Une explication au miracle des massages

Tout pratiquant occasionnel d’activité physique sait que les conséquences peuvent en être très douloureuses. Les muscles mis à contribution (en particulier trop rarement) ont une fâcheuse tendance à se venger en faisant extrêmement mal à leur propriétaire dans les jours qui suivent.

Un muscle squelettique au repos, avant qu’un exercice intense ne vienne désorganiser sa jolie structure (Louisa Howard)

Pour remédier à cette rançon de l’exercice, les sportifs vous diront que les massages sont d’une redoutable efficacité pour récupérer l’usage de ses muscles, et qu’on le sait depuis longtemps. Les explications avancées pour ce résultat sont cependant rarement convaincantes. Certains vous diront par exemple qu’il s’agit de drainer l’acide lactique ou des toxines générés par le métabolisme musculaire, mais cela ne colle pas avec le fait que les courbatures sont bien pires le lendemain de l’effort, c’est-à-dire des heures après la concentration maximale d’acide lactique.

La meilleure explication actuelle du phénomène de courbature, c’est que l’exercice, en particulier lorsqu’il est excentrique*, désorganise les structures microscopiques de la cellule musculaire qui doit ensuite se réparer. Les mécanismes impliqués entraînent une inflammation, avec son cortège de douleurs et de gonflement.

Et le massage dans tout ça ? De valeureux volontaires ont accepté de subir un traitement plutôt désagréable : il leur a fallu effectuer une session de pédalage particulièrement intense, avant d’être massés pendant dix minutes, certes, mais sur une seule de leurs jambes, de façon à pouvoir les comparer. Pour évaluer la réaction du muscle à l’exercice, trois séries d’échantillons ont été prélevés (c’est-à-dire, ne nous voilons pas la face, coupés) sur leur quadriceps avant l’exercice, après le massage, et enfin après deux heures et demie de récupération. Heureusement que ce muscle de la cuisse est le plus gros du corps humain…

Les résultats, publiés cette semaine dans Science Translational Medecine, sont éloquents : les muscles massés présentent une diminution des marqueurs d’inflammation et de stress cellulaire grâce à l’activation de récepteurs mécano-sensibles, c’est-à-dire sensibles aux variations de pressions et d’étirement du massage.

Fabienne Gallaire

* L’ exercice excentrique force à allonger le muscle en contraction. Pour le biceps, cela correspond  à faire descendre doucement un haltère en ouvrant le coude, par opposition à le faire monter vers l’épaule.

Source :

Muscle damage from eccentric exercise: mechanism, mechanical signs, adaptation, and clinical applications, U. Proske et D. L. Morgan, J Physiol 537(2):333-345, 2001.

Massage Therapy Attenuates Inflammatory Signaling After Exercise-Induced Muscle Damage,  Justin D. Crane et al., Sci Transl Med, Vol. 4, 119, février 2012.

lire le billet