La sélection du Globule #69

D’ici quelques heures ou quelques jours, nous serons 7 milliards d’humains sur Terre. Grâce à ce petit site de la BBC, vous pouvez, en entrant votre date de naissance, voir  quelle taille avait la population mondiale actuelle à l’époque. Ainsi, lorsque je suis né, il y avait exactement deux fois moins d’hommes et de femmes qu’aujourd’hui. Lire également le grand article que le National Geographic avait consacré, au début de l’année, à la question de la croissance démographique. Et un dossier du Temps. Et aussi ce reportage du Monde en Inde (qui ravira bientôt à la Chine sa place de pays le plus peuplé du monde), où l’accès des femmes au planning familial reste difficile dans les campagnes.

Il est assez rare qu’un grand quotidien consacre sa “une” à un sujet scientifique pour le signaler. Voici donc un lien vers l’enquête que Stéphane Foucart, du Monde, a réalisée sur le scandale du bisphénol A. Où l’on voit que les risques sanitaires qu’implique ce perturbateur endocrinien, bien qu’identifiés à partir des années 1990, ont été systématiquement minorés par les agences de sécurité sanitaire, sous l’influence du milieu industriel.

L’Antarctique a longtemps été considéré comme un grand sanctuaire naturel, notamment parce qu’il est très difficile d’aller y exploiter les ressources qu’il recèle. Mais aujourd’hui, les obstacles techniques ne semblent pas aussi insurmontables si on les met en rapport avec l’argent qu’on pourrait récolter sur un territoire qui n’appartient à personne. Ainsi, la Russie a-t-elle récemment exprimé son désir de faire de la prospection pour des minerais et des hydrocarbures…

Les chercheurs qui, avec leur découverte de neutrinos un chouïa plus rapides que la vitesse de la lumière, ont secoué le monde de la physique fin septembre, s’apprêtent à reproduire leur test, avec un autre dispositif expérimental. Sans doute cela contribuera-t-il à faire baisser la tension au sein de l’équipe de chercheurs, dont on a appris récemment que certains étaient opposés à la grande opération de communication qui a eu lieu il y a un mois tant que toutes les précautions n’auraient pas été prises et toutes les vérifications faites. Par ailleurs, les résultats n’ont toujours pas été publiés par une revue scientifique à comité de lecture.

Une nouvelle île va-t-elle sortir de l’eau aux Canaries ? C’est la question qui se pose depuis qu’un volcan sous-marin est entré en éruption et monte vers la surface.

– La NASA a lancé avec succès le satellite NPP. Il préfigure une série d’engins qui surveilleront depuis l’espace des indicateurs-clés du changement climatique.

– Le nautile, ce magnifique céphalopode à la coquille spiralée, qui est considéré comme un fossile vivant puisqu’il n’a quasiment pas évolué depuis plusieurs centaines de millions d’années, est victime de sa beauté. Sa coquille est tellement demandée comme objet de décoration que l’animal est chassé à outrance, raconte le New York Times.

Certains grands dinosaures herbivores entreprenaient de longues migrations saisonnières en Amérique du Nord.

Pour finir : ma chronique “Improbablologie” de cette semaine dans Le Monde nous le prouve : les lois de l’Univers sont contre nous. Et qui a déjà fait tomber sa tartine par terre s’en apercevra : le beurre et la confiture adorent le tapis/parquet/carrelage.

Pierre Barthélémy

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Quand la canicule tuera chaque année

Il y a huit ans, en juin 2003, commençait un long épisode de canicule en Europe de l’ouest, qui allait culminer pendant la première quinzaine d’août. Entre juin et septembre, ce sont environ 70 000 décès supplémentaires par rapport à la normale qui allaient être comptabilisés sur le continent, les pays les plus touchés étant l’Espagne, la France et l’Italie ainsi que, dans une moindre mesure, l’Allemagne. A l’époque, cette vague de chaleur exceptionnelle (voir la carte ci-dessous qui montre les anomalies de température du 20 juillet au 20 août 2003) n’a pas été mise sur le compte du réchauffement climatique mais présentée comme un avant-goût de ce qui deviendra la norme d’ici à la fin du siècle, en raison de la hausse attendue des températures. L’été 2003 correspond en effet aux étés simulés par les modèles des climatologues.

Comment ces futures canicules à répétition vont-elles se traduire sur le plan de la mortalité ? C’est la question à laquelle a voulu répondre une étude publiée mardi 21 juin (jour de l’été !) dans la revue Nature Communications. Ses auteurs, espagnols, français et suisse, ont fait le lien entre température, humidité et décès dans près de 200 régions européennes regroupant plus de 400 millions d’habitants. Ils ont ensuite estimé l’évolution de la mortalité d’ici à 2100 en parallèle avec le réchauffement anticipé par les modèles des climatologues. En temps normal, dans les pays européens, la mortalité est la plus importante en hiver, avec en moyenne 955 décès par mois et par million d’habitants, contre 765 décès par mois et par million d’habitants en été. La saison froide est marquée par des problèmes d’hypothermie, des maladies comme la grippe et la pneumonie, mais aussi plus d’hypertension et de thromboses. En été, comme la canicule de 2003 l’a dramatiquement souligné, les personnes âgées sont particulièrement fragiles vis-à-vis des vagues de chaleur (problèmes de régulation thermique, cardiaques, respiratoires) surtout si elles vivent en ville, en raison de la pollution et du phénomène d’îlot de chaleur urbain.

En décalant le spectre des températures vers le haut, on pourrait s’attendre à un effet principalement bénéfique, avec une réduction marquée des morts hivernales due à la diminution du nombre de jours froids. Ce sera en partie le cas puisque la mortalité hivernale passera en 2100 à 860 décès par mois et par million d’habitants. Tout le problème, c’est que, si aucune action particulière n’est entreprise pour combattre les canicules, la mortalité estivale grimpera beaucoup plus vite et atteindra 970 décès par mois et par million d’habitants au cours de la dernière décennie du siècle. En effet, la démographie de l’Europe nous dit que c’est le continent qui a la population la plus âgée, avec un âge médian de près de 40 ans, chiffre qui passera à 47 ans en 2050 et on se souvient qu’en France, lors de la canicule de 2003, 60 % des personnes décédées avaient 75 ans et davantage. De plus, une large proportion des Européens vit en ville, où les effets des vagues de chaleur sont accentués. Si la surmortalité due à la chaleur est de 205 décès par mois et par million d’habitants, on pourrait, pour un pays comme la France qui compte 65 millions d’âmes, avoir plus de 13 000 décès par mois de canicule, soit peu ou prou ce que nous avons connu en 2003.

Que l’été, aux alentours de 2060-2070, supplante l’hiver comme saison la plus meurtrière ne sera pas anodin : l’espérance de vie baissera de 3 à 4 mois au cours du dernier tiers du siècle. Les auteurs de l’étude soulignent que cela ne sera pas le cas si les pays mettent en place des systèmes d’alerte, notamment afin de prendre soin des personnes âgées. Dans l’hypothèse la plus optimiste, l’espérance de vie européenne, au lieu de chuter, pourrait augmenter d’un an et demi d’ici à la fin du siècle.

Mais, au lieu d’essayer de traiter les symptômes, il faudrait peut-être aussi s’occuper des causes, c’est-à-dire les causes du réchauffement climatique. L’étude se base sur le scénario “prévisible” d’augmentation des températures déterminé par plusieurs modèles régionaux. Or, le risque n’est pas nul que ce scénario dérape et que le réchauffement s’emballe, par exemple si le dioxyde de carbone et le méthane contenus dans le sol (tourbières, pergélisol) sont brusquement relâchés dans l’atmosphère. Avec de pareilles hypothèses, on arrive vite à des hausses de température de +7°C, voire davantage si l’on se place à un horizon plus lointain que 2100. Dans ces conditions, certaines régions pourraient tout simplement devenir inhabitables pour l’homme qui serait incapable d’y évacuer sa propre chaleur corporelle… La peau ne peut plus jouer ce rôle quand la température extérieure dépasse durablement les 35°C. L’adaptabilité a ses limites.

Pierre Barthélémy

Photo: Des femmes se protègent du soleil en juillet 2009 à Tirana, lors d’une canicule en Albanie. REUTERS/Arben Celi

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La sélection du Globule #38

Fukushima– L’information principale de la semaine écoulée a été l’accident nucléaire japonais qui a suivi le séisme et le tsunami du 11 mars. Tous les médias s’en sont emparés et je n’en ferai pas la liste. Je me permets toutefois de signaler, en plus de la couverture que Slate a réalisée, les dossiers spéciaux de Nature, de Sciences et Avenir et du Monde. Regardez aussi ce traitement photo de la catastrophe et cette animation cartographique recensant les centaines de séismes qui ont secoué la région ces derniers jours. Le 11 mars, un lecteur m’a demandé si le rapprochement périodique de la Lune pouvait causé des séismes ou des éruptions volcaniques : j’y ai succinctement répondu mais si vous voulez une réponse plus approfondie, Bad Astronomy, l’excellent blog de Phil Plait, vous comblera.

– En s’ouvrant largement chaque été, grâce à la fonte croissante de la banquise, l’Arctique n’avive pas que les appétits des chercheurs d’hydrocarbures : les pêcheurs aussi pourraient en profiter.

Beaucoup d’Indiens et de Chinois pratiquent des avortements sélectifs pour avoir des garçons plutôt que des filles. Selon une étude dont le Los Angeles Times se fait l’écho, l'”excès” de mâles à prévoir dans ces pays serait de 10 à 20 % d’ici vingt ans.

On utilise souvent l’expression péjorative d’espèces invasives en parlant des populations de plantes ou d’animaux importées dans des écosystèmes où n’existent pas naturellement. Mais il arrive que ces implantations de nouvelles espèces aient des effets bénéfiques, estime une étude publiée dans Conservation Biology.

La population de lions est en chute depuis plusieurs décennies, une baisse en partie due à la demande américaine de trophées.

La sonde Messenger de la NASA a été mise en orbite autour de Mercure. C’est la première que l’homme satellise un engin autour de la planète la plus proche du Soleil. En 1974, Mariner-10 l’avait par trois fois survolée.

On peut pirater un ordinateur pour en prendre le contrôle à distance. Désormais, on peut aussi réussir ce genre de forfait avec… des voitures.

Pour terminer : Marc Abrahams, du Guardian, a exhumé une étude de 1995 dans laquelle deux chirurgiens ont répertorié tout ce que leurs confrères avaient, au cours des âges, extrait des rectums de leurs patients

Pierre Barthélémy

(crédit photo : REUTERS/Yuriko Nakao)

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La sélection du Globule #27

Hiver– Il s’est écrit beaucoup de choses sur la météo hivernale de ce début d’hiver (sic !), y compris sur ce blog, et Time revient très sérieusement sur les aspects climatologiques du phénomène. En expliquant notamment que, même si les climato-sceptiques américains s’en donnent à cœur joie depuis qu’il fait froid et se demandent où est passé le réchauffement climatique, ce dernier explique très bien, et de plusieurs manières, la météorologie de ces derniers jours.

En 2011, la population mondiale devrait atteindre les 7 milliards de personnes. La planète y est-elle préparée, se demande Bryan Walsh, sur son blog de Time ?

Toujours dans les prévisions du début d’année, Nature fait des paris sur les avancées scientifiques que 2011 pourrait nous apporter : des scoops sur les particules au LHC, une véritable autre Terre autour d’un autre Soleil, un nouveau médicament contre l’hépatite C, etc.

Le site LiveScience évoque une étude montrant qu’aux Etats-Unis, un tiers des bébés de 9 mois sont déjà en surpoids ou carrément obèses. Cessez de leur mettre des hamburgers et des frites dans les biberons, voyons…

Si vous souhaitez prendre des vacances dans une île tropicale, évitez les Sentinelles, dans l’archipel des Andaman (golfe du Bengale). Sa population, qui a la réputation d’être la plus isolée du monde, s’attaque à tout visiteur, au point que les anthropologues ne s’y risquent pas et que personne ne la connaît ne serait-ce qu’un peu. Comme quoi il est encore possible d’avoir la paix quelque part…

A noter, un petit dossier sur la cryptographie sur le site du Temps, un domaine auquel je suis sensible depuis Le Code Voynich, livre que j’ai “réalisé” sur le manuscrit Voynich, le manuscrit le plus mystérieux du monde.

Pour finir, un diaporama du New York Times qui raconte une histoire culturelle de la Lune en 15 images.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : Je profite de ce premier billet de 2011 pour remercier les lecteurs du Globule de leur fidélité et leur souhaiter une belle année. Et qu’ils fassent connaître ce blog à tous ceux que la science titille ou passionne !

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La sélection du Globule #26

Pills and a medication bottle

– Une étude surprenante : l’effet placebo fonctionne même quand les patients savent que le “médicament” qu’ils prennent est un placebo…

– Cela n’était pas arrivé depuis longtemps : en 2008, l’espérance de vie a baissé aux Etats-Unis.

Etant donné que l’épidémie d’obésité ne cesse de progresser, il serait temps de concevoir des crash tests avec des mannequins en “surpoids” et non pas des mannequins aux proportions standards…

– Vous aviez appris à l’école qu’il existait deux espèces d’éléphants, ceux d’Afrique et ceux d’Asie ? Il va falloir vous remettre à jour. On s’en doutait depuis plusieurs années mais, cette fois, la génétique a tranché : en fait, il existe trois sortes d’éléphants, deux d’Afrique (un des savanes et un des forêts) et un d’Asie.

Une info que je mentionne en passant pour mes “amis” défenseurs du “Saint suaire” : l’origine médiévale du linge de Turin vient une nouvelle fois d’être confirmée. Cela n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi les débats autour de la datation au carbone 14 du suaire. Et cela ne convaincra pas non plus ceux qui placent la foi avant la science.

On connaît les mœurs carnivores du tyrannosaure. Mais tous les membres de la famille ne se contentaient pas du même régime que lui et beaucoup mettaient des plantes à leur menu.

On ne parle pas assez de mode dans ce blog… Pour pallier ce manque, je vous invite à lire cet article du New York Times consacré aux costumes… de l’espace.

Pour terminer et ce billet et l’année, je vous propose, avec la complicité de The Telegraph, le portfolio des plus belles photos d’astronomie de 2010.

Pierre Barthélémy

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Les Français doivent tous déménager au Pérou

Carte

C’est sur un amusant exercice de cartographie-fiction que je suis tombé au hasard de mes pérégrinations sur Internet. Quelqu’un s’est demandé comment les nations se redistribueraient à la surface de la planète si au pays le plus peuplé on attribuait le territoire le plus grand, et ainsi de suite jusqu’au pays le moins peuplé qui prendrait le territoire national le plus petit. La carte qui en résulte (consultable ici en grand) est rigolote et bien souvent involontairement ironique. Elle a été réalisée avec les données Wikipedia. Le but premier de l’exercice consiste à harmoniser, autant que faire se peut, les énormes disparités de densité de population à travers le monde. Entre Monaco et ses plus de 16 000 habitants au kilomètre carré et la Mongolie qui en compte moins de 2, certains se marchent plus sur les pieds que d’autres.

Quels sont les principaux changements qui en résultent (je vais oublier le conditionnel…) ? Commençons par les poids lourds. Le pays le plus peuplé de la planète, la Chine, s’installe donc dans le plus grand appartement, celui de son voisin russe, et récupère au passage des territoires dont elle a été dépouillée au XIXe siècle… Les Chinois réalisent un rêve : conquérir la Sibérie, rester un géant asiatique tout en posant un gros pied en Europe. Quant aux Russes, dont la démographie part en capilotade depuis de nombreuses années, ils se retrouvent en pays de connaissance, dans un de leurs anciens fiefs, le Kazakhstan. Ils se consolent en se disant qu’ils pourront toujours tirer leurs fusées à Baïkonour…

Le deuxième pays le plus peuplé de la Terre, l’Inde, change de continent en s’emparant du territoire canadien et devient un nouveau géant américain. Si Christophe Colomb était toujours de ce monde, il pourrait enfin réaliser son rêve de rejoindre les Indes en traversant l’Atlantique. Dans ce grand jeu de chaises musicales, le Canada fait quasiment le chemin inverse puisqu’il prend la place du Pakistan, tandis que l’ex-territoire indien est attribué, non sans une certaine ironie, à son voisin actuel, le Bangladesh, pays issu de la partition des Indes…

Nous arrivons enfin aux Etats-Unis, troisième nation la plus peuplée de la planète. Et ce n’est pas sans un certain sadisme que nous nous frottons les mains pour savoir dans quel coin ils vont atterrir. En Irak ? Au Soudan ? En Chine ? Eh bien non, rien de tout cela. Il se trouve que l’oncle Sam fait bien les choses car les Américains, dotés du troisième plus grand territoire, restent chez eux et s’économisent un colossal déménagement. Trois autres peuples ne goûtent pas non plus aux joies de l’émigration : les Irlandais (qui ont pourtant une longue tradition en la matière…), les Brésiliens et les Yéménites.

Bon. Et la France dans tout cela ? Nous sommes à l’étroit dans l’Hexagone et comme notre population croît à un rythme plutôt soutenu, nous avons besoin de nous agrandir… Nous continuons à aller à la montagne et à la mer, mais la Riviera se transporte sur les bords du Pacifique puisque nous atterrissons au Pérou. Ce qui ravit les fans d’archéologie, de Tintin au Temple du Soleil et de Serge Lama… Mais qui récupère nos vignes, notre tour Eiffel et notre douceur angevine ? La Malaisie, dont la population jeune et en expansion aspire aussi à plus d’espace. Les Belges qui se demandent s’ils ne doivent pas couper leur pays en deux se retrouvent dans un territoire actuellement occupé par un peuple ayant des préoccupations du même ordre, le Sahara occidental… Ce sont les Mongols qui débarquent au plat pays, passant d’un ranch immense à une coquette studette. Pour ce qui concerne les Helvètes, ils récupèrent la place laissée vacante par les Bangladais. La Suisse se retrouve battant pavillon panaméen…

Parmi les nombreuses coquetteries de cette grande redistribution, j’ai noté que les deux Corées ne pouvaient pas se quitter et continuent donc à se quereller, la Corée du Nord au Botswana et celle du Sud en Afrique du Sud ; les Britanniques ne sont plus un peuple d’insulaires puisque les sujets de sa Majesté Elisabeth II se retrouvent au Niger, sans accès à la mer ; enfin, le choc thermique risque d’être rude pour certains, comme les Vietnamiens transportés au Groenland, les Nicaraguayens en Islande ou les Libanais au Spitzberg… Je n’ai évidemment pas cherché à tout dire et les commentaires sont ouverts à ceux qui auront noté d’autres curiosités amusantes.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : une autre manière, plus sérieuse, de représenter les choses consiste à gonfler ou amaigrir les territoires des nations en fonction de leur population. Cette technique a été exploitée avec brio dans l’Atlas du monde réel, publié en 2008 aux Editions de la Martinière.

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La sélection du Globule #16

T-Rex

–  Le tyrannosaure était probablement le plus gros prédateur terrestre que notre planète ait connu. Et comme le font d’autres prédateurs après s’être battus entre eux, T-Rex ne dédaignait pas manger un steak de T-Rex… Pour ceux que cette histoire de cannibalisme dinosaurien intéresse, le papier scientifique est ici.

La Chine est devenue un géant du séquençage de génomes, nous explique Le Monde dans un reportage qui fait écho à un article paru dans Nature en mars. Et le pays a décidé d’investir beaucoup d’argent pour établir le protéome humain, le catalogue de toutes les protéines produites par les cellules de notre corps.

Soumis à de nombreuses critiques depuis près d’un an, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) accepte de se réformer. A lire dans Le Temps.

L’imposture “scientifique” des frères Bogdanov est une nouvelle fois dénoncée, par Sylvestre Huet de Libération et aussi par Marianne qui publie un rapport du CNRS “ridiculisant leurs thèses de doctorat”. La seule question véritable qu’il faudrait se poser (à commencer par moi) est : ne vaudrait-il pas mieux de plus jamais parler de ces deux personnages ?

Isaac Newton est mondialement célèbre pour ses talents de physicien et de mathématicien. Moins connue est sa passion pour la chimie, ou plutôt l’alchimie

Si la nourriture servie à bord des avions nous semble si mauvaise (euphémisme), ce n’est peut-être pas de sa faute mais celle… du bruit de fond des moteurs, qui altèrerait notre sens du goût.

Un portfolio sur ces villes qui vont grandir le plus vite au cours des dix ans à venir, de Santiago à Austin, en passant par Hanoi, Chennai et Chengdu…

Pierre Barthélémy

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Nous sommes tous des vampires

Nosferatu

Image extraite de "Nosferatu le Vampire", de F. Murnau (1922)

Le film Daybreakers sorti en mars. Une histoire de vampires. Le troisième opus de la saga Twilight est arrivé sur les écrans en juillet et le quatrième débarquera dans les salles obscures en 2011. Encore des vampires. Et on nous promet un Blade 4 pour 2012… Toujours des vampires. Je ne sais pas si vous avez le même sentiment que moi, mais j’ai la nette impression que les vampires sont partout ! Et si c’était vrai ? Si c’était vrai, cela se saurait, me direz-vous. Mais non, ils sont partout : ils contrôlent les médias, Wikileaks, l’Etat, la maréchaussée, les statistiques de l’Insee, les dentistes, les marchands d’ail et de crucifix, les entreprises de pompes funèbres et les organismes de donneurs de sang… Une seule chose peut nous aider à établir la vérité : les mathématiques !

C’est à un calcul simple et amusant que je vous invite, un calcul qu’ont réalisé Costas Efthimiou et Sohang Gandhi dans un article retentissant publié en 2008 dans le Skeptical Inquirer. Partons des données de base, que tout le monde connaît : quand un vampire affamé plante pour se nourrir ses crocs dans la carotide d’un humain, celui-ci (s’il ne meurt pas) devient à son tour un vampire. Pour le dire en termes démographiques : à ce moment-là, la population vampire augmente de un, tandis que la population humaine diminue de un. Admettons, pour faire simple, que le vampire suit un régime (parce que le sang des humains d’aujourd’hui est vraiment très riche et très calorique) et qu’il ne mord qu’une fois par mois. Admettons aussi que le premier vampire est apparu sur Terre le 2 juin 2003 à minuit, moment auquel Stephenie Meyer, l’auteur de Twilight, a vu en rêve ce qui allait devenir la trame de ses romans. Ce jour-là, on le sait grâce au Bureau du recensement américain, la population mondiale est estimée à 6.304.006.665 personnes. Enlevons notre vampire originel, sans doute issu d’on ne sait quelle manipulation génétique réalisée par un savant fou, et cela nous fait 6.304.006.664 hommes et femmes. Au bout d’un mois, notre Adam à longues canines a fait un émule. Mais, dans le même temps, la population mondiale a augmenté de plus de 6 millions d’individus.

On peut se dire que le match est inégal, que le taux de reproduction des humains est bien supérieur à celui des Nosferatu et autres Dracula. C’est une erreur (du même genre que celle commise par le roi dans la légende des grains de blé sur l’échiquier de Sissa). Le nombre de vampires va augmenter rapidement en doublant chaque mois. Les mathématiciens parlent de “progression géométrique“. Certes, cela commence de façon modeste (2, 4, 8, 16, etc) mais cela ne cesse de s’accélérer. Pour vous en convaincre, prenez une calculatrice, faites 1×2 et continuez à multiplier le résultat par 2. Au bout du 30e mois, plus de 500 millions de vampires courent les rues. Un mois après, le milliard est dépassé et la population humaine est passée sous la barre des 6 milliards. Au cours du 34e mois, soit en mars 2006, le dernier représentant d’Homo sapiens a succombé. Depuis lors, j’imagine que nous nous nourrissons tous grâce à du sang de synthèse, que nous faisons produire dans des fermes de vaches génétiquement modifiées. Voilà pourquoi le cinéma et la littérature de vampires marchent si bien : ils parlent de nous.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : en réalité, Costas Efthimiou et Sohang Gandhi avaient utilisé ce calcul pour prouver que les vampires ne pouvaient pas exister. Tout le monde peut se tromper…

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