Certains sites Internet peinent à refléter les mauvaises nouvelles. Ainsi, celui de Sea Launch arborait, vendredi soir 1e février, une annonce de lancement réussi. En toute rigueur, ce n’était pas faux. Comme le précise une brève missive sur le même site, la fusée n’a disparu des écrans radars que 40 secondes après le lancement.
En fait, il s’agit d’un sacré coup dur pour l’entreprise américaine crée en 1995 et spécialisée dans le lancement de satellites depuis une plateforme mobile, Odyssée, dans le Pacifique. Une idée originale qui a connu un certain succès lorsque les sites terrestres de lancement étaient saturés. Ainsi, Sea Launch a réussi à placer 30 satellites en orbite jusqu’à sa faillite en 2009 (chapitre 11) après avoir accumulé un milliard de dollars de dettes. Néanmoins, l’entreprise, qui appartient à 40% à Boeing, a eu le droit de continuer à lancer les satellites de son carnet de commande.
L’échec de la mise en orbite du satellite Intelsat 27 pesant 6,2 tonnes pourrait bien signer son arrêt de mort. L’engin était destiné aux télécoms américaines mais devait également couvrir l’Amérique du Sud, l’océan Atlantique et l’Europe. Intelsat est presque aussi laconique que Sea Launch dans son communiqué. Son patron, David McGlade a toutefois déclaré: “Nous sommes clairement déçus par l’issue du lancement”. L’entreprise ne dévoile ni le coût du lancement ni celui du satellite.
En 2006, un lancement depuis la plateforme Odyssée coûtait environ 70 millions de dollars, ce qui inclut la fusée russe Zenit-3SL et les opérations de lancement. S’y ajoute le prix du satellite lui-même que l’on peut estimer entre 150 et 250 millions de dollars. Ce sont donc quelque 300 millions de dollars qui sont partis en fumée. Sans compter le manque à gagner de l’exploitation commerciale de l’Intelsat 27.
En août 2012, Sea Launch avait lancé avec succès le satellite Intelsat 21 :
Michel Alberganti
lire le billetCompter les Manchots empereurs est nettement plus délicat que de compter des moutons ou tout autre animal vivant sous des climats plus tempérés. Les célèbres oiseaux marins, eux, vivent en Antarctique où la température peut descendre à -50°C. C’est dire si l’opération est délicate. Les estimations de leur population variaient, jusqu’à présent entre 270 000 et 350 000.
Peter Fretwell, géographe au British Antarctic Survey, a décidé de prendre de la hauteur pour vérifier ces chiffres. Il a en effet utilisé des images prises par satellite à très haute résolution pour effectuer le comptage. Mais identifier des oiseaux, même s’ils mesurent jusqu’à 1,2 m pour un poids de 20 à 40 kg depuis l’espace n’est pas si facile. Peter Fretwell a donc été conduit à améliorer artificiellement la résolution des images grâce à une technique d’augmentation de la netteté. Ensuite, il a calibré sa méthode d’analyse à l’aide d’images prises par avion et de comptage au sol.
Par chance, le plumage en partie noir des Manchots empereurs se distingue bien sur la neige. Le géographe a facilement identifié les colonies existantes et en a compté 44 sur les côtes de l’Antarctique dont 7 étaient inconnues auparavant. “Les méthodes que nous avons utilisées constituent une avancée considérable en matière de connaissance de l’écologie de l’Antarctique car elles permettent d’effectuer des recherches en sécurité et avec un très faible impact environnemental tout en estimant la population complète des Manchots”, indique Michelle LaRue, co-auteur de l’étude publiée dans le journal Plos ONE le 13 avril 2012.
Le résultat du comptage dépasse les attentes des chercheurs. “Nous sommes ravis d’voir pu localisé et identifié un aussi grand nombre de Manchots empereurs”, déclare Peter Fretwell. “Nous avons compté 595 000 oiseaux, soit presque le double des estimations précédentes. Il s’agit du premier recensement d’une espèce réalisé depuis l’espace”. De fait, la méthode devrait pouvoir s’adapter au comptage d’autres animaux. “Les implications de ce travail vont plus loin puisque nous disposons désormais d’une méthode économique applicable à d’autres espèces mal connues en Antarctique”, souligne Michelle LaRue.
Cette nouvelle technique pourra se révéler précieuse en cette période de réchauffement climatique affectant de nombreux animaux vivant dans ces régions, dont les Manchots empereurs qui voient leur habitat se réduire en raison de la fonte de la glace qui couvre le continent lors de printemps devenus plus précoces. Du fait de son coût réduit, le comptage par satellite devrait pouvoir être réalisé à intervalles réguliers afin d’analyser l’évolution des populations et mesure ainsi l’impact du changement climatique. La méthode a, toutefois, ses limites puisqu’elle ne fonctionne bien que sur un sol blanc, donc couvert de neige. A moins d’utiliser des images satellites prises en infrarouge. Mais, là encore, l’absence de végétation en Antarctique permet de visualiser plus facilement des animaux qu’au sein de paysages où ils peuvent être masqués par des arbres ou des abris. Le recensement des hommes par satellite se révélera donc nettement plus délicat…
Michel Alberganti
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La NASA vient de publier une nouvelle image de la Terre en haute définition. La vue a été prise le 4 janvier 2012 depuis le tout nouveau satellite d’observation de la Terre, Suomi NPP, lancé en octobre 2011. L’image est constituée de bandes assemblées. La définition n’a rien de comparable avec celle de la célèbre image dite Blue Marble [Marbre Bleu ou Bille Bleue comme le suggère ianux ci-dessous] prise pendant la mission Appolo 17 en 1972. On note que sur la nouvelle image, ce sont les Etats-Unis qui apparaissent en majesté… Mais ce qui est toujours aussi surprenant sur ces images de la Terre, c’est l’extrême finesse de la couche d’atmosphère. Un bien petit bouclier pour nous protéger et nous permettre de respirer…
Quant à la définition, elle est assez stupéfiante (Cliquez sur les images pour les agrandir). Vous pouvez télécharger une version à la définition maximale.
Michel Alberganti
lire le billet– D’ici quelques heures ou quelques jours, nous serons 7 milliards d’humains sur Terre. Grâce à ce petit site de la BBC, vous pouvez, en entrant votre date de naissance, voir quelle taille avait la population mondiale actuelle à l’époque. Ainsi, lorsque je suis né, il y avait exactement deux fois moins d’hommes et de femmes qu’aujourd’hui. Lire également le grand article que le National Geographic avait consacré, au début de l’année, à la question de la croissance démographique. Et un dossier du Temps. Et aussi ce reportage du Monde en Inde (qui ravira bientôt à la Chine sa place de pays le plus peuplé du monde), où l’accès des femmes au planning familial reste difficile dans les campagnes.
– Il est assez rare qu’un grand quotidien consacre sa “une” à un sujet scientifique pour le signaler. Voici donc un lien vers l’enquête que Stéphane Foucart, du Monde, a réalisée sur le scandale du bisphénol A. Où l’on voit que les risques sanitaires qu’implique ce perturbateur endocrinien, bien qu’identifiés à partir des années 1990, ont été systématiquement minorés par les agences de sécurité sanitaire, sous l’influence du milieu industriel.
– L’Antarctique a longtemps été considéré comme un grand sanctuaire naturel, notamment parce qu’il est très difficile d’aller y exploiter les ressources qu’il recèle. Mais aujourd’hui, les obstacles techniques ne semblent pas aussi insurmontables si on les met en rapport avec l’argent qu’on pourrait récolter sur un territoire qui n’appartient à personne. Ainsi, la Russie a-t-elle récemment exprimé son désir de faire de la prospection pour des minerais et des hydrocarbures…
– Les chercheurs qui, avec leur découverte de neutrinos un chouïa plus rapides que la vitesse de la lumière, ont secoué le monde de la physique fin septembre, s’apprêtent à reproduire leur test, avec un autre dispositif expérimental. Sans doute cela contribuera-t-il à faire baisser la tension au sein de l’équipe de chercheurs, dont on a appris récemment que certains étaient opposés à la grande opération de communication qui a eu lieu il y a un mois tant que toutes les précautions n’auraient pas été prises et toutes les vérifications faites. Par ailleurs, les résultats n’ont toujours pas été publiés par une revue scientifique à comité de lecture.
– Une nouvelle île va-t-elle sortir de l’eau aux Canaries ? C’est la question qui se pose depuis qu’un volcan sous-marin est entré en éruption et monte vers la surface.
– La NASA a lancé avec succès le satellite NPP. Il préfigure une série d’engins qui surveilleront depuis l’espace des indicateurs-clés du changement climatique.
– Le nautile, ce magnifique céphalopode à la coquille spiralée, qui est considéré comme un fossile vivant puisqu’il n’a quasiment pas évolué depuis plusieurs centaines de millions d’années, est victime de sa beauté. Sa coquille est tellement demandée comme objet de décoration que l’animal est chassé à outrance, raconte le New York Times.
– Certains grands dinosaures herbivores entreprenaient de longues migrations saisonnières en Amérique du Nord.
– Pour finir : ma chronique “Improbablologie” de cette semaine dans Le Monde nous le prouve : les lois de l’Univers sont contre nous. Et qui a déjà fait tomber sa tartine par terre s’en apercevra : le beurre et la confiture adorent le tapis/parquet/carrelage.
Pierre Barthélémy
lire le billet– La nouvelle scientifique de la semaine est incontestablement cette annonce selon laquelle des neutrinos auraient été mesurés en excès de vitesse : plus rapides, de 6 kilomètres par seconde, que la vitesse de la lumière, censée être la limite infranchissable selon la théorie de la relativité énoncée par Albert Einstein il y a un siècle. Après le déferlement médiatique des premières heures, les physiciens commencent à reprendre les choses en main avec la prudence qui s’impose. Bien des vérifications restent à faire et quelques hypothèses peuvent expliquer le phénomène sans qu’on ait besoin de mettre tout de suite la relativité à la poubelle ni tirer plus que nécessaire sur ce pauvre Albert. Lequel, au cours de sa vie, a commis des erreurs bien plus graves sur lesquelles je reviendrai dans mon prochain billet. Comme quoi tout est vraiment relatif…
–L’autre buzz de la semaine concernait la rentrée dans l’atmosphère du satellite UARS, qui allait tomber sur la tête de tout le monde si l’on en croyait l’excitation médiatique. Résultat : à l’heure où j’écris, personne ne sait où il a chu…
– Des myriades de microparticules de plastique polluent les côtes. C’est une menace pour les poissons et les oiseaux marins qui les ingurgitent car ces minuscules déchets fixent des polluants chimiques qui s’accumulent dans les organismes.
– Oasis en plein désert, Las Vegas a longtemps pompé inconsidérément sur ses réserves en eau. La ville du jeu fait désormais machine arrière pour préserver l’or bleu. Et se prépare aussi à aller chercher de l’eau encore plus loin, avec un projet de pipeline de 500 kilomètres.
– La NASA a découvert qu’un certain nombre de ses astronautes présentaient des problèmes de vision après des séjours, même courts, en impesanteur. Embêtant si on veut les envoyer sur Mars et qu’ils y arrivent aveugles…
– Est-ce pour des raisons politiques que Goya a peint le portrait de Don Ramon Satue par dessus celui d’un haut dignitaire français (peut-être Joseph Bonaparte lui-même, qui fut quelques années roi d’Espagne) ? Le tableau caché vient d’être découvert par spectrométrie de fluorescence X.
– Pour finir : je ne saurai trop vous conseiller la lecture, tous les vendredis, du nouveau supplément scientifique du Monde, d’abord parce que cela comble un vide dans l’offre du quotidien vespéral, mais surtout parce que j’y tiens une chronique sur la science improbable. Pour le premier numéro, un article sur ces chercheurs qui sont allés dans des clubs de striptease pour vérifier que la femme avait vraiment ses “chaleurs”, à l’instar des autres mammifères femelles (désolé, le lien ne fonctionne que pour les abonnés)… Que ne chercherait-on pas comme prétexte pour se rincer l’œil…
lire le billetOn découvre de temps à autre que la Lune n’est pas le seul satellite naturel de la Terre, que notre planète capture des astéroïdes et les retient prisonniers sur des points spécifiques de son orbite. Appelés points de Lagrange, ces endroits représentent des zones « magiques » de stabilité, des points d’équilibre entre la force d’attraction de la Terre et celle du Soleil. En général, les astéroïdes pris à ces pièges y restent quelques milliers ou dizaines de milliers d’années puis finissent par s’échapper. Cela ne signifie pas pour autant que, par le passé, la Terre n’a pas eu deux véritables lunes qui ont fusionné après une longue période de coexistence. C’est du moins l’hypothèse présentée ce mercredi 3 août dans la revue Nature par le Suisse Martin Jutzi et le Norvégien Erik Asphaug. Une théorie qui permettrait d’expliquer pourquoi la Lune possède deux faces si différentes, le côté pile, toujours visible de la Terre, largement recouvert par de vastes étendues sombres que les Anciens croyaient être des mers, tandis que le côté face, que l’on ne voit jamais, est bien plus montagneux et pauvre en maria lunaires.
Pour comprendre le scénario imaginé par Jutzi et Asphaug, il faut remonter à la formation de la Lune, qui s’est produite quelques dizaines de millions d’années seulement après la naissance de notre planète. Le modèle le plus solide pour expliquer l’apparition de notre satellite, la théorie de l’impact géant, raconte qu’un astre de la taille de Mars est venu percuter la Terre et que, sous le choc, une grande quantité de matière a été éjectée en orbite autour de notre planète et a fini par se regrouper pour donner la Lune. L’article de Nature suppose qu’au départ, il n’y a pas eu formation d’un mais de deux satellites, le plus gros étant la proto-Lune. Avec un diamètre trois fois moins important, le plus petit se serait installé sur un des points de Lagrange, non pas du couple Terre-Soleil que j’ai évoqué au début du billet mais du couple Terre-Lune, et y aurait vécu tranquille pendant quelques dizaines de millions d’années. Tout comme les madeleines se refroidissent plus vite que les quatre-quarts, il aurait eu le temps de durcir en profondeur, tandis que la Lune, plus volumineuse, n’aurait, dans le même intervalle, pu former qu’une croûte surmontant un océan global de magma.
Après quelques milliers de millénaires, le petit satellite aurait été délogé de sa niche et se serait dirigé vers la proto-Lune. En voyant se profiler la collision, on ne peut que se demander comment l’impact inéluctable ne va pas produire un cratère géant. En effet, dans ce genre de catastrophe, le choc est tel que des quantités énormes de matériaux sont généralement éjectées dans un grand splash : on obtient un grand bassin plutôt que les montagnes de la face cachée de la Lune. La modélisation réalisée par Jutzi et Asphaug montre que ce cas fait exception à la règle. La rencontre se produisant à une vitesse modérée (entre 2 et 3 kilomètres par seconde tout de même), l’impacteur s’écrase sur place sans en mettre trop partout, comme une boule de pâte à modeler que l’on jette par terre. Ses roches se seraient donc étalées sur la face cachée de la Lune, ce qui expliquerait l’épaisse croûte de montagnes que l’on trouve de ce côté-là, faites de roches plus froides et plus résistantes. Quant à la face visible de notre satellite, elle aurait été éclaboussée par une partie du magma éjecté sous le choc. Cela justifierait pourquoi certains terrains très particuliers riches en potassium, en phosphore et en terres rares, s’y retrouvent davantage.
Le meilleur moyen pour vérifier ce scénario consisterait à analyser les roches de la face cachée de la Lune. Provenant de l’impacteur, qui s’est solidifié plus vite que la proto-Lune, elles sont par conséquent plus anciennes que celles de la face visible, dont on possède des échantillons depuis les missions Apollo. Etant donné que la NASA n’a pas envoyé de géologue sur la Lune depuis 1972 et ne compte visiblement pas le faire dans les mois qui viennent, il faudra se contenter du relevé du champ de gravité lunaire que va effectuer la mission Grail (Gravity Recovery and Interior Laboratory), qui doit partir dans l’espace en septembre. A partir de ses données, il sera possible de déduire la structure interne de notre satellite bien plus précisément que cela n’a jamais été fait, de reconstituer tout ou partie de sa longue histoire et, peut-être, de retrouver les vestiges de la seconde lune de la Terre.
Pierre Barthélémy
C’est à un exercice spatial très délicat que s’est livrée la Chine, le 19 août dernier. Un véritable exploit. On n’a pas pour autant sorti les tambours ni les trompettes comme lorsque le premier cosmonaute de l’Empire du milieu, Yang Liwei, est parti dans l’espace le 15 octobre 2003. Cela n’a pas été non plus le grand tintamarre du 11 janvier 2007, jour où un missile balistique chinois est allé détruire un vieux satellite météorologique (lui aussi chinois), produisant du même coup une bonne dose de débris en orbite et montrant surtout au monde que la guerre des étoiles comptait un nouveau joueur, asiatique. Non, cette fois, la discrétion la plus absolue était de rigueur. Et, pour que cette scène ne demeure pas dans la confidentialité feutrée appréciée des Chinois, il a fallu la curiosité d’Igor Lissov. En analysant les données publiques fournies par l’armée américaine, ce spécialiste russe du spatial s’est aperçu que le satellite chinois SJ-12, lancé le 15 juin, avait progressivement gagné l’orbite d’un de ses cousins, SJ-06F (qui date, lui, de 2008), et s’en était rapproché si près, moins de 200 mètres, que l’on pouvait qualifier cette manœuvre de rendez-vous dans l’espace.
Un rendez-vous entre deux satellites, complètement automatique, sans contrôle humain à distance. Des analyses approfondies des orbites laissent aujourd’hui penser que les deux engins se sont même touchés. Comme l’a déclaré au New Scientist Brian Weeden, consultant dans le domaine spatial pour la Secure World Foundation, “pour autant que je sache, c’est la première fois qu’un autre pays que les Etats-Unis effectue un rendez-vous rapproché qui ne soit pas dans le contexte d’une station spatiale. C’est une étape importante dans le développement de la technologie des Chinois et de leur capacité à opérer dans l’espace.”
Une question se pose tout de même. S’agit-il juste d’un exploit technique, d’une simple étape obligatoire avant que ne commence, en 2011, la construction de la station spatiale chinoise (vue d’artiste ci-dessous) ?
Si nous vivions dans le monde des Bisounours, sans doute répondrait-on par l’affirmative. Ou peut-être chercherait-on un autre usage civil à ce genre de savoir-faire comme le nettoyage des déchets spatiaux, la mise hors orbite des vieux satellites ou un entraînement pour de futurs ravitaillements en orbite. Mais nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours et le silence de Pékin sur le rendez-vous du 19 août suggère une autre possibilité, militaire celle-là : l’inspection, voire la destruction, de satellites “ennemis”. Quelques indices vont dans ce sens. D’une part, les engins utilisés pour ce rendez-vous, SJ-12 et SJ-06F, font partie d’une classe de satellites officiellement dédiés à la science, mais comme aucun chercheur n’a jamais publié d’article scientifique avec leurs données il est probable qu’ils soient consacrés à la collecte de signaux électroniques émanant de satellites étrangers. D’autre part, l’orbite choisie n’est pas anodine puisque c’est celle dédiée à l’observation de la Terre. Et qui dit observation dit satellites espions…
Parano ? Brian Weeden ne croit pas vraiment à ce scénario militaire mais il serait plus rassuré si les intentions chinoises étaient clairement affichées : “Si le but [des Chinois] était bienveillant, alors pourquoi ont-ils été si silencieux sur le sujet ? Si ce genre d’activité est fait en secret, si on les fait sans une certaine transparence, alors cela peut créer une perception erronée.” Belle litote. Interrogé par Wired, James Oberg, un ancien ingénieur de la NASA spécialisé dans les rendez-vous en orbite, voit dans cette affaire un coup d’intox’ à trois bandes : “Cela pourrait être simplement un jeu psychologique. Ils n’ont pas besoin d’attaquer les installations spatiales américaines – ils doivent juste nous faire croire qu’ils en sont capables.” Dans la grande course à la conquête spatiale, la Chine n’est pas partie la première mais elle refait rapidement son retard. Et beaucoup sont prêts à parier que le prochain drapeau qu’un homme plantera sur la Lune n’aura pas cinquante étoiles comme le précédent mais cinq. Jaunes, sur fond rouge.
Pierre Barthélémy
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