Sans que nous en rendions compte, la Terre tourne de plus en plus lentement… Pas que quoi s’affoler toutefois. Pour rattraper le minuscule retard sur le jour solaire théorique de 24 heures, les horloges vont ajouter une seconde, ce soir, samedi 30 juin 2012. A 23:59:59, il sera donc 23:59:60 ou 00:00 dimanche 1er juillet. Contrairement aux horaires d’été et d’hivers, cela ne va pas bousculer notre emploi du temps ni notre rythme biologique. Mais cela révèle un phénomène très ancien qui fait partie de la vie de notre planète. Ainsi, du temps des dinosaures, le jour durait 23 heures au lieu de 24 heures. Mais c’était il y a au moins 65 millions d’années…
En fait, c’est en 1820 que la Terre effectuait une rotation complète en exactement 24 heures, soit 86 400 secondes. Depuis, son ralentissement s’est poursuivi et “le jour solaire s’est accru d’environ 2,5 millisecondes”, indique Daniel MacMillan du Goddard Space Flight Center de la NASA. Le phénomène n’était pas perceptible lorsque la définition de la seconde s’appuyait sur la durée d’un jour solaire. Mais en 1967, les scientifiques ont modifié cette définition en se fondant, désormais, sur les transitions électromagnétiques dans les atomes de césium. Les horloges atomiques étaient nées. Elles disposent d’une précision d’une seconde sur 1,4 million d’années et déterminent le temps universel coordonné (UTC) déconnecté de la rotation de la Terre.
Aujourd’hui, les scientifiques calculent la durée exacte d’une rotation de la Terre sur elle-même grâce à la technique VLBI (Very Long Baseline Interferometry) qui est exploitée à l’aide de multiples stations réparties sur le planète. Toutes pointent sur des objets célestes tels que des quasars situés extrêmement loin (plusieurs milliards d’années lumière) et, donc, pratiquement immobiles lorsqu’ils sont observés depuis la Terre. Le laboratoire Goddard de la Nasa se charge de la coordination de ces mesures et de leur traitement. C’est grâce à cette technique qu’il est possible de mesurer le ralentissement de la rotation de notre planète dû à la force de marée entre la Terre et la Lune.
Il va de soi que ce ajout d’une seconde n’est critique que pour des instruments ayant besoin d’une extrême précision dans la mesure du temps. Certains estiment que le coût de l’arrêt de tels systèmes qui permet d’ajouter la seconde en question n’est pas justifié et ils plaident pour laisser les horloges dériver au fil de ces infimes différences. Aucune décision dans ce domaine ne devrait être prise avant 2015. L’enjeu n’est pas tout à fait négligeable. Sans les corrections comme celle qui a lieu aujourd’hui, la dérive atteindrait tout de même 25 minutes dans 500 ans. Le saut de seconde du 30 juin 2012 est le 35ème à être réalisé et le premier depuis 2008.
Michel Alberganti
lire le billet
Derniers commentaires