– Mardi 5 juillet si tout va bien, Atlantis s’élancera dans le ciel pour ce qui sera le dernier vol d’une navette américaine. Pour les Etats-Unis, cela marquera la fin d’une certaine conception du spatial.
– Dans le ciel médiatique de cette semaine on avait le plus lointain quasar (et aussi le plus vieux) jamais observé et ce petit astéroïde, déjà signalé la semaine dernière, qui a frôlé la Terre lundi 27 juin.
– Au Texas, la sécheresse fait des ravages et 800 000 hectares de champs de coton ont été abandonnés. Dans l’Hexagone, Météo-France annonce que les sécheresses pourraient être plus fréquentes et plus intenses au cours de ce siècle.
– Le trésor du temple indien. Ce pourrait être le titre d’un nouvel épisode d’Indiana Jones mais il s’agit en réalité d’une jolie découverte : de l’or, de l’argent et des pierres précieuses cachés depuis plus d’un siècle dans le temple de Sri Padmanabhaswamy, dans le Kérala, un état du sud de l’Inde.
– Tout un monde dans votre nombril. La biodiversité de l’ombilic est en train d’être explorée. Environ 1 400 souches de bactéries ont été comptabilisées, dont plusieurs centaines sont inconnues !
– Un petit exploit de plus pour le BTP chinois, avec l’ouverture du plus grand pont maritime du monde entre la ville de Qingdao et l’île de Huangdao : 42 kilomètres. On pourrait y faire courir un marathon…
– Pour terminer : alors que le Tour de France commence aujourd’hui, le New York Times s’intéresse à une amélioration du vélo que l’on ne verra pas dans le peloton cette année, la selle sans nez. Qui n’écrase donc pas le périnée de ces messieurs-dames à bicyclette, ce qui est excellent pour leurs parties intimes.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : Globule et télescope est de nouveau sur la deuxième marche du podium au classement Wikio des blogs de science francophones. Voici ce classement, en avant-première :
lire le billet– Le Soleil pourrait connaître une période anormalement calme de ses cycles d’activité, comme cela s’est produit durant le XVIIe et le XVIIIe siècles, qui ont correspondu au “Petit Age glaciaire”. A cette époque, les températures avaient légèrement baissé. Si le phénomène se confirme, cela ne sera néanmoins pas suffisant pour contrecarrer le réchauffement climatique…
– En astronomie, Mercure est une des planètes dont on parle traditionnellement le moins. Une injustice en passe d’être réparée grâce à la sonde Messenger qui, depuis quelques mois, s’est mise en orbite autour de la planète la plus proche du Soleil.
– La NASA et les militaires américains prêts à donner un demi-million de dollars à qui leur expliquera comment surmonter les obstacles du voyage interstellaire et notamment comment amener des engins spatiaux à des vitesses moins ridicules que celles pratiquées aujourd’hui. Il faudra aussi trouver un moyen de financer de manière pérenne des projets prévus pour durer des décennies…
– Plus de 35 ans après la fin de la guerre du Vietnam, Hanoi et Washington collaborent pour le nettoyage de zones contaminées par l’agent orange, un défoliant contenant de la dioxine utilisé par l’armée américaine pendant le conflit. Déversé sur des millions d’hectares, ce produit a tué ou mutilé des centaines de milliers de personnes et provoqué de très nombreuses malformations congénitales.
– Je m’en doutais personnellement un peu à force de voir des tonnes de “papiers” aussi contradictoires que caricaturaux sur tel ou tel régime ou sur les qualités et les défauts de tel ou tel aliment, les quotidiens généralistes font preuve de bien peu d’exigence journalistique dans ce genre d’articles.
– En pleine vague X-Men, le Daily Mail explique que, sur le plan génétique, nous sommes tous un peu des mutants. Je me disais aussi que ce n’était pas normal, ces flammes qui me sortent des yeux…
– D’ailleurs, aux Etats-Unis, des chercheurs ont réussi à transformer des cellules vivantes en sources-laser.
– Pour finir : il y a 2 500 ans, on brassait de la bière en Provence. La découverte archéologique de la semaine ? Peut-être pas, mais c’est tout ce que les médias français ont l’air d’avoir retenu grâce à une dépêche AFP qui a fait le bonheur des rédactions fainéantes. Pour ceux qui ne sauraient s’en contenter, je conseille les nouvelles quotidiennes d’Archaeology Magazine.
Pierre Barthélémy
lire le billetSi l’on met momentanément entre parenthèses les informations sur le séisme et le tsunami du Japon, on pourra aussi butiner dans ces articles-là :
– Une nouvelle étude montre que les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique (sur la photo ci-dessous une vue de Terre Adélie prise par votre serviteur en 2003) fondent à un rythme accéléré depuis vingt ans. Ce qui, à terme, conduira à une hausse du niveau des océans plus importante que celle, prudente, retenue par le GIEC. Comme quoi, il n’y a pas que les tsunamis qui font monter les mers… Par ailleurs, des océanographes ont découvert que de plus en plus de crabes, d’ordinaire frileux, s’aventuraient dans les eaux froides bordant l’Antarctique.
– Aux Etats-Unis, pendant ce temps, la guerre des Républicains, soutenus par plusieurs lobbies industriels, contre la politique environnementale de Barack Obama fait rage. Du coup, Time se demande comment modifier le discours des climatologues et des environnementalistes pour que la partie la plus conservatrice de l’opinion cesse de ne plus faire confiance aux chercheurs et considère enfin objectivement les preuves qu’ils ont rassemblées sur la réalité et les causes du réchauffement climatique.
– Alors que l’on s’interroge sur la manière dont les centrales nucléaires japonaises ont surmonté l’épreuve sismique, le Christian Science Monitor dresse la liste des 10 pays qui dépendent le plus de l’atome pour leur électricité. Sans surprise, la France est la championne du monde incontestée.
– La revue Science a eu accès à un registre des morts de civils dans le conflit afghan montre que la guerre devient de plus en plus meurtrière dans le pays. Un article instructif sur la façon dont les militaires tiennent le compte des morts.
–Vous êtes obèse et vous voulez maigrir ? Oubliez les anneaux gastriques, les coupe-faim dangereux, les pilules qui vous font déféquer votre gras ou les régimes impossibles. La dernière nouveauté est un pacemaker gastrique : lorsque vous mangez, une sonde dans l’estomac détecte la prise alimentaire, la signale à l’appareil qui envoie, via une électrode, de petites décharges électriques sur l’estomac, ce qui a pour effet de faire croire à votre cerveau que vous êtes rassasié. Du coup, les sujets mangent beaucoup moins… et maigrissent.
– L’astronome amateur français Thierry Legault, déjà auteur de quelques photographies époustouflantes, vient de récidiver en réalisant pour la première fois, depuis la Terre, un cliché détaillant la Station spatiale internationale à côté de laquelle on distingue un astronaute en sortie extra-véhiculaire.
– Pour terminer : parmi les disparités génétiques qui font que nous sommes différents des singes, on note la disparition, chez le mâle humain, d’épines tactiles situées sur son pénis… Une info qui aurait eu toute sa place dans mon désormais célèbre billet sur la forme du zizi…
lire le billet– Pour plusieurs chercheurs, la fragilité de nos sociétés technologiques vis-à-vis des “tempêtes solaires” (éruptions solaires et éjections de masse coronale) s’est accrue au cours des dernières années, qui ont correspondu à une exceptionnelle période de calme dans l’activité de notre étoile. Si de massives bouffées de particules hautement énergétiques devaient atteindre la Terre, de nombreux systèmes risquent de ne pas résister (satellites, électronique, réseaux électriques) et la facture pourrait atteindre les 2 000 milliards de dollars, estiment-ils.
– Un groupe de scientifiques s’exprimant au congrès annuel de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) a dévoilé un modèle montrant que le réchauffement climatique pourrait entraîner, d’ici une trentaine d’années, une augmentation dans les eaux (douces ou marines) des algues toxiques et des micro-organismes dangereux pour l’homme.
– Autre prédiction énoncée à cette réunion de l’AAAS : la pression démographique sur les ressources sera telle au cours des prochaines décennies que la planète pourrait devenir méconnaissable d’ici à 2050.
– Time publie un entretien avec le docteur Paul Offit, qui dirige le département des maladies infectieuses au Children’s Hospital de Philadelphie. Au menu : les dangers du mouvement anti-vaccin.
– Nature consacre un dossier spécial au délicat sujet de l’expérimentation animale et, dans ce cadre, dresse le portrait de Joseph Harris, chercheur en oncologie le jour, et militant de la cause animale la nuit. Il a été condamné à trois ans de prison pour différents actes de sabotage et de vandalisme.
– A l’occasion d’une étude sur la précognition, qui semble montrer que prévoir le futur est possible, Le Temps explique que l’interprétation des statistiques est parfois trompeuse.
– La petite capsule spatiale 3K1-2, qui servit à préparer, en 1961, le vol de Youri Gagarine, premier homme dans l’espace, sera mise aux enchères le 12 avril, chez Sotheby’s, nous signale Le Figaro. L’engin vaudrait entre 2 et 10 millions de dollars.
– Restons dans l’espace en signalant que la navette Discovery a, pour la dernière fois de son histoire, quitté le plancher des vaches en direction de la Station spatiale internationale. Après cette mission, deux autres vols de navette sont programmés avant leur mise à la retraite : Endeavour en avril et Atlantis en juin.
– Pour finir, des épidémiologistes ont trouvé que la fameuse crise de la quarantaine était un mythe, rien d’autre qu’un gimmick pour romanciers ou scénaristes. Si crise il doit y avoir, elle peut survenir à n’importe quel âge…
Pierre Barthélémy
lire le billet– L’augmentation de l’intensité des précipitations constatée pendant la deuxième moitié du XXe siècle dans l’hémisphère nord est liée au changement climatique et s’avère donc une conséquence de l’influence humaine sur l’atmosphère, explique une étude publiée dans Nature.
– Si vous aimez vraiment le poisson, mieux vaut cesser de mettre dans vos assiettes les grosses espèces que sont le cabillaud ou le thon, victimes de la surpêche, et leur préférer leurs proies (sardines, harengs, anchois) qui, elles, se portent de mieux en mieux puisque leurs prédateurs disparaissent (dans nos ventres).
– Selon une étude publiée par PLoS One, environ 20 % des génomes non humains séquencés ont été contaminés par de l’ADN humain, probablement lors de la préparation des échantillons. D’où la nécessité de mettre en place des protocoles beaucoup plus rigoureux lors des séquençages.
– Peut-on prévoir des attaques terroristes en étudiant l’évolution du vocabulaire employé par des organisations comme Al-Qaida ?
– La fusée Ariane a réussi son 200e lancement en mettant en orbite le cargo européen ATV-Johannes Kepler, destiné à ravitailler la Station spatiale internationale.
– Déjà menacée par la montée des eaux, la population des Sundarbans, région à cheval sur l’Inde et le Bangladesh, fait face à un nouveau problème : les attaques de tigres et d’éléphants. Il faut dire que la pression démographique pousse les habitants à empiéter sur les territoires de ces grands mammifères.
– C’était le buzz astronomique de la semaine : y a-t-il une planète géante, analogue à Jupiter voire plus grosse qu’elle, cachée aux confins du système solaire ?
– Un peu de chimie afin d’expliquer pourquoi le célèbre jaune “pétard” des tableaux de Van Gogh vire au brun avec le temps.
– Pour finir, pour le plaisir des yeux et sans rapport avec l’actualité car cette vidéo a presque un an, une élégante illusion qu’aurait adorée M. C. Escher.
Pierre Barthélémy
lire le billet– Une des principales informations de la semaine, si l’on met de côté ce qui s’est passé en Egypte, c’est la naissance du premier bébé-médicament en France. Dans un autre genre mais toujours dans la rubrique des naissances, comment un dame de 61 ans a donné la vie à… son petit-fils, en servant de mère porteuse à sa fille et à son gendre.
– On pensait que Lucy, la célèbre australopithèque, tout en se tenant debout sur ses deux jambes, avait conservé un mode de vie arboricole. La découverte d’un os de pied d’australopithèque, semblable au nôtre, montre, selon Le Figaro, que ces hominidés marchaient aussi bien que nous et passaient le plus clair de leur temps au sol plutôt que dans les arbres.
– Aujourd’hui, faire de l’astronomie de pointe signifie souvent trouver d’importants financements pour des instruments coûteux. La revue Nature recense néanmoins un certains nombres de techniques utilisables afin de détecter, pour pas trop cher, des planètes extrasolaires.
– Pour les fans d’archéologie et d’histoire, je signale qu’a ouvert au Pergamon Museum de Berlin, une exposition sur la collection de sculptures antiques de Max Freiherr von Oppenheim (1860-1946). Celui-ci avait fouillé en Syrie un palais datant du début du premier millénaire avant notre ère. Ses trouvailles avaient ensuite été rapportées en Allemagne et von Oppenheim les avait installées dans une ancienne usine qu’il avait transformée en musée privé. Mais celui-ci fut bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. On récupéra des bennes de débris qui furent emmagasinés jusqu’au début des années 1990. C’est à ce moment-là que les quelque 27 000 morceaux commencèrent à être triés, catalogués, jusqu’à ce qu’une grande opération de restauration soit entreprise il y a presque dix ans. Ce sont les résultats de ce puzzle géant qui sont exposés à Berlin.
– Je vous conseille la lecture, sur Wired, de cet article de Jonah Lehrer consacré à Mohan Srivastava, un statisticien vivant à Toronto qui, il y a quelques années, a “craqué” les codes de plusieurs jeux de grattage au Canada et aux Etats-Unis, montrant ainsi que, dans certains jeux censés y être inféodés, le hasard était sous contrôle.
– Les plastiques sans pétrole, fabriqués à partir de maïs mais aussi de lait, ont le vent en poupe, nous dit Le Temps.
– Pour finir : comment la déferlante pornographique en ligne sur Internet affecte la libido des mâles américains…
Pierre Barthélémy
lire le billet
C’est un “marronnier” journalistique qui revient régulièrement hanter certaines “unes” : l’astéroïde tueur qui nous a frôlé sans qu’on le voie ou qui, selon des calculs très savants, viendra nous heurter dans dix, vingt, trente ou deux cents ans, parce que si la fin du monde n’est pas pour 2012 comme d’aucuns le redoutent, elle sera forcément pour plus tard… Dans la grande course médiatique à l’apocalypse, les cailloux errant dans le système solaire se sont transformés en vedettes, au fur et à mesure que les instruments automatiques de surveillance installés pour les détecter, les identifier et les cataloguer aidaient les astronomes à calculer précisément les orbites de ces “géocroiseurs” (un mot savant pour désigner les corps passant à proximité de la Terre). D’où des articles récurrents sur d’hypothétiques chocs avec notre planète, aux saveurs de fin du monde et fleurant bon la disparition des dinosaures.
Ainsi nous a-t-on récemment reparlé de l’astéroïde Apophis (du nom d’un dieu égyptien personnifiant le chaos, rien que ça), un objet de 270 mètres de diamètre qui, selon les récents calculs d’astronomes russes, risquerait de se fracasser sur notre bouboule bleue le 13 avril 2036. Si l’on met de côté le fait qu’Apophis pourrait choisir une autre date parce que, si tout va bien, ce sera le 93e anniversaire de ma maman ce jour-là, l’auteur de la dépêche en question a un peu oublié de préciser ce que recouvre l’emploi du conditionnel dans la phrase précédente (“risquerait de se fracasser”). C’est souvent là que le bât blesse le journaliste en quête de sensationnalisme. En fait, la NASA a précisé quelques jours plus tard qu’il y avait une “chance” sur 250 000 pour qu’Apophis nous croise sur son chemin. Encore faut-il pour cela que, lors de son passage en 2029 (qui devait déjà donner lieu à un cataclysme si on se rappelle les prévisions établies lors de la découverte d’Apophis en 2004…), l’astéroïde pénètre dans ce que les chercheurs appellent un “trou de serrure”, une minuscule région de l’espace où l’attraction terrestre “corrigera” l’orbite d’Apophis de telle sorte que ce dernier ne pourra plus nous rater en 2036.
Une chance sur 250 000, c’est à la fois peu et beaucoup si l’on considère que le choc d’un tel corps contre notre planète serait assez destructeur puisqu’il relâcherait une énergie équivalente à 510 mégatonnes de TNT, soit 34 000 fois celle de la bombe atomique d’Hiroshima. Encore faut-il que les calculs soient exacts. Ce qu’ils ne peuvent être complètement, étant donné qu’on ignore beaucoup de choses sur les propriétés d’Apophis et que les chercheurs en calculent l’orbite dans un modèle de système solaire forcément simplifié. Ainsi, des facteurs tels que la rotation de l’astéroïde sur lui-même, sa masse, la manière dont il absorbe la lumière du Soleil et irradie la chaleur, les irrégularités du champ gravitationnel terrestre, l’influence d’autres astéroïdes inconnus et même la masse des planètes et du Soleil, tous ces paramètres ne sont pas connus avec une précision suffisante pour que l’on puisse faire des prédictions ultra-fines. Si l’on se projette dans un quart de siècle, cela peut amener une incertitude de plusieurs milliers voire de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres dans la position d’Apophis… D’où la nécessité de surveiller toujours davantage les géocroiseurs et notamment les prochains rendez-vous d’Apophis, qui repassera en 2013, 2014, 2016, 2020, etc.
D’où la nécessité, aussi, de communiquer avec mesure sur les dangers que courent la Terre et ses habitants, afin d’échapper aux accusations de sensationnalisme et de ne pas effrayer inutilement le public. C’est pour cette raison que les astronomes ont mis au point en 1999 une sorte d’échelle de Richter du risque d’impact avec un astéroïde. Baptisée échelle de Turin, en l’honneur de la ville où cet outil a été présenté, elle est graduée de zéro à dix et change de couleur en fonction du risque, allant du blanc au rouge en passant par le vert, le jaune et l’orange (voir ci-dessous).
Le degré zéro, qui correspond à la zone blanche, signifie que l’objet n’a aucune chance de toucher notre planète ou bien que sa taille est si faible qu’il se consumerait dans l’atmosphère avant de toucher le sol, à la manière des étoiles filantes. Plus les degrés augmentent, plus la probabilité de collision est importante. On passe ainsi en zone verte (degré un), en zone jaune (de deux à quatre), en zone orange (de cinq à sept, où la probabilité est importante mais pas égale à 100 %), pour atteindre enfin la zone rouge. Lorsqu’un astéroïde parvient à se hisser au niveau huit, cela signifie qu’il frappera la planète, causant des dégâts « locaux » équivalant à ceux produits par un gros tremblement de terre. A neuf, les dégâts deviennent régionaux (au sens planétaire…) et, à dix, la collision se traduit par une « catastrophe climatique globale » analogue à celle qui marque la disparition des dinosaures. Il faudrait pour cela un astéroïde d’une dizaine de kilomètres de diamètre.
A l’heure qu’il est, Apophis est classé au degré zéro de l’échelle de Turin. Parmi les quelque 7700 objets passant dans les parages de la Terre et répertoriés aujourd’hui (dont 823 à ce jour font au moins un kilomètre de diamètre), seuls deux sont classés au niveau un (et aucun à un niveau supérieur). Il s’agit de l’astéroïde 2011 AG5 (140 m de diamètre), dont la probabilité de collision avec notre planète, le 5 février 2052 est pour le moment estimée à un sur 9 000, et de l’astéroïde 2007 VK184 (130 m de diamètre), qui a une chance sur 3 000 de nous rentrer dedans le 3 juin 2048. Pour présenter les chiffres autrement, ils ont respectivement 99,989 et 99,967 % de chances de passer à côté de notre maison bleue. Cela relativise un peu les dangers. Comme quoi, la présentation des chiffres, ça compte.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : pour rester dans l’actualité “astéroïde”, je signale qu’un rocher d’un mètre de diamètre a battu, vendredi 4 février, le record du “caillou” détecté le plus près de la Terre, puisque 2011 CQ1 est passé à seulement 5 480 km du plancher des vaches. S’il était entré dans l’atmosphère, il se serait très probablement disloqué et consumé en un beau météore, sans atteindre le sol.
lire le billetL’Observatoire européen austral (ESO, pour European Southern Observatory) a déjà un bijou de technologie avec son Very Large Telescope, perché à 2 635 mètres d’altitude sur le Cerro Paranal, dans le désert d’Atacama au Chili. Mais, dans la course aux découvertes scientifiques et à la technologie de pointe, il faut toujours prévoir la génération suivante. Depuis 2005, l’ESO planche sur un instrument dont les performances dépasseront largement celle des quatre grands télescopes du VLT : l’European Extremely Large Telescope (E-ELT, figuré sur la vue d’artiste ci-dessus). Autrement dit, un mastodonte de l’astronomie, avec un miroir géant de 42 mètres (ceux du VLT ne font “que” 8,2 m de diamètre et ceux du Keck américain 10 m).
Mais les très grands équipements coûtent cher et le budget nécessaire à la construction de l’E-ELT, sur le Cerro Armazones, à une vingtaine de kilomètres du VLT et à plus de 3 000 mètres d’altitude, s’élève à un milliard d’euros. Heureusement, l’ESO a reçu, peu après Noël, un magnifique cadeau : le Brésil a en effet signé, le 29 décembre 2010, son accord d’adhésion à l’ESO, qui fera de lui, s’il est ratifié par son Parlement, le quinzième pays de l’Observatoire et le premier non-européen (les 14 autres membres sont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse). Ce que le communiqué de presse ne dit pas, c’est que Brasilia apporte un chèque de 300 millions d’euros (dont 130 millions d’euros de “ticket d’entrée”). Comme l’explique Nature, si l’on ajoute les 300 millions d’euros que les Européens ont déjà mis sur la table pour l’E-ELT, 60% du financement est déjà trouvé. Le directeur général de l’ESO, l’astronome néerlandais Tim de Zeeuw, a indiqué que, pour les 400 millions d’euros restants, une “contribution exceptionnelle” sera demandée aux Etats membres.
L’E-ELT sera un monstre de technologie, un instrument de quelque 5 000 tonnes et de 60 mètres de haut. Pour composer son immense miroir primaire, il faudra assembler pas moins de 984 miroirs hexagonaux de 1,45 m de diamètre, qui collecteront au total quinze fois plus de lumière que les meilleurs télescopes actuels. L’E-ELT aura une résolution quinze fois supérieure à celle du fameux télescope spatial Hubble. Son design unique compte au total cinq miroirs. La lumière reçue par le miroir principal de 42 m est renvoyée vers un miroir secondaire de 6 mètres de diamètre qui à son tour la renvoie sur un miroir blotti dans le premier. Ce troisième larron transmet la lumière à un miroir dit adaptatif, capable d’ajuster sa forme un millier de fois par seconde afin de corriger les distorsions d’image dues à la turbulence atmosphérique. Le cinquième et dernier miroir stabilise l’image et envoie la lumière aux caméras et instruments. L’E-ELT s’installera sous un dôme ouvrant de 80 mètres de haut, analogue à ceux de certains stades. Le tout en fera un monument de science, presque comparable en taille aux pyramides égyptiennes, comme le montre la vue d’artiste ci-dessous, qui fait figurer le VLT à côté de l’E-ELT.
Un géant, donc, mais pour quelle science ? Les astronomes attendent de l’E-ELT un important saut qualitatif lorsqu’il entrera en service en 2018 ou 2019. Travaillant dans les domaines optique et proche infra-rouge, ce télescope remplira des missions très diverses dont voici une liste non exhaustive : détecter des planètes extra-solaires de la taille de la Terre ; photographier les grosses exoplanètes (celle de la taille de Jupiter ou plus grandes) et analyser leur atmosphère ; étudier la formation des planètes en observant les disques proto-planétaires entourant les étoiles très jeunes ; analyser les populations stellaires d’un bon échantillon de galaxies (ce qui est impossible avec les instruments actuels car leur résolution est trop faible) afin de reconstituer leur histoire ; voir les objets les plus lointains et donc les plus anciens du cosmos, pour remonter aux origines des premières galaxies ; mesurer l’accélération de l’expansion de l’Univers et chercher à identifier la nature de la mystérieuse énergie noire qui en est la cause. Un programme aussi alléchant que copieux et on comprend mieux en le lisant à quel point les astronomes européens et, désormais, brésiliens sont impatients de voir le chantier de l’E-ELT commencer au Chili. D’autant que leurs concurrents américains sont moins bien partis qu’eux dans la course au gigantisme.
Comme l’explique l’article de Nature, deux projets ont été présentés outre-Atlantique, avec des collaborations internationales, mais le Thirty Meter Telescope et le Giant Magellan Telescope sont tous les deux plus petits que le “bébé” de l’ESO et seulement l’un d’entre eux recevra des subsides de la National Science Foundation (NSF) américaine. Surtout, la NSF a donné sa priorité à la construction d’un autre télescope, moins grand, le Large Synoptic Survey Telescope, qui aura des objectifs scientifiques bien différents : capable d’observer de larges portions de l’espace, il couvrira tout le ciel visible deux fois par semaine, ce qui permettra de réaliser un film du cosmos, d’observer les changements de luminosité et de position des astres, et par conséquent de détecter les astéroïdes potentiellement dangereux pour la Terre. Si jamais un des deux projets américains devait rester sur le carreau, seuls deux télescopes géants, à la pointe de la technologie, verraient le jour à la fin de la décennie. Autant dire que les places seront encore plus chères qu’aujourd’hui pour les astronomes, dont certains seront inéluctablement rétrogradés dans la deuxième division de la science…
Pierre Barthélémy
lire le billet– 2011 est l’année internationale de la chimie. A cette occasion, Nature a ouvert une page spéciale sur son site Internet, qui sera régulièrement mise à jour.
– L’Américaine Henrietta Lacks, bien que décédée en 1951, est immortelle et pourrait bien être une des femmes les plus importantes de l’histoire de la médecine. Ses cellules cancéreuses ayant la propriété de ne pas mourir, les chercheurs les cultivent à la chaîne et s’en servent depuis six décennies pour faire des découvertes majeures : vaccins, génétique, travaux sur le cancer et le sida. Ecrite par l’Américaine Rebecca Skloot, la saga des cellules HeLa (d’après le nom d’Henrietta Lacks) a été un best-seller primé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et vient de paraître en France sous le titre La Vie immortelle d’Henrietta Lacks.
– C’était le buzz de la semaine (si l’on met de côté les morts massives d’oiseaux et de poissons): les larmes des femmes (mais pourquoi que des femmes ?) réduisent le taux de testostérone et le désir sexuel chez les hommes. Une question demeure : ce signal chimique est-il opérant dans la vie réelle ?
– Il y a 25 ans, la sonde Voyager-2 passait au voisinage d’Uranus. Depuis, aucun engin d’exploration n’est allé rendre visite à cette planète. Une nouvelle mission pourrait partir à sa rencontre dans 10 ans et arriver à destination en 2036 ! Les astronomes sont connus pour voir loin…
– Une dépêche Reuters nous apprend que, selon une étude américaine, un test sanguin de détection de la maladie d’Alzheimer pourrait rapidement être mis au point.
– Un dossier sur la dendrochronologie, l’art de tirer des informations scientifiquement acceptables à partir des anneaux de croissance des arbres.
– Pour terminer : que faire avec les espèces invasives ? Deux idées : primo, les manger ; secundo, les porter sur soi (chaussures ou vêtements). Certains considérant que l’homme est la principale espèce invasive de la planète, je ne suis pas sûr que ces solutions soient toujours vues sous un jour favorable…
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : 5 mois après son lancement officiel, le 9 août 2010, Globule et télescope vient de passer la barre des 500 000 pages vues. Un grand merci à vous ! Je profite de l’occasion pour vous dire que je participerai, mercredi 12 janvier, à l’émission La Tête au carré, de Mathieu Vidard, sur le thème des blogs scientifiques. C’est en direct sur France Inter, de 14h05 à 15 heures.
lire le billet“L’astronome, inondé de rayons, pèse un globe à travers des millions de lieues”, écrivait Victor Hugo. Si l’on prend le poète au pied de la lettre, on s’aperçoit vite que le secteur retenu est riquiqui eu égard aux très grandes distances qui séparent les planètes, les étoiles ou les galaxies. En réalité, le seul globe que l’astronome peut peser dans un rayon de quelques millions de kilomètres est… la Lune.
Car les distances astronomiques sont véritablement… astronomiques ! J’ai un jour voulu m’amuser à dessiner un système solaire à l’échelle et, si vous voulez reproduire cette expérience avec des enfants, commencez par sortir de chez vous. Voici pourquoi. Pour l’occasion, j’avais décidé de réduire la Terre à sa plus simple expression, c’est-à-dire à un point de stylo sur une feuille de papier. Un point d’un peu plus d’1 millimètre de diamètre. Comme le diamètre réel de notre planète est d’un peu plus de 12 700 km, je me suis dit qu’on allait dessiner le système solaire au dix-milliardième. Du coup, le Soleil, énorme boule de gaz d’1,4 million de km de diamètre, prenait des proportions plus acceptables, avec ses 7 cm de rayon. Mais à quelle distance de la Terre devais-je le placer ? Dans mon coin d’Univers en modèle réduit, notre étoile se trouvait tout de même à 15 mètres de mon point de stylo… D’où l’intérêt d’être dehors. Mars se plaçait à 23 mètres du Soleil, Jupiter se promenait à 78 mètres, Saturne à 140 mètres, etc. A l’époque, Pluton n’avait pas été déclassée et était toujours considérée comme une planète, la plus petite du système solaire. Eh bien, pour situer ce nain astronomique, il fallait courir à l’autre bout du quartier, à 591 mètres de mon Soleil miniature.
Pour donner une idée à mes enfants des tailles relatives des planètes, je me suis inspiré des conseils prodigués par Mireille Hartmann dans son excellent petit livre Explorer le ciel est un jeu d’enfant (éd. Le Pommier). L’idée consiste à leur faire dessiner, grandeur nature, les fruits inscrits sur cette liste de courses : une groseille, une cerise, un grain de raisin, un cassis, une pastèque, un melon, une pêche, une mandarine et une autre groseille plus petite que la première, qui représentent respectivement Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.
Tout le problème, c’est qu’il n’existe aucun fruit assez gros pour représenter les étoiles, à commencer par le Soleil. On a vu plus haut que le diamètre de notre astre du jour est plus de cent fois supérieur à celui de la Terre. Eventuellement, une énorme citrouille pourrait faire l’affaire. Mais ce serait oublier que le Soleil est de taille relativement modeste, lui-même un nabot à côté d’autres étoiles, géantes à proprement parler. Pour faire saisir le diamètre colossal de ces “globes”, pour reprendre le mot de Victor Hugo, j’ai tout de même trouvé cette vidéo, qui impressionnera petits et grands, et leur fera saisir, peut-être mieux que de longs discours, à quel point la Terre est un tout petit monde…
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : par un hasard extraordinaire, la Lune, 400 fois plus petite que le Soleil, est aussi située 400 fois plus près. Ce qui fait que, vu depuis la Terre, le diamètre apparent des deux astres est le même, ce qui permet le phénomène des éclipses totales de Soleil. Je profite de l’occasion pour dire que, le 4 janvier 2011, au matin, la France pourra assister (si la météo le permet) à une éclipse partielle de Soleil. Plus on ira vers le nord du pays, plus la surface du Soleil masquée par la Lune sera grande. Rappelons une fois de plus que, pour observer ce phénomène sans s’abîmer gravement les yeux, il faut s’équiper de lunettes spéciales.
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