Comment le sexe vient aux jouets

Il n’aura pas échappé à ceux qui suivent ce blog avec assiduité que je viens de déménager. Ma grande famille (nous avons deux garçons et deux filles) a quitté Paris pour une non moins grande maison charentaise qui présente notamment l’avantage d’avoir une salle de jeux. Tous les cartons contenant de quoi amuser nos quatre bambins y ont donc atterri. Il y avait donc des cartons étiquetés “Jeux des garçons” et ceux marqués “Jeux des filles”… Un sexisme tout autant inconscient qu’assumé (les parents ne sont pas à un paradoxe près), qui reflète, me suis-je dit très vite, celui de la société, qu’elle soit de consommation ou pas.

Pour me conforter dans mes certitudes, j’ai trouvé ce billet de Crystal Smith, une Canadienne qui vient de publier The Achilles Effect, un livre montrant l’influence de la “culture pop” sur la construction de la masculinité chez les jeunes garçons. Sur son blog, elle a rassemblé dans des “nuages de mots” le vocabulaire promotionnel utilisé par les marchands de jouets pour vendre des petites autos, des panoplies de Spiderman ou de cow-boy, des figurines de chevaliers, des robots, des circuits et autres bidules pour mâles en herbe. Au total, Crystal Smith a intégré 658 mots extraits de 27 spots télévisés et voici ce que cela donne :

Même si l’on n’est pas parfaitement anglophone, l’image est suffisamment parlante. Pour faire bonne mesure et ne pas léser la gent féminine, Crystal Smith s’est livrée au même exercice en retenant 432 mots de 32 pubs conçues pour allécher les petites filles :

Comme cela se passe de commentaires, je suis allé défaire d’autres cartons et j’ai fini par mettre la main sur mon échiquier. Etant donné que j’étais d’humeur sexiste, je me suis rendu compte que je n’avais toujours pas appris à jouer à ma fille de huit ans alors que ses frères connaissaient la marche des pièces et les règles du jeu bien avant cet âge-là. Je me suis également rappelé cette conversation que j’avais eue, il y a quelques années, avec une collègue du Monde qui avait découvert que je tenais un blog sur les échecs. Elle m’avait demandé pourquoi aucune femme n’était jamais devenue championne du monde tous sexes confondus, étant donné que les échecs sont un des rares sports où ces dames peuvent soit jouer entre elles, soit se confronter à ces messieurs. En bref, elle voulait savoir pourquoi les échecs, où seule l’intelligence est censée entrer en ligne de compte, étaient un jeu masculin.

La réponse machiste (“c’est normal, les hommes sont plus intelligents que les femmes”) ne tient pas, pour deux raisons : la première, c’est qu’elle est fausse ; la seconde, c’est que, contrairement à un cliché qui a la peau dure, avoir un gros QI n’est pas nécessaire pour devenir un champion d’échecs… Les réponses “biologiques” (“les femmes se fatiguent plus vite au cours d’une partie” ou “c’est une question d’hormones car il faut être agressif dans ce jeu de stratégie guerrière”) n’ont guère plus de fondement. En réalité, si peu de femmes brillent aux échecs, c’est tout simplement parce qu’elles sont très peu nombreuses à jouer : dans n’importe quel tournoi, 95% des participants, si ce n’est plus, sont des hommes. Et comme l’a très bien montré une étude britannique, même si, sur le plan statistique, deux groupes de population ont le même niveau moyen et la même variabilité, les individus enregistrant les meilleures performances ont toutes les chances de provenir du groupe le plus nombreux : “Plus grande est la différence de taille entre les deux groupes, plus grande est la différence prévisible entre les champions des deux groupes.”

Comme me l’a expliqué la meilleure joueuse d’échecs de tous les temps, la Hongroise Judit Polgar (en photo ci-dessus dans une partie l’opposant au champion du monde, l’Indien Anand) qui fut n°8 mondiale, si les filles sont si peu nombreuses dans la discipline, c’est uniquement pour des raisons sociologiques : les stéréotypes guerriers et virils du jeu (même si la dame est la pièce la plus puissante…) dissuadent les parents d’inscrire leurs demoiselles dans les clubs d’échecs. Judit et ses deux sœurs constituent l’exception à la règle, leur père ayant décidé de fabriquer des championnes pour prouver que le talent n’est pas inné mais qu’il s’acquiert à force d’entraînement…

On pourrait donc croire aisément que si le sexe vient aux jouets et aux jeux, c’est sous l’influence de la société, de ses clichés bien ancrés dans les esprits et du marketing hyper-efficace des fabricants de joujoux. Si, dans un magasin, votre garçonnet se précipite vers les petites voitures ou si votre petite fille est aimantée par le rayon poupées, si l’attirance pour tel ou tel type de jouet fait partie des comportements sexués les plus robustes de l’espèce humaine, c’est sous l’effet d’un conditionnement social intensif et permanent, renforcé par les publicités à la télévision qui incitent les enfants à s’identifier à leurs alter egos de réclames. Oui, sans doute. Mais il n’y a peut-être pas que cela et cet article serait bien trop consensuel et trop attendu s’il s’arrêtait là.

Le meilleur moyen de savoir jusqu’à quel point s’exerce l’influence culturelle et sociétale sur le choix des jeux consiste à présenter ces mêmes jeux à des individus sans aucune référence de ce type. C’est ce qu’a fait une équipe américaine en offrant deux familles de jouets (jouets à roues d’un côté, peluches de l’autre) à… une tribu de macaques rhésus, le tout sous l’œil d’une caméra. Le nombre d’interactions de chaque individu du groupe avec les jouets et le temps passé à les manipuler ont été scrupuleusement notés. En moyenne, les mâles ont beaucoup plus tripoté les camions, voitures et autres wagons que les Winnie l’ourson et les Scoubidou en peluche (9,77 interactions contre 2,06 !). Les femelles ont “évidemment” préféré les peluches mais la différence est bien moins marquée : 6,96 interactions avec les jeux à roues et 7,97 avec les peluches.

Pour expliquer ces préférences des macaques rhésus pour des objets qui n’ont à priori aucune connotation sexuée pour eux, les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que les hormones sexuelles mettent en place “des préférences pour des activités spécifiques, qui à leur tour structurent une préférence pour des jouets qui facilitent ces activités”. Pour caricaturer, les petits mâles primates, qu’ils soient humains ou macaques, sont conditionnés par leur testostérone pour faire des courses de monster trucks, tandis que les petites femelles des mêmes espèces sont programmées par leurs ovaires pour coiffer leurs poupées. Je vous laisse méditer cela, j’ai d’autres cartons à déballer.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : étant donné le nombre de commentaires qui sous-entendent que ma conclusion est celle d’un gros macho, je précise que ce n’est que la caricature ironique de l’hypothèse audacieuse avancée par l’étude en question. J’aurais sans doute dû être plus explicite parce que le deuxième ou le troisième degrés n’ont pas l’air de bien passer. De mon point de vue, l’explication est multifactorielle : on se trompe sans doute en ne retenant que le contexte socio-culturel, et on se trompe tout aussi sûrement en ne retenant que le biologique. C’est ce que montrent à la fois l’exemple des joueuses d’échecs et celui des macaques rhésus…

40 commentaires pour “Comment le sexe vient aux jouets”

  1. Dans cette étude américaine, je suis très gênée par le fait que les graphiques comparés ne traitent pas les mêmes données. Dans le 1er graphique qui concerne les humains on parle de “Play Time” soit une durée de jeu, et dans le 2nd graphique qui concerne les primates, on parle de “Total Interactions”, soit un nombre d’interventions sur l’objet. Pourquoi ne pas avoir comparé les durées de jeu ? Cette approche ne me semble pas très objective… Et les résultats intégrés dans ce rapport me semblent alors très discutables.

  2. @Kraopat : en fait, l’étude compare les deux, et nombre d’interactions et temps de “jeu”. Il n’y a aucun problème de ce côté-là. C’est moi qui, pour des raisons de place et de simplification, me suis contenté du nombre d’interactions. Cela dit, les mesures des temps de jeu collent bien avec le nombre d’interactions.

  3. Par ailleurs, ce groupe de primates vit depuis 25 ans dans un centre de recherches, et donc au contact d’êtres humains. Ces êtres humains n’ont-ils pas immanquablement projeté leur inconscient sexué sur ces individus ? Soyons sérieux 5 minutes…

  4. @Kraopat : je me suis aussi posé la question mais 1/ je ne pense pas que les chercheurs soient allés jouer pendant des mois à la poupée et aux petites voitures dans les enclos ni qu’ils se promènent avec des jouets toute la journée, 2/ les singes ont conservé de manière constante leur structure sociale au fil de toutes ces années, 3/ de nombreuses autres études ont montré que, chez les singes, les petits mâles jouaient plus à la bagarre que les jeunes femelles, 4/ ces gens-là sont très sérieux et le Yerkes National Primate Research Center est réputé dans le monde entier, 5/ je ne fais que lancer le débat et pas asséner des vérités…

  5. Au point de vue psychanalytique, on verrait ça plutôt en tant que “position” féminine et masculine, quel que soit le sexe de l’être. Possible que cela joue aussi (le cas de le dire), je ne sais pas…

    Sinon je ne sais pas si vous connaissez le shôgi ? Un jeu d’échecs japonais qui, pour ma part, me semble bien plus intéressant que les échecs occidentaux.
    Au Japon, sur le circuit professionnel, les femmes jouent avec les femmes uniquement.

    Bref, je pense que trouver une raison unique à un choix est toujours trop simpliste pour les êtres humains que nous sommes. Famille, société, psychisme, biologie. Voilà les vrais facteurs quasi indissociable dans un choix, selon moi.

  6. Je ne connais rien à l’orientation sexuelle des jouets, par contre, en tant que commerçante, je me rappelle très bien les nombreuses fois ou de petits garçons souhaitaient des poupées et des petites filles des petites voitures, des souhaits jamais réalisés car le refus des parents est immédiat. Les parents les dirigent systématiquement vers les “bons” jouets suivant le sexe !

  7. @Tum0r : oui je connais le shôgi même si je ne me suis jamais donné la peine d’en apprendre toutes les règles qui sont plus dynamiques que celles des échecs. Et pour ce qui est de votre conclusion, je suis d’accord à 100% !

  8. @Anne Rotin : c’est effectivement un comportement normatif courant, qui a été noté dans de nombreuses études.

  9. A l’heure où la femme est omniprésente dans le monde professionnel (pas toujours aux places les plus stratégiques, on est d’accord !), et où chacune tente de trouver sa place dans un monde toujours plus machiste, je trouve très choquant de lire votre conclusion : “les petites femelles des mêmes espèces sont programmées par leurs ovaires pour coiffer leurs poupées” (…) Les “petites femelles”, comme vous dites, du genre humain, sont habitées d’une grande volonté, d’un grand courage, et sont certainement mieux programmées pour préserver leur espèce, quand d’autres mâles, à l’analyse parfois primaire, semblent vouloir continuer à jouer à la guèguère d’un autre temps.

  10. Merci Anne Rotin !!!!

  11. @Kraopat : au début de la phrase dont vous ne citez qu’un extrait, j’ai écrit “pour caricaturer”. C’EST DE L’IRONIE par rapport à l’hypothèse citée juste avant. Si vous aviez lu attentivement tout mon texte au lieu de le survoler, vous l’auriez compris. Désolé, sur ce blog, tout n’est pas du premier degré et c’est pour cela que les gens l’aiment. Vous vous habituerez…

  12. En réalité, si peu de femmes brillent aux échecs, c’est tout simplement parce qu’elles sont très peu nombreuses à jouer :

    Il faut être bien accroché pour écrire tranquillement des choses pareilles –

  13. @Anne Rotin et aux autres
    Pour être également parent, et même si je laisse à mes enfants le libre choix de leur jouet (ma fille joue parfois aux voitures et mon fils à la dinette), je serais assez mal à l’aise que l’un ou l’autre joue en permanence à des jeux de “l’autre sexe”.
    Nous sommes dans une société ou le paraitre compte énormément et que les groupes se forment dès la plus tendre enfance. Allez trouver dans une cours d’école un groupe de garçons fan de Hello kity et Cie.
    Si des penchants pour certains jouets hors normes se faisait à la petite enfance, il serait vite “corrigé” par l’environnement social dans lequel nous vivons. non?

  14. @Toto : oui, et ???

  15. Il me semble assez étonnant de vouloir voir des déterminismes sociaux dans les attitudes ou les préférences des petits enfants et ne pas envisager le déterminisme le plus évident à savoir le déterminisme biologique. Ce qui structure le mode de représentation des individus et in fine leurs préférences provient directement de leur mode de relation au monde, qui est nécessairement influencé par leur particularismes biologiques.
    Or les hommes sont plus forts, plus grands et courent plus vite, que les femmes. A minima, les seuls différences physiques ne peuvent qu’engendrer des différences dans le positionnement des individus les uns par rapport aux autres et in fine dans leur réaction à ce positionnement, qui se retrouve dans leurs préférences.

    Aussi, j’ai un peu du mal à comprendre un certain nombre de présupposés de nature idéologique, qui voudraient nier toute différence biologique d’ordre intellectuelle ou psychologique entre les hommes et les femmes. Un peu comme si hommes et femmes étaient des “âmes” exactement identiques perdues dans une prison de chair, et qui ne pouvaient foncièrement pas différer l’un de l’autre dans leur intériorité.
    Il est certainement un peu superficiel de nier les déterminismes sociaux, mais il est complètement absurde et primaire de nier les déterminismes biologiques.
    Dans ce sens, votre critique de la “réponse machiste” selon lequel les hommes seraient plus intelligents que les femmes est très légère : “la première, c’est qu’elle est fausse”. Et pourquoi serait-elle fausse ?

  16. A qui doit-on attribuer le Premier Prix du “premier degré” ? A celui qui termine son article par la grossière caricature d’une étude scientifique (discutable à mes yeux) ? Ou à une personne qui tente de tordre le cou aux idées reçues, si caricaturales soient-elles…

  17. concernant l’expérience sur les animaux, un résultat contraire aurait été étonnant.

    pour moi cette étude ne signifie pas que les enfants humains sont prédisposés “naturellement” à jouer à des jeux “de leur sexe”. Je serai plutôt de l’avis de Anne Rotin, qu’il y ait une pression normative permanente.

    @David: c’est normal de vouloir que son enfant soir intégré… Mais gardons à l’esprit que les jeux forment aussi l’esprit des enfants et lui permettent de développer des qualités différentes. Le football et la danse ne permettent pas d’acquérir les mêmes choses, ce serait dommage d’en priver l’une ou l’autre.
    Inutile de se plaindre que votre fils est nul en français si on lui apprend que les jeux “de communication” comme la poupée ou la dînette sont réservés aux filles, ni que votre fille ne s’intéresse pas aux sciences si elle n’a pas pu jouer au mécano.

    signé: anciennement une petite fille qui jouait aux robots, à la bagarre et aux Lego, devenue parfaitement équilibrée et bien dans sa peau.

  18. @David : Et que pensez-vous de cela ? L’instinct grégaire des espèces doit-il dicter nos choix de parents ? Doit-on refuser à son fils de jouer à la poupée ? Un père peut-il, doit-il, faire preuve de tendresse à l’égard de son enfant ? Ne participe-t-il pas aujourd’hui aux soins apportés aux enfants ? Souhaitons-nous que les pères occupent une place plus importante dans la vie de famille, souhaitons-nous que les mères aient une voie plus forte (ou plus douce) en politique et dans le monde des entreprises ? Doit-on continuer à vivre dans un monde bourré de testostérone au travail, et d’ovaires à la maison ? Pour que les moutons de Panurge ne terminent pas dans le ravin, je propose que nous décidions, non pas par rapport aux autres, mais par rapport à l’objectif vers lequel nous souhaitons tendre. Merci à Pierre pour son ironie, qui a le mérite de provoquer en moi une certaine révolte (et ce n’est pas faute d’avoir bien coiffé mes poupées quand j’avais 4 ans).

  19. Peut être faudrait il se poser la question du sens de l’expérience ? Analyser en fonction du sexe les rapports aux objets est une chose, en tirer des conclusion en est une autre. L’expérience peut être bien menée, ce la n’est pas le souci. Il y a un problème épistémologique majeur lorsque l’on passe directement d’une analyse behavioriste a la place de la femme dans notre société … m’enfin je dis ça …

  20. @Masterjuda : elle est fausse parce que cela a été mesuré de nombreuses fois et qu’aucune différence significative n’a jamais été détectée entre le QI moyen des hommes et celui des femmes (pour autant que le QI mesure l’intelligence…).

  21. @Kraopat : cet article a aussi pour objectif de tordre le cou aux idées reçues sexistes. Mais ma façon de l’écrire, qui ne met pas de gros sabots, est peut-être trop alambiquée pour que le message passe clairement…

  22. Vous écrivez au début :
    “Les réponses “biologiques” (“les femmes se fatiguent plus vite au cours d’une partie” ou “c’est une question d’hormones car il faut être agressif dans ce jeu de stratégie guerrière”) n’ont guère plus de fondement. ”
    Je suis bien d’accord avec cela.

    Mais ensuite vous concluez :
    “Pour caricaturer, les petits mâles primates, qu’ils soient humains ou macaques, sont conditionnés par leur testostérone pour faire des courses de monster trucks, tandis que les petites femelles des mêmes espèces sont programmées par leurs ovaires pour coiffer leurs poupées.”

    Je crois qu’il faut choisir. Pour ma part, il me semble totalement absurde de se baser sur une étude sur des macaques rhésus pour généraliser à l’homme. En particulier s’il s’agit d’étudier des phénomènes sociaux.

    Et vous que choisissez-vous ?

  23. @bibi : dans d’autres commentaires, j’ai expliqué que cette conclusion n’était que la caricature ironique de l’hypothèse audacieuse avancée par l’étude en question. J’aurais sans doute dû être plus explicite parce que le deuxième ou le troisième degrés n’ont pas l’air de bien passer. De mon point de vue, l’explication est multifactorielle : on se trompe sans doute en ne retenant que le contexte socio-culturel, et on se trompe tout aussi sûrement en ne retenant que le biologique. C’est ce que montrent à la fois l’exemple des joueuses d’échecs et celui des macaques rhésus…

  24. Pour autant que le QI mesure l’intelligence… Je suis tout à fait d’accord avec vous. La notion d’intelligence est certainement contingente à une activité particulière. Et la notion de QI n’a pas non plus de prétention à mesurer la capacité à jouer aux échecs.

    Aussi exclure le fait que les hommes réussissent mieux aux échecs que les femmes du fait de leurs capacités particulières supérieures en ce domaine, au seul motif que des études sur les QI ne révéleraient pas de différence entre les sexes, me parait être une conclusion très rapide.

    Néanmoins, je vous rejoins lorsque vous avancez une explication multifactorielle.

    @ Gabrielle : votre message me parait inaudible et votre évocation d’une pression normative, tellement insidieuse qu’elle en demeurerait invisible, comme source exclusive d’explication des différences de préférences entre jeux des petits enfants est tout à fait insensée.
    Le fait que vous-même ayiez été attirée par des jeux “masculins” dans votre enfance n’apporte rien au débat. Les phénomènes dont il est question sont des phénomènes statistiques, qui ne se résument pas à l’examen d’un cas particulier quel qu’il fut.

  25. @Masterjuda : très honnêtement, pour avoir suivi l’actualité des échecs pendant près de deux décennies, j’ai beaucoup de doute sur l’utilité de ce que l’on appelle communément l’intelligence dans cette discipline. J’ai rencontré tellement d’abrutis parmi les champions d’échecs (je ne donnerai pas de nom…) que cela me conforte dans cette idée. Par ailleurs, le contre-exemple parfait de Judit Polgar, qui est entrée dans le Top 10 mondial sans aucune qualité particulière si ce n’est le travail montre que les femmes ont parfaitement leur place au plus haut niveau des échecs. Si autant de femmes que d’hommes jouaient aux échecs et y consacraient autant de temps qu’eux, je suis persuadé qu’on arriverait assez vite à du 50/50 dans le Top 100 mondial. Le seul “avantage” que je concède volontiers aux hommes, c’est de ne pas tomber enceintes. On a vu que le classement de Judit Polgar a chuté suite à la naissance de ses deux enfants…

  26. Bonjour,

    Je trouve juste impressionnant que certaines personnes puissent prendre cet article, plein d’humour et de réalité, au premier degré… Je tenais juste à vous encourager dans cette lancée parce que je me marre vraiment tous les jours, tout en me cultivant!

    Merci.

  27. Et si les femmes jouaient moins aux échecs tout simplement parce qu’elles sont moins attirées par un jeu (donc un loisir) basé uniquement sur l’intellect et la tactique de construction d’une domination, et n’ayant aucune dimension sociale ou communicative…
    Serait-ce si choquant ?
    Est-ce que la dimension sociale et la communication auraient moins de “valeur” que l’intellect et la tactique ?

    Comment la recherche légitime d’égalité sociale et économique peut-elle en arriver à de telles dérives argumentaires ?

  28. @Pénélope : un grand merci parce que certains jours, j’ai l’impression d’écrire dans une langue que les autres ne comprennent pas…

  29. @Pierre Barthélémy :

    Pourquoi votre conclusion si grossièrement caricaturale, alors que l’hypothèse conclusive des chercheurs semble énoncée avec tant de soin et de modération ?
    Personnellement cette étude me semble au contraire particulièrement intéressante par sa méthodologie. Avez-vous eu peur de ne pas savoir manier ses résultats, pour botter si facilement en touche ?

  30. “les échecs sont un des rares sports où ces dames peuvent soit jouer entre elles, soit se confronter à ces messieurs.”

    Si on pouvait éviter de dire que les échecs sont un sport, ça ne serait pas aussi original que la phrase ne le sous-entend…

  31. J’adore ce genre d’études qui montrent des tendances innées, biologiques. Presque tous nos comportements sont liés à des niveaux hormonaux, des processus évolutifs. Et on s’offusque car en 1 génération il faudrait gommer des différences qui se sont creusées durant des dizaines de milliers de générations. Et allez cela fait à peine 15000 ans que l’Homme a le luxe de pouvoir penser à autre chose que survivre, manger, se reproduire.

  32. En tant que féministe hystérique, j’aime beaucoup votre article, dommage que le second degré ne soit plus apprécié à sa juste valeur de nos jours.

    @David: et si les femmes étaient mois attirées par un jeu basé uniquement sur l’intellect et la tactique sans dimension sociale, parce qu’on les a élevées comme ça?
    Combien de parents j’entend rembarrer leur fils qui veut un ballon rose, leur fille qui veut une épée, j’ai même entendu une grand-mère faire un scandale parce qu’il n’existait pas de jouets toy-story pour filles…
    Et on sait bien ce qui est prédit aux garçons qui jouent à la poupée…

    Des études montrent que les parents sexualisent (genrisent?) l’enfant dès sa naissance, alors comment démêler l’inné de l’acquis dans ces conditions?
    (je ne mettrai même pas la référence, héé ouais…).
    Sans compter que cela nécessite un vrai travail de déconstruction de ses propres stéréotypes, pas évident !

  33. @Pénélope: En accord complet

    @Kraopat: Je n’ai pas dis que je forçais mes enfants à jouer aux jeux qui pourraient me paraitre “normaux” mais que je m’inquièterais peut être si ce n’était pas le cas.

    @Gabrielle: Je suis bien d’accord sur le fait qu’il faut proposer une diversité des activités et des centres d’intérêt de nos enfants 😉

    Les enfants s’identifie quand même énormément aux parents je trouve. Mon fils aime les voitures ou les jeux vidéos aussi parce que je les aime et ma fille essaye d’imiter sa mère en faisant la cuisine (et oui je sais…le vieux cliché).
    Nous avons peut être des préférences biologiques mais beaucoup de choses et d’orientations ont pour origine notre entourage et nos capacités.

  34. @DavidF92 : je caricature à dessein pour deux raisons : de la même manière que je trouve stupide le “tout génétique”, le “tout hormonal” ne me semble pas mieux. Par ailleurs, je trouve un peu rapide la manière dont on passe du singe à l’homme. Cela dit, cette étude donne à réfléchir et montre probablement que le conditionnement des enfants est un mélange de socio-culturel et de biologique.

  35. @Marine : vous pensez ce que vous voulez, mais étant donné que je me suis battu longtemps pour que Le Monde passe les articles sur les échecs dans les pages Sports, je garde la formulation telle qu’elle est. Pour avoir moi-même pratiqué cette discipline quelques années après avoir fait 20 ans de sport “traditionnel”, je n’y ai vu aucune différence, ni dans l’esprit, ni dans l’effort physique et intellectuel qu’une compétition d’échecs implique.

  36. Ce qui me semble douteux, c’est l’association singes résus et comportement “naturel” “biologique” “hormonal”. Les singes résus sont des animaux sociaux tout comme nous, et leurs comportement ne sont pas plus/moins innés que les nôtres. Par exemple il varie selon la taille du groupe et la pression environnemental. Ils subissent un apprentissage/conditionnement dès la naissance, par leur mère et la pression du groupe. Ce ne sont pas des êtres sans culture, soumis à leurs seuls hormones. Du coup on ne sait toujours pas si le choix femelles/peluches, mâles/machins à roulettes à des origines innées ou acquises.

    Il faudrait étudié des animaux moins/pas sociaux, si l’on voulait savoir la part de “nature/culture” dans le comportement sexué. Par exemple donnons des peluches / choses à roulettes à un groupe de mygales, d’anaconda, ou d’hippocampes et observons le résultat.

  37. @KRAOPAT :

    “Ou à une personne qui tente de tordre le cou aux idées reçues, si caricaturales soient-elles…”

    Tiens donc ? Heu…

    “Les “petites femelles”, comme vous dites, du genre humain, sont habitées d’une grande volonté, d’un grand courage, et sont certainement mieux programmées pour préserver leur espèce, quand d’autres mâles, à l’analyse parfois primaire, semblent vouloir continuer à jouer à la guèguère d’un autre temps.”

    Donc, si je poursuis le raisonnement jusqu’au bout, l’affirmation selon laquelle si les femmes dominaient le monde, la paix règnerait sur la Terre pour l’éternité n’est pas une caricature.

    Enfin si mon analyse de brute arriérée et obnubilée par la domination n’apparaît pas trop primaire à vos yeux de courageuse et volontaire gardienne de la pérennité de l’espèce humaine.

    Les féministes se trompent de cibles en s’aventurant sur le terrain de la recherche scientifique avec pour seul postulat de départ un présupposé idéologique : la négation de toute possibilité d’un quelconque déterminisme biologique. Cela ne favorise pas leur crédibilité et nuit à leur combat, par ailleurs parfaitement légitime.

  38. Je dois être une nana qui s’ignore alors : je déteste les échecs.

    Un bon article sinon, dont la conclusion m’a fait rire (y en qui on un sérieux problème de second degré quand même), et qui permet, comme toujours sur ce blog, de se coucher moins bête en passant un bon moment.
    Comme quoi savoir ne rime vraiment pas avec ennui.

    Pour le second degré, surtout ne change rien, de toute façon, quoi que tu écrives, certains le prendront au pied de la lettre et le déformeront.

  39. @Pierre Barthélémy: Personnellement j’aime le ton de votre blog. J’apprécie beaucoup de m’instruire sans le prendre trop au sérieux, ça passe vraiment mieux!
    Continuez de me faire réfléchir sur tous ces sujets variés.
    Et bravo pour votre patience et votre détermination à répondre à tous les commentaires, même de ceux qui insistent et ne progressent pas dans l’analyse de l’ironie.

    Merci.

  40. Un grand bravo pour vos articles tous plus intéressants les un que les autres… Pour ceux qui ne comprennent pas le second degré, il y a pourtant tellement de blogs à leur niveau, je ne comprend même pas qu’ils viennent polluer celui ci… En un mot : CONTINUEZ !!!!!!

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