Depuis le 17 novembre, et jusqu’au 29 janvier 2012, se tient au palais royal de Venaria Reale, près de Turin, une exposition sur Léonard de Vinci, dans laquelle les visiteurs peuvent contempler son célèbre autoportrait en homme âgé, reproduit ci-dessus. Très rarement présenté au public en raison de sa fragilité, ce dessin à la craie rouge a en réalité un jumeau plus jeune, qui est demeuré caché pendant cinq siècles dans le Codex sur le vol des oiseaux, qui date de 1505. Précisons que l’œuvre, esquissée, était à peine visible, d’autant que Léonard de Vinci avait écrit par dessus. Il a fallu l’œil inspiré d’un journaliste scientifique italien, Piero Angela, pour deviner un visage sous le texte, en 2009.
Au départ, rien ne prouvait qu’il s’agissait d’un autoportrait de l’artiste. Celui-ci avait réalisé tant d’études et de dessins qu’il était bien difficile d’identifier qui que ce fût. C’était sans compter sur les outils modernes de traitement de l’image et la ténacité d’une physicienne italienne, Amelia Sparavigna, professeur à l’Ecole polytechnique de Turin. Comme celle-ci le retrace dans un article mis en ligne sur le site de chercheurs ArXiv, la “restauration” virtuelle de ce dessin caché s’est faite en trois étapes, récapitulées dans le montage ci-dessous :
En haut à gauche, nous avons le point de départ, c’est-à-dire la page du Codex sur le vol des oiseaux, remplie de l’écriture en miroir de Léonard de Vinci, sous laquelle on distingue assez aisément un nez. Comme le dessin a été réalisé à la craie rouge alors que le texte est rédigé avec une encre presque noire, la première étape a consisté à supprimer de l’image, grâce à un logiciel, tous les pixels les plus sombres, ce qui a mis le texte en blanc. Puis, dans un deuxième temps, le programme a été paramétré pour remplir tous ces blancs avec la couleur moyenne environnante, de manière à gommer complètement toute trace d’écriture (celles qui restent sont celles de l’encre au verso, qui se voit par transparence). Le résultat, en bas à gauche, étant assez peu contrasté, Amelia Sparavigna a eu l’idée d’utiliser un autre programme, Iris, écrit par l’excellent astronome amateur français, Christian Buil, qui s’est spécialisé dans l’imagerie numérique avant même que les appareils photo numériques existent… A l’origine, Iris a été conçu pour traiter les clichés pris au téléscope, mais rien n’empêche d’utiliser ce logiciel gratuit pour autre chose. La physicienne turinoise ne s’en est pas privée et a ainsi pu faire ressortir tous les détails du portrait, comme on le voit dans la dernière vignette, en bas à droite.
Restait à dire qui était cet homme assez jeune représenté dessus. Dans cette histoire, les dates et les apparences sont trompeuses. Le Codex date de 1505 et Léonard de Vinci a alors 53 ans. Mais on sait qu’il a recyclé, pour écrire une partie de ce texte, des feuilles dont il se servait pour dessiner dans les années 1480… A l’époque, il avait la trentaine, ce qui correspond mieux au visage découvert par Piero Angela. A l’inverse, il est difficile de croire que le Toscan, mort en 1519 à 67 ans, a jamais eu l’apparence de vieillard qui ressort de son célèbre autoportrait, réalisé aux alentours de 1512-1515. On suppose que l’artiste s’est délibérément ajouté quelques années en se dessinant… mais d’aucuns assurent que l’homme en question pourrait bien être son père ! Quoi qu’il en soit, la ressemblance entre les deux dessins est frappante, notamment au niveau du nez, fort et à plusieurs “étages”, et de la bouche un peu boudeuse. Comme, dans les deux cas, le portrait est de trois-quarts, Amelia Sparavigna a eu l’idée de continuer ses manœuvres informatiques et virtuelles, et d’utiliser un autre logiciel, GIMP (équivalent gratuit de Photoshop), pour superposer les deux visages. Voici ce que cela donne :
Comme l’écrit la physicienne italienne en conclusion de son article, “les deux visages semblent vraiment coïncider, en particulier les distances relatives des yeux, du nez et de la bouche, qui sont les mêmes” sur les deux dessins. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pierre Barthélémy
lire le billet– La vedette de ce week-end s’appelle Irène. A suivre sur le site du New York Times, entre autres… Sur la vidéo ci-dessus, on assiste à sa formation et à son parcours le long de la côte est des Etats-Unis. Même si on sait mieux prévoir leur trajectoire, il reste compliqué d’évaluer à l’avance l’intensité des ouragans.
– Cela dit, par rapport à ce qui se passe sur d’autres planètes comme Saturne et Jupiter, Irène est une naine dans la catégorie des cyclones.
– Le phénomène climatique cyclique El Niño est-il responsable d’un certain nombre de conflits sous les tropiques ? Un article publié dans Nature s’est intéressé aux années 1950-2004 et a montré une corrélation entre plusieurs dizaines de guerres civiles et les années à Niño.
– La moitié des digues et barrages chinois sont en mauvais état, rapporte Le Monde. Or, un quart des villes du pays se situent en aval de ces ouvrages fatigués…
– C’est suffisamment rare pour être signalé : coup sur coup, deux fusées russes, qui ont pourtant une excellente réputation de fiabilité, ont raté leur mission. Ce quelques semaines avant le premier décollage d’un lanceur Soyouz sur la base guyanaise de Kourou.
–Le chiffre de la semaine : il y aurait plus de 8,7 millions d’espèces vivantes sur Terre. Ce qui signifie qu’il nous en reste presque 6 millions à découvrir.
– Un immense fleuve souterrain coulerait sous l’Amazone, à 4 kilomètres de profondeur, et se jetterait, comme son homologue de surface, dans l’océan Atlantique. Tout le monde ne semble néanmoins pas d’accord avec l’appellation de “fleuve” donnée à cette circulation d’eau souterraine.
– Les paris sont toujours ouverts pour savoir si la fonte de la banquise arctique battra, cet été, le record de 2007. En attendant, le passage du Nord-Est est suffisamment ouvert pour que l’empruntent des tankers russes contenant du gaz à destination de la Thaïlande.
– Un serpent de mer, pour finir : la fresque de Léonard de Vinci La Bataille d’Anghiari, que le peintre a commencée, sans jamais l’achever, dans une salle du Palazzo Vecchio de Florence, a-t-elle été détruite ou bien protégée par un mur de briques sur lequel Giorgio Vasari a peint d’autres scènes de batailles ? Une équipe tente de trouver le financement pour détecter la présence ou non de cette œuvre maudite sans toucher à rien…
Pierre Barthélémy
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