– Nous ne sommes qu’en avril mais c’est déjà la sécheresse dans le nord de l’Europe ainsi qu’en Suisse. Un certain nombre de limitations d’usage de l’eau sont déjà entrées en vigueur en France. La carte Meteo France ci-dessus montre les cumuls de précipitations en mars : on voit que le rouge (déficit de précipitations par rapport à la moyenne) est beaucoup plus répandu que le bleu (excédent de précipitations par rapport à la moyenne).
– Dans le dossier des gaz de schiste, que l’on croyait refermé après l’abrogation des autorisations d’exploration et d’exploitation , la commission nommée par le gouvernement vient de rendre son rapport d’étape. Celui-ci préconise, relate Le Figaro, «la réalisation de travaux de recherche et de tests d’exploration» dans les régions françaises les plus «prometteuses». L’affaire n’est donc pas définitivement close.
– Et si on remplaçait vos bougies de voiture par un laser ? Résultat escompté : meilleur rendement et moins de pollution.
– Avec la mise à la retraite des navettes spatiales, que vont bien pouvoir faire les astronautes américains ?
– On vous classait selon votre groupe sanguin ? On pourra peut-être le faire selon vos bactéries intestinales…
– C’est un reportage que j’avais toujours voulu faire et reporté à des jours meilleurs : un tour dans l’antre de Jack Thiney, taxidermiste depuis plus de quatre décennies au Muséum national d’histoire naturelle, un artiste au service de la science. Finalement, c’est mon ancienne consœur du Monde, Florence Evin, qui s’en est chargée…
– Une peinture d’automobile qui pourra se réparer toute seule après une rayure (à condition d’être exposée à des UV, tout de même), c’est une invention de chercheurs suisses rapportée dans Le Temps.
– Un joli portfolio sur les baleines, dû au photographe Charles Nicklin, sur le site de Time.
– Pour finir : toujours dans Time, un article que j’aurais pu écrire pour compléter mon billet sur la taille du pénis suivant les pays (billet qui a battu tous les records d’audience, bande d’obsédés !). Selon des chercheurs, en dehors de la chirurgie, il existe vraiment au moins une méthode efficace pour augmenter la longueur du membre viril… Prendre une loupe ? Non, tirer dessus.
Pierre Barthélémy
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C’est un cliché qui a la peau aussi dure qu’une baleine. La mer serait “le monde du silence”. L’expression, incontestablement belle, vient du titre du film réalisé par Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, qui obtint la Palme d’or au Festival de Cannes 1956. Pourtant, rien de vrai là-dedans car océan rime avec boucan, surtout depuis que l’homme s’y promène. Au bruit naturel que font les animaux, les vagues, la pluie, les séismes et volcans sous-marins s’est ajouté un vacarme anthropique : moteurs de bateaux, bien sûr, mais aussi sonars en tout genre, coups de canon de l’exploration pétrolière, plateformes et éoliennes offshore. Comme un beau dessin vaut mieux qu’un long discours, voici la carte des activités humaines en mer du Nord, extraite d’un rapport de 2008 du Fonds international de protection des animaux consacré à la pollution sonore des océans. Même sans la légende, c’est assez parlant.
Le hic c’est que l’homme fait du bruit pile poil dans les fréquences qu’utilisent les mammifères marins pour communiquer, se localiser ou chercher de la nourriture. On voit bien, dans le diagramme ci-dessous, extrait d’un rapport très complet du Laboratoire d’applications bioacoustiques (LAB, Université polytechnique de Catalogne), que les activités humaines (en orange) dominent, en décibels, le niveau sonore des mammifères marins (en vert) dans les longueurs d’onde qu’ils utilisent. Je vous invite aussi à écouter ce que cela donne en vrai sur le site listenforwhales.org du Cornell Lab of Ornithology.
C’est un peu comme si, à la maison, un camion traversait votre salon tous les quarts d’heure, un marteau-piqueur vous accompagnait lors du dîner en famille et un arbitre de foot sifflait au milieu de vos conversations et autres ébats amoureux… Comment réagiriez-vous ? Je l’ignore. Mais pour ce qui est des cétacés, on commence à y voir un peu plus clair. Certains n’y survivent pas : soit ils succombent à des hémorragies pour être remontés trop vite en surface, soit ils s’échouent, complètement désorientés (Science & Vie de mai 2009). Et pour les autres ? On savait déjà que, chez les baleines à bosse, le mâle allongeait son chant nuptial s’il était confronté à un certain type de sonar, sans doute pour avoir plus de chance d’être entendu. On vient désormais d’apprendre, dans un article publié le 7 juillet par la revue Biology Letters, que les baleines franches de l’Atlantique Nord haussaient le ton lorsque le bruit de l’océan se faisait plus fort.
Rassurant ? Pas vraiment. En conclusion, les auteurs de l’étude écrivent ceci : “Le niveau sonore des océans continuera probablement à augmenter en raison des activités humaines et il y a une limite physique au niveau sonore maximal qu’un animal peut produire. Quand les niveaux de bruit de fond dépasseront les capacités des baleines franches à les compenser, soit la portée de la communication des baleines sera réduite, soit ces animaux devront attendre jusqu’à ce que le bruit faiblisse pour s’appeler. Les baleines franches se servent de ces appels pour des interactions sociales vitales ; par conséquent, une réduction dans l’espace ou dans le temps de ces communications acoustiques pourrait avoir de sérieuses répercussions pour la survie et la reproduction d’une espèce située dans un environnement marin hautement urbanisé.”
La baleine franche de l’Atlantique Nord a la mauvaise idée de vivre le long de la côte est américaine . Se nourrissant dans le golfe du Maine et allant mettre ses petits au monde dans les eaux de la Georgie et de la Floride, elle emprunte des voies maritimes plus que fréquentées. L’espèce figure dans la catégorie en danger de la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sa population totale tourne autour de 300 individus. Pas sûr que crier plus fort lui permettra d’être entendue par les responsables américains du trafic maritime…
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : n’allez pas croire, après le post précédent sur Nemo, que je sois obsédé par les poissons. Simplement, les chercheurs commencent aussi à se demander quelles conséquences a sur eux l’augmentation du bruit des océans. J’en veux pour preuve une étude parue en mai sur le sujet.
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