Energie nucléaire: la France ferme Fessenheim, le Japon ferme tout

Coup dur pour les inconditionnels de l’énergie nucléaire. Dix huit mois après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement japonais a annoncé, vendredi 14 septembre 2012, sa nouvelle stratégie énergétique : « réaliser une société qui ne dépend plus de l’énergie nucléaire dans les années 2030 ». A terme, le Japon ne prévoit de conserver que son surgénérateur de Monju en l’utilisant pour le traitement des déchets nucléaires.

Le même jour, quelques heures auparavant, François Hollande avait annoncé, en ouverture de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre, que la centrale nucléaire de Fessenheim «sera fermée à la fin de l’année 2016», quelques mois avant l’expiration de son mandat. Ce calendrier semble satisfaire les écologistes, ravis, par ailleurs, de la décision d’enterrer l’exploration et, a fortiori, l’exploitation du gaz de schiste en France.

Pression populaire

Le parallèle avec le Japon est instructif. Dix huit mois après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement de Yoshihiko Noda était soumis à une forte pression populaire. Il faut dire que le Japon l’avait échappé belle en mars 2011 lorsque la centrale de Fukushima-Daiichi a été dévastée par le tsunami et que des explosions ont projeté un nuage de particules radioactives dans l’atmosphère. Tokyo, située à 220 km au sud-ouest, n’a été épargnée que grâce à une direction favorable des vents. Depuis, l’exploitant Tepco, largement convaincu d’incompétence, lutte pour contrôler la centrale. Encore aujourd’hui, le réacteur N°4 et sa piscine contenant 264 tonnes de barres de combustible hautement radioactives reste un danger permanent.

Épée de Damoclès

Pour rassurer une population traumatisée par l’épée de Damoclès de Fukushima et, sans doute aussi, par la mémoire des bombes atomiques de la seconde guerre mondiale, le gouvernement a donc fini par prendre une décision courageuse. Pour la première fois, l’une des premières économies mondiales planifie sa sortie du nucléaire. Le Japon se donne moins de 30 ans pour y parvenir. Un délai qui semble raisonnable si l’on considère que le nucléaire fournissait 29% de la production électrique du pays en 2010.

Après le séisme du 11 mars 2011, tous les réacteurs japonais sont progressivement mis à l’arrêt. En mai 2012, plus aucun ne fonctionne et le Japon est alors sorti du nucléaire en… 14 mois. Mais cette situation n’est guère tenable économiquement et, en juin 2012, Yoshihiko Noda annonce la remise en service de deux réacteurs dans la centrale d’Ohi, dans l’ouest du Japon. Mais le mois suivant, en juillet dernier, les manifestations anti-nucléaires rassemblent des dizaines de milliers de Japonais à Tokyo.

600 milliards de dollars

C’est donc bien sous la pression de l’opinion publique japonaise que le gouvernement nippon a décidé de s’engager dans une sortie du nucléaire. Il y a une semaine, les discussions du cabinet du premier ministre Yoshihiko Noda laissaient pourtant entendre que le coût d’une telle stratégie s’élèverait à plus de 600 milliards de dollars. En face de ce coût, le Japon a pesé le risque d’un nouveau tremblement de terre majeur de magnitude 8 au cours des prochaines décennies. D’après les scientifiques, ce risque est évalué à 87% dans la région du Tokai, à 200 km au sud-ouest de Tokyo, pour les 30 prochaines années.

En prenant la décision de sortir définitivement du nucléaire avant 2040, le Japon se met en situation de devoir impérativement développer ses ressources en énergies renouvelables. Sans ces dernières, les importations de pétrole et de gaz pour compenser les 30% de son électricité nucléaire pèseront de façon insupportable sur son économie.

5ème mondial dans le solaire

Avant de se mettre ainsi le couteau sous la gorge, le Japon occupait une place loin d’être ridicule dans l’industrie du solaire. Il se place en 5ème position mondiale en terme de surface de panneaux photovoltaïques installés, avec 5 GW en 2011, contre 2,8 GW en France. Cinq entreprises nippones (contre 400 en Chine…) fabriquent de tels panneaux. En 2009, le gouvernement a fixé comme objectif de parvenir à 28 GW en 2020 et à 53 GW en 2030. Il est très probable que ces chiffres seront revus à la hausse après la décision du 14 septembre. Le solaire devra contribuer à compenser le nucléaire. Avec 54 réacteurs, ce dernier représentait près de 30% de sa production d’électricité et il était prévu que cette part monte à 40%. En 2010, le Japon disposait de 282 GW de puissance électrique installée. Le solaire représentait donc moins de 2%.  Mais l’objectif 2030 l’aurait fait passer à près de 20%, à puissance installée égale.

Pas de difficultés insurmontables pour le Japon

On voit donc que les ordres de grandeur ne présentent pas de difficultés insurmontables. Si l’on ajoute les 2,3 GW d’électricité éolienne nippone en 2010, le Japon dispose d’environ 7,5 GW d’électricité renouvelable. En trente ans, il lui faut multiplier ce chiffre par 4 pour compenser son électricité nucléaire. Cela semble très loin d’être impossible si l’on ajoute à cela l’impact des économies d’énergie. Certaines régions ont réduit de 15% leur consommation après le tsunami de mars 2011. Ainsi, la situation du Japon ne semble pas catastrophique. On connaît les capacités industrielles de ce pays et ses facultés de réaction dans l’adversité. La décision du gouvernement pourrait provoquer un électrochoc salutaire et un élan important vers le développement des énergies renouvelables.

Fessenheim: moins que le solaire

La situation de la France est bien différente. Avec nos 58 réacteurs, nous produisons 74% de notre électricité grâce à nos centrales nucléaires. La fermeture de Fessenheim (1,8 GW) représentera une perte inférieure à 3% des 63 GW nucléaires installés en France. A titre de comparaison, le solaire représentait, fin 2011, 2,8 GW de puissance installée et l’éolien 6,8 GW. Certes, la part de l’ensemble des énergies renouvelables dans la production française d’électricité n’était que de 12% en 2009 ce qui nous classait à la 13ème place européenne… Et le rapport sur l’éolien et le photovoltaïque remis au gouvernement le 13 septembre 2012 risque de ne pas provoquer d’enthousiasme démesuré. Les experts y déclarent: “ces contraintes interdisent d’envisager que les énergies éolienne et photovoltaïque, à elles seules, permettent la diminution de 75 % à 50 % du nucléaire dans le mix électrique français à l’horizon de 2025”. Voilà donc l’objectif affiché par François Hollande lors de la campagne présidentielle habillé pour l’hivers.

Pas de couteau sous la gorge en France

Contrairement au Japon sous la menace permanente de tremblements de terre dévastateurs, la France n’a pas le couteau sous la gorge. Grâce au nucléaire, elle bénéficie même d’un luxe mortel pour les énergies renouvelables. Le phénomène mine depuis 30 ans tout développement important d’une économie verte en France. Les deux décisions que François Hollande vient de prendre le 14 septembre, fermer Fessenheim et interdire le gaz de schiste, va lui permettre de satisfaire les écologistes à peu de frais politique. Coté économique, la France devra se contenter de l’espoir de devenir la spécialiste du démantèlement des centrales nucléaires. Un domaine dans lequel il lui reste toutefois à faire ses preuves. Aucune centrale nucléaire n’a été complètement démantelée sur son territoire à ce jour. Coté énergies renouvelables, nous pourrons continuer à tranquillement caracoler en queue de peloton. Pendant que le Japon se retrousse les manches pour sortir du nucléaire.

Michel Alberganti

25 commentaires pour “Energie nucléaire: la France ferme Fessenheim, le Japon ferme tout”

  1. Je suis entièrement d’accord avec votre analyse. Elle est d’ailleurs d’une importante précision. Tout comme les Allemands, les Japonais ont décidé d’en finir avec le nucléaire, et vont donc désormais investir leurs budgets recherche dans les autres énergies. Quand on connait les grands moyens dont ces deux pays disposent concernant la recherche en haute technologies et en électromécanique, nul doute qu’ils vont faire des avancées majeures dans ces domaines que nous autres français délaissons au profit d’une industrie nucléaire sans avenir. La décision de Hollande de fermer Fessenheim est louable et j’en prends acte, mais cette fermeture n’aura lieu qu’en fin de son mandat et, pendant ce temps, rien ne bougera. Et nous continuerons à user des centrales hors d’âge des années 70, situées en plein milieu de notre pays, gérées par des industriels au comportement mafieux, se servant de toutes les ruses pour abuser de la loi. Leur lobbying est de toute façon extrêmement actif du coté de l’Élysée pour bloquer les tentatives de développement d’autres solutions d’énergie. Et voilà comment la France s’empêtre tandis que les autres pays progressent à pas de géants. C’est de courage politique que nous aurions besoin.

  2. Merci pour cet article très complet
    le Japon a ici pris la décision qui s’imposait et va pouvoir servir d’exemple à tous ceux qui préfèrent continuer à utiliser des bombes sales obsolètes pour fabriquer de l’électricité.
    Je suis convaincu que ce grand défi sera relevé avec panache et que la France,comme d’habitude sera encore à la traîne de toutes les innovations technologiques par frilosité de ses gouvernants manipulés par des lobbys qui ne voient que le profit à court terme.

  3. “Aucune centrale nucléaire n’a été complètement démantelée sur son territoire à ce jour”. Exact!
    Cependant, la centrale de Brennilis (Bretagne) est en cours de démantèlement : http://fr.wikipedia.org/wiki/Site_nucl%C3%A9aire_de_Brennilis
    Instructif!

  4. @GrandFrisson – En effet. Elle est arrêtée depuis 1985. Il s’agit d’une toute petite centrale (70 MW) et son démantèlement n’a pas été achevé… en 27 ans…

  5. Et voilà que nous oublions Superphénix!
    A lire absolument: “Superphénix, déconstruction d’un mythe” de Christine Bergé (Ed. La découverte)

  6. Un seul mot… bravo aux japonais qui dans 20 ans, auront une avancée technologique en matière d’énergies renouvelables insurmontables, ou presque…

    et nous, on en sera toujours a tenter de démanteler nos centrales,,,

  7. @michelalberganti

    Ben oui, c’est le principe du démantèlement, ça prend du temps parce que 1. On n’est pas pressé; 2. Plus on attend, plus c’est facile.

  8. À lire cet article on n’a pas l’impression que son auteur connaisse la notion pourtant fondamentale de facteur de charge. En effet les seuls chiffres cités et offerts aux comparaisons sont des capacités nominales de puissance. Mais un moteur, un réfrigérateur, un PC, un four ou une ampoule ne consomment pas des GW mais des GWh. Et le h (pour heure) n’est pas un détail : la puissance seule ne fait pas tout, encore faut-il savoir pendant combien de temps par an elle peut être fournie. Et là les faits sont têtus : les centrales thermiques d’une part, qu’elles fonctionnent au charbon, au gaz ou à l’uranium, et d’autre part les renouvelables médiatiques (éolien et PV) ne sont pas logés à la même enseigne : les premières produisent 80 à 90% du temps (elles ne doivent être arrêtées que pour maintenance, et rechargement du combustible pour le nucléaire), tandis que les autres ne produisent que pour autant que le vent souffle assez fort ou que la luminosité est suffisante. Empiriquement on constate que l’éolien marin produit à équivalent pleine puissance seulement 35% du temps, l’éolien terrestre encore moins : 20-25% pour les meilleurs emplacements, et pour le PV ça chute à une douzaine de % (encore qu’à Tamanrasset ce devrait être un peu meilleur !).
    Autrement dit, à supposer que les consommateurs soient demandeurs de la production du renouvelable médiatique au moment où elle est produite (pour le PV au Japon, ce n’est pas impossible dans une certaine mesure, vu que la production est maximale en été et que les Japonais recourent beaucoup à la climatisation, pour la France qui a son minimum de consommation en été, c’est une autre affaire), il convient de diviser les capacités de puissance installée en éolien marin par 3, celles d’éolien terrestre par 4 voire 5, et celles de PV quasiment par 10 ! Voilà qui (sans compter que les coûts du PV sont bien plus insupportables encore pour l’économie que ceux des importations de gaz) relativise quelque peu la confiance de l’auteur dans les perspectives offertes par le PV et l’éolien ! Ce sont surtout les gaz de schiste qui ont de belles perspectives… Sauf en France bien sûr !

  9. @Mecenius L’auteur de l’article est d’accord avec vous. Votre raisonnement est exactement celui des ingénieurs qui ont remis leur rapport le 14 septembre au gouvernement. En le suivant, on aboutit à la situation actuelle du mix énergétique français en matière de production d’électricité: plus des 3/4 de nucléaire. Le confort… Vous oubliez seulement les déchets, le démantèlement et le danger. Quant au calcul en Wh et non en W installé, vos chiffres sont exacts… aujourd’hui. De même que les automobiles consommaient et polluaient 2 ou 3 fois plus il y a 10 ou 20 ans, le solaire est loin d’avoir atteint son optimum. Quel sera le rendement du PV dans 10 ans, dans 20 ans ? Pouvez-vous nous le dire ? L’insupportable intermittence ! Comme vous le notez très bien pour l’éolien, elle est plus faible en mer que sur terre. Un progrès notable. En altitude, elle serait encore plus faible.
    Quant au solaire, ce que vous dites revient à prendre les pays du Nord de l’Europe pour de pauvres imbéciles, de même que les 12 pays européens qui font mieux que nous en énergie renouvelable. Quant au coût des PV, vous semblez ignorer (volontairement?) la courbe de leur prix. Ainsi que les nouvelles technologies, hors silicium, qui feront encore chuter les coûts.
    L’arrogance et le mépris n’ont jamais été de formidables moteurs pour le progrès…

  10. M. Alberganti, j’ai moi-même entendu parler des progrès tout à fait significatifs envisagés dans les 10 ans à venir par les spécialistes du sujet (encore qu’à ma connaissance il ne soit pas anticipé de pouvoir jamais fabriquer des panneaux capables de produire le 31 décembre vers 20h00…), et j’ai connaissance de la courbe des prix actuels (en partie dus semble-t-il à des ventes à perte de la Chine pour avoir le monopole) et surtout à venir. J’en tire la conclusion que cette technique n’est absolument pas mature et qu’il est urgent de ne surtout pas y recourir et d’attendre qu’elle le devienne. Payer une fortune des panneaux qu’on pourrait acheter deux fois moins chers dans quelques années est un gaspillage de ressources financières publiques rares et une ânerie économique quoique vous en pensiez. Le jour où leur rendement sera bien meilleur, et permettra un coût de production de 50 eur/MWh en France (ce jour n’est pas encore venu, il n’est même pas prévu, mais je ne dis pas qu’il n’adviendra jamais car je ne suis pas devin), je reconsidérerai ma position, car elle est purement pragmatique contrairement à ce que vous imaginez. Oui à la recherche sur le sujet, non à l’investissement massif en capacités de production en l’état actuel des choses !
    Quant à l’intermittence, vous semblez la traiter à la légère, c’est pourtant un sujet fondamental et qui empêche de fonder un système de production électrique sur l’éolien et le PV ; même le facteur de charge de 35% de l’éolien marin n’est pas du tout satisfaisant, d’autant que la production n’est pas nécessairement phasée avec la consommation.
    Sur le fait que 12 pays européens feraient mieux que la France en renouvelable, je n’en suis pas sûr. N’ayant pas vérifié les données, il se peut que je vous fasse un procès d’intention, mais j’ai l’impression que comme beaucoup de journalistes vous confondez renouvelable avec ce que j’appelle renouvelable médiatique (éolien et PV), parce que c’est le seul qui fasse frétiller les journalistes. En réalité par exemple, la France ne fait pas moins bien que l’Allemagne quand on prend tout en compte, contrairement à ce qu’assènent les journalistes. Il est vrai que pour la seule électricité éolienne et PV ce n’est pas le cas. Je n’irai pas jusqu’à les considérer comme de “pauvres imbéciles”, en revanche ce choix n’est assurément pas rationnel (et l’irrationalité n’est pas le moteur le plus fiable pour le progrès !). Disons que c’est une “danseuse” que les Allemands ont les moyens de se payer, disposant d’entreprises ultracompétitives. Les Espagnols, eux, sont peu compétitifs, et ont financé à crédit (car non répercuté dans les prix) un développement très excessif de l’éolien et du PV (et au passage ont fortement augmenté leurs besoins de gaz : drôle de manière de préparer l’avenir…) ; ils se retrouvent aujourd’hui avec une ardoise de beaucoup de milliards d’euros, et s’en mordent les doigts. Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve dans la même situation.

  11. @Foxkilt C’est exact. Mais alors il sera difficile de vendre à l’étranger une technique qui consiste à attendre des décennies sans rien faire.

  12. @Mecenius Attendre que les autres essuient les plâtres à notre place… Si nous avions fait de même pour le chemin de fer, le cinéma, l’automobile, l’aviation ou, d’ailleurs, le nucléaire, il n’y aurait en France d’industrie ni du chemin de fer, ni du cinéma, ni de l’automobile, ni de l’aéronautique et ni du nucléaire. Notre force, c’est d’inventer. Pour l’industrialisation, nous ne pourrons jamais lutter contre les asiatiques, Japon en tête. Et maintenant la Chine. En refusant d’inventer et d’investir, aussi bien pour le gaz de schiste que pour le solaire et l’éolien, nous perdons notre dernière chance de reconstruire une industrie digne de ce nom. Et beaucoup plus encore. Nous perdons ce qui a fait notre fierté au début du 20ème siècle et notre richesse à la fin du même siècle. Au 21ème siècle, il semble que nous partions pour solder cet héritage. Mais après ? Le tourisme ?

  13. Cher M. Alberganti : l’industrie, il y a peu de chance que je sois contre, j’y travaille ! Mais précisément, faire de l’industrie, ça consiste à associer le raisonnement économique au raisonnement technique pour aboutir à une solution répondant optimalement au besoin.
    Il y a quelques jours j’ai écrit en réaction à votre article sur le gaz de schiste un long développement pour en vanter l’intérêt économique, et de fait on sait techniquement l’exploiter (même s’il reste à l’évidence des améliorations à apporter). Le PV par contre présente des caractéristiques de productiond’électricité incompatibles avec la demande. Et économiquement ça ne marche pas. On peut bien acheter un produit non mature quand ça ne représente qu’une faible fraction de son revenu, mais en matière d’énergie les investissements sont de base colossaux, et la fantaisie n’est pas permise. En matière de PV (et de stockage d’électricité, ça va avec), on n’a pas encore assez inventé, alors on ne peut pas encore investir ! (mais je ne dis pas qu’il faut refuser d’inventer) Un industriel qui industrialise la production d’un produit trop cher et ne répondant pas à la demande fait faillite ; c’est ce qui nous arrivera si nous installons massivement des panneaux au coût prohibitif et obsolètes dans deux ans !

  14. ça va leur faire une belle jambe d’avoir à importer de l’électricité et de rouvrir des centrales à charbon.

  15. Le Japon va remplacer le nucléaire par du charbon et du gaz, c’est un effectivement une bonne nouvelle quand on a des actions dans les multinationales des énergies fossiles.

    Mauvaise nouvelle pour l’industrie nucléaire? D’abord il faudrait que la décision soit confirmé, 20 ans c’est long, une alternance, quelques années de déficit commerciale et les Japonais pourrait changer d’avis, d’autant plus vite que leurs industriels ont bien l’intention de vendre leurs technologies nucléaires à l’étranger.

    Néanmoins quand on voit que la plupart des centrales japonais sont incapable de résister à un tsunami de plus de 6.5m, alors qu’en France on a 9.5m à Gravelline et 12.5m à Flamanville, zone très connue pour les risques sismiques et de tsunami, quand on constate le refus irresponsable de l’aide française durant l’accident de Fukushima, c’est pas forcément un mal de priver le Japon de la technologie nucléaire des réacteurs à eaux, relativement dangereuse.

  16. M. Alberganti
    Est-il possible que depuis le temps vous n’ayez pas encore compris la différence entre puissance installée et énergie effectivement produite ? Ni la différence entre une électricité disponible garantie et une énergie aléatoire ?
    Pour ce qui est du coût du solaire, la somme des engagements d’achat par l’Allemagne atteint 100 milliards d’euros. La campagne contre les panneaux chinois n’est vraisemblablement qu’une tentative de stopper l’hémorragie sans perdre la face.
    Et pour l’éolien, on préfère garder le prix secret !
    Quant aux arguments d’autorité tels que “ce que vous dites revient à prendre les pays du Nord de l’Europe pour de pauvres imbéciles,” il n’ont pas vraiment leur place dans une rubrique scientifique.

  17. @Naïvement normal: pour le cout de l’éolien c’est simple, fait la différence entre le prix du marché (60 euro le MWhe sortie de la turbine) et le cout de rachat garantie (85 euro le MWhe), ajoutez y les 30Md d’investissements en plus sur le réseau THT sur 20 ans. On arrive a un facture de fonctionnement de 3.4Md par an, pour la production d’énergie de 6 EPR.

    Sauf que la production est fluente, il faut donc soit produire avec du gaz quand ça marche pas. Si on reste en 100% ENR il faut du biogaz qui est plus couteux, 120 euro par MWhe (minimum, ça peut monter à 200): 5Md de facture supplémentaire.

    Cout annuel: 8.4Md d’euro

    Sauf que: pour produire le biogaz, il faudrait 10 millions d’hectare de maïs biomasse, avec partout le rendement max (45t de matière brute par ha, 0.335 MWe par t). Soit la quasi totalité des terres cultivés en Allemagne.

    Et avec tout ça on ne remplace que 6 EPR.

  18. Correction et complément du commentaire précédent: le mixe éolien/biomasse permet de remplacer 18 EPR au final (225 000 000MWh). La consommation électrique allemande c’est 500 000 000 MWh par an.

    Convertir la totalité des terres cultivés en maïs est impossible, il est plus réaliste de partir sur 1/5 (rotation de 3 ans et parcelles inaptes à recevoir du maïs): 2.2M d’hectare.

    Cette surface permet d’avoir 33 500 000 MWh pour soutenir l’éolien. Le biogaz peut alors soutenir une production équivalente d’éolien: on est certains d’avoir la puissance dans le réseau à tout moment.

    On arrive à 67 000 000 MWh, soit 5.5 EPR. Le parc éolien allemand est déjà plus important, mais il repose sur du gaz russe et sur les STEP scandinaves, déjà a saturation. L’Allemagne va devoir bruler du charbon ou développer des système de stockage de l’énergie.

    Pour le moment les systèmes à hydrogène n’ont qu’un rendement de 28% (perte à l’électrolyse, perte à la compression du gaz, perte à la détente, perte dans la pile à combustible, perte à la conversion en courant alternatif, etc). Si la part de fluente est très importante (ce qui sera le cas, vu que la biomasse sera rapidement saturé) le prix de l’électricité sera rapidement multiplié par 2 ou 3.

  19. @Karg
    Vos calculs aboutissent à ce que l’ensemble des “énergies renouvelables” n’arrive pas à plus que 10-15% des besoins allemands.CQFD.
    Le surcoût que vous calculez est pour l’éolien terrestre, l’éolien en mer est à 150€/MWh en Allemagne et censuré en France.

  20. @Naivement moral: ça n’est pas censuré, le tarif est de 130euro par MWh. Ce tarif est “faible”, ce qui explique le peu d’entrain des investisseurs. L’avantage c’est que la productivité est double: ça tourne 40% de l’année au lieu de 20%.

    En admettant que l’Allemagne bascule sur un parc éolien offshore bien optimisé ils pourraient 20 à 30% de leur consommation électrique. Si on ajoute la fluence du solaire et la biomasse forestière, il devient très compliqué d’imaginer l’Allemagne atteindre plus de 50% d’énergie électrique renouvelable. Autant l’objectif un objectif de 50% du nucléaire et 50% de renouvelable parait tenir debout, autant l’objectif allemand doit forcément reposer sur du stockage de l’énergie, ce qu’on ne sait pas faire sans perdre les 3/4 de l’énergie et des couts délirants. Le pire c’est qu’on n’a même pas d’idée qui sur le papier permettrait de stocker efficacement de l’énergie, les lois de la physique s’y opposent.

    http://www.actu-environnement.com/ae/news/allemagne-nucleaire-energies-renouvelables-transition-16587.php4

    15TWh de biogaz (15 000 000 MWh)… Ils n’espèrent même pas atteindre la moitié de leur potentiel. Met chiffre étaient sans doute trop optimiste.

  21. À naïvement moral : c’est censuré, mais on sait quand même que c’est dans les 200-230 eur/MWh. Toujours hors coût de stockage et restitution ou hors coût fixe de la centrale au gaz qui pallierait la défaillance de l’éolienne (65% du temps !).
    Notre cher Président vient de décider le lancement d’un nouvel appel d’offres… ce n’est pas comme si notre budget public n’était pas déjà un tonneau des Danaïdes !

  22. […] en 2066 ? Pas sûr… Que les adeptes du nucléaire se rassurent. La France n’est pas le Japon qui affiche un objectif de sortie du nucléaire en 30 […]

  23. En France, le taux de charge du nucléaire est seulement de 75% en moyenne multi-annuelle, chiffres à l’appui :
    http://energeia.voila.net/nucle/france_58_reacteurs.htm

    Le document cité a aussi l’avantage appréciable de préciser la date de mise en service de chaque réacteur et, par déduction, son âge bien avancé pour une sécurité très insuffisante.

    Les centrales au charbon ont un taux de charge beaucoup plus faible et celles au gaz encore plus faible.

    L’éolien pourrait d’ailleurs bien avoir un taux de charge supérieur à celui des centrales au gaz.
    Cela change des chiffres annoncés par un autre intervenant.

    Pour les gaz de schiste, c’est la débandade en Pologne. Aux Etats-Unis, la bulle des gaz de schiste est proche de l’éclatement. Les forages doivent être multipliés pour maintenir la production (qui pour chaque puits s’écroule au bout de deux ans) et le prix du gaz est maintenant trop bas pour que les nouveaux forages soient économiquement rentables.

    Les gaz de schiste ont surtout fait l’objet d’une spéculation financière qui apparaît maintenant au grand jour.

    Le solaire thermodynamique (centrale à concentration) permet non seulement de produire de l’électricité le 31 décembre vers 20h, mais aussi dans la nuit pour fêter le nouvel an à la lumière de l’électricité solaire. Voir les réalisations en Espagne, aux Etats-Unis …

    Pour la proportion d’électricité renouvelable de divers pays européens, on peut avoir quelques indications chiffrées ici :
    http://energeia.voila.net/renouv/electri_renouv_fr_de.htm

    L’électricité est renouvelable à 100% en Islande (74% hydraulique, 26% géothermique) et à 96% en Norvège (hydraulique). Avec de légères variations selon les années, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité est de 70% en Autriche (pas de nucléaire), de 57% en Suisse, de 56% en Suède.

  24. @Maxime
    “L’électricité est renouvelable à 100% en Islande (74% hydraulique, 26% géothermique) et à 96% en Norvège (hydraulique). 70% en Autriche (pas de nucléaire), de 57% en Suisse,…”

    La voilà, la solution !

    Construisons vite des montagnes et des volcans !

  25. À Maxime : les éoliennes auraient un facteur de charge meilleur que les centrales au gaz ? Vous voulez rire !? En France c’est peut-être le cas, parce que la base est assurée par les centrales nucléaires, et aussi la semi-base (principale raison pour laquelle les centrales françaises sont utilisées à 75% – mais dans d’autres pays où elles n’assurent que la base, ce taux dépasse largement 80%), et que du coup il n’y a pas de quoi faire fonctionner longtemps des centrales au gaz. Ce peut être plus largement le cas pour des centrales dédiées à la production de pointe – et ce sont en général des centrales avec des rendements mauvais et produisant à un coût élevé. Mais une centrale au gaz conçue pour la base, telle qu’on en utilise partout dans le monde, a comme son nom l’indique pour vocation de produire en base, donc quasiment en permanence, hors quelques périodes de maintenance. Et les éoliennes ne sont pas près de les concurrencer !
    Pour ce qui est du solaire thermodynamique le 31 décembre, ma foi, à Tamanrasset, ça se peut bien. Mais du côté de Dunkerque, ça m’étonnerait !
    Quant aux pays avec un fort taux de production renouvelable, je vous signale que tous les exemples que vous citez le doivent à l’hydroélectricité, qui est une conséquence directe du relief de leur territoire. Aucun pays dans le monde n’a un fort taux de renouvelable grâce à autre chose que l’hydroélectricité, et surtout pas grâce à l’éolien (même la Danemark ne ferait pas ses 20% grâce à l’éolien sans les barrages norvégiens) et encore moins au photovoltaïque, totalement marginal. Et je vous signale que l’Europe a équipé à peu près 100% de son potentiel hydroélectrique. Après les Autrichiens peuvent bien faire les malins et appeler à la fin du nucléaire : ils ne le peuvent que grâce à la présence des Alpes sur la moitié de leur territoire. Tout le monde n’a pas cette chance…

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