Captain Tsubasa, c’était autre chose que l’Equipe de France!

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Avec la Coupe du monde, les BD consacrées au foot reviennent en force. Mais là où avec Captain Tsubasa on pouvait rêver,  avec les Bleus et l’ex-sélectionneur en vedette, Domenech, on ne peut que rire. Jaune.

Depuis deux semaines, la Coupe du monde de football envahit tout, du petit écran, évidemment, au palais de l’Elysée, de manière plus surprenant. La planète Terre semble s’être arrêtée de tourner, s’étant transformée pour un mois en planète Jabulani. Il n’y avait pas de raisons que la bande dessinée échappe au mouvement général. Deux albums, en particulier, sont opportunément sortis pour la Coupe du monde. “Il faut shooter Raymond Domenech” de Micka et Juga et “Banc de Touche” d’Edmond Tourriol, Daniel Fernandez et Albert Carreres. Point commun? Les deux ont pour personnage principal l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Raymond Domenech, comme personnage principal. Si on ajoute à cela la bande dessinée de Faro “En bleu et contre tous“, sortie la veille de l’Euro 2008, et qui fait elle aussi de Raymond un héros de papier, on peut dire que Domenech a particulièrement la cote chez les auteurs de BD. En 1998, Aimé Jacquet n’avait pas eu ce privilège, la principale BD consacrée à la Coupe du monde, “Léo Loden et Jules sauvent la Coupe du monde“, était une aventure centrée sur l’organisation même du tournoi.

Le rôle de héros de bande dessinée correspond parfaitement à Raymond Domenech. L’ancien sélectionneur des Bleus a tout pour lui: des traits physiques bien reconnaissables (gros sourcils noirs, touffe de cheveux gris) qui facilitent la caricature, une sociabilité bien plus grande qu’un Lemerre ou un Santini, des répliques cultes et un côté complètement imprévisible à la Donald Duck. Pour Edmond Tourriol, auteur de “Banc de Touche”, “c’est un personnage attachant et – à titre personnel – il va beaucoup me manquer. Je trouvais ça super d’avoir un sélectionneur cultivé comme ça. On sait ce qu’on perd… Laurent Blanc sera moins rigolo à mettre en scène“. Le scénariste, qui écrit un gag par jour dans l’Equipe, s’inspire des faits et gestes réels des Bleus pour son travail. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les multiples rebondissements de la Coupe du monde n’ont pas forcément été une aubaine : “si l’équipe de France avait fait parler d’elle sur le terrain et pas dans les coulisses, on aurait pu coller de plus près à l’actualité. Un rendez-vous tous les trois ou quatre jours, c’était encore gérable. Là, ils défrayaient la chronique 24 heures sur 24 en inventant des gags encore pires que les nôtres. Imaginer un gag devenait compliqué tant il risquait d’être obsolète une fois réalisé…“.

Aux albums dont Raymond est le héros, il faut ajouter toutes les BD publiées dans des magazines, journaux ou sur des sites internet. Ainsi, Guillaume Bouzard, l’auteur de “The autobiography of a mi-troll“, publie une fois par mois une planche de BD sur le football dans le magazine So Foot. Ces derniers temps (oui, je lis ce magazine, et je ne suis pas la seule fille à le faire…), Domenech était présent quasiment tous les mois sous sa plume. On retrouve aussi beaucoup l’ancien sélectionneur des Bleus sur le blog “Le Renard des surfaces“, qui se propose de commenter en bande dessinée l’actualité football. Et tant qu’à évoquer les blogs de BD consacrés au ballon rond, citons “Toufoulcan“, hébergé sur le site des Cahiers du Football, qui publie régulièrement des strips humoristiques.

Bilal imagine le foot sans ballon

Le foot est une activité qui passionne des millions de lecteurs potentiels et qui est propice à toutes les caricatures et gags possibles. Le physique des joueurs, leur performance sur le terrain, les destins cruels de certaines équipes ou certains entraîneurs, le marché des transferts, tout est objet potentiel d’humour. Parfois, la dérision peut prendre des teintes beaucoup plus sombres, pour virer carrément dans l’oppressant. Ainsi dans l’album “Hors-Jeu” dessiné par Enki Bilal et écrit par Patrick Cauvin, le football y est décrit tel qu’il pourrait évoluer dans un futur plus ou moins proche. Un sport de plus en plus agressif, où le ballon devient un enjeu secondaire. Cette vision violente du sport, Bilal avait déjà eu l’occasion de l’explorer dans “La Foire aux Immortels“où le héros, Nikopol, dispute une partie de hockey particulièrement sanglante ou bien dans “Froid Equateur” où il démolit son adversaire au Chess-boxing.

Parfois, le jeu de ballon n’est qu’une toile de fonds à des enjeux plus importants. Le premier tome des “années Spoutnik “de Baru, intitulé “Le Penalty ” met ainsi deux groupes de gamin d’un même village qui passent leur temps à s’affronter pour l’honneur, parfois de manière assez violente. Remake de “La Guerre des Boutons”, cette fois-ci on s’y affronte sur un terrain de foot, au lieu de détruire les cabanes des autres avec le tracteur du père. Mais, comme le titre l’indique, l’action se passe en France au temps de la Guerre Froide, est, au-delà de simples affrontements entre gamins, ce sont des idéologies plus fortes qui s’affrontent: le communisme, le conflit algérien… Dans la BD “Carton Jaune“, la toile de fond est encore plus sombre, puisque le héros est un joueur de l’équipe de France de 1938, originaire de Tunis, amoureux d’une juive, qui va voir son amour mis en péril par la Seconde Guerre Mondiale. Rien qu’à voir ces deux albums, il est curieux que le foot ne soit pas plus souvent utilisé pour des scénarios autour des questions d’immigration ou des rapports de classe. Ce sport est pourtant un prétexte idéal.

Captain Tsubasa, Captain Tsubasa!

Comme disent mes amis de Plat du Pied, “le foot est la preuve que la vie seule ne suffit pas“. Donc, les caricatures ou la toile de fond, ça va cinq minutes, mais il y a un moment où les choses sérieuses commencent. En France, on a eu ainsi Eric Castel dans les années 80, un blond mélancolique joueur de Barcelone, mais, le plus bel exemple, celui qui a bercé la jeunesse de mes frangins, c’est Captain Tsubasa, plus connu en France sous le nom d’Olive et Tom. S’il a essaimé dans nos contrées essentiellement à travers le dessin animé, c’est au départ un manga de Yôichi Takahashi, publié pour la première fois en 1981. A l’époque diffusé par J’ai Lu dans l’hexagone, la série va connaître une nouvelle jeunesse chez Glénat qui vient de rééditer le tome1 en mai 2010. Le rêve de Tsubasa est d’offrir la Coupe du monde au Japon. Dans la première série, il y parviendra presque, puisqu’il remportera avec le Japon le championnat mondial des -16 ans avant de s’envoler vers le Brésil pour jouer pour Sao Paulo. Là il gagne la coupe nationale et continue de connaître le succès avec sa sélection, devenant champion du monde des -20 ans, battant le Brésil 3-2 en finale, sans oublier le match de légende contre l’Uruguay, 6-5, en phase de groupe. Puis il est finalement acheté par Barcelone, tandis que son grand rival de toujours, Kojiro Hyuga, va lui à la Juve et joue avec David Trezeguet (David Tresaga dans l’anime)!

Pour Edmond Touriol, “le foot, c’est quand même un des rares sports où tout est possible sur le terrain. Même avec quatre ou cinq divisions d’écart, une petite équipe peut se qualifier contre un ogre du championnat, en Coupe de France. Pour la dramaturgie, c’est super. Les scénaristes n’ont même pas besoin de violer le bon sens pour maintenir le suspense. Bon. Sur Captain Tsubasa, ils violent carrément les lois de la physique. Mais peu importe, cette série était géniale“. Ah les ballons déformés, les terrains interminables et ces joueurs de papier, toujours unis, qui ne refusent jamais de s’entraîner…

Laureline Karaboudjan

Illustration : Captain Tsubasa, DR

3 commentaires pour “Captain Tsubasa, c’était autre chose que l’Equipe de France!”

  1. Norris fact: Chuck Norris peut remonter tout le terrain d’Olive et Tom en un seul épisode.

    Tiens, de Bilal, il y a surtout ce championnat de foot (?) ethnico-religieux, dans 32 décembre, si je ne me trompe pas.

  2. […] au football qui ne manque pas d’avatars dans le neuvième art, les BD consacrées au rugby sont plutôt rares (probablement en raison du moindre retentissement […]

  3. merci

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