L’illustrateur américain Maurice Sendak vient de mourir à l’âge de 83 ans. Le monde perd l’un des plus grands auteurs de livres pour enfants.
La nouvelle vient de tomber et en un instant, c’est toute ma jeunesse qui s’est envolée. L’auteur de livres pour enfants Maurice Sendak est décédé ce 8 mai 2012 à l’âge de 83 ans. Il s’est rendu notamment célèbre pour avoir créé, en 1963, Max et les Maximonstres, un livre que des générations de bambins, dont je fais partie, ont eu entre les mains. Je me souviens qu’à l’instar de quelques rares autres ouvrages, comme Chien Bleu de Nadja ou les livres de Tomi Ungerer, il faisait partie de mes préférés. Tout simplement parce que ce n’était pas un livre pour enfants comme les autres.
Dans un monde jusque là dévolu aux princesses lisses sauvées par des chevaliers sans défauts, Max et les Maximonstres a fait l’effet d’un pavé dans la mare. Max, le héros, est un enfant égoïste et cruel, vêtu d’un costume de loup et qui s’amuse à poursuivre son chien avec une fourchette. Après avoir menacé de manger sa mère, ses parents le renvoient dans sa chambre pour le punir, ce qui le rend furieux. Il s’enfuit alors dans une jungle imaginaire, peuplée de monstres effrayants qu’il soumet à son règne. Mais l’ennui, la pire affection qui puisse guetter les souverains, finit par le rattraper et il regagne finalement le monde réel.
C’est un livre exceptionnel à plusieurs titres, à commencer par ses qualités graphiques. Dans un style qui évoque Bosch ou Dürer, Sendak dépeint des monstres sympathiquement effrayants et effroyablements sympathiques. Des monstres inoubliables et un univers phantasmagorique qui restent dans l’esprit de chaque enfant qui a posé ses yeux sur eux. Il n’y a pas de hasard: Sendak se serait décidé à dessiner après avoir vu le Fantasia de Disney.
Max et les Maximonstres est également remarquable parce qu’il a ouvert des portes jusque là closes sur l’inconscient des enfants. Le livre fut d’ailleurs jugé dangereux par certains psychologues à sa sortie et fut notamment déconseillé par la célèbre pédo-psychanalyste Françoise Dolto. Là encore, il n’y a pas de hasard: Maurice Sendak partageait sa vie avec un psychanalyste, Eugene Glynn, qui fut son compagnon jusqu’à sa mort, il y a cinq ans de cela. Max et les Maximonstres est un livre révolutionnaire qui garde toute sa force près de 50 ans après sa sortie, même s’il a hélas récemment été plutôt mal adapté sur grand écran. Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à son créateur, c’est encore de se replonger dedans aujourd’hui, pour se rappeler des enfants que nous étions.
Laureline Karaboudjan
Illustration : extrait de Max et les Maximonstres, DR.
l’hommage est mérité ! Salutations cafardesques
oh, quelle tristesse!!! Et merci pour cet hommage à un grand maître.