«Je ne suis pas photographe», annonce tout de go Gilles Jacob en prélude à son nouveau livre… de photos! «Je dégaine, je vise, je tire, c’est tout». Ces quelques mots de cow-boy avisé sont la parfaite introduction à ce «Livre d’or» qui n’a rien d’une compilation trop sage ou d’un monument prétentieux.
On y retrouve la malice coutumière du directeur du Festival de Cannes qui a renoué l’an dernier, dans son remarquable «La Vie passera comme un rêve» (Robert Laffont, 2009), avec ce talent de plume qui avait fait sa réussite de critique de cinéma. C’est l’acuité du regard qui caractérise Gilles Jacob – comme critique d’abord, puis comme sélectionneur du Festival et enfin aujourd’hui comme écrivain et photographe. Un regard qui furète avec bonheur dans les coulisses du Festival. On goûte ces clichés pleins de vie de Clint Eastwood serrant la main des cuisiniers d’un palace, de Jane Fonda impériale sur le tapis rouge, ou de la complice Juliette Binoche au bras du réalisateur Abderrhamane Sissako.
Mais Cannes n’est pas le seul décor de cette promenade toute personnelle: on passe des Invalides sous la neige à la via Margutta à Rome – où habitaient ensemble Federico Fellini et Giulietta Masina, de la campagne française à des écrans géants hantés par des visages mythiques comme celui d’Orson Welles. Bref, on se promène avec pour guide un cinéphile averti et un cow-boy photographe qui dégaine, vise et tire toujours au bon moment.
Jonathan Schel
«Livre d’or» de Gilles Jacob, Seuil, 39 euros.
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