L’AVENIR EST A LA VOITURE DE SURFEUR

Les designers automobiles ont pris l’habitude d’équiper leurs concept cars de tiroirs à surfs ou d’étagères à palmes, et les publicitaires de nous affubler du fantasme de la mèche blonde qui sent le néoprène et le monoï. Ce serait très certainement amusant d’en apprendre plus sur leurs motivations, mais cela n’apporterait rien quant aux tentatives de trouver des solutions aux crises économique, écologique, sociale ou politique de l’Automobile.

Si le bermuda à fleurs ne semble pas à première vue une piste prometteuse pour basculer l’Automobile dans le XXIème siècle, en y cherchant bien, la Surf Culture n’est pas pour autant dénuée d’intérêts pour l’Industrie.

Considérer les obstacles, non pas comme des problèmes, mais comme des opportunités d’être créatif avec style…

…permet d’aborder les stratégies des groupes industriels – management, produits, marchés- avec un plus grand potentiel d’humanité en favorisant l’autonomie des différents acteurs. De plus, cette ouverture d’esprit autorise de nouvelles ambitions de profitabilité sans limites, qui décollent vers l’orbite de la Silicon Valley Californienne, grâce aux business models d’une Nouvelle Economie qui surfe sur l’air du temps. Que cela fonctionne en synergie sur ces deux tableaux n’est pas le moindre avantage de cette méthodologie (les autres ont rapport au plaisir de se dépasser, de se cultiver, de se rendre utile,…).


 

Prenons l’exemple de la conception d’une “petite” voiture. Les études marketing démontrent que tout le monde a besoin d’une voiture abordable: les jeunes qui démarrent dans la vie, les retraités qui courent après leur retraite, la deuxième voiture des pères de famille qui font la sortie des écoles, la troisième des ménagères de 50 ans pour faire celle des plages, les jet-setters en vadrouille, les habitants des pays émergents qui ont besoin d’autonomie pour se développer. Ces mêmes études marketing ont de plus mesuré qu’unanimement et loin devant les autres paramètres, toutes ces personnes se décidaient pour le prix le plus bas. Devant ce constat clair, le réflexe des constructeurs, pour tout un tas conséquent de bonnes raisons, est pourtant de nous le dire en message chiffré: “- Faîtes nous une voiture de 3m60 à 8.000 €.”

Forcer des objectifs chiffrés (délais, coûts, cibles clientèles, chiffres de ventes, parts de marchés,…) est sûrement la façon la plus évidente de rassurer sa hiérarchie. Mais mettre en place des stratégies qui surfent sur les évolutions du monde avec des outils simples – skate, Google,…-,  dans une direction qui ait plus de sens que seulement copier les produits de ses concurrents, permet de dépasser ces objectifs tout en valorisant le savoir-faire de chacun dans l’Entreprise.

Vouloir baisser le prix d’une automobile de 10% (en la raccourcissant) et augmenter sa marge de 20% (en la maquillant comme une voiture volée), ne permettra jamais de pouvoir imaginer baisser le prix de 100% et d’augmenter sa marge de 2000%. C’est pourtant ce que l’on obtient quand on s’autorise un regard différent et des libertés avec les pratiques traditionnelles.

 

 

Il faut dépasser l’utilisation de l’art et de la culture pour se peinturlurer une image cool. Pour concevoir un design ouvert à toutes les attentes, et le modèle économique adapté qui les surpasse, THE FREE CAR PROJECT a développé des méthodes de travail alternatives. Carte Blanche a été donné à des artistes, scientifiques, journalistes, philosophes, artisans, … pour rebondir sur les questions posées par l’Automobile, donner leur vision extérieure à l’Industrie mais pertinemment sensible quant au monde “réel”. Quels sont les usages rationnels ou non d’une automobile ? Leurs implications sociales, économiques ou écologiques ? Qu’est-ce que permettre l’ouverture, créer du potentiel, raconter des histoires, s’interroger sur la lenteur, la non-voiture, l’Histoire de l’Industrie, la convivialité, l’optimisme, la légèreté ?

En adaptant ces méthodes de travail au sujet de la voiture basique, légère et ouverte, plusieurs éléments cohérents sont apparus naturellement pour former finalement THE FREE CAR PROJECT. Une automobile qui permet à tout ses utilisateurs foncièrement différents de surpasser leurs attentes, diminue très sensiblement les investissements de production tout en revalorisant ceux qui la construise, autorise les sous-traitants de développer librement leurs offres, rend le sourire aux actionnaires à leur en décrocher la mâchoire, et même commence à parler sérieusement d’écologie.

Buckminster Fuller (ingénieur/architecte/designer américain 1895-1983) a révélé que les théories de construction basées sur des forces en opposition n’étaient pas l’unique solution possible, et que l’on pouvait avoir une vision alternative, plus naturelle, reposant une circulation des efforts dans les structures. Ne plus placer le débat sur l’opposition et la rivalité, mais plutôt à un niveau où chacun s’enrichit du travail de l’autre, permet des résultats étonnamment harmonieux et fluides, et de remplacer le stress au travail par une excitation constructive.

 

Et puis, les clients aussi en ont marre de se faire constamment mesurer leur performances à longueur d’articles dans les magazines automobiles, ou avec de délicates aiguilles rouges au tableau de bord. Cela ne crée que la frustration de n’être jamais à la hauteur de celle de son voisin.

Hors aujourd’hui, le marketing de la frustration et de la dépendance est devenu bien moins rentable que celui de l’émancipation et de l’autonomie du client. Il est donc temps de lui proposer une automobile à la fois iconique et déshabillée du problème de statut des Marques, qui lui permet de raconter autre chose, soulagée des mesures chiffrées, une voiture qui n’a pas de prix…

 

Hang loose.

 

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