Tau Ceti : une autre Terre, à 12 “pas” ?

Le rêve de découvrir une autre Terre n’en finit pas de se régénérer. Il faut dire que l’avalanche permanente des annonces de nouvelles exoplanètes ne risque pas de le laisser s’évanouir. Et puis, plus notre planète semble mal partie – trop peuplée, polluée, réchauffée…- plus l’appel de l’exode devient puissant. L’instinct explorateur, voire colonisateur, ne demande qu’à se rallumer. Et quelques heures avant une “fin du monde”, même aussi fausse que stupide, le sentiment de vulnérabilité, d’insécurité, nous étreint. Un jour, peut-être, sans doute, faudra-t-il partir. Mais pour aller où ?

En cadeau de Noël, les astronomes nous apportent ce qu’ils ont trouvé de mieux: un autre système solaire, avec son étoile, Tau Ceti, et 5 planètes. Pas de quoi être déboussolés par rapport à notre système actuel, avec son étoile, le Soleil, et ses 8 planètes. Si Tau Ceti fait rêver, c’est aussi, sans doute, parce qu’elle est visible à l’oeil nu dans le ciel, depuis l’Europe. Comme à portée de la main… Toutes proportions gardées. Nous parlons d’une étoile, certes parmi les plus proches puisqu’elle ne se situe que trois fois plus loin qu’Alpha du Centaure. Ce dernier est un système à trois étoiles ce qui se semble guère propice à la présence de planète à une distance suffisante d’une étoile pour que des conditions compatibles avec la vie y règnent. La fameuse zone habitable.

A 120 000 milliards de km

Tau Ceti, elle, est seule. Et c’est l’étoile la plus proche de nous dans cette situation. Toutefois, la distance à parcourir pour l’atteindre est tout de même de 12 années-lumière. Le chiffre est faible mais l’unité est grande. D’où un voyage de 120 000 milliards de km. Aujourd’hui, les vaisseaux spatiaux les plus rapides atteignent des vitesses encore inférieures à 100 000 km/h. Admettons qu’ils l’atteignent un jour. Sauf erreur de calcul, ils pourraient alors parcourir 876 millions de km par an, soit environ 0,9 milliard de km par an. Pour atteindre Tau Ceti, il faudrait alors plus de 130 000 ans. Ce qui paraît très excessif, même en plongeant l’équipage dans un sommeil profond. A titre de comparaison, les vaisseaux qui ont parcouru la plus grande distance sont aujourd’hui les sondes Voyager qui sont en passe de sortir du système solaire. Lancées en 1977, elles ne se trouvent qu’à environ 18 milliards de km de la Terre. Pour parvenir à la distance de Tau Ceti, il leur faudrait encore pas loin de 240 000 ans.


Stuck In The Sound – Let's Go (Official Video) par Discograph

On constate donc que le voyage vers les étoiles ne peut se concevoir, à l’échelle de temps de la vie des êtres humains, que si l’on atteint des vitesses très proches de celle de la lumière. Cette limite indépassable, même par les neutrinos, fixe à un peu plus de 12 ans la durée minimale de l’exode vers Tau Ceti. Avant de parvenir à créer des vaisseaux capables de telles performances, dans le style de l’hyperespace des romans de science-fiction, pas mal d’eau coulera, sans doute, sous les ponts. Le temps de vérifier que les planètes détectées aujourd’hui par les astronomes sont effectivement hospitalières.

Une étoile moins lumineuse que le Soleil

Il reste l’exploit de l’observation. Obtenus à l’aide de trois télescopes, situés au Chili, en Australie et à Hawaï, les résultats obtenus par une équipe internationale dirigée par Mikko Tuomi de l’université du Hertfordshire en Angleterre ont été publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics le 19 décembre 2012.  Les 5 planètes détectées ont des masses comprises entre 2 et 7 fois celle de la Terre. Leur distance par rapport à leur étoile, Tau Ceti, est inférieure à celle qui sépare notre Soleil de Mars. Toutefois, l’étoile émet seulement 45% de la lumière du Soleil. Si trois des planètes détectées semblent trop proches de Tau Ceti et donc trop chaudes pour le développement de la vie, il en reste deux…

Michel Alberganti

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Une sonde chinoise flashe l’astéroïde Toutatis

L’astéroïde Toutatis, l’énorme caillou qui a “rasé” la Terre les 12 et 13 décembre 2012, a bien la forme d’une pomme de terre. Et ce n’est pas grâce à la NASA ou à l’ESA que nous l’apprenons, mais grâce à une sonde chinoise, Chang’e 2. Une fois n’est pas coutume, mais cela pourrait le devenir. Discrètement pour l’instant, la Chine fait son long chemin dans l’espace. Chang’e 2 est une sonde spatiale lancée le premier octobre 2010 dans le cadre du programme chinois d’exploration lunaire de la China National Space Administration (CNSA).

Les photos de  Toutatis prises par la sonde sont le résultat d’une extension de sa première mission, la Lune. Là, en orbite, elle a réalisé la cartographie complète la plus détaillée, à ce jour, grâce à la résolution de 1,3 m de son appareil photo. Ensuite, en juin 2011, Chang’e 2 a entamé la seconde partie de sa mission: rejoindre le point de Lagrange L2 qu’elle a atteint le 25 août 2011. Elle y a réalisé des tests du système de suivi et de contrôle spatial chinois.

Le 15 avril 2012, la sonde a entamé sa troisième mission : croiser Toutatis afin de prendre des photos au plus près de l’astéroïde qui a pu contribuer à alimenter les frayeurs de fin du monde le 21 décembre 2012, malgré une date différente et une distance avec la Terre de… 7 millions de km.

A 3,2 km de distance

De fait, le jour dit, Chang’e 2 s’est trouvée à seulement 3,2 km de distance de Toutatis et a pu prendre une série de photos malgré une vitesse relative de 10,73 km/s. Ce qui reviendrait à flasher un objet se déplaçant, sur Terre ou ailleurs, à… plus de 36 000 km/h.

L’exploit est d’autant plus remarquable que les autres photos de Toutatis, réalisées depuis la Terre, étaient très mauvaises. A quelques millions de km, les meilleurs télescopes ne peuvent éviter le flou et le grain. D’où l’intérêt des images prises par Chang’e 2 qui vont enrichir la collection des nombreux guetteurs d’astéroïdes sur Terre.

Michel Alberganti

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Boson de Higgs: le CERN voit double

Décidément, on ne s’ennuie jamais au CERN de Genève. L’an dernier, à la même époque, les chercheurs pensaient que les neutrinos pouvaient se déplacer à la vitesse de la lumière. Démenti le 16 mars 2012. Cette année, on n’y parle que du boson de Higgs et de sa dernière aventure : un dédoublement imprévu, incongru et inquiétant.

Les résultats de l’expérience Atlas publiés le 13 décembre 2012 font en effet apparaître non plus un mais… deux bosons de Higgs. La détection de l’existence de la fameuse particule est obtenue grâce aux désintégrations engendrées par les collisions de particules à l’intérieur de l’accélérateur LHC du CERN. Le 4 juillet 2012,  le CERN a annoncé avec enthousiasme avoir obtenu les preuves expérimentales de l’existence d’un nouvelle particule ayant de très fortes probabilités d’être le boson de Higgs. Mais ils ont, semble-t-il, négligé alors de mentionner que l’une des deux expériences qui traque le boson, avait obtenu, dès le mois de mai 2012, la trace de… deux bosons.

Au lieu d’une seule particule dont la masse serait d’environ 125 gigaélectronvolts (GeV), voilà qu’elles seraient deux avec des masses de 123.5 GeV et 126.6 GeV. Une différence de 3 GeV qui pose un réel problème aux physiciens car elle est à la fois trop petite et trop grande. Trop petite pour qu’il s’agisse de deux particules très différentes. Trop grande pour que la différence de 3 GeV soit due à des erreurs d’expérience ou de calcul. D’autant que les données ont été triturées dans tous les sens pour tenter d’éliminer cette aberration. Sans résultat. L’expérience montre une désintégration du boson en deux photons. Sorte de boson Higgs-Higgs…

Est-ce grave ? Oui…

Après tout, est-ce si grave ? Si cette observation était confirmée, il semble que oui. L’apparition d’une seconde particule au lieu d’un seul boson de Higgs mettrait en effet à mal pas moins de deux théories. Le modèle standard, d’abord, pour lequel le boson de Higgs unique a été imaginé dans les années 1960. Sa découverte doit conforter cette théorie. En cas de bosons de Higgs multiples, une autre théorie, la supersymétrie, reprendrait-elle du poil de la bête? Rien n’est moins sûr. Selon un physicien du CEA interrogé par Globule et télescope, “la supersymétrie, qui prévoit plusieurs Higgs, n’envisage pas qu’ils soient si proches en masse”.

Trop proches ou trop éloignés… Le double boson de Higgs va faire jaser pendant des mois car il faudra attendre mars 2013 pour la prochaine mise à jour des résultats publiés par le CERN à partir de l’énorme quantité de données fournies par les expériences. Mars ? Le mois de la révélation de la bourde des neutrinos plus rapides que la lumière… Attendons donc la cuvée 2013 des révélations de printemps du CERN. Pour Peter Higgs, candidat au prix Nobel de Physique, ce délai risque d’être particulièrement pénible. C’est en effet en début d’année 2013 que la sélection des candidats est faite. Déjà, l’an dernier, ce calendrier, lui a été fatal. Sera-t-il victime, l’an prochain, du double Higgs ?

Michel Alberganti

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11 à 12 ans de vie gagnés en 40 ans mais souvent en mauvaise santé

Selon l’étude Global Burden of Disease Study 2010 publié le 13 décembre 2012 dans la revue The Lancet, l’espérance de vie moyenne des hommes, dans les 187 pays pris en compte, est passée de 56,4 ans à 67,5 ans entre 1970 et 2010. Celle des femmes est passée de 61,2 ans à 73,3 ans. Ainsi, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 3 à 4 ans par décennie depuis 1970, sauf pendant les années 1990 où le gain pour les hommes a été limité à 1,4 an et pour les femmes à 1,6 an. L’article consacré à ce thème détaille les progrès par région du monde. Si ces dernières affichent de grandes disparités, toutes ont un résultat positif. La durée de vie a donc augmenté partout, même dans les pays durement frappés par le sida. L’évolution la plus spectaculaire concerne la réduction des décès avant l’âge de 5 ans avec une chute de près de 60% depuis 1970.

La vie en bonne santé ne suit pas

Un autre article issu de la même étude concerne l’espérance de vie en bonne santé (HALE ou healthy life expectancy). En 2010, la HALE atteint 58,3 ans pour les hommes et 61,8 ans pour les femmes. Il est intéressant que noter que cette espérance de vie en bonne santé augmente moins vite que l’espérance de vie tout court. Au cours des 20 dernières années, chaque fois que l’on gagnait un an d’espérance de vie, le gain de HALE n’était que de 0,8 ans. Là aussi, les disparités sont très fortes entre Haïti où la HALE est de 27,9 ans et le Japon où elle atteint 71,7 ans.

L’écart se creuse

De ces résultats découlent une information claire : l’écart entre la durée de vie et la HALE se creuse donc en permanence. “Le nombre d’années en bonne santé perdues pour cause d’infirmité a augmenté dans la plupart des pays”, notent les auteurs de l’article. Il remarquent aussi que “comparés aux progrès substantiels réalisés dans la réduction de la mortalité au cours des 20 dernières années, des progrès relativement faibles ont été fait dans la réduction des effets des maladies non mortelles et des blessures sur la la santé de la population”. Pour les scientifiques, l’évolution de la HALE doit devenir un indicateur important pour le contrôle de la santé après 2015.

Une médecine focalisée sur le prolongement de la vie…

De fait, on peut s’interroger sur une médecine qui semble plus focalisée sur le prolongement de la vie que sur celui du maintien de la bonne santé. Progressivement, le système médical engendre ainsi un nombre croissant de personnes vivantes mais en mauvaise santé. Une dérive qui ne peut que mettre à mal les systèmes de financement comme les caisses d’assurance maladie. Et qui explique les délicats problèmes de fin de vie rencontrés de plus en plus souvent. Sans parler de l’évident désagrément d’une vieillesse en mauvaise santé.

… engendre-t-elle mécaniquement plus de malades ?

On peut légitimement se demander si les fondements mêmes du système actuel ne sont pas à mettre en cause. Au fond, le corps médical tire ses profits de la maladie et non de la bonne santé. N’est-il pas fatal qu’il produise de plus en plus de personnes vivantes mais en plus ou moins mauvaise santé ? Sans y voir un noir dessin de la part des membres du corps médical, n’est-il pas possible que le système actuel produise mécaniquement, sans volonté consciente, de plus en plus de malades ? Étant donné l’évolution des chiffres, ne paraît-il pas nécessaire de poser une telle question ? Et d’y répondre ?

Michel Alberganti

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Le jour d’après : la vidéo du lendemain de la fin du monde

La Nasa vient de publier une vidéo datée… du lendemain de la fin du monde qui, comme tout le monde le sait désormais est programmée pour le 21 décembre 2012. Avec 10 jours d’avance, la NASA tente de désamorcer la panique. “La preuve que le monde ne s’est pas terminé hier”,selon l’agence spatiale américaine.

L’intérêt de cette vidéo réside dans ses motivations et dans la méthode narrative utilisée. Pour en comprendre l’objectif, il faut suivre les informations qui proviennent des Etats-Unis et d’autres pays au sujet des croyances de fin du monde liées aux interprétations apocalyptiques du calendrier maya. Les Américains, en particulier, craignent des réactions incontrôlables de leurs concitoyens, comme des suicides, des vagues de panique, la construction d’abris antiatomiques et autres actes désespérés. C’est pour tenter de désamorcer de tels mouvements que la Nasa a réalisé cette vidéo et mis en place un groupe de chercheurs chargé de répondre aux questions des Américains angoissés. L’exercice de la vidéo se révèle ainsi plein de leçons :

1°/ Le procédé du “jour d’après”

L’idée de proposer, dix jours avant, une vidéo censée se passer le lendemain de la fin du monde semble relever d’une manœuvre désespérée ou insultante. Désespérée parce que cela révèle que les responsables de la Nasa, à cours d’arguments rationnels, acceptent de jouer le jeu des croyances qu’ils dénoncent. Les voilà en train de faire un exercice d’anticipation pour contrecarrer une croyance… anticipatrice. Le mal par le mal, en somme. Légèrement insultante, ou méprisante, vis à vis du public aussi. Si l’on décrypte le message, cela donne : Vous croyez n’importe quoi. Eh bien pourquoi ne croiriez-vous pas aussi à ceci !”

La Nasa, très sérieuse agence spatiale, verse ainsi dans la technique de la projection futuriste à vocation pédagogique inaugurée explicitement par le film : “Le jour d’après”, réalisée par Roland Emmerich en 2004. Il s’agissait alors d’alerter la population mondiale sur les effets du dérèglement climatique. Un autre catastrophe. La pédagogie réside dans le fait de montrer ce qui va se produire grâce à la science fiction. La Nasa, elle, fait de la fiction grâce à la science.

2°/ La pédagogie de l’anticipation

Sur un ton extrêmement sérieux, la voix off souligne le titre du clip: “Le monde ne s’est pas terminé hier”, sur le mode du message à la postérité : “22 décembre 2012. Si vous regardez cette vidéo, cela signifie une chose : le monde ne s’est pas terminé hier”. Vient ensuite la mention de la croyance en la prédiction du calendrier Maya. Et, bien entendu, le démontage scientifique des fondements même de cette croyance. Entrée en scène d’un spécialiste, le docteur John Carlson, directeur du centre pour l’archéoastronomie, qui explique que le calendrier Maya ne prédit pas la fin du monde le 21 décembre 2012 mais seulement la fin d’un cycle. Ainsi, au lieu d’un lendemain de cataclysme, le 22 décembre sera le premier jour d’une nouvelle période de 5125 ans, soit 13 baktunob ou 1 872 000 jours, suivant celle que les mayas ont connu pendant plus de 2500 ans.

3°/ Le rationnel contre la croyance

Après avoir démonté la croyance en une fin du monde fondée sur le calendrier maya, la Nasa semble considérer que cela ne suffit pas. Revenant dans son domaine de prédilection, elle s’attaque à deux des principales causes de fin du monde réellement possibles : la collision avec un astéroïde et l’activité du soleil. Dans le premier cas, la Terre exploserait sous l’impact, dans le second elle se consumerait. Pour démontrer qu’aucune rencontre avec un objet céleste n’est programmée pour le 21 décembre, la Nasa déclare d’abord que les observations des scientifiques ne montrent aucun danger. Et puis, et c’est sans doute le meilleur moment du clip, la voix off, sans changer de ton, indique qu’il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’appeler le gouvernement pour s’en convaincre. Il suffit de sortir de chez soi et de regarder le ciel. Si un astéroïde géant devait heurter la Terre le 21 décembre, il serait déjà l’objet le plus gros et brillant visible dans le ciel… Petit demi-tour temporel. Le spectateur auquel s’adresse alors la Nasa n’est plus celui du 22 décembre mais bien celui du 12 décembre…

Michel Alberganti

A retrouver sur Slate.fr: notre dossier «Fin du monde»

» C’est à quelle heure, la fin du monde?

» Ce qui se passera vraiment le 21 décembre selon le calendrier maya

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12/12/12 : le jour où l’astéroïde Toutatis rase la Terre “de près”

La date du 12 décembre 2012, soit le 12/12/12, aurait pu attirer l’attention des Mayas. Mais, pour la fin du monde, ils lui ont préféré le 21… Dommage car la prédiction apocalyptique se serait appuyée sur le passage d’un bon gros astéroïde, digne de donner une sueur froide aux petites fourmis humaines. Avant même ce gros calibre, un autre caillou céleste nous a frôlé aujourd’hui même, 11 décembre 2012. Il s’agit de 2012-XE54 dont la découverte ne date que du… 9 décembre. C’e’st à dire 3 jours avant le croisement. Par chance, et c’est ce qui explique son approche incognito, la taille de l’astéroïde est comprise entre 20 et 40 mètres. Aujourd’hui, XE54 est passé à 60% de la distance entre la Terre et la Lune, soit 384 000 km. A l’échelle du cosmos, cela représente à peine un poil, un cheveu. Mais c’est pourtant loin des records de frôlement. En juin 2011, l’astéroïde 2011MD, d’environ 9 mètres de diamètre, n’est passé qu’à 12 000 km.

4,5 km de long

Heureusement que 4179 Toutatis, celui qui nous croise ce 12 décembre, restera à une distance plus respectable. Car c’est un bien plus gros morceau. Découvert en 1989 par un astronome de l’observatoire de la Côte d’Azur, le français Christian Pollas, il doit bien entendu son nom au Dieu des Gaulois, bien connus pour craindre que le ciel ne leur tombe sur la tête… Toutatis nous rend visite tous les quatre ans. Sa taille laisse mal augurer des conséquences d’une collision: 4,5 km de long, 2,4 km de large pour 1,9 km de haut. Même si le diamètre de l’astéroïde qui pourrait avoir contribué à la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années, est estimé à 10 km, on comprend que Toutatis engendrerait un peu plus de bouleversements sur Terre que le changement climatique que nous redoutons d’ici la fin du siècle.

Croisement à 7 millions de km de la Terre

Par bonheur, il ne rasera la Terre qu’à une distance “cosmiquement” proche, comme l’écrit joliment Wired. Toutatis doit passer le 12 décembre 2012 à 7 millions de km de nous, soit environ 18 fois la distance de la Terre à la Lune. En 2004, il s’était approché à seulement 1,5 million de km. D’après les calculs des astronomes, le risque d’une collision entre Toutatis et la Terre est nul pour les 600 prochaines années. Dommage pour les prévisionnistes mayas. Voilà la plus probable des causes de fin du monde qui s’éloigne dans l’espace… Erreur de date et de visée. Au fond, tant mieux.

Free live streaming by Ustream – Le passage de Toutatis en Direct

Michel Alberganti

Lire aussi sur Globule et Télescope : Peindre les astéroïdes en blanc : une idée pour les détourner de la Terre…

Et écouter Science publique sur France Culture pour ne savoir plus sur les astéroïdes qui menacent la Terre :

26.10.2012 – Science publique
Un astéroïde peut-il provoquer la fin du monde? 57 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobilevideo

La fin du monde, que certains prévoient pour le 21 décembre 2012 à partir d’une interprétation du calendrier maya,pourrait-elle être provoquée par une collision entre un astéroïde géant et la Terre ? Nous en débattons avec nos invités : jean-Pierre Luminet, astrophysicien,Patrick Michel,astrophysicien et David Bancelin, astronome.

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Dans le Tarn, des poissons-chats pratiquent la chasse aux pigeons

Qui les connaît, surtout s’il est pêcheur, n’a guère de sympathie pour les poissons-chats. Outre leur aspect peu esthétique de prime abord, les Ameiurus melas et autres Silurus glanis, avec leur 6 barbillons et leurs trois épines aux piqûres douloureuses, ont la désagréable habitude de dépeupler les eaux de leurs autres habitants. Ils se nourrissent en effet essentiellement de poissons. Et ils grossissent très rapidement. Le Silure glane peut atteindre 1 à 2 mètres de long, voire 2,5 mètres, et peser jusqu’à 100 kg. Espèce invasive, les étangs et autres cours d’eau qu’ils investissent ne laissent rapidement aux pêcheurs d’autres possibilités que d’abandonner les gardons et les brèmes pour se résoudre à pêcher… des poissons-chats.

La voracité de ces envahisseurs est telle que cette pêche peut se révéler sportive. Une voracité que l’étude publiée dans la revue PLOS One du 5 décembre 2012 par Julien Cucherousset, biologiste du CNRS à l’université de Toulouse, confirme au delà de ce que l’imaginait jusqu’à présent. Avec son équipe, il a étudié les pratiques de chasse au pigeon de ces prédateurs d’eau douce.

Les scientifiques rappellent d’abord plusieurs stratégies de captures des carnassiers dont la fameuse technique des crocodiles pour sauter à la gorge des gazelles ou des gnous en Afrique. Difficile de ne pas y penser lorsque l’on observe la technique des poissons-chats vis à vis des pigeons.

L’équipe de Julien Cucherousset a analysé 24 scènes de chasse dans le Tarn, rivière dans laquelle les poissons-chats ont été introduits en 1983. De 1 à 9 poissons-chats de 90 cm à 1,5 mètre de long chassaient tandis que, sur la berge, un groupe de pigeons était venu boire et faire toilette. Les chercheurs ont ainsi analysé et filmé 54 attaques de silures sur les pigeons. Dans 28% des cas, le poisson a capturé l’oiseau sur la terre, est retourné dans l’eau et l’a avalé. Une seule fois, le poisson est entièrement sorti de l’eau, mais sans succès. Dans environ 40% des attaques, plus de la moitié de la longueur du corps du poisson-chat est sorti de l’eau. Dans tous les cas, l’assaut a été rapide puisqu’il a duré de 1 à 4 secondes. Les chercheurs ont remarqué que seuls les pigeons en mouvement étaient attaqués, même lorsque l’un d’entre eux était plus proche mais restait immobile. La vue du poisson-chat n’est pas son point fort. Il semble ainsi que ce soit plutôt leurs barbillons détectant les vibrations de l’eau qui les guident.

Pour tenter d’évaluer la part prise par les pigeons dans l’alimentation des poissons-chats, les chercheurs ont analysé la chair de 14 d’entre eux mesurant entre 90 cm et 2 mètres. Ils ont ainsi découvert une grande dispersion dans la part des volatiles dans le menu des poissons. Il semble donc qu’il s’agisse d’une pratique de certains individus seulement. En revanche, le pigeon se substitue au poisson dans le régime. Cette chasse, coûteuse en énergie, est-elle causée par un manque de nourriture aquatique ou bien par l’attrait du goût du volatile ? L’étude ne répond pas à cette question. Néanmoins, la taille semble jouer un rôle. Celle des chasseurs de pigeons varie entre 90 cm et 1,5 mètre lorsque celle de l’échantillon total observé va de 90 cm à 2 mètres. Cela pourrait indiquer que les plus gros poissons sont moins habiles chasseurs sur terre.


La découverte de l’équipe de Julien Cucherousset apparaît comme totalement inédite. Elle induit d’autres questions concernant l’impact de la part de nourriture terrestre sur la capacité invasive de l’espèce. Sur le plan écologique, la chasse aux pigeons des poissons-chats interroge sur leur équilibre avec les ressources de leur milieu. Sont-ils trop nombreux par rapport aux poissons ? Leurs proies aquatiques sont-elles devenues moins nombreuses, peut-être à cause, justement, de l’augmentation de la population de poissons-chats ?

Ce dont les chercheurs sont sûrs, à ce stade, c’est qu’ils ont observé un cas assez extraordinaire d’adaptation d’une espèce à son milieu. Une pratique entièrement nouvelle a été développée par les poissons-chats, malgré la difficulté. Cela montre une espèce en pleine évolution. Mais la chasse au pigeon est sujette à l’absence d’évolution… des pigeons eux-mêmes. Combien de temps leur faudra-t-il pour apprendre à se méfier de l’eau qui ne dort qu’en apparence ?

Une autre vidéo, glanée sur Flickr, montre, ci-dessous, que la prochaine victime des poissons-chats pourrait bien être le canard. Un futur sujet d’étude, peut-être, pour les chercheurs toulousains.

La revanche de l’oiseau :

Michel Alberganti

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Aspirine : notre pilule quotidienne ?

La magazine Science et Vie du mois de décembre 2012 fait sa couverture avec une formule accrocheuse : “Le médicament qui protège de tout”. Il s’agit de l’aspirine, autrement dit l‘acide acétylsalicylique, le médicament le plus utilisé au monde. Et sans doute l’un des plus vieux. Son nom, Aspirin, a été déposé par Bayer en… 1899 après sa création par le chimiste allemand, Felix Hoffmann (1868 – 1946) en 1897. Aujourd’hui, la consommation mondiale d’aspirine est estimée à 40 000 tonnes par an.

Au cours des dernières années, de nombreuses études scientifiques publiées, par exemple, dans la très réputée revue The Lancet, ont fait état de l’effet bénéfique de la prise quotidienne d’aspirine pendant plusieurs années. Outre l’effet logique d’un médicament agissant sur la fluidité du sang en matière d’accident cardiovasculaires, l’aspirine se révélerait protectrice contre certains cancers (colon, prostate, poumon) et les maladies neurodégénératives.

La perspective d’une pilule miracle dont la prise quotidienne protégerait contre les trois principales maladies mortelles actuelles ne peut qu’être attirante. D’autant que la médecine nous a plutôt habitués, ces derniers temps, à des surprises inverses, comme avec le Mediator et tous les médicaments déremboursés pour cause d’efficacité insuffisante.

Hélas, bien entendu, les choses ne sont pas simples. En février 2012, une étude publiée dans la revue Archives of Internal Medecine par des chercheurs de l’université de Londres-Saint Georges de Londres réduit considérablement les espoirs d’effets décisifs de l’aspirine. Réalisée sur 100 000 patients suivis pendant 6 ans, l’étude montre une réduction de 10% du nombre d’accidents cardiovasculaires non mortels. Mais la prise d’aspirine n’a pas eu d’effets sur le nombre de décès dus à ces mêmes accidents. Ni sur le nombre de victimes de cancers. En revanche, les cas de saignements internes mettant en jeu la vie du patient auraient augmenté de 30%. Avec des ulcères mais aussi des saignements oculaires.

Bénéfices plus modestes que prévu

Pour le principal auteur de l’étude, Rao Sehasai, “l’effet bénéfique de l’aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires pour des personnes ayant fait des attaques ou des AVC (accidents vasculaires cérébraux) est indiscutable” et il engage ces patients à poursuivre leur traitement. Il s’agit là de ce que l’on appelle le traitement secondaire, c’est à dire concernant des personnes ayant déjà eu des accidents cardiovasculaires ou des AVC. Mais la question du traitement primaire, c’est à dire de la prise d’aspirine de façon quotidienne avec un objectif préventif se trouve, elle, largement mise en cause. “Les bénéfices pour des personnes qui n’ont pas ces problèmes sont beaucoup plus modestes qu’on le croyait, et un traitement à l’aspirine peut entraîner potentiellement des dégâts majeurs consécutifs à des saignements”, indique Rao Sehasai.

Autres candidats : la metformine et les statines

L’espoir d’une pilule miracle ne concerne pas uniquement l’aspirine. Le dossier de Science et Vie analyse également la metformine et les statines. Le premier médicament est un antidiabétique commercialisé en 1953 et prescrit aujourd’hui pour plus de 120 millions de patients dans le monde. Comme l’aspirine, la metformine, parfois qualifiée de “véritable élixir de jouvence”, protégerait contre les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies neurodégénératives. Les statines, elles, sont des anticholestérols commercialisés dans les années 1980. Et elles protégeraient aussi du cancer, de l’ostéoporose, des accidents cardiovasculaires, les rhumatismes inflammatoires, la sclérose en plaque…

Mode de vie et alimentation

Pour en avoir le coeur net, j’ai invité plusieurs médecins spécialistes et un chercheur à l’émission Science Publique que j’ai animée vendredi 7 décembre 2012 sur France Culture, dans le cadre d’un partenariat avec Science et Vie. La différence entre les traitements primaires et secondaires a été souvent mise en avant. Les invités n’ont pas nié certains effets positifs de l’aspirine et des deux autres médicaments. Mais, au final, le fameux rapport bénéfice-risque ne confirme guère l’intérêt de prendre tous les jours un ou plusieurs médicaments dans l’espoir d’éviter certaines maladies graves. Comme le conseille le simple bon sens, d’autres moyens sont au moins aussi efficaces, en matière de mode de vie et d’alimentation. Le jour où un médicament viendra tout corriger sans que nous n’ayons le moindre effort à faire n’est, semble-t-il, pas arrivé. Et l’on peut se demander s’il est souhaitable qu’il arrive…

Michel Alberganti

(Ré)écoutez l’émission Science Publique du 7 décembre 2012 sur France Culture, en partenariat avec Science et Vie.

Table ronde

Faut-il prendre de l'aspirine tous les jours ?

07.12.2012 – Science publique
Faut-il prendre de l’aspirine tous les jours ? 57 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobilevideo

L’aspirine, la metformine et les statines auraient des vertus protectrices contre les accidents cardio-vasculaires, les cancers et les maladies neuro-dégénératives. Sous réserve d’en prendre tous les jours pendant des années. S’agit-il d’une préconisation sérieuse ? Le diagnostic des invités de Science Publique…

 

 

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Doha 2012 : le climat échec et mat

Après quinze années d’efforts diplomatiques, quinze jours de négociations, prolongés de 24 heures, ont suffi pour sonner le glas des conférences internationales sur le réchauffement climatique. Comme on pouvait s’y attendre, Doha 2012 restera comme le sommet de l’enterrement des espoirs de réduction volontaire des émissions de CO2 par les pays industrialisés et les pays en développement.

Depuis le protocole de Kyoto signé en 1997 et entré en vigueur en 2005, les conférences internationales ont toutes donné le sentiment d’une lente évolution vers le blocage complet du processus. Cette fois, nous y sommes. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner l'”accord” final de Doha 2012, publié par l”AFP le 8 décembre 2012. Sans oublier qu’il a été obtenu à l’arraché…

  • Acte II du protocole de Kyoto
    La seconde période d’engagement s’étalera du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2020. Elle concerne l’Union européenne, la Croatie et l’Islande, et huit autres pays industrialisés dont l’Australie, la Norvège et la Suisse, soit 15 % des émissions globales de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Chaque pays “réexaminera” ses objectifs chiffrés de réduction de GES “au plus tard en 2014”.
  • Aide financière aux pays du Sud pour faire face au changement climatique
    Le texte de Doha “presse” les pays développés à annoncer de nouvelles aides financières “quand les circonstances financières le permettront” et à soumettre au rendez-vous climat de 2013, à Varsovie, “les informations sur leurs stratégies pour mobiliser des fonds afin d’arriver à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020”.
  • Réparation pour les “pertes et dommages” causés aux pays du sud par le réchauffement
    A Varsovie, des “arrangements institutionnels, comme un mécanisme international, seront décidés au sujet de la question des pertes et dommages liés aux impacts du changement climatique dans les pays en développement particulièrement vulnérables”. Ce point a été très disputé entre les pays du Sud, qui s’estiment victimes des actions du Nord ayant déréglé le climat, et les Etats-Unis, qui craignent qu’un “mécanisme” ne mène un jour à des actions en justice et ne veulent pas débourser plus que ce qui a déjà été prévu dans les divers accords de l’ONU sur le climat.
  • Vers un accord global et ambitieux en 2015
    L’accord de Doha réaffirme l’ambition d’adopter “un protocole, un autre instrument juridique ou un accord ayant force juridique” à la conférence de l’ONU prévue en 2015 pour une entrée en vigueur en 2020, et rappelle l’objectif de parvenir à limiterla hausse de la température à + 2°C. Contrairement au protocole de Kyoto, cet accord ne concernera pas que les nations industrialisées mais tous les pays, y compris les grands émergents et les Etats-Unis. Un texte devant servir de base pour les négociations doit être disponible “avant mai 2015” et l’accord de Doha “accueille favorablement” la proposition du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon de réunir les dirigeants mondiaux en 2014 sur cette question.

Traduction :

  • Le nouveau protocole de Kyoto, sans engagement sur un taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), ne concerne que 15% des émissions mondiales. Renvoi à Varsovie en 2013.
  • L’aide financière aux pays du Sud n’est pas financée. Renvoi à Varsovie.
  • La question de la dette climatique des pays n’est pas règlée. Renvoi à Varsovie.
  • Le nouveau protocole de Kyoto, “global et ambitieux”, reste vide d’engagement. Renvoi en 2014 et 2015.

L’avantage, avec les conférences climatiques, c’est que le programme peut être réutilisé à l’identique de l’une à l’autre. Pour la prochaine, il suffira de remplacer Doha par Varsovie dans les entêtes. A moins d’organiser, d’ici là, une conférence pour statuer sur la nécessité de poursuivre l’organisation coûteuse, en argent et en CO2, de tels rassemblements. La mascarade de Doha pose clairement la question. Son déroulement, comme ses résultats, se retournent contre son objectif même. Au lieu de promouvoir la prise au sérieux des enjeux climatiques, elle démontre l’incapacité totale des Etats à engager une véritable dynamique de lutte contre le réchauffement. Ce qui révèle une totale impréparation de cette réunion.

Dans la situation actuelle, ne vaut-il pas mieux arrêter les débats stériles et les dégâts qu’ils engendrent dans l’opinion publique ? C’est sans doute la question que l’on doha désormais se poser.

Michel Alberganti

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Climat : tout Doha dans le mur

Moment d’émotion à Doha, au Qatar, lorsque Naderev Saño, négociateur en chef de la délégation des Philippines, a fait le lien entre les négociations de la 18ème conférence internationale sur le changement climatique et le nouveau drame qui a frappé les Philippines cette semaine avec le passage du typhon Bopha qui a fait plus de 500 morts et des centaines de milliers de sans abri. Mais les sanglots dans la voix de Naderev Saño n’y feront rien. Doha va se terminer sur un échec cuisant. Un de plus. Avec une fracture grandissante entre les pays pauvres et les pays riches sur la gestion du réchauffement climatique.

En effet, le temps des objectifs de réductions des émissions de CO2 semble désormais révolu. Les discussions se concentrent sur la gestion  des conséquences d’un réchauffement planétaires qui pourrait atteindre 3 à 5°C en 2100 au lieu des 2°C visés pour limiter les risques d’emballement du système climatique.

La conférence de Doha, qui a rassemblé les représentants de 190 pays du 26 novembre au 6 décembre 2012 au Qatar, le pays dont les habitants sont les plus gros pollueurs de la planète, est en passe de s’achever en farce. D’autant que le pays hôte n’a pas jugé utile de saisir cette occasion pour faire le moindre effort en matière de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le vice-Premier ministre Abdallah al-Attiya qui dirige les débats en séance plénière a même fait preuve de cynisme, voire de mépris, pour les participants. Vendredi 7 décembre, il a ouvert une séance en diffusant le clip d’une “chanson de la société civile” appelant à “se réveiller” sur l’air de Bella Ciao. Face au risque de prolongation des débats dans la nuit, il a déclaré avec élégance: “Je ne suis pas pressé. Ma maison est seulement à 10 minutes en voiture”. Visiblement, le Qatar n’avait pas d’objectif écologique en organisant cette conférence.  On découvre qu’il ne s’agissait pas, non plus, de donner une bonne image du monde arabe. Tout cela tourne donc de plus en plus à la mascarade et justifie de se poser la question de la nécessité de continuer à rassembler, tous les ans à grand frais, des milliers de personnes autour de la question du climat.

Un fiasco de plus

Doha s’inscrira donc dans la longue liste des fiascos. Pas d’accord sur des objectifs contraignant de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Pas d’accord sur le programme de soutien financier aux pays victimes des conséquences du réchauffement climatique. “L’UE ne peut pas accepter un texte qui contiendrait un engagement à 60 mds d’argent public en 2015 compte tenu des contraintes budgétaires dans lesquelles nous sommes”, a déclaré le ministre français du Développement, Pascal Canfin, indiquant que les négociateurs tentaient de trouver une “formule” qui “dessinerait un chemin pour arriver aux 100 milliards”, rapporte l’AFP. Comme on le sentait déjà lors des précédents sommets, comme celui de Durban, la crise économique a achevé les timides velléités d’engagement financier des pays riches. Les pays pauvres vont devoir s’y faire. Les riches n’ont plus d’argent à leur donner.

Alors, Doha accouchera sans doute de décisions strictement symboliques. Le protocole de Kyoto, version 2, qui doit débuter le 1er janvier 2013 reste sur la sellette. Il est déjà vidé de sa substance avec le désistement du Japon, de la Russie et du Canada. Les décisions ne concerneront que l’UE et l’Australie qui émettent 15% des GES globaux. Autant dire que leurs efforts n’auront aucun effet significatif sur le réchauffement. Et puis, il sera temps de se donner rendez-vous… pour la prochaine réunion, à Paris en 2015 avec l’espoir de moins en moins ferme d’un accord mondial sur des réductions d’émissions à partir de 2020.

On aurait donc probablement pu se passer de Doha et des railleries de son vice-premier ministre. Les choses en sont arrivées au point de presque donner raison au climato-sceptique Lord Monckton qui a réussi à prendre la parole en se faisant passer pour un représentant de la Birmanie (Myanmar) pour exposer ses vues contestant la réalité du réchauffement et l’absurdité de lutter contre les émissions de GES. Qu’il ait pu, ainsi, s’infiltrer dans la conférence est tout un symbole…

Michel Alberganti

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