ne se mêle pas de mon opinion personnelle sur ce vaccin.)
Bref, j’ai été un peu longue et j’espère ne pas avoir lassé les lecteurs, mais sur le sujet, je suis très prolixe !!!!!!
PS : juste pour répondre au commentaire « la menace est venue dans notre dos », j’avais conclu un article paru dans la revue ERS en 2007, sur le fait que l’on surveillait l’Asie pour le H5N1 et que probablement nos dispositifs de réponse ne seraient pas pris au dépourvu, sauf, …, si cela se déclenchait ailleurs ou dans un contexte où la surveillance serait beaucoup moins prioritaire (comme dans un pays en guerre) !
La vaccination commence… c’est un fait avéré.
La « pandémie » n’est pas là…c’est un fait (avéré ?)… faut-il dire pas encore là ?
Remarquons que nous avons quelques informations supplémentaires sur l’évolution du H1N1, mais que cela ne permet pas aux « prévisionnistes » de passer à des modèles déterministes, on est encore dans l’aléatoire…et pour toujours sans doute. En conséquence les prévisions du printemps restent valables. Simplement ce que l’on sait de plus aujourd’hui, permet à certains de penser que tel scénario, parmi les divers envisagés, est pour l’instant plus pertinent. Ce qui ne nous avance pas beaucoup car la question reste toujours : que va-t-il se passer demain ?
Aucun scientifique digne de ce nom n’a le droit de jouer les Cassandres.
On assiste à deux choses :
a) des scientifiques (dignes de ce nom) qui se référant aux modèles donnent, à leur façon, une interprétation de l’aléatoire lié au H1N1, mais n’affirment rien avec emphase,
b) un nombre important de (ir)responsables (politiques, décideurs, médecins avec ou sans titre de professeur, …) qui prennent des positions très tranchées, alors qu’ils n’ont rien de « scientifiquement établi » pour étayer leurs discours…ils invoquent le bon sens c’est-à-dire un « truc » qui varie avec chaque individu en fonction de sa « formatation » (alias formation) et/ou de la remise en question de cette formation.
Interviews, déclarations, articles…fleurissent chaque jour, comme dans une campagne électorale !
L’enjeu aujourd’hui c’est de convaincre les médecins de la nécessité de la vaccination pour eux et leur patients. Si on y arrive le stock de vaccin sera écoulé ou presque, on peut faire deux injections…
Les ennuis viennent d’un adjuvant et d’un conservateur contenu dans le vaccin. Il était prévisible que cela poserait problème. Alors pourquoi ? Du coup, en France il y a l’AMM pour les femmes enceintes…sinon les autres l’accepteraient-ils ? Qui peut fournir un protocole expérimental sérieux à ce sujet ? Mais on peut dire qu’il est sans risque…puisque pas ou peu expérimenté. Les effets sur le fœtus ? A voir dans quelques mois…
En ce qui concerne le corps médical, Antoine Flahaut sur son Blog (http://blog.ehesp.fr/pandemie-et-professions-de-sante-un-vaccin-de-bon-rapport/)
a bien présenté le sujet :
a) sur le plan « altruiste », à la vue des études faites, la vaccination du corps médical n’a pas un grand effet ni sur la contamination des patients, ni sur l’absentéisme. Seule la référence au bon sens permet de l’affirmer à ce jour…
b) sur le plan bénéfices/risques on ne peut pas non plus affirmer quoi que ce soit car on ne sait rien sur les risques du vaccin avec adjuvant et conservateur. Seule la référence au bon sens permet d’affirmer…
Tout ce que nous ont appris ces mois de « pandémie » c’est que :
a) ce n’est pas une grippette : peu de morts, mais des jeunes en bonne santé…et c’est inquiétant, pour la suite
b) qu’elle ne fait pas à ce jour plus de dégâts qu’une grippe saisonnière…et c’est rassurant, pour l’instant.
Alors il faut quand même avoir une faible capacité de « remise en question » et un « certain culot » pour affirmer que ce n’est « rien » ou que le « pire » est devant nous.
En Suisse, en Belgique, …la mise en place de la vaccination est nettement moins complexe. Faut-il dire pour autant qu’en France on a tort ? Peut-être pas, parce qu’il y a une chose intéressante : une expérimentation grandeur nature qui peut permettre de mettre au point un protocole pour faire face à une éventuelle pandémie dangereuse, à venir. Intéressant encore plus si on en profite pour réaliser qu’un hôpital doit être rentable en nombre de vies sauvées, plutôt qu’en euros… D’où modernisation et création de postes !
Les autres points qui peuvent justifier une telle vaccination :
a) éviter la perte d’un point de PIB,
b) faire pour les labos pharmaceutiques comme pour les banques…
mais en tout cas pas éviter des problèmes aux populations à risques puisque les plus de 65 ans ne seront vaccinés qu’au mieux au printemps et que l’on sait très bien que ce sont eux qui chaque année payent un lourd tribu à la grippe.
Alors que nos dirigeants arrêtent un peu de crier « au loup », que les médecins cessent d’invectiver leurs collègues réticents …et qu’enfin on aborde plus sereinement la venue hivernale du H1N1.
QUE CE PASSE-T-IL ? C’EST PAS POSSIBLE ! J’EN RAGE…
Sur France Info, ce matin ( 20/10/2009) on ne parle que vaccination…Un médecin nous explique :
· le H1N1 tue des jeunes en bonne santé, 1 sur 10 000 malades (exact)
· le vaccin protège efficacement ( vraisemblable, mais des chiffres à avancer)
· il faut vacciner en priorité les personnes à risques (oui si l’on se place d’abord sur le plan médical).
Par contre il oublie de dire (est-ce voulu ?)
· que les plus de 65 ans à risques seront vaccinés presque en dernier (occultant ainsi la vraie raison de la vaccination de masse),
· que la vaccination fait courir des risques qui peuvent être très inférieurs à 1 sur 10 000, mais qu’en fait cela n’est pas établi scientifiquement à ce jour.
Voilà comment avec certaines omissions on peut faire conclure au journaliste qu’il faut se faire vacciner en disant : « on a bien compris que vous allez vous faire vacciner docteur Antoine Flahaut ! ». J’en ai avalé de travers mon café… je considère que, même sous la pression, c’est inacceptable de la part d’un scientifique.
Dans ces conditions, pourquoi quand le professeur Debré parle de « grippette » n’aurait-il pas raison ? L’émission de France Info, hélas, est du même niveau que l’interview de Debré : de la vulgarisation au plus bas niveau, une interview de campagne électorale.
Alors, là, je dis : aurez-vous le courage, aujourd’hui d’affirmer, dans la foulée de cette émission
· que le risque dû à la vaccination est inférieur à 1 sur 10 000 vaccinés,
· que l’AMM accordé, dans l’urgence, au vaccin avec adjuvant et conservateur, pour les femmes enceintes est justifié (protocole expérimental précisant le nombre d’essais, les conditions , les effets sur le fœtus…)
· que les Américains prennent des précautions non justifiées en préférant un vaccin sans adjuvant ni conservateur pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Comment peut-on, sans réponse à ces questions, se prononcer pour ou contre la vaccination si l’on se place uniquement sur le plan «médical » ?
Le H1N1 a déjà fait des dégâts : il a opéré un nivellement cérébral… Un virus de plus et en France nous n’aurons plus que des visiteurs médicaux…qui nous mettront à la merci des « marchands du temple ».
@ Jean Rabat
Je ne vous en veut pas (c’est la deuxième fois que je vous réponds, mais nous sommes la , deux rari nantes in gurgite vasto et vox clamans in deserto, du surcroit).
Mais les plus de 65 ans avec facteurs de risque ne seront pas les deniers vaccinés, pour autant que je sache ils seront les derniers des premiers (des prioritaires) du fat de leur présumée protection conférée par l’experience virale de la vie.
Vous écrivites: “faire pour les labos pharmaceutiques comme pour les banques…” Mais le vacin est déja sinon payé, du moins vendu et donc acheté. Donc que l’on se vacine ou pas les labos ont fait leur beurre.
Ceci dit si l’on se refère aux réseaux GROG, on passe en une semaine de 3% à 9% de grippe pandémique au sein des infections respiratoires aiguës. c’est hélas peut être bien parti (j’espérais une fantaisie du virus, une hibernation silencieuse) .
Et l’on entend des états unis d’Amérique des nouvelles de montée en force avec jeunes victimes.
Vous verrez que les gens se feront vacciner…