J-1 pour Curiosity, le robot qui doit se poser lundi matin sur Mars

A 7h31, heure française, lundi 6 août 2012, un robot de la taille et de la forme d’un petit 4×4 doit se poser sur Mars. Dans le monde l’exploration spatiale, il s’agira d’un événement rare. Rien à voir, bien entendu, avec le premier homme sur la Lune, en juillet 1969. Rien à voir, surtout, avec ce jour sans cesse repoussé où l’homme mettra enfin le pied sur la planète rouge. Mais tout de même un événement.

Pour la Nasa, il s’agit d’entretenir la flamme d’une conquête spatiale qui s’est considérablement étiolée au cours des dernières décennies. On en est à se féliciter que les drapeaux, américains bien sûr, qui ont été plantés sur la Lune “flottent” toujours. Et l’interminable ballet des rotations entre la Terre et la Station spatiale internationale (ISS) laisse tout le monde indifférent depuis des lustres. Quant aux derniers robots sur Mars,  comme l’inusable rover Opportunity, ils datent de 2004 et ils ont fait le plein de photos et d’analyses.

A la recherche de la vie sur Mars

Il fallait aller plus loin. Objectif de Curiosity, le bien nommé : sonder le sol martien à la recherche de traces de vie passée. Une telle découverte serait de taille et relancerait le vieux débat sur l’insoutenable solitude de l’homme dans l’univers. Il suffirait, pour cela, de trouver enfin “une” preuve de l’existence, même éteinte, même lointaine, d’une forme de vie ailleurs. Mars, comme d’autres planètes, est une candidate sérieuse. Curiosity est sommé de statuer. Pour l’instant, seule la présence d’eau est confirmée. Mais la vie, c’est une autre affaire…

Pour l’instant, tout se passe bien. Les météorologues sont aussi affirmatifs pour Mars qu’ils le sont pour la Terre. Les conditions météos doivent être favorables, lundi matin. Une tempête de poussières s’est dissipée, cédant la place à un simple nuage sans gravité pour Curiosity. Beau temps, donc, sur le cratère de Gale, site de l’atterrissage.

A l’heure actuelle, à J-1, Curiosity se trouve à environ 300 000 km de Mars. Il a déjà parcouru plus de 560 millions de km et il lui en reste moins de 2 millions à franchir pour atteindre Mars qui se situe à environ 250 millions de km de la Terre. Dans l’espace, rien ne se passe en ligne droite et les planètes ne cessent de se déplacer. D’où cette distance parcourue deux fois supérieure à celle qui sépare Mars de la Terre aujourd’hui et qui était différente lors du lancement de Curiosity, en novembre 2011.

Minutes fatidiques

Après un si long voyage, tout se passera très vite. En moins de 10 minutes, le vaisseau doit traverser l’atmosphère de Mars et se poser en douceur sur son sol. Il arrivera à la vitesse de 21 000 km/h. Quelques minutes cruciales pour l’engin le plus coûteux de l’histoire des missions de ce type: 2,5 milliards de dollars… Nous y reviendront en détail pour suivre ce moment qui devrait éclipser, pendant quelques minutes au moins, les JO de Londres…

Michel Alberganti

4 commentaires pour “J-1 pour Curiosity, le robot qui doit se poser lundi matin sur Mars”

  1. On attendra donc demain pour savoir si amarsissage c’est bien passé après un si long voyage.
    Une question : Qu’est-ce qui a présidé au choix du site?

  2. J’ai en fait une partie de la réponse avec les superbes images de la caméra du “Mars Reconnaissance Orbiter” publiées par Wired Science et dans le commentaire :
    In the image above, several geological processes have been at work, from wind-formed dunes to impact craters to potential river erosion. Many of the rock units shown here displayed spectroscopic signatures of sulfates and clays – the types of rocks that drew scientists to Gale in the first place due to their association with water.”
    Sources :
    http://www.nasa.gov/mission_pages/MRO/main/index.html
    http://www.wired.com/wiredscience/2012/08/stunning-images-of-the-curiosity-rovers-martian-playground/

  3. Et comme Michel Alberganti a aiguisé ma curiosité avec cette fabuleuse mission, il est incroyable qu’avant même d'”amarsir” il y a déjà une polémique sur le choix du site.
    On dit bien atterrir alors pourquoi pas “amarsir” même si certains préfèrent “atterrir sur Mars” arguant qu’atterrir veut d’abord dire “prendre contact avec le sol” selon le Larousse.
    François Poulet, astronome à l’institut d’astrophysique d’Orsay.déclare dans un interview sur le site Science & Avenir :
    Si l’objectif de Curiosity est de comprendre si Mars a été un jour habitable, on se trompe d’objectif. Le cratère Gale est trop jeune, âgé d’environ 3,6 milliards d’années. A cette époque, l’eau avait déjà disparu de la surface de Mars. Il aurait mieux valu se poser sur un terrain plus ancien, de plus de 4 milliards d’années, correspondant à une période où notre voisine a connu sa période humide.
    S’agit-il de la réaction d’un mauvais “perdant” ou d’une évidence comme il a l’air de nous le dire?
    J’ai du mal à imaginer les scientifiques de la Nasa être aussi “
    incompétents“.
    Qu’en pense donc notre blogueur Michel ?
    http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/espace/20120726.OBS8203/curiosity-le-cratere-gale-est-il-un-bon-site-pour-atterrir.html

  4. Oui, Patrice, le débat sur le choix du site d’atterrissage des rovers a toujours été vif. Le choix de la Nasa ne semble pas lié à des critères techniques liés à l’atterrissage mais bien à un choix scientifique. La géologie du cratère Gale semble appropriée à la découverte de traces très anciennes pouvant avoir été laissées par la période où Mars aurait pu disposer d’eau liquide en surface. Il semble que le choix de ce site ait fait l’objet d’âpres discussions. L’opinion de François Poulet est intéressante mais, comme vous dites, il est plus facile de critiquer quand on a pas la décision à prendre… Nul doute que le retrait de la Nasa de la mission Exomars n’a pas dû améliorer les relations avec l’ESA. Quant à l’argument “cela revient à refaire la mission précédente”, il ne tient guère étant donné les possibilités d’extractions et d’analyses de Curiosity par rapport à celles Opportunity et Spirit.

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