Le problème des maths, finalement, c’est peut-être plus une question de forme que de fond. Imaginez que, tous les jours, en écoutant la radio le matin, en lisant votre journal ou en regardant la télévision le soir, un mathématicien vous raconte une histoire. Pas avec des formules hiéroglyphiques, des mots barbares ou des phrases absconses. Non, juste des histoires qui nous parleraient de la Terre, de la nature, des formes, des couleurs. De notre univers, quoi… Mais alors, quel lien avec les mathématiques ? Eh bien justement, des liens sans fin. Car les maths ne vivent pas uniquement sur les tableaux noirs des profs ou les carnets griffonnés des chercheurs. Les maths existent partout autour de nous. Seulement voilà, souvent, nous l’ignorons.
Prenons la circonférence de la Terre, par exemple. Nous avons tous appris qu’elle mesure 40 000 km. Rares sont ceux, sans doute, qui ont trouvé cette valeur étrangement… ronde. Pas moi, en tous cas… Or, si cette circonférence mesure exactement 40 000 km (à quelques mètres près), cela ne tombe pas du ciel. Dieu, non plus, n’y est pour rien. En fait, ce sont trois mathématiciens qui en ont décidé ainsi : Borda, Condorcet et Lagrange.
Nous sommes alors juste après la Révolution française et les idées foisonnent. Les mathématiciens y contribuent en définissant une unité de mesure. Pour cela, ils décident de prendre une référence incontestable : la Terre. Plus précisément le quart de son périmètre, c’est à dire la distance séparant le pôle nord et l”équateur. Une bien grande distance. Qu’à cela ne tienne : ils la divisent par 10 millions et obtiennent : un mètre. Il s’agit là de la première définition de cette unité de longueur. Si la référence a changé depuis, l’unité persiste.
Voilà une histoire qui donne une autre sonorité au mot “mètre” et un autre rôle aux mathématiciens que celui de gribouiller des formules incompréhensibles. On pourrait imaginer un cours alliant la géographie, l’histoire, la physique et les mathématiques autour d’un tel sujet. Mais, bon, ne rêvons pas… En fait, cette histoire n’est pas issue d’un manuel scolaire, ni même de Wikipédia, mais d’un nouveau site créé à l’occasion de l’année des mathématiques de la planète Terre, décrétée par l’Unesco pour 2013.
Outre de multiples manifestations organisées dans le monde entier, le site français de l’opération publiera, du 1er janvier au 31 décembre 2013, du lundi au vendredi de chaque semaine, une brève, c’est à dire un court article, écrit dans un langage compréhensible par tout le monde. L’histoire du mètre, la première de la série publiée le 1er janvier 2013, est due à la contribution d’Etienne Ghys, directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences. Elle a été suivie, le lendemain, par une brève de Lionel Roques, de l’Inria, sur la recolonisation par les végétaux après une ère de glaciation. Également passionnante.
Ainsi, l’année 2013 commence bien pour la science. Cette initiative promet de nous tenir en haleine jusqu’à l’arrivée de la comète Ison, bouquet final de l’année. Elle donnera aussi du grain à moudre à tous les professeurs de mathématiques soucieux d’attirer l’attention des leurs élèves en leur montrant que l’abstraction pure n’est pas le seul destin des mathématiques ni leur seul usage dans notre vie de tous les jours.
Michel Alberganti
Super, mais leur site/blog ne semble pas prendre les commentaires -> pb avec le retour du captcha ?
Alors voici le mien sur le 3 janvier ! “Ces dernières années, la dégradation des monuments s’est accrue de façon dramatique” est une info intéressante et que j’ignorais.
Mais comme il reste 362 articles à publier, je ferais une suggestion : interdire les mots de plus de 3 syllabes, et les phrases de plus de 2 lignes. Parce que là, même si le billet est court, c’est du jargon !
Merci pour le lien qui m’a permis de découvrir leur dernière brève sur la Modélisation de la dégradation des monuments.
SI ce genre de site pouvait redonner le goût des maths aux jeunes bambins se serait un progrès considérable en ces temps où je ne suis pas sûr que beaucoup d’entre eux sachent encore extraire une racine carré…à la main
http://integraledesmaths.free.fr/idm/PagePrincipale.htm#http://integraledesmaths.free.fr/idm/RadExtMan.htm
Oups se serait un progrès au lieu de ce …
J’aurai du mal à faire le souhait qu’en lisant mes commentaires, l’orthographe du lecteur … s’améiore! 🙂
Merci FréféricLN de nous avoir signalé le bug sur les captcha. C’est réparé à présent, et je vous invite à republier votre commentaire si vous le souhaitez !
Merci pour les commentaires et suggestions. Le problème du captcha est corrigé.
Nous tentons d’éviter les mots trop longs et jargonnants, mais soyez vigilants…
Martin Andler, pour le comité de rédaction du site mpt2013.fr
eh bien merci à vous, je vais devenir un lecteur fidèle !
@ Michel Alberganti
D’abord merci de pointer votre projecteur sur les mathématiques et leur importance pour notre monde.
C’est peut-être l’occasion d’attirer l’attention sur l’un des six problèmes encore ouverts mis au concours en 2000 par l’Institut de mathématiques Clay, les équations de Navier-Stokes.
On sait que ces équations aux dérivées partielles décrivent le comportement dynamique des fluides ordinaires, tel que l’air de l’atmosphère et l’eau des océans. Si ces équations figurent en bonne place parmi les problèmes mathématiques du siècles, c’est non seulement parce qu’elles ont une importance pratique majeure, mais aussi parce qu’elles présentent des difficultés particulièrement ardues.
Ceux qui se sont attaqués à leur résolution numérique, à coup d’ordinateurs géants, savent à quel point les solutions approchées qu’ils obtiennent sont instables et sensibles à des changements minimes dans les conditions initiales et aux limites de chaque cas particulier.
Les modèles climatiques, qui essaient de décrire l’évolution des climats terrestres utilisent massivement les équations de Navier-Stokes, en les couplant avec une grande variété de modèles physiques décrivant les interactions entre les divers éléments et phénomènes impliqués (l’air, l’eau, le soleil, les gaz à effet de serre, la végétation, le relief, les nuages, les champs magnétiques, les courants marins, …). L’instabilité fondamentale des solutions de ces équations devrait pousser les idéologues du GIEC à plus de modestie dans leurs prévisions.
“L’instabilité fondamentale des solutions de ces équations devrait pousser les idéologues du GIEC à plus de modestie dans leurs prévisions.”
Cette phrase, malicieusement glissée à la fin d’un discours affichant compétence et rigueur scientifique, est typique des méthodes employées pour créer le doute sur la valeur des travaux des climatologues (et non idéologues) du GIEC.
Il est étonnant de la part de quelqu’un qui affiche une posture scientifique mais qui n’est pas, à ma connaissance climatologue.
Au nom de quel compétence se permet-il de disqualifier des confrères en les traitant d’idéologues, attaque typiquement “ad hominem” ?
Il est vrai que Monsieur Canevet nous a habitué sur ce blog à afficher une faconde méprisante et qu’il n’en est pas à son coup d’essai pour essayer de “décrédibiliser” les travaux des climatologues du GIEC.
On pourrait à la limite reprocher un trop grand optimiste aux conclusions du GIEC qui sont basées sur un scénario moyen alors qu’il est plus probable que nous nous dirigions vers un réchauffement de l’ordre de 4° d’ici 2100.
@FrédéricLN
Vous proposez d’ « interdire les mots de plus de 3 syllabes » pour lutter contre « le jargon ».
Cette idée me paraît totalement saugrenue. Elle découle d’une méconnaissance approfondie de caractéristiques de la langue française, ainsi que de quelque autres.
Il est de bon ton, aux Etats-Unis, et dans une moindre mesure en Grande Bretagne de fustiger l’utilisation de mots de plus de 3 syllabes. Ce tic snobinard est dû à des « intellectuels » dont la culture linguistique se limite souvent à la lecture des comics. Il est vrai que la langue anglaise qui comporte un très grand nombre de mots, dont de très nombreux mono- et bi- syllabes, peut assez facilement se passer de mots plus longs, sauf quand il faut aborder d’autres sujets que ceux de la conversation de tous les jours. Les mots savants, le plus souvent importés du latin, du français ou des langues germaniques sont en général plus longs.
Vouloir singer les anglo-saxons en ostratisant les mots de plus de 3 syllabes dans les langues latines ou germaniques est une ineptie.
A part le fait que certaines personnes s’intéressent à certains sujets, on n’apprend rien, et surtout pas de maths ni de physique dans les brèves publiées. Quelle déception !
pas mal l’initiative
@patricedusud
Vous parlez à mon propos « de faconde méprisante ». C’est plus facile que de réfuter des arguments.
Vous semblez me récusez, en tant que non-climatologue. Les dirigeants du GIEC se prévalent eux-mêmes de la coopération de 2500 scientifiques, dont 20% de climatologues. Mais que font donc les quelque 2000 collaborateurs du GIEC qui ne sont pas climatologues ? Du point de croix ? De la communication ? Faut-il aussi les disqualifier ?
Faire des prédictions à trente ou cent ans en matière de climat, quand on sait à quel point les interactions influençant les évolutions climatiques sont mal connues, c’est sortir de la science et se livrer à la climatomancie. Rien d’étonnant de la part d’idéologues aveuglés par leurs croyances.
@naivement moral
Nous sommes désolé si le niveau scientifique des brèves ne semble pas vous convenir.
Ne voyez aucune ironie dans mes propos, car en effet les brèves sont faites pour être compréhensibles par tous. En ce sens, nous tâcherons de bannir les phrases de plus de 2 lignes, mais pas les mots de plus de 3 syllabes !!! (mathématiques par exemple 😉 )
En revanche, si le lecteur averti que vous semblez être est insatisfait du niveau de lecture, je vous encourage à passer directement à la fin des brèves, où des liens parfois issus des sites http://images.math.cnrs.fr/ et http://interstices.info/ vous donneront un peu plus de matière !
Merci à tous pour vos remarques et vos encouragements.