La sélection du Globule #73

Ce samedi, le robot à roulettes américain Curiosity a quitté la Terre en direction de la planète Mars sur laquelle il se posera en août 2012, avant d’en explorer une petite partie à l’aide de ses dix instruments (dont deux français pour tout ou partie). L’objectif : découvrir si, dans le passé, Mars a pu offrir des conditions propices à l’apparition de la vie.

– Selon une étude publiée dans Science, le climat n’est peut-être pas aussi sensible à l’augmentation du taux de gaz carbonique que ce que l’on croyait. Mais il ne faut pas se réjouir trop vite : malgré cette correction, les chercheurs prévoient tout de même une hausse des températures de plus de 2° C à la fin du siècle.

Le rapport annuel d’Onusida montre cette année des résultats encourageants, avec notamment une baisse des nouvelles infections et une augmentation du nombre de personnes sous traitement. Néanmoins, en 2010, 2,7 millions de personne dans le monde ont été contaminées par le VIH.

Le premier bilan exhaustif de l’état des sols en France a été rendu public. Même s’il est meilleur que dans certains pays comme le Royaume-Uni, les sols ne sont pas gérés de manière durable et subissent les assauts du béton, de la pollution et de l’érosion.

Il y a 42 000 ans, l’homme pêchait déjà du thon, comme vient de le montrer une équipe d’archéologues travaillant au Timor oriental. Des hameçons taillés dans des os ont ainsi été mis au jour, ainsi que des restes de poissons. Cette découverte fait remonter de plusieurs dizaines de milliers d’années la pratique de la pêche (en haute mer qui plus est) par nos ancêtres.

Chaque année depuis des décennies, la Nikon Small World Competition récompense les meilleures photographies prises au microscope. Ces images de science ont toujours de grandes qualités esthétiques. Le palmarès 2011 est ici.

Nephila antipodiana est une araignée qui, pour se défendre des fourmis, imprègne les fils de sa toile d’un produit insecticide.

Pour finir : ma chronique “Improbablologie” dans Le Monde évoque ces messieurs zoophiles qui risquent le cancer du pénis dans leurs amours de basse-cour…

Pierre Barthélémy

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La sélection du Globule #50

Le Soleil pourrait connaître une période anormalement calme de ses cycles d’activité, comme cela s’est produit durant le XVIIe et le XVIIIe siècles, qui ont correspondu au “Petit Age glaciaire”. A cette époque, les températures avaient légèrement baissé. Si le phénomène se confirme, cela ne sera néanmoins pas suffisant pour contrecarrer le réchauffement climatique…

– En astronomie, Mercure est une des planètes dont on parle traditionnellement le moins. Une injustice en passe d’être réparée grâce à la sonde Messenger qui, depuis quelques mois, s’est mise en orbite autour de la planète la plus proche du Soleil.

La NASA et les militaires américains prêts à donner un demi-million de dollars à qui leur expliquera comment surmonter les obstacles du voyage interstellaire et notamment comment amener des engins spatiaux à des vitesses moins ridicules que celles pratiquées aujourd’hui. Il faudra aussi trouver un moyen de financer de manière pérenne des projets prévus pour durer des décennies…

Plus de 35 ans après la fin de la guerre du Vietnam, Hanoi et Washington collaborent pour le nettoyage de zones contaminées par l’agent orange,  un défoliant contenant de la dioxine utilisé par l’armée américaine pendant le conflit. Déversé sur des millions d’hectares, ce produit a tué ou mutilé des centaines de milliers de personnes et provoqué de très nombreuses malformations congénitales.

– Je m’en doutais personnellement un peu à force de voir des tonnes de “papiers” aussi contradictoires que caricaturaux sur tel ou tel régime ou sur les qualités et les défauts de tel ou tel aliment, les quotidiens généralistes font preuve de bien peu d’exigence journalistique dans ce genre d’articles.

– En pleine vague X-Men, le Daily Mail explique que, sur le plan génétique, nous sommes tous un peu des mutants. Je me disais aussi que ce n’était pas normal, ces flammes qui me sortent des yeux…

D’ailleurs, aux Etats-Unis, des chercheurs ont réussi à transformer des cellules vivantes en sources-laser.

– Pour finir : il y a 2 500 ans, on brassait de la bière en Provence. La découverte archéologique de la semaine ? Peut-être pas, mais c’est tout ce que les médias français ont l’air d’avoir retenu grâce à une dépêche AFP qui a fait le bonheur des rédactions fainéantes. Pour ceux qui ne sauraient s’en contenter, je conseille les nouvelles quotidiennes d’Archaeology Magazine.

Pierre Barthélémy

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La sélection du Globule #33

Bebe– Une des principales informations de la semaine, si l’on met de côté ce qui s’est passé en Egypte, c’est la naissance du premier bébé-médicament en France. Dans un autre genre mais toujours dans la rubrique des naissances, comment un dame de 61 ans a donné la vie à… son petit-fils, en servant de mère porteuse à sa fille et à son gendre.

– On pensait que Lucy, la célèbre australopithèque, tout en se tenant debout sur ses deux jambes, avait conservé un mode de vie arboricole. La découverte d’un os de pied d’australopithèque, semblable au nôtre, montre, selon Le Figaro, que ces hominidés marchaient aussi bien que nous et passaient le plus clair de leur temps au sol plutôt que dans les arbres.

Aujourd’hui, faire de l’astronomie de pointe signifie souvent trouver d’importants financements pour des instruments coûteux. La revue Nature recense néanmoins un certains nombres de techniques utilisables afin de détecter, pour pas trop cher, des planètes extrasolaires.

Pour les fans d’archéologie et d’histoire, je signale qu’a ouvert au Pergamon Museum de Berlin, une exposition sur la collection de sculptures antiques de Max Freiherr von Oppenheim (1860-1946). Celui-ci avait fouillé en Syrie un palais datant du début du premier millénaire avant notre ère. Ses trouvailles avaient ensuite été rapportées en Allemagne et von Oppenheim les avait installées dans une ancienne usine qu’il avait transformée en musée privé. Mais celui-ci fut bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. On récupéra des bennes de débris qui furent emmagasinés jusqu’au début des années 1990. C’est à ce moment-là que les quelque 27 000 morceaux commencèrent à être triés, catalogués, jusqu’à ce qu’une grande opération de restauration soit entreprise il y a presque dix ans. Ce sont les résultats de ce puzzle géant qui sont exposés à Berlin.

Je vous conseille la lecture, sur Wired, de cet article de Jonah Lehrer consacré à Mohan Srivastava, un statisticien vivant à Toronto qui, il y a quelques années, a “craqué” les codes de plusieurs jeux de grattage au Canada et aux Etats-Unis, montrant ainsi que, dans certains jeux censés y être inféodés, le hasard était sous contrôle.

Les plastiques sans pétrole, fabriqués à partir de maïs mais aussi de lait, ont le vent en poupe, nous dit Le Temps.

– Pour finir : comment la déferlante pornographique en ligne sur Internet affecte la libido des mâles américains

Pierre Barthélémy

 

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La sélection du Globule #32

EgypeC’est pile poil dans l’actualité : des chercheurs israéliens essaient de calculer la probabilité pour que les frustrations des peuples aboutissent à des révolutions… A lire dans Time (photo d’une manifestation en Egypte : REUTERS/Mohamed Abd El-Ghany).

– Un système solaire à six planètes découvert par le télescope spatial américain Kepler.

– La mort massive d’arbres en Amazonie, due à la sécheresse de 2010 dans la région, risque de faire changer de rôle à cette forêt tropicale : elle pourrait passer d’immense puits de carbone à émettrice de CO2.

– Il faudra encore attendre pour analyser l’eau du lac Vostok, un lac vieux de plus de 30 millions d’années qui se trouve à plus de 3,5 km de profondeur sous la surface gelée de l’Antarctique. Apparemment, les chercheurs russes qui forent la glace ne vont pas gagner cette année leur course contre l’hiver et devront attendre 2012 pour percer les dernières dizaines de mètres. En espérant qu’ils ne polluent pas les eaux du lac enfoui.

– Les archéologues britanniques protestent contre une loi qui les oblige à réenterrer les ossements qu’ils ont découverts lors de leurs fouilles, avant même qu’ils n’aient eu le temps de les étudier en détail. Ce qui va à l’encontre de tous les protocoles scientifiques dans ce domaine et aussi à l’encontre des règles de préservation du patrimoine culturel et historique enfoui.

– Les oiseaux vivant autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl (dont on “célèbrera” cette année le 25e anniversaire de la catastrophe survenue le 26 avril 1986) ont des cerveaux plus petits que la normale, de 5%. L’étude à laquelle ont participé des chercheurs français est parue en ligne sur PLoS ONE.

Il n’y a toujours pas de rubrique “chiffre de la semaine” chez le Globule, mais cela ne m’empêche pas de signaler que, selon une étude de très grande envergure publiée dans The Lancet, un demi-milliard d’adultes dans le monde sont obèses.

– Pour finir : les restes fossiles du plus grand ours jamais découvert ont été mis au jour lors de la construction d’un hôpital en Argentine. La bestiole, qui a disparu il y a 500 000 ans, mesurait au moins 3,3 mètres pour une masse supérieure à 1,5 tonne (voir ci-dessous).

Gros-ours

Belle bête !

Pierre Barthélémy

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La sélection du Globule #31

haiti-rue_0– 2010 a été une année de catastrophes naturelles particulièrement meurtrières, avec près de 300 000 morts. Plus des deux tiers de ces décès sont dus au séisme du 12 janvier 2010 à Haïti (photo Reuters ci-dessus).

Puisqu’on est encore à l’heure des bilans de 2010, voici la liste des 10 plus belles découvertes archéologiques de l’année dernière selon Archaeology Magazine.

– Luc Chatel, le ministre de l’éducation, va présenter son “plan Sciences” pour tenter de redonner aux jeunes générations le goût des matières scientifiques, qui s’effiloche depuis des années en France.

Quoi qu’en disent les climatosceptiques, le réchauffement climatique est la preuve spectaculaire de l’influence de l’homme sur l’environnement. Mais notre espèce n’a pas attendu la révolution industrielle pour avoir un impact significatif sur le climat, affirment deux chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, qui expliquent que l’action de l’homme sur les forêts depuis des millénaires s’est traduite dans le taux de dioxyde de carbone atmosphérique.

Une étude française publiée en 2010 avait montré qu’un chien spécialement dressé pouvait, avec un taux d’erreur minime, détecter un cancer de la prostate en reniflant les urines des patients. Comme l’explique The Guardian, la science des odeurs corporelles est en plein développement.

Un dossier dans Le Temps sur l’optogénétique, cette méthode de recherche qui permet d’activer des neurones grâce à de la lumière. L’optogénétique a été élue méthode de l’année 2010 par la revue Nature Methods car elle pourrait bien (entre autres) révolutionner les neurosciences.

– On croyait l’homme moderne sorti d’Afrique il y a environ 60 000 ans mais une étude publiée dans Science remet en cause ce scénario et affirme que nos ancêtres auraient pu quitter le continent africain il y a 125 000 ans, en passant par la péninsule arabique comme semblent l’indiquer des outils retrouvés aux Emirats arabes unis.

Même si on a pu avoir un doute à ce sujet étant enfant, on sait qu’un kilo de plumes est aussi lourd qu’un kilo de plomb. Mais un kilo d’aujourd’hui pèse-t-il autant qu’un kilo il y a un siècle ? Evidemment que oui, mais la question se pose parce que l’étalon conservé à Sèvres, au Bureau international des poids et mesures, a très légèrement maigri pour une obscure raison. Ce qui a entraîné la tenue d’une conférence à la Royal Society de Londres les 24 et 25 janvier pour trouver une autre définition du kilogramme, tout comme on a redéfini le mètre en 1960, puis en 1983.

– Pour terminer : Vladimir Nabokov, grand amateur d’échecs et de papillons, avait supputé que le groupe de lépidoptères sur lequel il travaillait aux Etats-Unis était originaire d’Asie. Une hypothèse audacieuse pour l’époque, que la génétique vient de valider, plus de trente ans après la disparition de l’écrivain entomologiste…

NabokovPierre Barthélémy

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Quand les mouches emportent l’âme des morts

Huchet, Greenberg, Fig.1C’est une histoire archéologique qui pourrait se lire comme un polar dont les héros seraient des experts de la police scientifique. Une histoire de cadavres et d’animaux plus ou moins analogue à celles qu’aime écrire l’archéozoologue Fred Vargas… Tout commence avec la fouille de tombes de la culture mochica, une civilisation précolombienne qui a fleuri entre 100 et 750 de notre ère le long de la côte nord du Pérou et a fait l’objet, au début de l’année, d’une exposition au musée du quai Branly, à Paris.

Dans ces tombes, on trouve, évidemment, des morts, des objets, ainsi que de nombreuses et étranges petites capsules (voir photo ci-dessus). Il s’agit de puparia, sortes de cocons durs dans lesquels se développent les larves de certains diptères.  Que faisaient là toutes ces larves de mouches, à quoi servaient-elles ? C’est à cette question que deux entomologistes (ou peut-être devrais-je dire archéoentomologistes), le Français Jean-Bernard Huchet et l’Américain Bernard Greenberg, ont tenté de répondre dans une étude publiée dans le numéro de novembre du Journal of Archaeological Science.

Sur le grand site archéologique mochica de la Huaca de la Luna, le locataire de la tombe 45 était un homme jeune, d’une vingtaine d’années, mort il y a plus de 1 700 ans et dont le crâne conservait des traces de cinabre, un pigment minéral rouge. On a retrouvé auprès de lui quatre pièces de vaisselle en céramique et quelque 200 puparia… L’examen anthropologique a montré que le squelette était incomplet puisqu’un morceau du bras gauche et le bas des jambes manquaient à l’appel. Par ailleurs, l’humérus droit était à l’envers. De toute évidence, la tombe avait été rouverte et le cadavre un peu bousculé mais la présence du mobilier prouvait que ce n’était pas le fait de pillards. D’autres études de squelettes ont suggéré que les Mochicas avaient développé des pratiques funéraires complexes incluant des inhumations tardives ainsi que des réouvertures de tombes. Etait-ce ce qui s’était produit dans la sépulture 45 ?

C’est là que les mouches entrent en jeu. Jean-Bernard Huchet et Bernard Greenberg ont adapté à l’archéologie les méthodes de la police scientifique, laquelle exploite l’attraction qu’exercent les cadavres sur certains insectes pour dater le délai post-mortem. C’est selon un calendrier très précis que les bestioles nécrophages arrivent, mangent, pondent, se développent, etc. Un calendrier qu’influencent de très nombreux facteurs, comme la météorologie, les vêtements ou l’état du corps. Nos deux entomologistes ont donc tout d’abord analysé les puparia au microscope électronique à balayage afin d’identifier les espèces en présence. Puis Jean-Bernard Huchet a mené sur le site archéologique péruvien des expériences avec des morceaux de viande de porc, animal qui est un excellent analogue à l’être humain, pour connaître les différents “timings” de ces mouches. Une fois ces chronologies connues, les deux chercheurs ont pu conclure que le cadavre de la tombe 45 était resté un mois à l’air libre avant d’être enterré.

Pour quoi faire ? La meilleure hypothèse à ce jour est peu ragoutante si l’on en juge par nos critères… Elle consiste à dire que les Mochicas voulaient délibérément attirer les mouches et leurs larves nécrophages (qui peuvent dévorer la moitié d’un corps en l’espace d’une semaine) pour libérer l’âme des morts, une pratique que les Espagnols ont retrouvée  dans les Andes un millénaire et demi plus tard et que l’iconographie mochica confirme, la mouche y tenant une place de choix près des morts ou… des futurs morts que sont les prisonniers en partance pour le sacrifice. Une vision à l’exact opposé de ce qui était pratiqué dans l’Egypte antique, notent judicieusement les auteurs de l’étude, où l’on déployait des stratégies complexes pour empêcher la putréfaction du corps (embaumement, momification, prières, amulettes) et permettre au défunt d’accéder à l’immortalité. Dans un cas, l’âme se libère lorsque le corps est détruit, dans l’autre lorsqu’il est préservé…

Pierre Barthélémy

(Crédit photo : C. Chauchat, J.-B. Huchet)

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