Dans le règne animal, la plupart des femelles vivent plus longtemps que les mâles. Chez l’homme, cette différence est souvent attribuée au mode de vie masculin (alcool, tabac, prise de risques…) moins sain que celui des femmes. Difficile de transposer cette explication chez… la mouche du vinaigre (drosophile melanogaster), par exemple… Une équipe de chercheurs des l’université australienne de Monash et de l’université anglaise de Lancaster ont découvert une nouvelle piste: les mutations génétiques de l’ADN des mitochondries. Leur étude, publiée le 2 août 2012 dans la revue Current Biology, est fondée sur l’analyse de 13 groupes différents de mouches du vinaigre mâles et femelles.
Résultat: l’ADN mitochondrial subit des mutations qui affectent la durée de vie des insectes mâles alors qu’elles n’ont pas cet effet sur les insectes femelles. De plus, comme les mitochondries ne sont transmises que par les femelles, les mutations mâles sont éliminées naturellement pendant la reproduction sexuée. Cela n’empêche pas les mâles d’en être victimes mais cela évite qu’ils en fassent hériter leur descendance. Ainsi, les nouveaux-nés bénéficient-ils d’un ADN mitochondrial provenant de la mère non affectées par le vieillissement subi par celui de leur père.
Toute la question réside dans l’importance de ce facteur génétique différenciant entre mâle et femelles par rapport à d’autres cause du vieillissement des mâles. Il est tout de même remarquable qu’une très importante proportion des espèces animales présente cette même différence de durée de vie. En 2009, les chiffres de l’OMS donne une espérance de vie à la naissance de 66 ans pour les hommes et de 71 ans pour les femmes dans le monde (78 ans et 85 ans, respectivement, en France, 76 ans et 81 ans aux Etats-Unis, 47 et 50 ans en Afghanistan). Une différence de 5 à 7 ans apparaît donc clairement en faveur des femmes dans les pays développés. Mais il est notable que les conditions de vie jouent, à l’évidence, un rôle majeur comme le montre la différence entre pays pauvres et pays riches. Il est aussi notable que les Etats-Unis aient vu leur espérance de vie baisser en 2010 (77,9 à 77,8 ans soit 80,3 ans pour les femmes et 75,3 ans pour les hommes) en raison du développement de l’obésité et des cancers et ce, malgré la poursuite de la baisse de la mortalité infantile. Les progrès indéniables en matière d’espérance de vie ne doivent pas masquer les chiffres qui mesurent l’espérance de vie en bonne santé. Là, on tombe à 62,4 ans pour les hommes et 64,2 ans pour les femmes en France en 2008. Les femmes vivent donc plus longtemps mais l’écart avec les hommes, en matière de vie en bonne santé, est réduit à moins de deux ans.
Les mutations de l’ADN mitochondrial n’expliquent donc peut-être pas tout. Si elles jouent vraiment un rôle, il sera peut-être possible un jour de permettre aux hommes d’espérer vivre aussi longtemps que les femmes. Ce qui serait plutôt une bonne nouvelle…
Michel Alberganti
On pourrait se demander quelle mouche à piquer ses chercheurs australiens pour qu’ils s’intéressassent à la longévité des drosophiles melanogaster.
Certains mal intentionnés (auxquels je ne m’associe évidement pas) pourraient penser qu’ils pratiquent indirectement ainsi la sodomie de ces insectes de la sous-classe des ptérygotes c’est-à-dire grosso-mode des insectes ailés.
Je n’ai pas eu le loisir de consulter l’étude parce que je n’ai pas 31 dollars et 50 cents à depenser pour y accéder malgré l’intérêt, dont je ne disconviens pas, de leurs travaux.
L’inflexion constatée au Etats Unis de la durée de vie moyenne montre à quel point l’obésité est un fléau mondial et combien nous vivons dans un monde un peu fou où un tiers de la population est victime de sous-nutrition tandis qu’un autre tiers subit les ravages d’une alimentation trop abondante et trop riche.
Comme il ne s’agit pas de la recette du Picon-Citron-Curaçao de Marius, un seul autre tiers (et non pas deux) se nourrit apparemment convenablement.
Malgré cela la durée de vie moyenne continue sans doute globalement à augmenter probablement parce que les abus des américains sont compensés par les progrès réalisés dans les pays en développement et émergeants.
Parenthèse (sans aucun rapport avec l’excellent article de Michel Alberganti) :
Le Picon, inventé par Gaëtan Picon dont la famille était originaire de Gênes, fût créé à Marseille et fit la fortune de celui-ci.
Aujourd’hui il est essentiellement consommé dans le nord et l’Est de la France comme accompagnement de la Bière et j’avoue n’avoir jamais tenté le cocktail de Marius et ces célèbres quatre tiers.
Peut-être que nos chercheurs australiens pourraient avantageusement en faire une consommation raisonnable sans qu’il soit nécessaire qu’ils y associent la moindre corrélation avec leur espérance de vie qui est en toute hypothèse bien supérieure à celle de la mouche à vinaigre…..
On pourrait d’ailleurs les rassurer sans hésitation : le Picon est amer mais n’a rien à voir avec du … vinaigre.
Pourquoi les femelles vivent-elles plus longtemps que les mâles ?