Batteries lithium-air : 1000 km d’autonomie en voiture électrique ?

L’autonomie reste le talon d’Achille des voitures électriques. Même si les derniers modèles ont atteint ou dépassé les 100 km, rares sont ceux qui vont au delà de 300 km, en dehors de la Tesla Model S (plus de 400 km quand il ne fait pas trop froid) qui coûte près de 50 000 €. La bataille du stockage de l’électricité continue donc à faire rage. Au point de pousser certains à rêver de routes capables d’alimenter les voitures en énergie comme les rails ou les caténaires des chemins de fer… Solution improbable étant donné l’investissement dans l’infrastructure. Ce dont la voiture électrique a besoin, c’est donc bien de batteries qui permettent de sortir des villes, de partir en week end ou en vacances sans avoir l’oeil rivé sur la jauge.

Un facteur 10

Tout semble se jouer sur la découverte du couple miracle qui permettra de stocker assez d’énergie électrique pour que l’autonomie verte rattrape celle de l’essence ou du diesel. Pour ce faire, il faut sans doute se rapprocher des 1000 km, le seuil du véritable confort. Soit un facteur 5 à 10 par rapport aux performances moyennes actuelles. Eh bien,  c’est justement ce que promet le nouveau couple à la mode, le lithium-air, qui prétend détrôner le lithium-ion. Dix fois plus d’énergie stockée, c’est assez pour atteindre et dépasser les 1000 km d’autonomie.

Néanmoins, ces batteries avaient, jusqu’à présent, le désagréable défaut de ne pas supporter la succession des cycles de charge et décharge qui est pourtant le destin de toute batterie qui se respecte. La lithium-air, elle, ne restait pas stable et se dégradait rapidement. Pendant la décharge, les électrons de l’anode en lithium sont arrachés et flottent dans l’électrolyte, une solution conductrice, vers la cathode en carbone. Là, ils s’associent aux atomes de la cathode et à ceux de l’oxygène de l’air pour produire de l’oxyde de lithium. Lorsque la batterie est branchée sur une prise de courant, l’électricité reçue engendre la réaction inverse. Pour que tout cela fonctionne, chacun des acteurs, électrodes et électrolyte, doivent rester stables. Or, ce n’était pas le cas jusqu’à présent en raison de réactions chimiques indésirables qui perturbaient le cycle et dégradaient rapidement les composants de la batterie.

Nanoparticules d’or

En Angleterre, à l’université de St Andrews, l’équipe de Peter Bruce semble avoir trouver une parade. Elle a remplacé le carbone de la cathode par des nanoparticules inertes d’or. L’électrolyte en composés de polycarbonates ou de polyester a également été troqué pour une solution de solvant conducteur (DMSO pour les spécialistes). Et la nouvelle distribution des rôles semble fonctionner, selon l’étude publiée par Peter Bruce dans la revue Science du 19 juillet 2012.

Au bout de 100 cycles de charge et décharge, la nouvelle lithium-air ne perd que 5% de sa puissance. Ce résultat prouve que ce type de batterie peut fonctionner correctement. A un détail près: la recours à l’or est, bien entendu, beaucoup trop onéreux pour permettre une commercialisation. De même, il semble que le DMSO pose quelques problèmes de réactions avec le lithium de l’anode… Au delà de la démonstration de faisabilité de Peter Bruce, il reste donc pas mal de pain sur la planche.

IBM dans la course

La véritable percée viendra peut-être d’IBM dont le projet Battery 500 lancé en 2009 vise justement à réaliser une batterie automobile lithium-air capable d’atteindre les 500 miles d’autonomie, soit environ 800 km. Les chercheurs visent une commercialisation entre 2020 et 2030… Encore un peu de patience, donc, pour que l’autonomie de la voiture électrique puisse vraiment rivaliser avec celle de l’automobile thermique.

Michel Alberganti

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Hommes et femmes ont des fantasmes sexuels très différents

Si l’on en croit l’étude réalisée par deux chercheurs espagnols de l’université de Grenade et qui doit être publiée dans la revue Anales de Psicología, l’égalité règne, presque, dans le domaine des fantasmes sexuels. Nieves Moyano Muñoz et Juan Carlos Sierra Freire ont recueilli les réponses de 2250 espagnols 18 à 73 ans (49,6% d’hommes et 50,4% de femmes) engagés dans une relation hétérosexuelle depuis plus de 6 mois, à un questionnaire de 98 questions sur les fantasmes sexuels qu’ils ont ressentis vis à vis de leur partenaire.

Près de 100% des hétérosexuels fantasment

Le résultat montre que des fantasmes sexuels agréables ont existé au cours de la vie de… près de 100% des hommes et femmes qui ont répondu. Ce taux “tombe” à 80% pour les fantasmes sexuels négatifs ou désagréables. Ce remarquable partage ne supprime toutefois pas des différences quantitatives et qualitatives entre les deux sexes. D’abord, ils ne fantasment pas avec la même fréquence. Ainsi, les femmes ont des fantasmes agréables et romantiques plus souvent que les hommes. Ces derniers, en revanche, ont des fantasmes plus fréquents concernant des activités sexuelles exploratoires comme les relations en groupe et la recherche de nouvelles sensations dans la multiplication des partenaires, l’échangisme, la participation à des orgies. La fréquence de tels fantasmes varie fortement suivant les hommes, d’une fois dans la vie à une fois par an.

Le plus désagréable: la soumission

Les fantasmes sexuels les plus désagréables apparaissent liés à la soumission. Les femmes se révèlent plus sujettes que les hommes à la pensée d’être forcées à une relation sexuelle, ce qui arrive au moins une fois dans leur vie. Pour les hommes, c’est l’homosexualité qui arrive en tête des fantasmes négatifs. Rappelons que les participants sont purement hétérosexuels.

A travers cette étude, les deux chercheurs tentent de déterminer si les fantasmes sexuels négatifs ou désagréables engendrent des dysfonctionnements et favorisent le développement de certains comportements sexuels. C’est pour cette raison qu’ils se sont adressés à des adultes de plus de 18 ans engagés dans une relation depuis au moins 6 mois. Les chercheurs notent que le fait d’avoir des fantasmes sexuels favorise certains aspects du désir sexuel et de l’excitation. Coté thérapie, ils estiment que ce n’est pas seulement la présence ou l’absence de fantasmes qui doit être pris en compte mais également l’attitude du patient vis à vis d’eux.

L’harmonie dans la différence ?

Peu de grandes révélations, en somme. Si ce n’est que le fantasme sexuel est bien partagé par les deux sexes. Mais les importantes différences d’objets de ces fantasmes que montre l’étude confirme que les hommes et les femmes ne fantasment pas vraiment des même situations. Pas de quoi faciliter l’harmonie. A moins que ces différences ne soient la garantie d’une plus grande richesse de la vie sexuelle des couples. Mais l’étude, semble-t-il, ne va pas jusque là… Elle n’explique pas, non plus, pourquoi nous avons des fantasmes négatifs ou désagréables. S’agit-il d’une jouissance masochiste ? Dans ce domaine, les sujets d’études futures ne manquent pas.

Michel Alberganti

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Fukushima : Combien de victimes ?

La revue Energy and Environmental Science du 17 juillet 2012 publie la première estimation du nombre de victimes consécutives à la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi, déclenchée par le tsumani qui a ravagé le nord est du Japon le 11 mars 2011. Selon l’étude réalisée par John Ten Hoeve et Mark Z. Jacobson de l’université de Stanford, les radiations émises par les réacteurs en fusion de la centrale pourraient provoquer de 15 à 1300 morts et de 24 à 2500 cas de cancer, dont la grande majorité au Japon. Si ces fourchettes sont extrêmement larges, elles contrastent avec les déclarations qui ont assuré que les émissions de radiations n’auraient pas d’effets sérieux sur la santé. Ces chiffres s’ajoutent aux 600 morts provoqués par l’évacuation de la zone d’exclusion de 20 km de diamètre autour de la centrale, dans les semaines qui ont suivi le drame, dont 245 seraient liées aux irradiations et les autres à des causes diverses (fatigue, maladies chroniques…).

Pour les chercheurs, plus précisément, il pourrait y avoir 130 morts (15 à 1100) par cancer et 180 morts (24 à 1800) décès par cancer si l’on tient compte des incertitudes sur les modèles d’exposition. Les chercheurs ont tenté de tenir compte de la sensibilité des personnes aux débits d’émission des particules radioactives et à la proportion d’iode 131 ainsi que du rayon de la zone d’exclusion. Ils estiment que ces facteurs pourraient repousser la limite supérieure de leurs estimations à, respectivement, 1300 et 2500 victimes. En ce qui concerne les travailleurs qui sont intervenus sur le site et ont donc été fortement exposés aux radiations, ils projettent une mortalité située entre 2 et 12 personnes.

De telles prévisions contredisent donc les déclarations officielles assurant que le périmètre interdit de plusieurs centaines de km2 autour de la centrale devait protéger la population. En fait, les chercheurs soulignent que l’essentiel du nuage radioactif est parti vers la mer. Seulement 19% des particules rejetées seraient retombées sur le sol japonais. Ce phénomène, dû aux vents dominants, a protégé la population d’une contamination bien supérieure. Le nuage a poursuivi sa route autour de la Terre et de faibles doses ont été détectées en Amérique du Nord et en Europe. Un mois après le désastre, le comité scientifique sur les effets des rayonnement atomique des Nations Unies a cru pouvoir assurer qu’il n’y aurait pas d’effets graves des radiations sur la santé humaine.

Pour vérifier cette affirmation, John Ten Hoeve  et Mark Z. Jacobson ont utilisé un modèle numérique en 3D, développé grâce à 20 ans de recherches, pour prédire le parcours du nuage radioactif. Ils ont également fait appel à un modèle standard sur les effets de l’exposition aux radiations sur la santé humaine. D’après leurs calculs, les effets sanitaires du nuage sont presque exclusivement concentrés sur le Japon. De très faibles effets concerneraient l’Asie et l’Amérique du Nord avec, toutefois, la possibilité de 0 à 12 morts aux Etats-Unis et de 0 à 30 cas de cancer. Les chercheurs soulignent que les méthodes utilisées sont nettement moins précises dès lors que les doses sont très faibles.

Les résultats de cette étude ont été critiqués, le jour même de leur parution dans Energy and Environmental Science par Burton Richter, prix Nobel de physique en 1976 avec Samuel Ting. Cette critique, comme la réponse des auteurs de l’étude, également publiée le 17 juillet, n’est pas accessible librement sur le site de la revue. Nous attendrons donc d’en connaître la teneur pour découvrir l’opinion du physicien sur ce travail…

Michel Alberganti

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La voiture qui évite les accidents


Nous sommes en pleines vacances d’été et des millions d’automobilistes parcourent les routes de France et de Navarre, voire au delà. Les voitures sont pleines d’enfants et de bagages. A tout moment, le conducteur, distrait ou fatigué, peut faire une erreur de conduite. Un mauvais geste, un réflexe tardif et c’est la catastrophe. On peut se demander pourquoi, dans une société tout aussi automatisée que portée sur la sécurité, de tels risques subsistent. On peut aussi noter le coté très low-tech des solutions prônées par les associations militant pour la sécurité routière et souvent suivies par les autorités: ceintures de sécurité, air-bags, limitations de vitesse, contrôles radar, éthylotests… Sans parler des ralentisseurs ou des systèmes de sécurité passive des carrosseries qui se déforment pour absorber une partie de l’énergie du choc lors d’un accident.

Vers la fin du plaisir de conduire ?

La sécurité routière semble ainsi fondée sur un seul principe: limiter les conséquences des accidents. C’est à dire réduire le nombre de morts sur la route. Objectif éminemment louable mais qui est obtenu à grand prix. D’abord celui des contrôles (plus de radars, plus de policiers), ensuite celui du plaisir de conduire. On peut considérer que ce dernier baisse proportionnellement à la réduction du nombre de morts… A l’avenir, les mesures anti-accidents pourraient bien achever le petit reste de ce plaisir avec des systèmes d’automatisation plus ou moins totale de la conduite. Au delà des régulateurs ou limiteurs de vitesse, ce qui guette les conducteurs n’est autre que, par exemple, la conduite en convoi (la voiture “s’accroche” grâce à des capteurs de distance à celle qui la précède).

Copilote électronique

Cette perspective peu réjouissante pour ceux qui aiment encore tourner un volant et appuyer sur des pédales confère tout leur intérêt aux travaux du groupe de mobilité robotique du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Cambridge. Les chercheurs conçoivent en effet un système dont l’objectif est d’éviter les accidents sans contraindre le conducteur. Pour Sterling Anderson, doctorant du département d’ingénierie mécanique du MIT, il s’agit d’un véritable “copilote” électronique. A l’aide d’une caméra et d’un radar embarqués, le système est capable d’analyser à la fois les fautes de conduite et les risques de collision. Dans les deux cas, il prend le contrôle de la voiture pour éviter l’accident. Le reste du temps, il ne se manifeste pas, laissant au conducteur toute sa liberté. Le rêve, non?

Michel Alberganti

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Traque des pédophiles sur Facebook

Que les pédophiles soient tentés d’exploiter Facebook pour entrer en relation avec des enfants n’est guère surprenant. On sait que, depuis qu’Internet est utilisé par les plus jeunes, cette pratique existe sur le réseau mondial et que les forces de police spécialisées traquent les suspects en permanence. Mais qu’un site privé comme Facebook, connu pour analyser avec minutie le comportement de ses membres à des fins commerciales, soit également un repère de pédophiles semblait moins probable. D’où la surprise d’une journaliste de la publication en ligne World Net Daily (WND) lorsqu’elle s’est lancée dans une enquête sur le sujet en créant un faux profil sur Facebook. Très vite des pédophiles la contactent, comme elle le raconte dans l’interview vidéo ci-dessus (en anglais) réalisée à la suite de son article publié en mai 2012 sur WND et qui comptabilise plus de 10 000 “likes” des utilisateurs de… Facebook. Echanges de photos explicites, création de groupes d’amis au label sans ambiguïté, propositions de rencontres… Tout y est.

Deux mois plus tard, le 13 juillet 2012, le directeur de la sécurité de Facebook, Joe Sullivan, dans un entretien à Reuteurs repris par ZDNet, explique que “le réseau social a mis en place une méthode de détection automatique des comportements suspects, notamment pédophiles”.  Il s’agit d’un robot qui analyse l’ensemble des conversations sur Facebook et qui signale celles qui sont suspectes. Sur quels critères ? Les relations “lointaines’, indique Joe Sullivan, entre des utilisateurs situés à loin les uns des autres et affichant une grande différence d’âge, mais également le contenu des conversations entre les 900 millions d’utilisateurs de Facebook dans le monde… La tâche est considérable et les garanties quant à l’utilisation de cet espionnage des conversations privées ne sont pas précisées par Joe Sullivan. En effet, si l’on peut se réjouir de la prise de conscience par Facebook, même tardive, du problème de la pédophilie sur son réseau, on peut noter que la solution, comme souvent en matière de surveillance, conduit à espionner tout le monde pour détecter les suspects.

Une autre solution est proposée par l’université Ben Gourion du Negev (BGU) en Israël. Il s’agit d’une approche similaire en matière de détection mais proposée sous la forme d’une application utilisable par les parents d’enfants inscrits sur Facebook. Le Social Privacy Protector, c’est le nom de l’application, promet, en un clic, de prévenir la collecte d’informations personnelles et de protéger les enfants contre les pédophiles. L’application gratuite téléchargeable est décrite dans un article de Phys.org du 6 juillet 2012. Michael Fire, doctorant du département d’ingénierie des systèmes d’information de la BGU, explique que l’algorithme de l’application “détermine scientifiquement qui doit être retiré de la liste des amis”. Sans plus de précisions, là encore, sur les critères utilisés. Il faut dire que la divulgation de ces informations seraient probablement très utile aux pédophiles pour tenter de les contourner.

Ainsi, l’espionnage centralisé ou le filtrage personnel semblent être les deux seuls moyens permettant d’espérer assurer une protection des enfants sur Facebook. Cette réponse technologique à un problème essentiellement humain fait l’impasse, semble-t-il, sur une autre voie. Est-il véritablement impensable d’éduquer les enfants pour qu’ils puissent, d’eux mêmes, détecter les “prédateurs” pédophiles ? Si c’est impossible, est-il raisonnable de laisser ces mêmes enfants voyager librement sur un réseau de 900 millions de personnes, dont 26 millions en France ? Laisserions-nous ces enfants voyager seuls ou se promener au milieu d’une foule d’inconnus sans accompagnement ? La question posée par Facebook rappelle celle des enlèvements d’enfants. Un instant d’inattention peut être fatal. La même prudence et l’exigence d’éducation ne sont-elles pas de mise sur Facebook ?

Michel Alberganti

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LED: demain, le papier-peint lumineux

Une LED actuelle

“S’il te plait, n’oublie pas d’éteindre la tapisserie avant de dormir…” Etrange aujourd’hui, cette phrase pourrait devenir banale dans quelque années. En effet, des chercheurs travaillent sur l’intégration de diodes électroluminescentes (LED) à du papier. Mieux, cette technique permettrait d’imprimer ces diodes avec des technologies identiques à celles qui permettent aujourd’hui de déposer la couleur sur le papier-peint, par exemple. On peut alors imaginer des magazines avec des pages lumineuses… Ainsi, le papier n’aurait pas dit son dernier mot. Après sa version électronique, que l’on attend encore, voici poindre un autre avenir qui lui permettrait de prendre une certaine revanche sur l’arrogance des écrans de tous poils.

(a) Nanotubes d'oxyde de zinc (b) Nanotubes imprimés (c) LED a nanotubes imprimés sur du plastique et du papier (d) Image de la couche de nanotubes d'oxyde de zinc

Incorporer des LED dans du papier ne serait pas envisageable sans… les nanotechnologies.La technique de fabrication est issue de la thèse d’un doctorant, Gul Amin, du groupe de nanotechnologies et d’électronique physique de l’université de Norrköping, à l’est de la Suède. La méthode a fait l’objet d’une demande de brevet. Gul Amin utilise des nanotubes d’oxyde de zinc et d’oxyde de cuivre déposés sur une fine couche de polymère conducteur. Le papier, lui, est protégé par un revêtement en résine hydrophobe (Cyclotene). “C’est la première fois que que l’on peut créer des composants semi-conducteurs inorganiques directement sur du papier en utilisant des méthodes chimiques”, note le professeur Magnus Willander qui a dirigé la recherche et créé une entreprise, Ecospark, spécialisée dans le développement de produits à base de LED.

Image en 3D des nanotubes (image de 4 microns par 4 microns par microscopie AFM)

Les applications envisagées par Gul Amin vont du papier-peint aux cellules photovoltaïques. C’est dire le potentiel d’une telle invention. Toute la difficulté réside dans les techniques de croissance des nanotubes, de répartition régulière des différents composants sur la surface du papier et d’optimisation des jonctions électriques. Gul Amin reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire, pour réduire la tension d’amorçage nécessaire pour les nano LEDs s’allument, par exemple.

Mais, déjà, son invention fait rêver à des tapisseries qui capteraient l’énergie lumineuse dans la journée et la restitueraient la nuit, créant une douce lueur irradiant des murs…

Michel Alberganti

 

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Première décharge high-tech… sur Mars

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La Nasa vient de publier une nouvelle image de Mars à partir de plus de 800 clichés pris par la caméra du rover Opportunity. De Mars, on ne voit pas grand chose sur cette photo aux couleurs reconstituées et transformée en vidéo. En revanche, faute d’un drapeau américain comme sur la Lune, les traces des rovers et les débris de la mission d’exploration font penser à un embryon de décharge, certes high-tech. L’homme a donc vraiment imprimé sa marque sur la planète rouge…


M.A.

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Surveillance: record de plaintes à la CNIL

Faudrait savoir… D’un coté, les Français plébiscitent les systèmes de surveillance. Caméras, fichiers, cybersurveillance, tout semble bon pour rassurer la population qui n’a rien à se reprocher. D’un autre coté, les Français se plaignent de plus en plus à la CNIL de cette même surveillance. Surtout des abus, bien sûr. Mais qui a dit qu’il n’y aurait pas d’abus ? Quel système n’a pas de failles ? Quel pouvoir n’est pas exploité au delà des limites établies ? Il faut savoir ce que l’on veut…

5738 plaintes en 2011 (+19%)

Ainsi, le bilan 2011 de la CNIL, publié le 10 juillet 2012, affiche 5738 plaintes enregistrées en 2011, un chiffre en hausse de 19% par rapport à 2010. La Commission a réalisé 385 contrôles (+ 25% par rapport à 2010). On note que les contrôles représentent 6,7% du nombre de plaintes, ce qui ne paraît pas considérable. Ou bien les plaintes sont sans objet et il n’est pas nécessaire de publier leur nombre. Ou bien la CNIL est totalement dépassée par la vague de ces plaintes. Ceci malgré un accroissement notable de son activité puisqu’elle a adopté 1969 décisions (+ 25,5%) en 2011. Cette montée en puissance ne peut être entièrement attribuée au remplacement d’Alex Türk par Isabelle Falque-Pierrotin à la tête de la CNIL, car il n’a été effectué qu’en septembre 2011. On ne peut néanmoins que se féliciter de ce rajeunissement de la présidence de la CNIL. Alex Türk, sénateur du Nord, a préféré sa réélection en septembre 2011 au Sénat à la poursuite de son mandat de président de la CNIL, position qu’il occupait depuis 2004 et dans laquelle il s’est illustré en prenant parti en faveur de toutes les lois augmentant le contrôle des citoyens (Hadopi en 2009, LOOPSI2 en 2011).

Les fuites des ressources humaines

Revenons au bilan 2011 de la CNIL qui donne quelques indications sur l’évolution de la nature des plaintes que la Commission reçoit de plus en plus via Internet. Or, le réseau est également la source de nombreux recours. Ainsi, 1000 plaintes (+42%) sont liées aux manquements en matières de “droit à l’oubli” sur le web (absence de suppression de textes, photographies ou vidéos en ligne). Instructifs aussi, les recours liés à la gestion des ressources humaines dans les entreprises. Ils représentent 12% des plaintes, soit 670 en 2011, dont la moitié concerne directement la surveillance des salariés. Avec une palme à la cybersurveillance considérée comme abusive (plaintes en hausse de 59%) en matière de contrôle de l’utilisation des systèmes informatiques et de la messagerie électronique. Plus étonnante, la sécurité des données des ressources humaines ne semble guère étanche. Les plaintes la concernant augmentent de 27% et mettent en cause la divulgation aux collègues ou sur Internet d’informations sensibles telles que le numéro de sécurité sociale, les revenus ou les coordonnées personnelles des salariés.

Les lacunes de la vidéosurveillance

La CNIL a également fort à faire avec les dispositifs de vidéosurveillance dans les lieux non-ouverts au public mais également, depuis la loi LOOPSI2 qui étend sa compétence, dans les lieux publics. On apprend incidemment que 950 000 dispositifs sont ainsi concernés en France. Soit plus de 5 dispositifs au km2 dans les aires urbaines de la France métropolitaine… La CNIL en a contrôlé 150 en 2011 et déjà 80 en 2012. Elle déduit de ces actions :

“Ces différents contrôles ont révélé des lacunes ou des manquements :

  • une nécessaire clarification du régime juridique ;
  • une information des personnes insuffisante ou inexistante ;
  • une mauvaise orientation des caméras ;
  • des mesures de sécurité insuffisantes.”

Forte de ce constat, la Commission déclare qu’elle “accompagne  les professionnels et les particuliers pour que ces dispositifs soient plus respectueux de la vie privée”. Nul doute qu’elle parviendra à des résultats significatifs grâce au contrôle de moins de 1 système sur 6000 chaque année…

Un symbole, au risque de la caution…

La bonne volonté de la CNIL en  matière de protection des libertés individuelles ne peut donc pas pallier les limites de ses moyens. Plus le nombre de systèmes de surveillance augmente, plus cette faiblesse rend symbolique l’action de la Commission. Certes, mieux vaut que ce symbole existe. Sauf s’il laisse croire qu’il assure  un véritable contrôle de l’application des lois régissant les systèmes de surveillance sur le territoire français. Dans ce cas, il deviendrait ce que certains lui reprochent depuis longtemps: un alibi cautionnant le développement anarchique de la surveillance des citoyens.

Michel Alberganti

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Un vaccin pour maigrir en mangeant gras… Paradis des futurs ex-obèses

La vogue du vaccin ne se dément pas. Après la nicotine, voici l’obésité. Les vendeurs de régimes diététiques n’ont qu’à bien se tenir. Ils vivent peut-être leurs dernières années d’opulence. Et ce sont les firmes pharmaceutiques qui pourraient prendre le relais pour tirer profit d’un mal qui sévit dans le monde entier, Etats-Unis en tête. Les perspectives sont si considérables qu’une entreprise de biotechnologies américaine, Braasch Biotech LLC, a décidé de concentrer sa stratégie sur ce type de vaccin, dont la cible principale est l’obésité humaine et animale. Pour ce qui est des animaux, la société est parfaitement bien localisée. Elle est en effet implantée à Garretson, dans le Dakota du Sud, une “ville” de 1166 âmes… Son président et directeur scientifique est Keith Haffer, spécialiste du développement de vaccins depuis 30 ans.

Anticorps contre la somatostatine

Braasch travaille sur une deuxième génération des vaccins fondés sur l’action sur une hormone, la somatostatine dont l’une des actions est d’inhiber le largage de l’hormone de croissance (GH) et d’une hormone secrétée par le foie (IGF-1). Ces deux hormones sont impliquées dans le métabolisme. Le vaccin utilise une somatostatine modifiée qui provoque la production par le système immunitaire d’anticorps contre la somatostatine naturelle. Il induit ainsi une suppression de l’inhibition de l’hormone de croissance sans interférer directement avec elle. Au final, l’organisme consomme plus d’énergie et il perd du poids.

Keith Haffer a testé le vaccin avec deux groupes de souris comprenant chacun 10 animaux obèses mâles. Le premier groupe a reçu le vaccin et l’autre des injections d’une solution saline. Toutes les souris avait été, auparavant, nourries avec un régime très gras pendant 8 semaines et elles ont continué à manger le même type de nourriture pendant les 6 semaines de l’expérience. Les vaccinations ont été administrées deux fois, la première injection ayant lieu au début de l’étude et la seconde 22 jours après.

10% de perte de poids

Quatre jours après la première injection, les souris vaccinées ont affiché une perte de poids de 10% qui n’a pas été observée sur les souris non vaccinées.  A la fin de l’expérience, les résultats ont montré que les deux injections ont provoqué la production d’anticorps à la somatostatine sans affecter les niveaux normaux d’hormone de croissance IGF-1 et d’insuline. Les souris traitées ont conservé leur perte de poids de 10% jusqu’à la fin du traitement.

“Cette étude démontre la possibilité de traitement de l’obésité par vaccination”, affirme Keith Haffer. “Bien que de nouvelles études soient nécessaires pour découvrir les effets à long terme de ce vaccin, la traitement de l’obésité humaine par vaccination devrait apporter aux médecins une alternative aux médicaments et à la chirurgie pour lutter contre l’épidémie de surcharge pondérale”. Les résultats de l’étude doivent être publiés dans la revue Journal of Animal Science and Biotechnology du 8 juillet 2012.

On se prend alors à rêver un peu. Il suffirait d’un double vaccin, nicotine et somatostatine, pour arrêter de fumer sans prendre de poids ! De quoi supprimer l’un des freins à l’arrêt du tabac. Et pour ceux qui ne fument pas, on imagine leur joie de pouvoir enfin dévorer sans grossir, et même maigrir en mangeant bien gras… Le paradis, non ?

Michel Alberganti

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La mine d’or perdue des déchets high-tech

On pouvait se douter que la consommation croissante d’appareils électroniques, qu’il s’agisse d’ordinateurs ou de téléphones mobiles devait engendrer une masse considérable de déchets. Mais on pensait que cette industrie de pointe avait mis en place des systèmes de recyclage aussi sophistiqués que ses produits. Quelle naïveté ! Les chiffres des déchets électroniques, baptisés E-waste en anglais, dépassent largement l’imagination.

Le PIB du Salvador…

L’industrie électronique n’utilise pas moins de 320 tonnes d’or et 7500 tonnes d’argent par an. Ce qui revient à ajouter chaque année 21 milliards de dollars à la mine potentielle que représentent les déchets de ces appareils, soit 16 milliards de dollars d’or et 5 milliards de dollars d’argent. Ces 21 milliards de dollars représentent le produit intérieur brut de pays comme le Salvador (7 millions d’habitants), l’Estonie ou le Paraguay. Et la grande majorité de ces métaux précieux est gaspillée puisque seulement 15% sont récupérés, aussi bien dans les pays développés que dans ceux qui sont en développement.

Résultat: l’accumulation de ces richesses éparpillées au fil des années a conduit la valeur des métaux présents dans les “mines urbaines” à représenter 40 à 50 fois celle des minerais extraits du sol… Tel est le diagnostic des experts rassemblés, du 25 au 29 juin 2012 à Acra (Ghana), pour le premier événement baptisé e-Waste Academy, organisé par les Nations Unies et la Global e-Sustainability Initiative (GeSI) pour les représentants de 12 pays.

Le cours de l’or bondit

La mine d’or des déchets high-tech est promise à un bel avenir avec l’essor des tablettes numériques, par exemple. Il devrait s’en vendre 100 millions d’unités cette année et près du double en 2014. Si l’on considère l’or seul, les industries électroniques et électriques consommaient 5,3%, soit 197 tonnes, de la production mondiale d’or en 2001. Cette part est passée à 7,7% (320 tonnes) en 2011. Soit 2,5% des réserves d’or des Etats-Unis dans les fameux coffres de Fort Knox et de la banque de la réserve fédérale de New York. Au cours de cette même décennie (2001 – 2011), alors que la production d’or mondiale a augmenté de 15% (3900 tonnes à 4500 tonnes), le prix de l’once a grimpé de 300$ à 1500$. Il semble que la crise de confiance envers les banques ne soit pas la seule cause de cette flambée du cours de l’or.

85% de métaux précieux perdus

Le plus étonnant, c’est que le recyclage des produits électroniques existe bien. Dans les pays développés, il atteint même des taux de 80 à 90%. Néanmoins, dans les pays en voie de développement, environ 50% de l’or est perdu lors des opérations de démontage des appareils (contre 25% dans les pays développés). Et seulement 25% de ce qui est vraiment recyclé, contre 95% dans les pays développés. Mais il semble qu’au final, pays riches et pauvres confondus, seulement 10 à 15% de l’or présent dans les déchets électroniques est réutilisé. Les 85% restants disparaissent, perdus dans les montagnes d’ordures électroniques.

Management de la ressource

Certains des participants à la e-Waste Academy, comme Alexis Vandendaelen de l’entreprise belge Umicore Precious Metals Refining, estiment qu’il ne faut pas considérer cette situation comme un fardeau mais comme une opportunité. Il recommande de remplacer la notion de “management des déchets”  par celle de “management de la ressource”. Nul doute que les chiffres plaident pour ce glissement sémantique. Cela suffira-t-il pour établir une véritable filière de recyclage des métaux précieux contenus dans les déchets électroniques ? Rien n’est moins sûr.

Une fois de plus, la non prise en compte du recyclage dans la conception même des appareils rend délicate et improbable une récupération efficace des métaux précieux a posteriori. En attendant la possibilité de démonter facilement les parties contenant le plus d’or et d’argent, la reprise des appareils par leurs fabricants serait sans doute la solution la plus efficace. Pourquoi pas en échange d’une somme d’argent ? Un peu comme le font les concessionnaires automobiles. Ou bien des tablettes consignées…

Michel Alberganti

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