«Le dimanche soir, quand je descends mes poubelles, ça dégorge, j’imagine qu’on a tous la même idée le même jour», explique la jeune maman du troisième, rencontrée près du local à poubelles.
Le tri sélectif? Ça la dépasse… Oui, elle a bien vu les poubelles, jaune pour les cartons et les papiers, verte pour le reste et même le bac pour les déchets organiques. De là à y mettre ses déchets triés, il n’y a qu’un pas. Qu’elle n’a pas encore franchi, visiblement.
A son étage, les comportements diffèrent d’un appartement à l’autre. Si sur le palier de droite, on essaie d’apprendre aux enfants à trier; dans l’appartement en face, on n’en est pas encore là. Ecolos, d’accord, mais pas trop.
Et là aussi, les générations jouent. Les plus âgés sont les plus réticents, les plus jeunes y viennent, mais lentement. «Doucement, mais sûrement», glissent certains. Pour l’instant, la seule chose sûre, c’est que les choses vont lentement.
Et nos habitants sont loin d’être hors-normes. Si en sept ans le tri a été multiplié par trois à Paris, seuls 15% des déchets collectés dans la capitale sont triés. Ils sont tous contents de savoir que leur immeuble est doté de tout ce qu’il faut pour trier les déchets.
La propriétaire a installé trois poubelles, mis à disposition par la mairie de Paris : pour le verre, les papiers et même les déchets organiques. Mais les habitants sont surtout sceptiques. «Qui nous dit qu’à l’arrivée, tout n’est pas mélangé dans le camion poubelle?», voilà l’interrogation qui revient le plus souvent.
Et puis il y a les distinguos subtils… «Dans la poubelle de la cuisine, j’hésite toujours quand je jette l’emballage de la viande: c’est du carton, mais il y a des déchets organiques aussi… alors dans quelle poubelle ça va?». La jeune mariée du quatrième et son époux restent perplexes… avant de balayer d’un revers de bras la question.
Une question pourtant pas si anodine quand on sait qu’en 2008, chaque habitant du IXème a produit 789 kilogrammes de déchets. A peine 18 kg de moins qu’en 2005. C’est deux fois plus que dans le XXème.
En fait, du rez-de-chaussée au sixième étage, d’une cage d’escalier à l’autre, nos questions intriguent plus qu’elles ne semblent évidentes. C’est vrai qu’ils n’y avaient jamais vraiment pensé. C’est promis, désormais ils feront attention… jusqu’au prochain post!