
Certains héros de BD ont tout de l’éternel adolescent aux rapports ambigus avec les adultes, alimentant la suspicion.
Dans la Mauvaise Vie, lorsque Frédéric Mitterrand évoque ses premiers émois sexuels, il pense à la Bande Dessinée. “Les références qui viennent naturellement sous sa plume sont “Alix”- un jeune Romain de 14 ans en pagne, héros de bande dessinée – ou le Prince Eric, cet adolescent scout de la série Signe de piste, icône trouble de l’imaginaire homosexuel”, raconte l’Express. “Comme toute bonne confession autobiographique, cette Mauvaise Vie joue avec le feu”, ajoute le magazine. Je ne vois pas en quoi le fait qu’un jeune gay craque et s’identifie à un bel héros antique est “jouer avec le feu”, cela me parait plutôt naturel. Jeune, j’ai aussi craqué sur des héros et des héroïnes de bande dessinée (oui, mais on n’est pas là pour parler de ma sexualité).
Enfin, cela pose des questions intéressantes: comment aujourd’hui représenter la sexualité de la jeunesse? Les jeunes héros de BD du siècle dernier avaient-ils tous une sexualité qu’on aurait qualifiée de “déviante” ? Au-delà de ça, car ce sont les accusations sous-jacentes dans l’article de l’Express, comment parler de pédophilie en bande dessinée?
Justement dans la série Alix, une scène avait fait polémique de l’album Le Fils de Spartacus (dont j’ai même une version en latin!). On y voit un préfet romain prendre un bain avec des jeunes enfants qui lui font des gâteries sous l’eau. “J’adore me baigner en compagnie de mes petits dauphins qui me font des taquineries sous l’eau” explicite même, hilare, le haut dignitaire en question. Pour une BD qui s’adresse à un jeune public la scène peut être considérée comme choquante. Sauf qu’elle se réfère à une pratique rare mais qui avait effectivement parfois lieu sous l’Empire Romain, aux mœurs bien différentes des autres.
lire le billetJ’inaugure une nouvelle rubrique: “Vu dans la rue”. Je tombe souvent, dans la rue ou en boutiques, sur des coups de cœurs improbables. Je ne parlerai jamais évidemment du dernier ZEP sorti (à moins de l’avoir trouvé dans la rue justement!), c’est plus pour les vieilleries rigolotes. Et justement, en voici une première.
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Dimanche dernier, brocante le long du Bassin de la Villette, à Paris. Vraiment rien d’intéressant sauf sous un tas de livres foutraques, le “Who’s who in Star Trek?” Publié par DC Comics en 1986, il recense tous les principaux personnages de la série, avec un dessin et des notes explicatives, un peu rébarbative. C’est surtout son parcours qui m’intéresse. Comment ce titre en anglais, sans doute jamais diffusé en France à l’époque, est arrivé sur cet étal pourri ? Combien de mains avec la grippe A l’ont-il manipulé ?
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Pourquoi il ne faut pas attendre grand chose du film Lucky Luke
Autant le dire tout de suite : je n’ai pas vu le nouveau Lucky Luke et j’ai au moins une chance sur deux de me planter avec un titre pareil. Parce que Lucky Luke sera peut-être vraiment bien, parce que Jean Dujardin, parce que teasing péchu, belle affiche, tout ça, tout ça. N’empêche, si on regarde empiriquement les adaptations de bandes dessinées, a fortiori francophones, au cinéma, il y a de bonnes raisons d’avoir peur. De “Blueberry” à “Michel Vaillant” en passant par… “les Dalton”, justement, nombreux sont les films tirés de BD que l’on a bien vite oubliés. Peut-être pour mieux rouvrir les albums originaux. De fait, que la qualité soit là ou pas, la bande dessinée est depuis longtemps adaptée au cinéma. C’est le cas depuis longtemps, dès les années 1930 avec “Bécassine”, beaucoup dans les années 1960 avec par exemple “Tintin et le Mystère de la Toison d’Or” (encore un bon navet, d’ailleurs), mais depuis une décennie, le nombre d’adaptations s’est considérablement accru, qu’il s’agisse des comics américains ou des bandes dessinées européennes. Pourquoi fait-on autant de films tirés de bandes dessinées, surtout s’ils sont souvent mauvais ?
Par essence, et on ne le répètera jamais assez, la bande dessinée c’est traditionnellement de l’action, de l’aventure, des personnages hauts en couleurs et tout ce qui s’en suit. Autant d’ingrédients qu’exploite aussi le cinéma et qui permet donc des passerelles évidentes. Surtout, le cinéma et la bande dessinée sont deux arts de figuration narrative séquentielle. Leur mode de construction est très similaire et les correspondances sont nombreuses. Les deux sont circonscrits à un cadre, avec un notion de plan, de composition, de photographie (on parlera plutôt de couleur en BD, mais l’idée est la même). La proximité entre la bande dessinée est le cinéma tient d’ailleurs dans un seul objet : le storyboard. D’ailleurs on en a vu certains sortir en librairie au rayon BD. Yves Alion, rédacteur en chef du magazine “Storyboard”, dans un entretien à ActuaBD, nuançait à peine : “S’il s’approche de la bande dessinée, le storyboard ne s’y confond pas. Parce qu’il ne s’embarrasse pas de phylactères et qu’il admet une certaine discontinuité dans la narration. Et pourtant… “.
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Pourquoi tant de salamalecs au procès Clearstream? Sarkozy l’a dit, ils sont coupables et en BD, les procès, ça va parfois beaucoup plus vite.
Ah le procès Clearstream! Un Président en exercice et un ancien Premier ministre face-à-face dans un duel à mort, une société luxembourgeoise sulfureuse et une bande de seconds couteaux présumés tous plus archétypiques les uns que les autres: des ingrédients parfaits pour tout amateur de bande dessinée. Tiens, d’ailleurs, à propos des possibles conjurés de l’affaire Clearstream, il m’amuse beaucoup de voir, dans tel éditorial ou tel commentaire, revenir l’expression de «Pieds Nickelés», en référence aux fameux filous dessinés au début du XXème siècle par Louis Forton. «L’affaire des affaires» en elle-même a d’ailleurs déjà été portée en planches par Denis Robert, Yan Lindingre et Laurent Astier, mais pas son procès.
Peut-être verra-t-on une suite consacrée au jugement. Car cela fait bien longtemps que le neuvième art s’intéresse aux tribunaux, aux robes des procureurs et aux effets de manche des avocats. Le procès est pourtant un espace clos si difficile à raconter. Bien sûr, au théâtre c’est très facile, car entre une scène et un tribunal, les analogies sont nombreuses. La bande dessinée, c’est avant tout le mouvement, les changements de lieu, l’action! Comment s’enferme-t-elle alors entre les quatre murs d’une salle d’audience?
Procès Papon et Touvier
A vrai dire, les dessinateurs squattent les bancs des tribunaux depuis longtemps: c’est même dans ces lieux que le dessin de presse a acquis historiquement ses lettres de noblesse. Puisqu’il est interdit de prendre des clichés ou de filmer les séances, les dessinateurs de presse sont encore très utilisés dans les salles d’audience pour retranscrire graphiquement les procès. Dans le sillon de cette tradition, la bande dessinée s’est fait, à de nombreuses reprises, témoignage historique ou reportage de grands procès.
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Je me souviens. Il fut un temps, j’avais des vacances. Souvent même, parfois à ne plus trop savoir qu’en faire. Aujourd’hui, je n’ai plus que des week-ends. En plus, l’été, le petit monde de la bédé se met aussi à ronronner doucement. Il n’y a guère beaucoup de sorties (en attendant le grand raout de la rentrée littéraire) et les meilleures ventes sont probablement les pauvres éditions estivales d’Achille Talon dans les stations services. C’est aussi l’époque où l’on trouve des bédés dans les journaux, qu’on peut lire sur les transats. Alors quand le soleil d’août pointe ses rayons par la fenêtre et vient frapper les toits de zinc gris de la capitale, je me plais à me rappeler cette époque bénie.
A chaque fois que les beaux jours réapparaissaient, on se préparait pour le grand départ avec mon cousin Lucien (qui aujourd’hui a bien grandi). J’ai des souvenirs émus, étant gamine, de la galère pour se préparer à temps avec mon oncle et ma tante lorsqu’on devait quitter Malakoff. Le père qui s’énerve, la petite soeur qui braille, le frère les doigts dans le nez et la mère débordée. D’ailleurs, les vacances avec Lucien et ses copains, j’en ai passées un paquet et y’a toujours un truc qui déconnait. Il y a la fois où on est allés avec Nanard se mettre au vert: le confort était tout relatif. J’aurais du m’en douter aussi, Nanard c’est un hippie qui fait du fromage de chèvres en Ardèche. Y’a aussi la fois où on a voulu aller à un rassemblement de motards: l’ami Ricky s’en souviendra, je pense.
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Depuis mai, les abonnés de Canal + peuvent regarder la saison 2 de Reporters. En bédé, les éditions Delcourt, viennent de sortir «Journaliste», un manga qui a pour cadre la rédaction d’un quotidien japonais. «Journaliste», même s’il ne résiste pas à reprendre un des vieux fantasmes du métier («la vérité seul contre tous, choisir sa carrière ou la déontologie»), fait un choix plutôt rare en bande dessinée: centrer l’oeuvre sur la difficulté d’excercer sa profession. Car le plus souvent, en bande dessinée, ce métier n’est qu’un prétexte.
Le journaliste, personnage de fiction? Ce n’est pas étonnant, car à l’instar de quelques autres professions (agent secret, mafioso, prostituée), le journalisme a nourri l’imaginaire de nombreux auteurs à travers les âges, aussi bien sur papier qu’à l’écran, et notamment en bandes dessinées.
Tintin reste incontournable. Il cumule le double avantage d’être le reporter et le personnage de bande dessinée le plus connu dans le monde. Il a fait rêver des millions d’enfants à travers ses voyages et ses aventures, et suscité plus d’une vocation de journaliste (même s’il est déconseillé aux aspirants journalistes de citer Tintin dans un oral d’école). Notons d’ailleurs qu’hormis de très rares exceptions, on ne le voit jamais faire son boulot de reporter.
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