Lonesome George : la fin de la solitude

Une ligne de plus sur la liste du dodo et de la rhytine de Steller, une encoche de plus pour marquer l’empreinte humaine sur la biodiversité.
Dimanche dernier, très précisément, l’espèce de tortues géantes des Galapagos Chelonoidis abingdonii s’est éteinte avec son ultime représentant.

Lonesome George © Mark Putney

L’impressionnant Lonesome George était centenaire et méritait bien son surnom de « Georges le solitaire » : il vivait en captivité depuis une quarantaine d’années, sans camarade de son espèce car son île (Pinta) avait vu son l’écosystème bouleversé par l’introduction de chèvres par l’homme.

Malgré un enthousiasme assez limité pour le jeu de la bête à deux carapaces, Lonesome George a prêté sa participation à de nombreuses tentatives de reproduction avec des femelles de sous-espèces proches, et après des années d’échec la fortune a semblé enfin lui sourire avec des œufs hybrides pondus en 2008. Mais l’espoir fut de courte durée, et aucun de ces œufs n’a éclos.

 

 

Son autopsie a conclu à une mort naturelle, et son imposante dépouille va être confiée à un taxidermiste, et continuera à attirer les touristes.

Le temps est révolu où le dernier représentant d’une espèce de vertébrés pouvait être abattu des années avant qu’on en comprenne la portée, comme ce fut le cas pour le zèbre quagga ou le loup de Tasmanie. La prise de conscience de la fin de l’espèce a ici largement précédé le décès de son dernier représentant, et en quelques heures, la nouvelle de la mort de Lonesome George a fait le tour de la planète.

C’est sans doute une bonne nouvelle en terme de sensibilisation à la biodiversité (et pas seulement  celle des grands vertébrés charismatiques), mais il est difficile de ne pas rester songeur devant cette rencontre de l’instantanéité des nouvelles avec les échelles de temps immenses qui accompagnent l’évolution et la disparition irrévocable d’une espèce.

Fabienne Gallaire

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3 commentaires pour “Lonesome George : la fin de la solitude”

  1. Vous semblez tout de même dire que ces fameuses chèvres, introduites par l’homme, que l’on abat d’ailleurs maintenant pour essayer de rétablir un semblant d’équilibre écologique, sont à l’origine de la disparition de l’espèce de Lonesome George.
    Il ne s’agit donc pas à proprement parler de la même chose que les échelles de temps immenses qui accompagnent l’évolution et la disparition irrévocable d’une espèce mais bien de l’un des nombreux effets collatéraux de la domination d’Homo sapiens plus saccageur que sapiens .

  2. Vous noterez que j’ai parlé de « l’évolution et la disparition »…
    Aussi brutale que soit la disparition, ici incontestablement d’origine anthropique, l’espèce de son apparition à son extinction s’inscrit dans une échelle temporelle importante.

  3. Vous avez raison mais la conclusion semblait tout de même induire le caractère naturel de la disparition de l’espèce Lonesone George 🙂

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