D’où vient cette forte odeur de gaz qui plane sur le nord-ouest de la France depuis lundi?
De nombreux Franciliens et habitants au nord-ouest de la capitale se sont réveillés ce mardi matin en sentant «une forte odeur de gaz», provoquant une forte inquiétude, au point de saturer les communications téléphoniques des services de secours en Normandie comme en Ile-de-France. Or de fuite de gaz, point, mais «une réaction chimique imprévue», explique l’AFP, qui s’est produite lundi dans une usine chimique de l’agglomération rouennaise, créant des dégagements d’odeurs de gaz –type gaz de ville qui se sont déplacés avec les vents en direction de la capitale. Lire la suite…
lire le billetElle s’appelait W50. Pas très poétique pour une nébuleuse de la constellation de l’Aigle. Et puis une nouvelle image issue du radiotélescope VLA (Very Large Array) dans le Nouveau Mexique (Etats-Unis) a révélé une forme étonnante. La nébuleuse W50 ressemble de façon troublante à… une vache de mer, autrement dit un lamantin, ou encore un Trichechus, ce bon gros mammifère herbivore qui ne dédaigne pas une petite sieste, allongé au soleil sur un fond confortable. C’est justement dans cette position assoupie que sa ressemblance avec la nébuleuse W50 est la plus parfaite. Il n’en fallait pas plus au National Radio Astronomy Observatory (NRAO) pour plaider pour rebaptiser W50 en Nébuleuse du Lamantin.
Question échelle, bien entendu, la comparaison est moins convaincante. Même si le lamantin peut mesurer près de 5 mètres de long et peser 1500 kg, il reste bien loin des 700 années lumière de long de sa nébuleuse jumelle. Cette dernière s’est formée il y a 20 000 ans avec les restes d’une supernova. Située à 18 000 années lumière de nous, cette relique d’une étoile géante qui s’est écroulée sur elle-même pour former, sans doute, un trou noir, un micro quasar s’alimentant en gaz provenant d’une étoile très voisine. Rien de comparable avec les repas d’un lamantin. Pourtant, désormais, nébuleuse et vache de mer sont liés par le même patronyme. L’une bercée par les écoulements titanesques d’énergie et de matière cosmique. L’autre par les eaux tièdes de la Floride.
Michel Alberganti
lire le billetOui, pourquoi l’homme ne galope-t-il pas ? Une réponse hâtive serait sans doute : “Parce qu’il n’a que deux jambes…”. Trop hâtif pour trois chercheurs des universités d’Anvers et de Gand. “Le saut unilatéral et le galop bipède sont des types de démarche que les humains sont capables d’effectuer”, assurent Pieter Fiers, Dirk De Clercq et Peter Aerts dans l’article publié par le très sérieux Journal of Experimental Biology du 13 décembre 2012. “Contrairement à de nombreux animaux, qui préfèrent le galop comme leur course rapide, le galop bipède humain ne se produit que dans des conditions très particulières, comme la descente de la pente d’une colline”. Étonnant, en effet…
Pour en avoir le cœur net, les scientifiques belges se sont lancés dans une expérience scientifique permettant d’examiner la mécanique des membres inférieurs de l’être humain et d'”explorer les possibles raisons pour lesquelles des humains n’optent pas spontanément pour le galop pour leur déplacement en régime stable sur terrain plat”, précisent les auteurs. Afin de tirer ce mystère au clair, les chercheurs ont fait appel à 12 volontaires auxquels ils ont demandé de courir et de galoper à la vitesse de leur choix. Pendant ce temps, ils ont enregistré une série de données cinématiques et cinétiques ainsi que les valeurs du travail mécanique produit par les jointures des membres inférieurs (hanche, genou cheville). Grâce à cette analyse, les scientifiques ont pu découvrir que les principales différences entre la course et le galop se situent au niveau de la hanche.
En effet, le galop, du fait de sa configuration asymétrique, induit des actions de la hanche et des positions des pieds différentes. A ce stade, il est bon de rappeler la définition du galop. Pour ceux qui ne sont pas familiers de cette démarche, il s’agit d’une “allure sautée, basculée, diagonale et asymétrique à trois temps inégaux suivis d’une phase de projection”. Les scientifiques belges notent que “la jambe trainante freine le corps dans la direction verticale mais le propulse vers l’avant tandis que la jambe qui mène agit en sens opposé”. Cela se complique donc un peu. D’autant que les chercheurs ajoutent que “bien que chaque jambe conserve l’énergie mécanique en échangeant l’énergie mécanique externe avec l’énergie potentielle élastique, l’orientation spécifique de la jambe entraine plus de dissipation et de production d’énergie dans le galop que la course“. Dont acte…
Les chercheurs belges ont installé sur la piste d’essai de 30 mètres des capteurs pour mesurer les forces exercées par les pieds des volontaires équipés, par ailleurs, d’un système de capture de mouvements en trois dimensions qui a permis de réaliser un modèle numérique animé du galop bipède (vidéo ci-dessus). Tous comptes faits, le galop consomme donc plus d’énergie que la course pour un être humain. Nous voilà rassurés. Imaginons que les chercheurs aient découvert que nous aurions tout intérêt à galoper… Nous aurions soudain dû admettre quelques millions d’années d’erreur.
Il existe toutefois de rares exceptions. Ainsi, les Chevaliers de la table ronde, revus par les Monty Python (Sacré Graal), n’hésitaient pas à galoper au son de noix de coco…
Michel Alberganti
lire le billetPourquoi Aaron Swartz, 26 ans, s’est-il pendu? Retrouvé mort le vendredi 11 janvier 2013 dans son appartement de Brooklyn, le jeune homme était connu pour sa fragilité. Il luttait depuis longtemps contre la dépression. Un paradoxe pour ce surdoué qui aurait pu vivre confortablement de l’argent gagné lorsqu’il n’avait que 20 ans, (fusion de la société qu’il avait créée, Infogami, avec Reddit en 2006) et de sa notoriété dans la communauté des gourous de l’informatique et d’Internet.
Aaron Swartz avait des idées mais aussi des idéaux. L’un d’entre eux était le libre accès aux publications scientifiques. C’est ce qui aprobablement contribué à le perdre.
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Fantastiques images prises par la sonde européenne Mars Express de l’ESA. Cliquez sur les photos pour les agrandir. On découvre ainsi ces traces, sur les côtés du lit de la rivière, qui ressemblent à celles qu’auraient pu laisser des skis de fond sur la neige. Ont-ils été creusés par de l’eau ou de la glace ? A quoi ressemblait Mars lorsque de tels fleuves coulaient à sa surface ? Difficile à imaginer aujourd’hui face à son aridité rougeâtre.
De telles rivières remonteraient à la période de l’Hespérien, la deuxième de la géologie martienne, qui a dû s’achever il y a entre 3,5 et 1,8 milliard d’années. Dans cette région du Reull Vallis, le lit fait 7 km de large pour 300 mètres de profondeur. La taille d’un fleuve géant, donc, traversant la Promethei Terra, région de l’hémisphère sud de la planète rouge. Sur 1.500 km de long, il est rejoint par de nombreux affluents, dont l’un apparaît clairement sur les photos.
Les scientifiques notent le le caractère abrupt des berges du cours d’eau. Imaginons cette profondeur de 300 mètres… Presque la hauteur de la Tour Eiffel… Pour creuser un tel sillon, des quantités d’eau ou de glace gigantesques ont été nécessaires. Et puis, cette eau et cette glace ont disparu. Évaporée ou sublimée. Les géologues remarquent des similarités avec l’activité glaciaire sur Terre. A l’époque où l’eau existait sur Mars, il semble qu’elle se comportait de la même façon que chez nous aujourd’hui.
Les reliquats, liquides ou solides, de cette abondance d’eau se sont réfugiés sous la surface de Mars. Et Mars Express a repéré un lac de glace d’eau dans un cratère à proximité du pôle nord. Cette période humide a-t-elle été assez longue pour que la vie apparaisse ? C’est toute la question. Curiosity, loin de là, la cherche. Le rover de la Nasa s’apprête à forer son premier trou… Nous devrions donc bientôt savoir ce qui se cache dans les sédiments laissés par les rivières de Mars.
Michel Alberganti
lire le billetOn pourrait penser que les ingénieurs de la Nasa s’ennuient et que, pour tuer le temps, leur dernière blague a consisté à envoyer une photo de Mona Lisa sur la Lune. Grossière erreur. L’expérience est on ne peut plus sérieuse ! Il s’agit, en effet, de la première transmission d’informations par laser à une distance planétaire. Certes, il s’agit de la plus courte distance méritant ce titre. Mais la Lune est toute de même située à environ 400 000 km de la Terre. L’avantage, pour une transmission par laser, c’est qu’aucun obstacle ne peut interrompre le faisceau de lumière. Enfin presque. La traversée de l”atmosphère reste délicate. Pour preuve, les dégâts qu’elle introduit dans l’image (vue de gauche). Rien d’irréparable toutefois comme le montre l’image de droite, de bien meilleure qualité après corrections numériques des erreurs.
La transmission laser n’a pas été véritablement jusqu’à la Lune. Pour la bonne raison que rien, ni personne n’aurait été là pour recevoir Mona Lisa. La Nasa, plus précisément le Goddard Space Flight Center, a utilisé un engin spatial inhabité, le Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO), actuellement en mission en orbite à 50 km d’altitude autour de la Lune dont il effectue une cartographie très précise en préparation des futures missions habitées et de l’éventuelle construction d’une station lunaire. A bord du LRO, se trouve un altimètre laser (LOLA). Cet instrument a été utilisé pour recevoir le signal émis par le nouveau laser de la Nasa (Next Generation Satellite Laser Ranging (NGSLR)). En fait, la communication laser sert habituellement à contrôler la position de la sonde.
Pour l’expérience, l’image de la Joconde a été embarquée à bord du laser. Chacun des 152 x 200 pixels de la photographie, a été codée pour intégrer une nuance de gris représentée par un chiffre compris entre 0 et 4095. Ainsi, chaque pixel a pu être transmis à bord d’une impulsion laser, en s’adaptant aux courtes fenêtre de tir prévue par le système de suivi de la sonde spatiale. Au final, un débit de 300 bits par seconde a été atteint. Pas terrible… Mais le but de la manip n’était pas dans le débit. Il s’agissait de montrer qu’une transmission de données par laser était possible à cette distance… malgré l’atmosphère. Et cet objectif est atteint.
La Nasa a ainsi expérimenté en grandeur nature une technologie promise à un grand avenir en matière de télécommunications spatiales. Il s’agit en effet de remplacer, à terme, les échanges d’informations par radiofréquences. Grâce au laser, les quantités de données qui pourront être rapidement transmises entre la Terre et un vaisseau ou une station lunaire, par exemple, devraient être nettement plus importantes. Verra-t-on, pour autant, le ciel zébré de rayons lasers pointés vers l’espace, style discothèque ? Probablement pas avant un certain temps…
Michel Alberganti
lire le billetLe web bruisse d’une longue plainte, d’une profonde douleur. Le suicide d’Aaron Swartz, à 26 ans par pendaison, le 11 janvier 2013, n’en finit pas provoquer des réactions dans le monde entier. L’émotion est à la mesure du drame. Internet vient de perdre l’une de ses icônes. La plus jeune victime d’un combat mené par des milliers de militants pour l’accès libre à l’information sur toute la planète. Aaron Swartz était né avec Internet. Au lieu d’y faire fortune comme ces jeunes qui vendent leur société à 20 ans et n’ont plus qu’à attendre la retraite, il avait utilisé cet argent pour se lancer dans ce combat. Tous les projets auxquels il a participé (RSS, Creative Commons, Reddit, Demand Progress…) tournaient autour de cet objectif.
Libérer l’information. Surtout celle qui a déjà été payée par le contribuable. L’information scientifique diffusée par des chercheurs financés sur fonds publics. Réserver, par le biais des abonnements, cette culture aux plus riches lui était insupportable. Pour mettre fin à cette situation héritée de l’ère pré-Internet, Aaron Swartz appelait à la révolte, à la résistance. L’impatience de ses 20 ans ne lui a pas permis d’attendre. Bien sûr, tous ceux qui le connaissaient savent bien que son suicide n’est pas uniquement lié à l’action judiciaire absurde et perverse que lui a intenté la justice américaine. Aaron Swartz était fragile, tourmenté et dépressif.
La compagne qu’il avait quittée, Quinn Norton, l’exprime d’une façon bouleversante sur son blog. Mais la menace d’une peine de 35 ans de prison et d’une amende d’un million de dollars lors de son procès prévu pour le mois d’avril n’a certainement pas joué un rôle positif. Son suicide provoque une flambée de messages sur Tweeter (hashtag #pdftribute). Des centaines de chercheurs y annoncent avoir mis leurs publications en libre accès en violant délibérément les droits des éditeurs de revues scientifiques. Cet hommage posthume dépasse la simple déclaration. Il engendre la révolte à laquelle Aaron Swartz appelait dès 2008.
Michel Alberganti
Il avait alors 22 ans. C’était deux ans après la fusion entre la société qu’il avait créée, Infogami, avec Reddit. Il aurait pu alors simplement profiter de sa fortune et de sa renommée. Mais il appelait déjà à la guérilla dans un manifeste écrit en juillet 2008 à Eremon, en Italie. Alexis Kauffmann en a publié une traduction en français sur Framablog. La voici :
lire le billetL’information, c’est le pouvoir. Mais comme pour tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux. Le patrimoine culturel et scientifique mondial, publié depuis plusieurs siècles dans les livres et les revues, est de plus en plus souvent numérisé puis verrouillé par une poignée d’entreprises privées. Vous voulez lire les articles présentant les plus célèbres résultats scientifiques ? Il vous faudra payer de grosses sommes à des éditeurs comme Reed Elsevier.
Et il y a ceux qui luttent pour que cela change. Le mouvement pour le libre accès s’est vaillamment battu pour s’assurer que les scientifiques ne mettent pas toutes leurs publications sous copyright et s’assurer plutôt que leurs travaux seront publiés sur Internet sous des conditions qui en permettent l’accès à tous. Mais, même dans le scénario le plus optimiste, la politique de libre accès ne concerne que les publications futures. Tout ce qui a été fait jusqu’à présent est perdu.
C’est trop cher payé. Contraindre les universitaires à débourser de l’argent pour lire le travail de leurs collègues ? Numériser des bibliothèques entières mais ne permettre qu’aux gens de chez Google de les lire ? Fournir des articles scientifiques aux chercheurs des plus grandes universités des pays riches, mais pas aux enfants des pays du Sud ? C’est scandaleux et inacceptable.
Nombreux sont ceux qui disent : « Je suis d’accord mais que peut-on y faire ? Les entreprises possèdent les droits de reproduction de ces documents, elles gagnent énormément d’argent en faisant payer l’accès, et c’est parfaitement légal, il n’y a rien que l’on puisse faire pour les en empêcher. » Mais si, on peut faire quelque chose, ce qu’on est déjà en train de faire : riposter.
Vous qui avez accès à ces ressources, étudiants, bibliothécaires, scientifiques, on vous a donné un privilège. Vous pouvez vous nourrir au banquet de la connaissance pendant que le reste du monde en est exclu. Mais vous n’êtes pas obligés — moralement, vous n’en avez même pas le droit — de conserver ce privilège pour vous seuls. Il est de votre devoir de le partager avec le monde. Et c’est ce que vous avez fait : en échangeant vos mots de passe avec vos collègues, en remplissant des formulaires de téléchargement pour vos amis.
Pendant ce temps, ceux qui ont été écartés de ce festin n’attendent pas sans rien faire. Vous vous êtes faufilés dans les brèches et avez escaladé les barrières, libérant l’information verrouillée par les éditeurs pour la partager avec vos amis.
Mais toutes ces actions se déroulent dans l’ombre, de façon souterraine. On les qualifie de « vol » ou bien de « piratage », comme si partager une abondance de connaissances était moralement équivalent à l’abordage d’un vaisseau et au meurtre de son équipage. Mais le partage n’est pas immoral, c’est un impératif moral. Seuls ceux qu’aveugle la cupidité refusent une copie à leurs amis.
Les grandes multinationales, bien sûr, sont aveuglées par la cupidité. Les lois qui les gouvernent l’exigent, leurs actionnaires se révolteraient à la moindre occasion. Et les politiciens qu’elles ont achetés les soutiennent en votant des lois qui leur donnent le pouvoir exclusif de décider qui est en droit de faire des copies.
La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes. Il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique.
Nous avons besoin de récolter l’information où qu’elle soit stockée, d’en faire des copies et de la partager avec le monde. Nous devons nous emparer du domaine public et l’ajouter aux archives. Nous devons acheter des bases de données secrètes et les mettre sur le Web. Nous devons télécharger des revues scientifiques et les poster sur des réseaux de partage de fichiers. Nous devons mener le combat de la guérilla pour le libre accès.
Lorsque nous serons assez nombreux de par le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message d’opposition à la privatisation de la connaissance : nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ?
Aaron Swartz
Traduction : Gatitac, albahtaar, Wikinade, M0tty, aKa, Jean-Fred, Goofy, Léna, greygjhart + anonymous)
L’équipe de chercheurs de l’université Rice retient sa joie… Pourtant, elle vient de réussir un joli coup avec la mise au point d’un nouveau fil réalisé en nanotube de carbone prêt pour l’industrialisation. Demain, ce nouveau matériau deviendra peut-être aussi banal que le fil de pêche en nylon ou le fil de machine à coudre. Pour des applications sans doute assez différentes. La performance de cette équipe, rapportée dans l’article publié dans la revue Science du 11 janvier 2013, est d’avoir obtenu les propriétés prédites par la théorie des nanotubes et d’avoir mis au point un procédé de production par tréfilage qui pourrait aboutir à une fabrication de masse.
Coté propriétés, les nanotubes de carbone sont de la taille d’un brin dADN (quelques dizaines de nanomètres de diamètre). Ils font rêver les ingénieurs depuis leur découverte officielle attribuée à Sumio Iijima (NEC) en 1991. Il faut dire qu’ils sont 100 plus résistants que l’acier avec un sixième de son poids. Quant à leur conductivité électrique et thermique, elle est dix fois supérieure à celle des meilleurs conducteurs métalliques. Ils sont déjà utilisés, par exemple, dans les semi-conducteurs, les systèmes délivrance de médicaments et les éponges pour ramasser le pétrole. Restait à fabriquer un fil utilisant ces nanotubes miracles.
C’est ce que les chercheurs de l’université de Rice, associés à l’entreprise Teijin Aramid des Pays-Bas, à l’institut Technion d’Haifa (Israël) et à un laboratoire de l’armée de l’air américaine (AFRL), ont réalisé. Ils ont obtenu une fibre en nanotubes “dont les propriétés n’existent dans aucun autre matériau”, selon les termes de Matteo Pasquali, professeur de chimie et d’ingénierie biomoléculaire à l’université de Rice. “Cela ressemble à des fils de coton noir mais cela se comporte comme des fils de métal ayant la résistance de fibres de carbone”, précise-t-il.
Le diamètre d’une seule fibre du nouveau fil ne dépasse pas le quart de celui d’un cheveu humain et il contient des dizaines de millions de nanotubes en rangs serrés, côte à côte. Toute la difficulté réside dans la production de tels fils à partir de nanotubes purs. C’est le procédé mis au point à l’université Rice à la fois grâce au travail fondamental des chercheurs et à l’apport de l’expérience industrielle de l’entreprise Teijin Aramid, spécialisée dans la fabrication de fibres d’aramides telles que celles qui composent le fameux Kevlar de Dupont de Neunours.
Les images de la production du fil de nanotubes par tréfilage sont spectaculaires sur la vidéo réalisée par les chercheurs (ci-dessous). Plus impressionnant que l’exemple d’utilisation à l’aide d’une lampe halogène suspendue à deux fils en nanotubes… Certes, cela montre que les fils conduisent l’électricité nécessaire malgré leur composition et leur faible diamètre. Mais, bon, ce n’est guère renversant.
Grâce à une résistance mécanique et une conductivité 10 fois supérieures aux précédentes réalisations de telles fibres, le nouveau fil rivalise avec le cuivre, l’or et l’aluminium. Ces deux propriétés rassemblées pourraient lui donner l’avantage sur le métal pour le transport de données et les applications imposant une faible consommation. Deux domaines plein d’avenir. L’aérospatial, l’automobile, la médecine et les textiles intelligents sont dans le collimateur. Imaginons une veste au tissu ultra-résistant et conduisant l’électricité. Des capteurs solaires intégrés pourraient recharger en permanence un téléphone portable ou une tablette de poche. Sans parler de l’imagination des créateurs de mode pouvant nous tailler des costumes lumineux. Effet garanti…
Michel Alberganti
lire le billetLes images du volcan Plosky (plat) Tolbachik (3085 m), dans le Kamtchatka sont rares à plusieurs titres. D’abord, il s’agit d’une éruption qui a commencé le 27 novembre 2012, après 36 ans de sommeil, et qui se poursuit aujourd’hui, sans signes d’arrêt prochain, dans cette région glaciale de l’extrême est de la Russie. Ensuite, au lieu d’être essentiellement verticale, même si les projections atteignent les 3000 m d’altitude pour la fumée et la poussière et 200 m pour la lave en fusion, le volcan a détruit une grande partie de la paroi de son cratère. La “fissure” mesurerait 5 km.
De véritables torrents de lave s’en écoulent et forment des rivières rougeoyantes sur plus de 20 km de distance qui finissent par se figer et se couvrir de neige. De plus, deux autres volcans de la région Kliuchevskaya, Shiveluch et Kizimen, sont également entrés en éruption. Le 12 janvier 2013, ils ont projeté des cendres jusqu’à une altitude d’environ 6 km au dessus du niveau de la mer, selon l’Observatoire géophysique russe de la région.
Un alerte orange, c’est-à-dire de moyenne gravité, a été déclenchée vis à vis de l’aviation internationale en raison des risques engendrés par les gaz, les cendres et les particules en suspension dans l’air. On se souvient de la paralysie des transports aériens provoquée par l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll, entre mars et octobre 2010. Rien de tel avec ceux du Kamtchatka pour l’instant. Néanmoins, le rapport émis par les autorités le 12 janvier fait état de 250 secousses sismiques engendrées par le volcan Kizimen. La plus puissance a projeté des cendres à 4,4 km d’altitude.
L’absence de victimes et de danger pour les villages les plus proches permettent de goûter sans amertume la beauté des images du volcan Plosky Tolbachik. Celle d’une équipe russe semblent les meilleures à ce jour. Elle est suivie par une autre vidéo réalisée par la chaine russe en langue anglaise, RT. Un spectacle dantesque…
Michel Alberganti
lire le billetLe mot gigantesque vient de subir une très forte réévaluation. Désormais, il faudra comparer tout ce qui peut mériter ce qualificatif dans notre Univers à la nouvelle structure découverte par Roger Clowes de l’université du Lancashire à Preston (Angleterre) et ses collègues et révélée par une publication dans les Monthly Notices de la Royal Astronomical Society. Il s’agit d’un grand groupe de quasars (LQG, pour Large Quazar Group en anglais) dont la taille atteint… 4 milliards d’années-lumière. Soit environ le vingtième du diamètre de l’univers observable dont l’horizon est estimé à 40 milliards d’années lumière. La largeur de cette structure n’est guère moins extraordinaire : 1,63 milliard d’années-lumière. Gigantesque – faible mot – donc.
Baptisée Huge-LQG, la structure est composée de 73 quasars. Ces objets, dont le nom signifie quasi-étoiles et qui sont connus depuis 1982, sont des trous noirs très actifs qui aspirent la matière environnante (disque d’accrétion) et la rende très lumineuse. Ils sont ainsi plus brillants que des étoiles malgré leur nature très différente. Leur taille peut atteindre de 10 à 10 000 fois celle du rayon d’un trou noir. La Huge-LQG pourrait être née lorsque l’Univers n’avait que 5 milliards d’années sur les 13,7 qu’on lui attribue aujourd’hui.
Pour tenter de se faire une idée de la taille de ce groupe de quasars, il faut la comparer à des systèmes célestes plus proches de nous. Notre galaxie, par exemple, la Voie Lactée. Eh bien, son diamètre ne dépasse pas les… 80 000 années lumière. Une broutille. Bon, prenons alors la distance qui sépare la Voie Lactée et notre plus proche voisine, la galaxie d’Andromède dont le diamètre atteint les 140 000 années-lumière. Elle ne se trouve qu’à une distance de… 2,55 millions d’années-lumière du Soleil. Soit une distance 1600 fois inférieure à la longueur de Huge-LQG…
La taille de la nouvelle structure est donc tout bonnement incommensurable. Tellement, d’ailleurs, qu’elle pose un problème théorique. En effet, elle se trouve en opposition avec un principe édicté par Albert Einstein lui-même et qui stipule que l’Univers, à grande échelle, apparaît identique quelle que soit la direction et le lieu d’où on l’observe. Pour que cela se vérifie, il faut que les grandes structures, comme ce groupe de quasars, ne dépasse pas la taille de 1,2 milliard d’années-lumière. La Huge-LQG se révèle donc plus de trois fois trop grande pour coller avec la cosmologie d’Einstein. Problème… D’autant que les autres structures observées jusqu’à présent étaient loin d’une telle violation. La taille des amas de galaxies connus, par exemple, est d’environ 10 millions d’années-lumières. La Huge-LQG les dépasse de près de deux ordres de grandeur… Incroyable.
Ainsi va la science. Une seule observation peut mettre à bas une théorie jusque-là intouchable. Mais prudence… La leçon des neutrinos est encore bien présente dans les mémoires. Einstein en était sorti grandi et le CERN passablement flétri. Il faut donc attendre la réaction des astrophysiciens à cette nouvelle découverte. Les chercheurs qui en sont les auteurs n’ont pas pointé leur télescope vers le ciel pour la trouver. Ils sont simplement étudié les données collectées par la Sloan Digital Sky Survey (SDSS) grâce à huit années d’observation qui ont permis de réaliser la première carte en trois dimensions de l’Univers. On y trouve pas moins de 930 000 galaxies et 120 000 quasars. Les données continuent à être fournies aux astrophysiciens et leur dépouillement devrait s’achever en 2014. Le temps de découvrir bien d’autres monstres de l’espace…
Quasars: tueurs ou créateurs de galaxies ? par AstrophysiqueTV
Michel Alberganti
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